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LaVie de la FondationLe mot du président 1Les archives de la France Libre 1Cérémonies du 9 novembre à Paris 2

HistoireLe débarquement en Afrique du Nord et de Gaulle 3De Tananarive à Diego-Suarez 4Précision sur Madagascar et la France Libre 5Le ralliement de la Côte française des Somalis à la France Combattante 6Extraits des souvenirs de guerre de Jean Candelot (1re partie) 8Ralliement de l’île de La Réunion aux Forces françaises libres 12Histoire de la famille Mademba-Sy 13Résister dans les camps nazis 17

Livres 19

In memoriam 22

Carnet 23

Dans les délégations 24

Chez nos amis 27

La vie au club 28

SommaireSommaire

© « BULLETIN DE LA FONDATION DE LA FRANCE LIBRE ÉDITÉ PARLA FONDATION DE LA FRANCE LIBRE »

N° commission paritaire : 0212 A 056 24N° ISSN : 1630-5078Reconnue d’utilité publique (Décret du 16 juin 1994)RÉDACTION, ADMINISTRATION, PUBLICITÉ :59, rue Vergniaud - 75013 ParisTél. : 01 53 62 81 82 - Fax : 01 53 62 81 80E-mail : [email protected]

VERSEMENTS : CCP Fondation de la France LibreParis CCP La Source 42495 11 ZPrix au N° : 5 EurosAbonnement annuel : 15 Euros

Il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement la présente publica-tion - loi du 11 mars 1957 - sans autorisation de l’éditeur. L’image en couvertureest le détail d’une photo prise lors du discours du général de Gaulle à l’Albert Hallde Londres le 18 juin 1942 (© Fondation Charles de Gaulle).

MISE EN PAGE, IMPRESSION, ROUTAGE :Imprimerie MONTLIGEON - 02 33 85 80 00Dépôt légal 4e trimestre 2012DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Général Robert BRESSERÉDACTEUR EN CHEF : Sylvain CORNIL-FRERROTCONCEPTION GRAPHIQUE : Bruno RICCI

Revue d’informationtrimestrielle de laFondation de laFrance LibreParution : Décembre 2012Numéro 46

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LA VIE DE LA FONDATION

Le mot du président

La page 2012 se tourne. Elle fut pour notre Fondation une année defort engagement tant humain que financier pour accompagner lespouvoirs publics dans l’éclat donné à la célébration du

70e anniversaire de la bataille de Bir Hakeim.

Le succès de cette commémoration est dû d’abord à l’aide déterminante dela DMPA et de l’ONAC. Il est à partager avec l’Amicale de la 1re DFL, leSouvenir Français et aussi tous ceux qui, à la mesure de leurs moyens, ontsoutenu notre action. Il faut souligner que les contributions et participationsdédiées à Bir Hakeim ont contribué pour plus d’un tiers au financement del’opération. Que tous en soient remerciés.

2013 se situe 70 ans après l’année charnière que fut 1943. Le ralliement del’Afrique duNord, l’installation du gouvernement d’Alger, l’unification de la

Résistance par JeanMoulin,mandataire du général de Gaulle, aboutissent au concept de « laFrance au combat » remplaçant sans les effacer la France Libre et la France Combattante,qui avaient jusque-là porté les trois couleurs. Notre Fondation sera naturellement présenteaux côtés de tous ceux qui entendent conserver cette mémoire. Si un pèlerinage en Tunisiesemble à ce jour bien plus aléatoire que le voyage à Tobrouk et Bir Hakeim, des solutionsalternatives existent et nous les étudions.

Qu’au-delà du rappel de ces événements, cette année 2013 soit aussibénéfique à tous, à notre pays et à ses citoyens, à notre Fondation et à ceuxqui l’accompagnent, et surtout à nos vétérans, que nous souhaitonsencore conserver longtemps à nos côtés.

Général Robert Bresse

Lamémoire de la France Libre passe par la conservation et la mise en valeur de ses archives. Or, pour une grande part, celles-cidemeurent méconnues et inexploitées, isolées dans des collections privées, sans classement.

Afin de soutenir le recueil des archives de la France Libre, la Fondation de la France Libre se dote d’un centre de documentationet de recherches, destiné à les accueillir, les trier, les inventorier et les mettre à disposition des chercheurs.

À terme, ces archives feront l’objet d’un dépôt au Service historique de la Défense.

Les anciens Français Libres et leurs familles qui s’interrogent sur le devenir de leurs archives et souhaitent assurer leurpréservation peuvent prendre contact avec la Fondation :

à l’adresse électronique suivante :[email protected]

par courrier postal à :Fondation de la France Libre 59 rueVergniaud 75013 Paris

Les archives de la France Libre

Décembre 2012 • N° 46 l 1

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LA VIE DE LA FONDATION

2 l Décembre 2012 • N° 46

Le 9 novembre à Paris

Le vendredi 9 novembre dernier, laFondation de la France Libre a orga-nisé à Paris, avec l’Amicale de la

1re DFL, les traditionnelles cérémoniesd’hommage en mémoire du général deGaulle, du général Brosset et de l’ensembledes morts de la France Libre.

La journée a commencé au monument dugénéral Diego Brosset et de la 1re DFL,à 10 heures, où le général Robert Bresse,président de la Fondation de la FranceLibre, et Thierry Terrier, le secrétaire géné-ral, ont rappelé le sens de cette commémo-ration, avant le dépôt des gerbes, en pré-sence d’une nombreuse assistance parmilaquelle on reconnaissait de nombreuxanciens de la France Libre, notammentHenri Beaugé, compagnon de la Libération,et Bernard de Gaulle, neveu du Général,ainsi que des représentants de la Fondationet de l’Amicale de la 1re DFL.Monsieur Jean-Manuel Hue, maire adjoint chargé de lamémoire, du monde combattant de lacitoyenneté, de l’intégration et desgrandes causes nationales, représentaitMonsieur Philippe Goujon, maire duquinzième arrondissement.

À 11 heures, au rond-point des Champs-Élysées, le général Robert Bresse a déposéau pied de la statue du général de Gaulleune gerbe tricolore en forme de croix deLorraine, avec le généralHervéCharpentier,gouverneur militaire de Paris.

Un déjeuner a ensuite réuni les participantsau Club de la France Libre.

Cette journée de mémoire et d’hommages’est conclue à 16 heures par une messe enla chapelle de l’École militaire.

Messe à la mémoire du général de Gaulle, du général Brosset et de tous les morts de laFrance Libre, en la chapelle Saint-Louis de l’École militaire.

Créditphoto

:YvesRopars

Le général RobertBresse et le généralHervé Charpentier,après le dépôt de lagerbe de la Fondation.C

réditphoto

:YvesRopars

De gauche à droite : Jean-Manuel Hue, Patrice Armspach et le général RobertBresse, accompagnés de deux descendants d’anciens, après le dépôt de la gerbe dela Fondation.

Créditphoto

:YvesRopars

Thierry Terrierprononce uneallocution au

monument dugénéral Diego Brosset

et de la 1re DFL.

Créditphoto

:YvesRopars

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Décembre 2012 • N° 46 l 3

HISTOIRE

Le débarquement des forces anglaiseset américaines au Maroc et en Algériele 8 novembre 1942 est la première

opération d’envergure montée par lesdeux alliés occidentaux. Elle répond pourpartie à la demande pressante de Stalinede desserrer l’étau de la Wehrmacht enURSS par la création d’un second front.

L’annonce du message sur les postes radiod’Amérique et d’Angleterre « Robert arrive ! »le 7 novembre – Robert pour Murphy leconseiller de Roosevelt en Afrique depuisfin 1940 – est bien interprétée par le géné-ral de Gaulle comme l’imminence d’undébarquement en Afrique du Nord, mêmesi elle le prend tout de même de court.Le 8, Churchill convoque de Gaulle, gênéde lui avouer que les Américains ont exclules Français Libres de l’opération, allé-guant leurs craintes d’un combat fratri-cide. Passée la première colère, de Gaullese ressaisit et réagit avec grandeur sur lesondes de la BBC en invitant les chefs, lessoldats, les fonctionnaires, les colons fran-çais d’Afrique du Nord à aider « nos alliés !Joignez-vous à eux sans réserves ! Ne voussouciez pas des noms, ni des formules ! [..]Français d’Afrique du Nord, que par vousnous rentrions en ligne d’un bout à l’autrede la Méditerranée, et voilà la guerregagnée grâce à la France ! »

Pour cette opération risquée dont ilsestiment à 50 % les chances de réussite, lesAméricains misent sur la Résistance pourneutraliser les réactions des autorités deVichy. Ces résistants très minoritairesrassemblent des civils et des militaires detoutes convictions, gaullistes, partisans dela Révolution nationale, monarchistes. Ilest né de l’unification de plusieurs noyaux.Le « groupe des Cinq », désigné ainsi en1945, est constitué d’une composanted’extrême droite dirigée par Lemaigre-Dubreuil, patron des huileries Lesieur,Jean Rigault, Tarbé de Saint-Hardouin,Jean Van Hecke, chef des chantiers de jeu-nesse, le monarchiste Henri d’Astier de laVigerie. S’y sont agrégés des officiers, lecolonel Jousse, commandant la placed’Alger en contact avec les Américainsdepuis 1941, rejoint par le général Mast,commandant la division d’Alger représen-tant le général Giraud choisi par lesAméricains pour être le chef militaire àl’issue du débarquement ; le général deMonsabert, commandant la brigade deBlida, le colonel Baril commandant le29e régiment de tirailleurs algériens, lecolonel Tostain de l’état-major à Oran,puis le général Béthouart, commandant la

division de Casablanca, et quelquescontrôleurs civils. L’autre branche est néede la volonté de José Aboulker et de safamille, juif, antifasciste, gaulliste, réunis-sant près de 400 jeunes (dont de nom-breux juifs) et quelques gaullistes, tousunis par la volonté d’aider les Alliés. Cespatriotes fournissent aux Américainsdes renseignements sur l’état d’esprit desreprésentants de Vichy, sur l’activitédes commissions allemandes et italiennesd’armistice, sur la fourniture d’armes, devéhicules, de ravitaillement pour les forcesde l’Axe en Libye.

Les modalités de leur intervention ont étéfixées le 23 octobre 1942 à Cherchell lorsd’une réunion à laquelle le généralissimeEisenhower a envoyé depuis son PC àGibraltar, son adjoint, le général Clark.Pour Alger, Jousse détourne au profit desrésistants munis d’un brassard de volon-taires de places, le plan de maintien del’ordre qui aurait dû être mis en œuvre parles membres du service d’ordre légion-naire en cas d’agression extérieure. Legroupe gaulliste « Combat » de RenéCapitant, prévenu le 6 novembre, apporteson aide dans la nuit du 8 au groupe deJosé Aboulker qui fait prisonniers Juin,Darlan, la plus haute autorité présente for-tuitement, permettant aux Américains depénétrer dans Alger de signer un armisticepour la seule ville. Le général Giraud qui afait un détour par Gibraltar au PCd’Eisenhower pour négocier la directiondes opérations ne peut jouer le rôleattendu à Alger où Juin, lui signifie : « Vousn’êtes rien ». À Oran et au Maroc, le colonelTostain et le général Béthouart ontescompté négocier avec les proconsulsmais ont échoué. Trois jours de combatfont 1 827 morts et 2 717 blessés. Desavions de la Luftwaffe atterrissent dès le9 novembre en Tunisie qui devient le trem-plin des forces de l’Axe pour la reconquêtede l’Afrique du Nord.

Les troupes allemandes envahissent lazone sud le 11 novembre et le généralBridoux, ministre de la guerre, donnel’ordre de démobilisation à l’arméed’armistice, entraînant l’entrée enclandestinité de nombreux officiers. Del’affaire de Dakar, en septembre 1940, au8 novembre 1942, le gouvernement deVichy montre son vrai visage en recourantaux armes contre les Alliés et les FFL et,sur le plan intérieur, par les rafles deJuifs, achevant de faire basculer l’opinionpublique française.

Tout à sa logique de guerre, le général

Clark signe avec Darlan la conventiond’occupation qui doit ramener l’arméed’Afrique dans les rangs alliés, créant unimbroglio politique qui révulse de Gaulle,les chefs des mouvements de résistance enFrance et les opinions publiques alliées.Roosevelt doit qualifier cet accordd’« expédient temporaire ». Jamais lamenace d’une scission entre une Afriquedu Nord vichyste et les territoires françaislibres n’a été aussi forte. Lors de la réuniondes Français de Grande-Bretagne à l’AlbertHall le 11 novembre, de Gaulle rappelleque les bases de l’unité ne peuvent se faire« qu’autour de la France qui se bat » puis,s’adressant au Département d’État le len-demain, exclut tout « arrangement avec lehaut-commissaire ». La Résistance inté-rieure exige que « les destins de l’Afriquedu Nord française libérée soient, au plustôt, remis entre les mains du général deGaulle ». Mais la censure américainesévissant, seuls Radio-Brazzaville et lespostes de Douala et Beyrouth diffusent cemessage.

Cet événement accélère la légitimation dela Résistance intérieure sous les ordres dede Gaulle, grâce à la création par JeanMoulin du Conseil de la Résistance inté-grant mouvements, partis et syndicats.Ce défi politique pour la France Libre aparadoxalement ouvert, en Afrique duNord, un réservoir dont les FFL ont large-ment profité dans le bras de fer avec lesgiraudistes lors de la campagne de Tunisie.

À l’approche du premier anniversaire dudébarquement en Afrique du Nord, legénéral de Gaulle, fait le 31 octobre 1943,compagnons de la Libération pour leuraide aux Alliés, les résistants JoséAboulker, Henri d’Astier de la Vigerie,Germain Jousse, Louis Dreyfus, tué lors del’opération, et, en mars 1944, AlfredPillafort, autre victime, puis RogerCarcassonne en novembre 1945. Ces sixcroix de la Libération constituent un gestefort de la reconnaissance exceptionnelleque le chef de la France Libre témoigne àces résistants. Il entend souligner l’impor-tance de cette Résistance et veut scellerl’union avec la résistance métropolitaine.

Christine Levisse-Touzé

Directrice du Musée du Général Leclercet de la Libération de Paris

et du Musée Jean Moulinde la Ville de Paris

Directeur de recherche à Paris 4

Le débarquement en Afrique du Nord et de Gaulle

BIBLIOGRAPHIE

José ABOULKER LaVictoire du 8 novembre 1942. La Résistance et le débarquement des Alliés à Alger, préface de Jean-Louis Crémieux-Brilhac, collectionRésistance, liberté Mémoire, éditions du Félin, Paris, 2012.

Christine LEVISSE-TOUZÉ, L’Afrique du Nord dans la guerre 1939-1945, Albin Michel, 1998.

Christine LEVISSE-TOUZÉ, L'Algérie sous le régime de Vichy, Paris, Odile Jacob, 2002.

Jean-Louis CRÉMIEUX-BRILHAC, La France Libre, de l’appel du 18 juin à la Libération, Gallimard, 1996.

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HISTOIRE

4 l Décembre 2012 • N° 46

Dans les derniers jours du mois der-nier (août 1942), nous étions avi-sés par les forces britanniques de

Diego-Suarez de l’arrivée, en cette place,d’un jeune homme de 19 ans, venu à piedde Tananarive pour s’engager dans lesForces françaises libres. Nous l’avons faitvenir ici et il nous a fait le récit suivant :« Dans la matinée du 5 mai dernier, unenouvelle sensationnelle, bien qu’attenduedepuis bien longtemps, se répand commeun coup de foudre sur Tananarive.

« Les Anglais ont débarqué à Diego ».

La radio malgache clame : « Nous devonsnous battre jusqu’au dernier pour l’hon-neur de la France ».

Ainsi donc, messieurs nos dirigeants, enprenant leur petit déjeuner, ont décidé unelutte sans espoir et ont décidé la mort dejeunes Français.

Dans la population, deux sentiments sefont jour : la joie de penser que la déli-vrance est proche et une grande fureurcontre les chefs stupides et inhumains.

Durant la bataille, une émotion a saisi lapopulation, la jeunesse surtout est très agi-tée : les lycées sont fermés, des groupes, desconciliabules partout.

La bataille de Diégo est terminée et l’onattend impatiemment la suite. Le tempspasse. Les Anglais ne bougent pas. Maisque font les Anglais ?

L’inquiétude, stimulée par la propagandevichyste, grandit. Certains se laissentmême aller au découragement.

La réaction des jeunes ne tarda pas à seproduire. « Il faut partir. »

Pour ma part, je me dis : « Puisque lesAnglais ne viennent pas, j’irai vers eux ».

Il ne restait plus qu’à préparer l’itinéraireet à partir.

Mais l’affaire se révélait difficile. Certainscamarades, un peu effrayés des difficultés

certaines que nous rencontrerions, hésitentencore. En outre, impossible de quitterTananarive sans autorisation. Des autori-sations, valables cinq jours seulement,étaient accordées pour les environs de lacapitale.

Je perdis contact avec mes camarades, et, le11 juillet, je partis pour la grande aven-ture, ayant obtenu de ces messieurs de la« gestapo » l’autorisation d’aller passercinq jours de vacances à Moramanga,petite ville située à cent kilomètres environde Tananarive, sur la voie ferrée allant àTamatave.

De Moramanga, le 12 juillet, à 3 heures dumatin, je partais à pied portant un légerbagage.

Les jours qui suivirent furent assez mono-tones. J’évitai avec soin les agglomérationsde quelque importance, marchant de3 heures du matin à 7 heures du soir. Jepassai sur la rive gauche du lac Alaotra, je

marchai vers l’est pendant deux jours etj’atteignis la grande forêt de l’est, très belle,mais très difficilement pénétrable, car lapluie y tombe jour et nuit. Le sol est extrê-mement boueux et glissant, les sangsuesabondent, les fleuves sont de dangereuxrapides et les villages sont très éloignés lesuns des autres. Aucun Européen dans cesparages.

C’est principalement cette dernière cir-constance qui m’avait fait choisir commeitinéraire la forêt de l’est, car j’étais presquesûr de ne pas être inquiété par messieursles vichystes.

Les premiers jours en forêt furent vraimentpénibles. J’étais très fatigué, mais il fallaità tout prix continuer, car, le délai decinq jours étant passé, les autorités deTananarive avaient certainement donnél’ordre de me rechercher.

Au bout de cinq jours de marche, j’arrivaidans une région très montagneuse et beau-

DeTananarive à Diego-Suarez

35 jours de marche, pour s’engagerdans les Forces françaises libres

Ce récit est paru dans le Bulletin du Comité Kenya, Uganda, Tanganyika du 15 septembre 1942,puis repris dans le numéro 30 des Documents, paru à Londres le 15 novembre 1942, c’est-à-direavant la signature de l’accord de Gaulle-Eden du 14 décembre 1942, plaçant Madagascar sousl’autorité de la France Combattante. Les événements décrits se déroulent entre le déclenchement del’opération Ironclad à Diego-Suarez, le 5 mai, et la capitulation des autorités vichystes de l’île,le 8 novembre.

Vue aérienne de l’avenue Maréchal Pétain, avec la gare au premier plan, à Tananarive, capitale de Madagascar enjanvier 1943. Photographie du ministère de la guerre britannique (Fondation de la France Libre).

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Décembre 2012 • N° 46 l 5

HISTOIRE

1 La filanzane est une chaise à quatre porteurs employée pour le transport des voyageurs à Madagascar (NDLR).2 Léon Cayla (1881-1965), gouverneur-général de Madagascar de 1930 à 1939 puis de l’Afrique occidentale française de 1939 à 1940 et de nouveau deMadagascar en juillet-décembre 1940, avant d’être remplacé par Armand Annet (1888-1973), qui dirige l’île jusqu’en 1942 (NDLR).

coupmoins boisée : le massif de l’Ankesina.Au nord de ce massif se dresse unechaîne de montagnes dominée par leTsaratanana, le plus haut sommet deMadagascar, près de 3 000 mètres. Pourpouvoir franchir cette chaîne de mon-tagnes, je fus obligé de passer par un vil-lage, Mangindrano, où se trouve un chef decanton, mais je n’y ai pas perdu de temps.Arrivé à huit heures du soir; j’en suisreparti avec deux indigènes le lendemain,à deux heures dumatin, afin de franchir ladouble chaîne en l’attaquant dans la direc-tion de l’est.

Pendant quatre jours nous n’avons rencon-tré aucun village. Enfin, dans l’après-mididu quatrième jour, vers trois heures,nous arrivâmes à un village nomméAndranomolola dont je me souviendrailongtemps, car c’est à 16 heures le mêmejour que j’y reçus la visite de quatre mili-ciens indigènes qui me remirent un pli duchef de district de Bealanana m’invitant…gentiment, selon la manière chère à cesmessieurs, « à me présenter aux bureauxdu district pour affaire concernant mafamille ».

Je répondis aussitôt, aussi gracieusement,que je me ferais un plaisir de me rendre àcette convocation,mais que j’étais très fati-

gué et qu’il fallait m’envoyer une filan-zane 1. Les miliciens, bornés et confiants,me crurent sur parole et s’en retournèrentaussitôt. Je pris rapidement un léger repaset, à 18 heures 30, je levai le camp, malgréla nuit qui tombait, me servant d’unelampe tempête pour éclairer un peu le che-min, brûlant du pétrole acheté au marchénoir, à Tananarive.

Je marchai toute la nuit, ne m’accordantune heure de repos que le matin. Puis,toute la journée suivante, je marchaiencore. Un petit repos à la tombée de lanuit, et je me remis en marche.

Au matin, je tombais de fatigue, mais je nepouvais m’empêcher de songer aux mili-ciens. Aussi je décidai de marcher coûteque coûte pendant une journée encore. Cesoir-là, il m’aurait été impossible de conti-nuer. Aussi, pensant que j’avais certaine-ment distancé des poursuivants possibles,comme le besoin de dormir me terrassait,je me suis arrêté et j’ai dormi. Ce fut heu-reux, car les deux journées qui suivirentfurent de beaucoup les plus pénibles.

Je dus avancer dans la boue jusqu’auxgenoux, littéralement dévoré par les sang-sues, tombant vingt-cinq ou trente fois parheure. À bien des moments, le moral n’était

plus bon du tout. Le second jour je me suisvu pleurer comme un gosse (ce qui me faitsourire aujourd'hui).

Enfin je parvins au pied de la chaîne del’Antsihabé. Je la franchis en une journée demarche, et j’arrivai enfin dans la vallée de laMahavavy qu’il me suffisait de descendrependant 100 kilomètres pour atteindreAmbilobé,premierposte britannique. J’y par-vins le 16 août, et, après une courte visite auxofficiers anglais, je gagnai une chambre àl’hôtel et je me couchai.

J’ai dormideux jours entiers.Enfin le 19 août,dans la matinée, un capitaine anglais meconduisit en voiture à Diégo. J’y fus très bienreçu, hospitalisé aussitôt à l’hôpital pourdeux insignifiants abcès aux pieds. J’y fusretenucinq joursau lit. J’ai ensuitepassédeuxjours dans la ville. Pendant ce temps, leComité de Gaulle de Nairobi, averti de monarrivée,me faisait réclamer, et, par le premierbateau en partance pour le Kenya, j’ai quittélaGrande Île,«L’ÎleHeureuse», commedisaitM. le gouverneur-général Léon Cayla 2.Et maintenant je suis incorporé dans lesforces de la France Combattante. »Ce jeune homme a donc marché pendant35 jours pour s’engager dans les Forcesfrançaises libres.

Précision sur Madagascar et la France Libre

Suite à la parution, dans le précédent numéro de notre revue, de l’article de M. Jean Giraud-Vinet,intitulé : « Madagascar et la France Libre », M. Roger Arnault nous a adressé cette précision. Nouspensons qu’elle intéressera un certain nombre de nos lecteurs.

En ce qui concerne les engagementsdans la marine, en dehors de la basede Diégo-Suarez, déjà structurée, les

FNFL avaient mis sur pied un centre apte àformer des « matelots brevetés » dans diffé-rentes spécialités : entre-autres, des timo-niers et des radios. C’est à Tamatave, dansdes bâtiments désaffectés que cette écolea été installée, elle était commandée par lecommandant Pierre Rathouis, capitainede corvette de réserve. L’instructeur pourles timoniers était le quartier-maître chefPierre Kerloch. Après mon engagement àTananarive, j’ai donc rejoint Tamatave

pour un stage de six mois, nous étions unedizaine d’apprentis « timonier ».

À la suitedeces formations, il n’y a jamais eud’embarquementmassif,mais ellespermet-taient de pallier à des manques dans leséquipages des bâtiments croisant dansl’océan Indien et le canal du Mozambique,les premières unités à enbénéficier furent leCommandant Duboc et le Savorgnan deBrazza. En juillet 1943, j’étais dans monquatrième mois d’apprentissage, leSavorgnan de Brazza a fait escale àTamatave ; un timonier avait été débarqué àDurbanpour raison sanitaire. Étant dans les

premiers du stage, son remplacement m’aété proposé. Breveté provisoire, j'ai accepté,ce qui m’a conduit par la suite jusqu’àGuadalcanal, via l’Australie et la Nouvelle-Calédonie. Puis retour en métropole. J’aiterminé la guerre sur le Triomphant, ayantservi sous les ordres du commandantJubelin sur les deux bâtiments.

Je tenais à compléter le récit de JeanGiraud-Vinet en rappelant l’existence de« l’unitémarine de Tamatave » qui a fournibon nombre de marins spécialisés à laFrance Libre.

Roger Arnault

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HISTOIRE

6 l Décembre 2012 • N° 46

Le ralliement de la Côte françaisedes Somalis à la France Combattante

Àl’été 1940, le généralLegentilhomme, commandantsupérieur des troupes de la Côte

française des Somalis (CFS) depuis janvier1939, refuse l’armistice franco-allemanddu 22 juin. Mais il doit faire face à l’hosti-lité de la marine, sous les ordres du capi-taine de corvette Monnot, ainsi que de laplupart des pouvoirs administratifs et desmilieux d’affaires de la ville, que ne peutsuppléer l’intervention, à partir du 14 juil-let, du colonel de Larminat. Le 21 juillet, legouvernement du maréchal Pétain inves-tit le général Germain1 de l’ensembledes pouvoirs civils et militaires, qu’iltransmet le 1er août au général Aymé2,nommé commandant supérieur destroupes du territoire. Legentilhommepasse au Somaliland britannique encamionnette dans la nuit du 1er au 2 aoûtavec seulement deux officiers de son état-major, les capitaines Robert des Essars etRaymond Appert.

Pierre Nouailhetas3, ancien officier demarine et administrateur en Indochine,proche de Darlan, succède, le 7 août, augouverneur Deschamps4, révoqué le 3 carjugé trop tiède, tandis que le généralGermain prend le commandement destroupes.

Les combats entre les forces françaises etitaliennes se seront limitées,du18au24 juin,à des accrochages d’avant-postes dans larégion d’Ali Sabieh, tous favorables auxFrançais. Tout au plus, l’aviation italiennea bombardé Djibouti le 21 juin. Enrevanche, le retrait des 8 000 hommes duterritoire du dispositif allié déstabilise ladéfense du Somaliland, que les Italiensconquièrent en quinze jours, entre le 4 etle 19 août.

À partir de septembre 1940, lesBritanniques et les Français Libres ins-taurent un blocus maritime, qui nedevient réellement rigoureux qu’à partirde la fin mars 1941. Avant la reprise duSomaliland et la libération de l’Éthiopie,la voie ferrée entre Addis-Abeba etDjibouti permettait l’envoi d’un ravitaille-

ment précaire d’Afrique orientale ita-lienne, complété par des transports mari-times en provenance duYémen. Enfin deshydravions à long rayon d’action, trans-portant le courrier et des denrées de pre-mière nécessité, effectuaient des liaisonsavec la France via Beyrouth.

Devant le refus des autorités de rallier laFrance Libre, plusieurs préfèrent tenterl’aventure d’une évasion. Le 4 septembre,onze hommes sont arrêtés au large deDjibouti par une vedette de la marine.Parmi eux figurent Karl Kalbfleisch et JeanLaloe. Ils sont mis aux arrêts de rigueur.

Le 6 septembre, à six heures du matin, ungroupe d’aviateurs s’évade de Djibouti.Après s’être glissés dans un hangar laveille au soir et fait en sorte que les Potez 63de chasse ne puissent les poursuivre, l’ad-judant François Giocanti prend les com-mandes du Potez 29 n° 106, avec à sonbord le lieutenant Edmond Magendie,major de garnison, l’adjudant LouisDuprat, chef mécanicien A/C, le sergentMarius Guyot, le sergent Roger Mery et lesergent-chef Yves Michel, radio. Le ser-gent Gataud pilote un second Potez 29,mais l’appareil ne peut décoller, et leshommes rejoignent discrètement leurcantonnement. Filant en rase-mottes surObock (sur la côte septentrionale du terri-toire), Giocanti et ses cinq compagnonsrejoignent le Yémen, où ils s’engagentdans les Forces françaises libres5.

En avril 1941, dans le contexte de laconquête des possessions italiennesd’Afrique orientale, la France Libre lancel’opération « Marie ». Ainsi, au poste fron-tière d’Ali Sabieh, on assiste à des scènesde fraternisation entre les Forces fran-çaises libres qui viennent de participer àla libération de l’Éthiopie et les militairesvichystes. Gaston Palewski, qui a éténommé enmars délégué politique et mili-taire de la France Libre dans l’Est africain,charge le lieutenant Pierre de Maismont,libéré des geôles italiennes le 24 avril, et lelieutenant René Loiseau, servant au squa-dron n° 8 de la Royal Air Force sous le nom

de J. R. Montcalm, ancien directeur de laBanque de l’Indochine à Addis-Abeba, de

Pierre de Maismont (à gauche), ici en Angleterreavec Henri de Rancourt de Mimerand,Édouard Corniglion-Molinier, le général Martial Valinet Jean-Louis Garot (coll. de l’Amicale des FAFL).

1 Le général de division Maxime Germain, selon Henry de Monfreid dans le Radeau de la méduse.2 Georges Aymé (1889-1950), frère de l’écrivain Marcel Aymé (1902-1967), commande la 3e division d’infanterie coloniale, la 10e division d’infanterie(1er juin 1940) puis le camp de Rivesaltes (28 juin suivant), avant de prendre le commandement des troupes de la Côte française des Somalis. La mêmeannée, il passe en Indochine. Il est capturé par les Japonais le 9 mars 1945.

3 Pierre Marie Élie Louis Nouailhetas (1894-1985).4 Hubert Jules Deschamps (1900-1979).5 « Les anciens du Bretagne », « La mort de François Giocanti : “Le soldat qui ne s’avoue pas vaincu a toujours raison” », Revue de la France Libre, n° 284,quatrième trimestre 1993, p. 15.

rédiger Djibouti libre, un journal quiparaît à partir de mai.

Le 27 avril, une mission militaire compre-nant le lieutenant-colonel Brosset, lecommandant Appert et le capitaineMagendie, est envoyée au Somalilandpour prendre des contacts avec le terri-toire et rassembler des renseignements,en vue d’un ralliement pacifique, mais legouverneur vichyste réagit à la menace enfaisant arrêter les personnes suspectes desympathie gaulliste. Le 7 mai, les mesuresde sécurité sont renforcées, et le gouver-nement annonce que les personnes sus-pectées d’entretenir des rapports avec lesgaullistes seront fusillées. Deux femmessont ainsi exécutées au col d’Ambato le10 mai, un homme à Ali Sabieh le 12.

Peu désireux d’engager un combat fratri-cide, le général Legentilhomme fait sus-pendre l’opération « Marie » le 12 mai etquitte Aden pour la Palestine le 28.

Le général Catroux crée le 26 juin suivant undétachement somali des FFL dont le com-mandement est confié au chef de bataillonAppert. Composé à l’origine de trois pelo-tons méharistes et de quelques détache-ments d’infanterie, il est renforcé en janvier1942par l’arrivéede cadres venusdeSyrie etd’Afrique équatoriale française, ainsi que devolontaires évadés de CFS.

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Décembre 2012 • N° 46 l 7

HISTOIRE

Le 27 avril 1941, le sergent-chef mécani-cien René Gatissou, membre d’un réseaude renseignements et d’évasion, en liaisonavec la Royal Air Force, menacé d’arresta-tion, s’empare de la vedette du gouver-neur, avec le commandant du port deDjibouti, André Griveau6, et rejoint Zeilah(Somaliland).

Le 17 août suivant, plusieurs hommes,parmi lesquels Émile Cayre et NoëlLemarie, passent à la nage le poste fron-tière de Loyada et se rendent à Zeilah, oùils sont pris en charge par le commandantGriveau.

Le 4 novembre 1942, après trois tenta-tives, Auguste L’Her s’évade de nuit à bordd’un canot, au large de Loyada, avecquelques camarades, dont le maréchaldes logis Jean Lewalter.

Le débarquement anglo-américain enAfrique du Nord, le 8 novembre 1942,et l’installation de l’amiral Darlancomme haut-commissaire de la Franceen Afrique, suscite des remous dans leterritoire. Dès avant cette date, le21 octobre, Vichy rappelle le gouverneurNouhailhetas, que ses contacts avec lesBritanniques ont fini par rendre suspect.Son successeur, le général Truffert7, refusede rallier la France Combattante commeles autorités d’Afrique du Nord.

Le soir du 27 novembre, trois compagniesdu 1er bataillon de tirailleurs sénégalais(1er BTS) du colonel Raynal quittentDjibouti avec six batteries du grouped’artillerie coloniale du lieutenant-colonel Pierre Hanneton, un détachementde transport, un peloton hors rang, unservice de l’artillerie, deux détachementsd’isolés d’autres corps, dont l’un est sousles ordres du capitaine Armand Lanlo,enfin un détachement de DCA com-mandé par le sergent-chef Roger Vauclair,soit un total de 39 officiers, 252 sous-officiers, 270 hommes de troupe et868 tirailleurs africains. Faisant mouve-ment vers le village de Loyada, où il passela frontière, il atteint Zeilah le lendemain.Le capitaine Bernard Oursel, les lieute-nants Alfred Munch et Pierre Marnay etdes sous-officiers les rejoignent bientôt,après l’échec de leurs efforts pour rallier la2e compagnie du 1er BTS. Avec le 4e BTS, cesont 1 800 hommes qui rallient les Forcesfrançaises libres.

Parmi ceux qui restent, la grande majoritédes militaires comme des civils refused’obéir au général Truffert. Contraint à la

démission, celui-ci passe ses pouvoirs augénéral Dupont8, son adjoint, qui lesabandonne lui-même au secrétaire géné-ral du territoire, Pouvreau, partisan de laligne jusqu’au-boutiste comme le généralTruffert, et comme lui obligé de démis-sionner.

Le 4 décembre, à la suite d’une rumeurannonçant que des dispositions étaientprises pour évacuer les derniers appareilsde CFS avec l’Afrique occidentale fran-çaise, deux mécaniciens, le sergent IgorEichenbaum9 et l’adjudant Pierre Labats’emparent du Potez 25 n° 1525, aveclequel ils décollent de la base aérienne deDjibouti, après avoir mis hors service lePotez 63 encore en état de marche. Lesdeux hommes se posent à Aïcha, puis àDiré-Daoua, où ils sont accueillis parl’adjudant Pierre Leboucq. Eichenbaumrejoint le groupe de chasse Normandie-Niemen, où il sert jusqu’à la fin de laguerre.

Confirmé par Vichy dans ses fonctions degouverneur le 18 décembre, le généralDupont tente de négocier avec le consulaméricain à Aden Clare H. Timberlake(6-8 décembre) puis le major-général bri-tannique Fowkes10 (15-18 décembre), lemaintien du territoire sous l’autorité deVichy et la neutralité de ce verrou de lamer Rouge.

Toutefois, le 22 décembre, un tract appe-lant au ralliement, signé « Chancel »,du nom du délégué de la FranceCombattante dans l’Est africain et l’Éthio-pie, Ludovic Chancel, est lancé surDjibouti, suivi le lendemain d’un tractanonyme. Le 27, un troisième tract signé« Raynal » est jeté sur la ville.

Le 23 décembre au matin, deux compa-gnies des Forces françaises libres, regrou-pées en avril à Urso (Éthiopie) puis trans-férées en juillet à Gigiga, sous le comman-dement des colonels Appert et Raynal, seportent à Daouenle (un poste éthiopienprès de la frontière avec la CFS) etpénètrent le 26 en Somalie française parAli Sabieh, dont la garnison refuse de tirer,s’emparent de la voie ferrée et avancentjusqu’aux abords de Djibouti. Deux joursplus tard, le général Dupont signe àChebele (une petite gare sur la ligne duchemin de fer franco-éthiopien, à unequinzaine de kilomètres de Djibouti) unaccord plaçant le territoire sous l’autoritéde la France combattante. LudovicChancel représente le général de Gaulle,le général Fowkes les autorités britan-niques. Le lendemain, les Forces fran-çaises libres pénètrent dans Djibouti, etAndré Bayardelle, nommé gouverneur parle général de Gaulle, prend ses fonctions.

Avec ses 300 officiers et ses 8 000 hommes,la Côte française des Somalis apporte unrenfort important à la FranceCombattante, dans un contexte difficile.Face aux anciens vichystes d’Alger, ilmarque la dynamique du rassemblementautour de la France Combattante, après laRéunion et Madagascar, avant la Guyaneet les Antilles.

Sylvain Cornil-Frerrot

BIBLIOGRAPHIE

SYLVAIN CORNIL-FRERROT, « Le bataillon demarche n° 21 », Fondation de la France Libre,n° 30, décembre 2008, p. 17-22.

VITAL FERRY, Croix de Lorraine et croix du sud(1940-1942) : aviateurs belges et de la FranceLibre en Afrique, Éditions du Gerfaut, 2005.

HENRI LABROUSSE, « Le blocus de Djibouti pen-dant la Seconde Guerre mondiale », dansRécits de la mer Rouge et de l’océan Indien,Paris, Economica, 1992.

ROGER LAMY, « Le bataillon de marche somali »,Revue de la France Libre, n° 47, avril 1952.

LOUIS-GILLES PAIRAULT, « Le verrou de la merRouge. L’armée et la Côte française desSomalis (1884-1977) », Revue internationaled’histoire militaire, n° 82, 2002.

VLADIMIR TROUPLIN, Dictionnaire des compa-gnons de la Libération, Bordeaux, Elytis, 2010.

6 Engagé dans les Forces navales françaises libres, André Griveau sert au Levant puis au 1er RFM.7 Le général de brigade Auguste Charles Jules Truffert (1886-1967).8 Edmond Gustave Dupont (1888-1957).9 En service à Madagascar, Igor Eichenbaum avait été muté à Djibouti pour « propos défaitistes » à la fin de 1941.10 Le major général Charles Christopher Fowkes (1894-1966), commandant la 12th East African Division.

Igor Eichenbaum et Pierre Labat, après leur évasion,avec le colonel Raynal et le lieutenant Pascal Alfonsi,devant l’avion Potez n° 1525, à Diré-Daouale 5 décembre 1942, vers 11 heures du matin(coll. de l’Amicale des FAFL).

Le 5 décembre 1942, au terrain d’aviation de Diré-Daoua (Éthiopie), l’avion Potez 25 TOE n° 1525de la base aérienne de Djibouti. À son bord, IgorEichenbaum (debout) (Coll. de l’Amicale des FAFL).

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HISTOIRE

8 l Décembre 2012 • N° 46

Extraits des souvenirs de Jean Candelot(1re partie)

Vers le milieu de l’après-midi, nouspartions à six accompagnés dedeux sentinelles, direction la gare

de Versen. Le train, on [n’]y croyait pas etpuis, après plusieurs heures, ce futDidenhoffen (Thionville) ; alors on com-mença à y croire. Puis nous arrivâmes à laligne de démarcation, nous descendîmesdu train à Mâcon ; une rangée de soldatsfrançais et de légionnaires de Pétain nousrendaient les honneurs, des infirmièresnous offraient café chaud et cigarettes etc.On se dirige vers la salle d’attente, un civilfrançais nous dit :

« Les vrais sanitaires à droite, les faux àgauche ! »

Je partis avec les vrais, deux camaradespartis à gauche furent obligés de remonterdans le wagon et repartirent destinationAllemagne avec deux gardiens. J’avaisdéjà des doutes sur le maréchal, mais làj’ai compris, et, de ce jour je devins ungaulliste convaincu. On nous dirigeaensuite sur Montluçon où l’on nousdonna cinq mille francs que nous dépen-sâmes dans les bistrots et avec les filles dejoie. Je revis mamère ainsi que mon oncleGaston1, son épouse la tante Suzanne etleurs enfants2 à Sceau-les-Chartreux3 et

direction Toulon, après avoir passé un anet demi en captivité en Allemagne, de dix-huit ans à dix-neuf ans et demi.

Un mois après, je rejoins Toulon où, pas-sant devant l’officier-major celui-ci com-mence par me dire :

« Plutôt que de mal porter une décoration,moi je n’en porte pas ! »

(Ayant été décoré de la croix de guerre àDunkerque, je n’avais pu perforer la bar-rette en métal pour y placer l’étoile de macitation). Je lui réponds :

« Comment pourriez-vous en porterpuisque vous n’avez pas fait la guerre ?D’ailleurs, si elle vous intéresse (j’arrachaima décoration et lui jetai sur le bureau),prenez-là, vous en aurez au moins une ! »

« Sortez ! »

Cet officier, comme beaucoup d’autresd’ailleurs, était totalement pétainiste.Bref, je sortai du bureau avec un rapportdu conseil de discipline aux fesses. Dansl’après-midi de ce jour, un grand enseignede vaisseau m’interpelle :

« Tu n’étais pas à Dunkerque ?...

- Oui !

- Regarde… »

Il déboutonne sa veste et me fait voir sapoitrine (blessures).

« J’étais sur l’Adroit. Dis donc petit, tu filesunmauvais coton. Je pars pour Dakar avecun contingent, veux-tu que je te mette surla liste ? »

Je répondis affirmativement et, le lende-main, je partais pour rejoindre le croiseurGloire4, sur lequel j’étais affecté. Au coursde mon embarquement, en quarante-trois [1943], après la tentative de débar-quement des Français Libres, je participaià l’embarquement de l’or de la Banque deFrance. J’étais chargé de pointer lescaisses de lingots ; nous avons emmenécet or à Casablanca. Ensuite, un jour, unmessage de détresse touchant aussi bienles Anglais, les Américains que lesFrançais : il fallait rechercher les naufra-gés du Laconia5, un grand paquebotanglais, la malle des Indes, avec deuxmille personnes à bord, civils, militaires,prisonniers italiens, qui avait été torpillépar un sous-marin allemand. Il s’agissaitde retrouver les survivants et de les sauver(notre combustible était extrait de l’huiled’arachides, au moment où j’écris ces

Ce document est extrait des souvenirs de guerre de Jean Candelot, quartier-maître fusilier au1er régiment de fusiliers marins (1er RFM), édités en 2012 par les soins de son fils, Jean-Louis.Né le 11 mai 1912 à Viviers-au-Cours, dans les Ardennes, Jean Candelot s’engage en juillet 1939dans la Marine nationale.Après un passage à bord du Condé, le navire-école des fusiliers marins,à Lorient, il sert comme matelot-fusilier mitrailleur contre-avion à bord du chasseur de sous-marins n° 9, basé à Dunkerque.Blessé lors du bombardement de sonnavire àDunkerque, il est fait prisonnier dans la poche et parten captivité en Allemagne, où il est interné dix-huit mois au camp deVersen, le stalagVI B, hormisun séjour d’un mois au bataillon de discipline du camp de Fullen.Après Mers el-Kébir, il fait partie d’un groupe de marins rapatriés « sanitaires » en France par lesAllemands.

1 Boussard Gaston : oncle maternel de Jean Candelot, douanier qui sera par la suite affecté en famille à Tahiti (il y terminera sa carrière comme contrô-leur des douanes) et sera à l’origine du choix de l’affectation de l’auteur dans cette île après la guerre.

2 André, Bernard et Serge.3 Lire Saulx-les-Chartreux (NDLR).4 Le croiseurGloire : croiseur lourd d’une série de 6. Entré en service en 1937, longueur : 179m, largeur : 17,5m, tirant d’eau : 6,5m, tonnage : 10 850 tonnes,vitesse : 31 nœuds. 32 officiers, 732 officiers mariniers et quartiers-maîtres, matelots. Ceinture blindée de 114 mm, pont 63 mm. 3 tourelles triples de155 mm, 4 tourelles doubles de 90 mm, 24 canons Bofors de 40 mm, 16 canons Oerlikons de 20 mm, 2 plateformes de tubes lance-torpilles. Moderniséaux USA en 1943, présent au débarquement de Provence en 1945, en Indochine de 1945 à 1954, réformé en 1958.

5 Laconia : paquebot de la Cunard Line lancé en 1921. Torpillé dans l’Atlantique par l’U-Boat 156 le 12 septembre 1942 à quelque distance de l’îleAscension ; sur un effectif d’environ 2 500 personnes, l’explosion seule de la torpille en tue 450, la plus grande partie étant des prisonniers de guerre ita-liens dans les cales. Trois sous-marins allemands, dont l’U-156, se porteront immédiatement au secours des victimes, ainsi que trois navires françaisbasés à Dakar : le Dumont d’Urville, l’Annamite et le Gloire, qui embarqueront 960 rescapés.

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Décembre 2012 • N° 46 l 9

HISTOIRE

mémoires, nous sommes en pénurie depétrole et je repense à cela).

Après vingt jours de mer nous ramenionssix cent rescapés parmi lesquels desfemmes et des enfants, des prisonniersitaliens, des militaires anglais. Au cours denotre destination retour nous eûmes plu-sieurs morts, des naufragés décédés suiteà leurs blessures et ce fut la première foisque j’assistai à une immersion en mer.Une anecdote, au cours de cette missionnous fûmes stoppés par un sous-marinallemand. Grazziani, notre commandant,avait engagé des obus dans les pièces etnous étions prêts à faire feu, lesAllemands aussi sans doute ; les deuxéquipages se regardaient en chiens defaïence. Ce sous-marin nous remit trentenaufragés qu’il avait retrouvés. Nousretrouvâmes les autres en plusieurs foiset, au moment où les marins anglaisembarquaient sur le croiseur, ils avaientvu le pavillon français et croyaient quenous étions des Français Libres. Ils étaientécœurés car ils furent gardés par des fac-tionnaires baïonnette au canon. Commej’en étais responsable, j’avais la facilitéd’aller souvent parmi eux, j’étais sansarmes et ne leur cachais pas mes senti-ments gaullistes. J’ai pu recueillir auprèsd’eux des renseignements sur la FranceLibre qui n’ont fait que renforcer monintention de la rejoindre. Nous fîmesroute vers Casablanca où, hélas, cesmarins et soldats furent internés, les pri-sonniers italiens, eux, libérés.

En Afrique du Nord

Voilà ce qui se passait en Afrique du Nordoù il y avait peu de gens pour la FranceLibre. Plus tard, il y en aura beaucoup… Ilfaut quand même dire que quatre-vingt-dix pour cent des gens étaient pétainistes(s’ils ne s’en souviennent plus mainte-nant). Il y avait en AFN6 des commissionsd’armistice dirigées par des Allemands,mais on ne voyait aucun uniforme chleuh(je tiens à mettre entre parenthèses ; aussibien en France qu’en AFN, la majorité desgens était encore pétainiste ; maintenant,avec trente-sept ans derrière eux, ils ne

s’en rappellent plus ; c’est tout juste simême les collaborateurs n’étaient pasgaullistes).

Bref, je fis donc de la propagande pour laFrance Libre et du renseignement béné-vole, en premier avec un genre de bureauqui fonctionnait à Casablanca7 sous uneforme de consulat, je ne me souviens plusexactement. À une secrétaire, je donnaisles renseignements sur les troupes et lesmarins en AOF8, leur mentalité, ainsi quele nombre de navires avec le pourcentagedes équipages favorables aux FFL9.

Je me débrouillai à demander une autreaffectation en me portant comme volon-taire pour l’armement des bâtiments decommerce, car, à bord du Gloire, mêmemon capitaine fusilier Vivien m’avaitaverti que je baissais, et que mes senti-ments… Je n’avais jamais caché que je nepouvais sentir le Maréchal et que messentiments, en tant qu’ancien prisonnierde guerre, étaient gaullistes. Comme lasituation était trouble, aucun officier nevoulut prendre de décision à mon sujet,les uns étant pour, les autres neutres,question d’avancement, ou contre, sansoser le montrer.

Quelque temps après je fus affecté àl’armement du Médie II10, de la compagniePaquet, qui faisait le trajet Casa-Dakar.Nous étions six marins, moi comme quar-tier-maître et un second. Je ne cessais mapropagande et, dans le milieu équipage, lamajorité des matelots était pour la FranceLibre, mais sans vouloir prendre de déci-sion. Je réussis à convaincre l’officier-radio en second à déserter et l’emmenaimoi-même à l’endroit où on devait leprendre en charge pour rejoindre laFrance Libre ; ceci ne s’est pas passé enquelques jours, il m’a fallu du temps. Jevoulais [la] rejoindre, mais au centre deCasa[blanca] où j’avais des contacts avecun officier dont je n’ai jamais connu lenom et qui se trouvait toujours en civil, ce,à travers une femme qui se disait l’épousedu commandant Drogou11 et nem’autorisait pas à [la] rejoindre.

Enfin, au cours d’un contact, l’on me ditqu’il y allait avoir fusion et que je pouvais

rejoindre, dans quelques jours un camionde fusiliers-marins qui devait repartir versla Tripolitaine12. Retourné à bord, je ne mecachai pas ; j’ai même vendu mes effets demarine ; je savais que l’équipage ne metrahirait pas, mes matelots non plus.

Au jour fixé, grâce à des vêtements civilsprêtés par un ami belge, MonsieurHarpman, habitant Casablanca, je merendis au centre d’où, des pains plein lesbras, j’embarquai dans un camion anglaiset, ô surprise, le chef de bord était unancien fusilier-marin de mon stage sur leCondé en 1939, Becq (il sera tué à Saigonlors de l’explosion de la poudrière). Encours de route, nous prîmes deux autresmarins : Thomas Gaby (tué plus tard enItalie) et René Flandin, deux sous-mari-niers, et nous arrivâmes après un voyagede plusieurs jours à Zuara13, enTripolitaine, où nous fûmes affectés, aprèsun passage devant Colmay pour interro-gatoire, à la 1re section d’assaut du 1er régi-ment de fusiliers-marins de la 1re division

6 AFN : Afrique française du nord d’autrefois, comprenant essentiellement l’Algérie, qui était formée de trois départements (Oranie, Algérois,Constantinois), mais aussi à cette époque l’influence sur le Maroc et la Tunisie qui étaient des protectorats.

7 Casablanca : Plus grande ville du Maroc et port stratégique durant la Seconde Guerre mondiale ; le Maroc était un protectorat français depuis 1912 ; lesEuropéens formaient à cette époque la majorité de la population de Casablanca.

8 AOF : Afrique occidentale française, qui regroupait dès 1895 les huit colonies françaises de l’Afrique de l’ouest, soit la Mauritanie, le Sénégal, le Soudanfrançais, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Niger, la Haute-Volta et le Dahomey, soit près de 25 millions de personnes. L’appellation disparaîtra en 1958.

9 FFL : Forces françaises libres.10 Le Médie II : ce paquebot français de la compagnie maritime Paquet faisait la ligne Marseille-Dakar avec escales à Tanger et Casablanca.11 François Drogou : commandant du sous-marin Narval, avec lequel, le 25 juin 1940, il gagne Malte pour rejoindre le général de Gaulle. Disparaît avecson bâtiment, probablement victime d’une mine, le 15 décembre 1940.

12 Tripolitaine : une des divisions historiques de l’actuelle Libye, annexée par l’Italie en novembre 1911, suite à sa déclaration de guerre avec la Turquie.13 Port de la Libye quasiment frontalier avec la Tunisie.

Photo de Jean Candelot envoyée à sa tante LucienneLardennet, à Reims. Elle est accompagnée de ce texte :« Casablanca, 11 mai 1942. Jour anniversaire de mes20 ans. Lulu un peu de nouvelles. Baisers à tous etremercier le copain qui vous apporte cette photo. »(coll. particulière).

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HISTOIRE

10 l Décembre 2012 • N° 46

française libre qui, encore à ce moment,faisait partie de la huitième arméeanglaise. Ensuite, nous nous rendîmes enTunisie, à Meltine14 pour [rejoindre] ledeuxième escadron qui était commandépar Savary15, après à Bouficha16, où nousavons touché du matériel et des habitsaméricains, pour cette fois être entière-ment « armée française », en restant indé-pendant.

La campagne d’Italie

Ce fut entraînement sur entraînement,pour un jour embarquer à Bizerte17 etdirection l’Italie, où nous débarquions àNaples pour de suite être regroupés àAlbanovar18. Quatre jours plus tard nousmontions relever les tabors19 sur les crêtesbordant le Garigliano20.

Étant du 1er peloton du 2e escadron, notrecommandant était l’officier des équi-pages21 Colmay, un dur et un baroudeur, ilavait donc choisi le poste le plus dange-reux ; tandis que les autres pelotons setrouvaient installés dans des bâtiments,nous, nous tenions un coin à plein décou-vert, avec des tranchées en cercles.Chaque poste était livré à lui-même avecdes no man’s lands de plusieurs kilo-mètres. Nous dominions le Garigliano et,en face, l’autre versant était trufféd’Allemands, même dans un cimetière, oùils s’étaient retranchés dans des caveaux.Nous faisions des patrouilles de nuit entreles postes et sur les bords du fleuve. LesAllemands faisaient de même, mais nousne nous rencontrâmes pas souvent, justele temps de faire quelques prisonnierspour du renseignement.

Pour nous ravitailler en vivres et en muni-tions, il fallait se rendre au quartier géné-ral, distant d’environ cinq kilomètres, etlà, nous prenions un mulet bâté avec le

nécessaire pour le poste. Je fis cette corvéeune fois ; c’était la nuit, nous étions deux,on partait de notre poste vers vingt-deuxheures trente et, silencieux, aux aguets, onse rendait au QG ; nous prenions le muletà qui on avait entouré les sabots de chif-fons et retour au poste, toujours auxaguets, l’angoisse dans la gorge de ren-contrer une patrouille chleuh. Quelquesfusées éclairantes, quelques tirs d’armesautomatiques et ouf ! On était de retour…Je ne me souviens plus très bien, trente-sept ans après, comment le mulet retour-nait ; je crois que nous le déchargions etqu’il retournait seul ou se faisait prendreet abattre par les Allemands.

Le dixmai, à onze heures du soir, on auraitpu lire le journal : toute notre artillerie,celle de Juin22, celle des Anglais et desAméricains tirait et ce fut l’attaque. Deslivres ont été écrits sur ce sujet dans lequelon oubliait bien souvent les actions denotre DFL. Je ne m’étendrai pas sur lesujet, ce fut dur, très dur, nous eûmes nospremiers blessés et tués. Ensuite, ce futl’avance ; nous avions repris nos véhiculeset notre travail était la reconnaissance.Mon chef de scout-car, Hafliquaire, futtué ; Thomas, l’un des deux marins quiavait rejoint avec moi, fut tué, ainsi queplusieurs camarades. Nous foncions,avancions jusqu’au moment où nousétions arrêtés par une grosse résistance,ou parfois encerclés, et l’infanterie venaitnous dégager et exploiter. Nous avionsgardé le casque anglais, souvenir dupassé, mais, pour nous, c’était un acces-soire souvenir de la huitième arméeanglaise et, dans la plupart des combats,on ne voyait que des têtes avec le béret etle pompon23, ou la casquette de nos officiers.

Au cours de cette campagne, avec le nom-bre de blessés et de tués, nous permutions[de poste] et, de canonnier sur scout-car,je me retrouvai mitrailleur sur Jeep,

ensuite chef de Jeep. Je me souviens d’uneavance au cours de laquelle nous traver-sâmes le Tibre avec six heures d’avancesur les prévisions ; à 7 km de là, le généralJuin, croyant que c’était des Allemands,ordonna un tir de barrage de 15524. Lesobus pleuvaient à droite et à gauche,devant, pendant notre traversée. Miracle,nous établissons cette tête de pont sansavoir eu ni tués ni blessés, mais qu’est-ceque nous avons pu maudire les artilleursde Juin !

Un jour nous faisions une avance desoixante kilomètres, un autre les charsallemands contre-attaquaient… Colmaynous désigne à trois avec une musette25

de grenades et nous donne pour missionde nous établir en bordure d’un talusboisé et de balancer nos musettes de gre-nades sur les chars. Après un quartd’heure d’attente, le bruit des chenilles sefait entendre, le cœur monte dans lagorge, il est difficile de déglutir : troischars Tigre s’amènent et le premier s’ar-rête juste à notre hauteur. Le chef de chara le buste qui sort de la tourelle, il inspecteaux jumelles. Nous nous regardons : il y aenviron dix mètres entre nous et le char,impossible de balancer nos musettes,elles sont trop lourdes. On a l’impressiond’être repérés, le canon du char se tournevers nous. La guerre, c’est bien, mais il nes’agit pas de se faire tuer pour rien… Onrecule un peu, nous trouvons une dénivel-lation de terrain et, à toutes jambes, direc-tion le peloton alors que le char tire oùnous étions auparavant.

Il m’arrivera deux autres fois d’être face àface avec un char Tigre. La première fois,au cours d’une avance où j’étais en têtedes chefs des « suicidés » comme nousnous appelions [entre-nous]. J’arrivais àpieds dans un virage à la sortie duquel il yavait un pont détruit ; à plat ventre aumilieu de la chaussée, j’aperçois le char

14 Meltine : ville tunisienne en bord de mer, non loin de la base navale française de Bizerte.15 Alain Savary : lieutenant de vaisseau en 1943, ancien représentant du général de Gaulle à Saint-Pierre et Miquelon, sera maire de Toulouse et ministrede l’enseignement sous la présidence de François Mitterrand.

16 Bouficha :Ville tunisienne à 60 km au sud de Tunis, grand camp militaire des Alliés en 1943.17 Le 25 avril 1944 selon d’autres sources.18 Lire Albanova, commune de la province de Naples (NDLR).19 Tabor : troupes d’infanterie marocaines souvent équipées de mulets.20 Garigliano : petit fleuve du centre de l’Italie, à environ 70 km au nord-ouest de Naples. Pendant la guerre, le Garigliano servit de point d’appui à la ligneGustav, qui fut le théâtre de la bataille du monte Cassino en 1944.

21 Officier des équipages : officier de marine s’étant élevé par son mérite du rang des matelots et sous-officiers.22 Le général Alphonse Juin, commandant du corps expéditionnaire français en Italie.23 Je relate ici une anecdote dont m’avait fait part oralement mon père : marins français et anglais ne se côtoyaient pas facilement : il restait des relents deTrafalgar et de Mers el-Kébir. Lors de leur séjour forcé à Naples, leurs loisirs communs étaient les bars à filles. Dans l’un de ceux-ci, les marins françaisavaient devancé les Anglais et, lorsque ces derniers arrivèrent, toutes les filles étaient occupées à danser avec les matelots qui portaient leurs célèbresbérets à pompon rouge. Pour se moquer d’eux, des marins anglais posèrent une tomate sur leurs coiffes blanches pour aller inviter à leur tour des filles…Il s’ensuivit une bagarre générale où les Anglais furent rossés et, depuis lors, un certain respect envers les pompons rouges…

24 155 : Canons de gros calibre 155 mm.25 Musette : petit sac en toile que l’on porte en bandoulière et qui sert de fourre-tout.

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HISTOIRE

milieu de la chaussée, j’aperçois le charqui nous guettait de l’autre côté du pont…Je rejoignis ma Jeep pour transmettre àColmay de m’envoyer les deux TD26 quiétaient avec nous : me trouvant à unevingtaine de mètres du char ennemi, je nepouvais élever la voix et Colmay nem’entendait pas bien, il me faisait répéter.Enfin les deux TD arrivent et l’officier quiles commandait arrive auprès de moi. Jelui explique la situation, on rampe tous lesdeux aumilieu de la chaussée et j’aperçoisà nouveau le char ; cet officier, nes’avançant pas assez, ne le voit pas ; il mefaut le pousser un peu à lamain et, tout-à-coup, il l’aperçoit. On revient en arrière etil me dit :

« Comment faire ? Une seule solution : faireengager un obus dans le canon des deuxTD et en avant ! Du Tigre ou de nous, lepremier qui tirera sera le bon »…

À ce moment on entend les chenilles [duchar ennemi] qui grincent, ordre aux deuxTD d’avancer, ce qu’ils font et tirent droitdevant ! Hélas le Tigre avait disparu.

La seconde fois, les chars [ennemis]contre-attaquant sur notre reconnais-sance, le peloton s’arrêta avant un virage.Colmay me fit prendre un bazooka etm’emmena à cent cinquante mètres de là,dans un fossé en bordure de route, dansun second virage et me dit :

« Tu as la médaille militaire à ta main,tâche de t’en tirer. »

J’étais sacrifié. Le bruit des chenilles se fitentendre, les chars montaient, au bruit ilsse trouvaient à environ soixante mètres etils s’arrêtent… Quelle attente ! J’entendsles battements de mon cœur dans lesoreilles… Dix minutes, dix siècles se pas-sent, rien. Un bruit de moteur, des grince-ments, les chars font demi-tour. J’ai loupéma médaille militaire mais j’ai sauvé mapeau, j’en suis aussi content. Nous conti-nuons cette avance sans trouver beau-coup de résistance, les Allemands sereplient.

Un jour, devant Montefiascone27, voicideux heures que nous sommes en recon-naissance, quelques coups de feu isoléset, soudain, la résistance se fait plus forte.Nous sommes en vue du village et nousnous arrêtons aux ordres pour l’attaque.Un copain braque sa mitrailleuse 12,7 surun buisson pour voir si elle est bien ali-mentée ; il lâche cinq ou six coups…

Stupeur ! Dix-sept Allemands sortent desfourrés, les bras en l’air.

Une autre fois je remplis les fonctions dechef de Jeep, c’est-à-dire que je fais de lareconnaissance à pied cinquante mètresdevant ma Jeep, couvert par mon mitrail-leur. J’arrive dans un virage pas catho-lique, la route est bordée de talus assezhauts ; je commence à grimper sur lagauche (je suis armé d’unemitraillette ita-lienne, prise de guerre). Arrivé au sommetdes fils sur deux rangs : bizarre ils bougentet il n’y a pas de vent. Je redouble de pré-cautions… J’aperçois une cabane, jecontinue à avancer et je tombe sur unetable sur laquelle il y a trois tasses de café ;je les tâte : elles sont tièdes et, sur deuxchaises, il y a des vestes allemandes. Je

bruits de chars devant nous. Noussommes seuls et pas armés pour arrêterdes chars surtout que notre obusier a étédétaché, il n’est donc pas avec nous. Tout-à-coup nous sommes allumés par unemitrailleuse, le tir venant de la droite, heu-reusement trop haut. Nous nous replionsun peu, quelques minutes d’attente, leschars repartent et nous continuons notrereconnaissance sans aucune résistance.

Une autre fois nous sommes en recon-naissance sur Bolsena ; nous arrivonsdans un virage masqué, j’avance, toujoursà pied devant ma Jeep, couvert par monmitrailleur et, une trentaine de mètres enarrière, par Tarius, Ranguet et Régereau(ils seront plus tard tués tous les trois enFrance à Dracy-Saint-Loup). Je redoublede précautions, j’arrive vers la fin de lacourbe et j’aperçois à une cinquantainede mètres, sur le côté, un [canon] anti-char. Je rends compte à Colmay endemandant le soutien porté et nous atten-dons. Tout à coup une Jeep s’amène àtoute vitesse et s’arrête pile près de nous.

« Nom de Dieu, qu’est-ce que cela, lesfusiliers-marins n’avancent plus ? »

C’est le général Brosset28 et son chauffeurJean-Pierre Aumont29 ; à peineme laisse-t-il le temps de lui dire que nous étionsstoppés par un [canon] anti-char qu’ilordonne à Jean-Pierre :

« Allons voir ! »

Ils font quelques mètres avec la Jeep…Poum ! Une manœuvre… Poum ! Uneautre et les voici revenus auprès de nous.

Brosset me dit :

« Petit, tu n’aurais pas un coup depinard30 ? »

Chaque marin qui se respecte possèdeune ancienne boîte de conserve que l’onappelle « moque » ; nous la remplissonsd’un litre de vin et le général, ainsi queJean-Pierre, l’ont vidée totalement.

« Petit, on a eu chaud ! »

Et Brosset repart vers l’arrière…

Quelque temps après, les amis dubataillon de marche qui nous suivaientavaient anéanti cet anti-char et la progres-sion reprenait. Nous menons [ensuite]une attaque à pied où, pour une fois,l’aviation américaine doit nous aider ; ils[les Américains] se trompent et nous

Jean Candelot (coll. particulière).

26 TD : tank-destroyer, char spécialisé dans le combat anti-char.27 Montefiascone est une ville située dans le centre de l’Italie (province de Viterbe).28 Le général Diego Brosset, commandant de la 1re DFL, tué dans les Vosges.29 Aumont Jean-Pierre : Jeune premier du cinéma français d’avant-guerre, engagé volontaire. Un autre acteur célèbre, Jean Gabin, est aussi fusilier-marin

mais dans la 2e DB.30 Pinard : vin ordinaire.

décide deme replier lorsque j’aperçois, del’autre côté de la route, dans un champ deblé, un ennemi qui me vise avec sonarme ; vite, je tire, un coup, flac… Enrayé.Je réarme, un second coup, l’ennemi secouche et réapparaît… Je tirerai trois fois,chaque fois enrayé ! La troisième fois, il[l’ennemi] tombe et ne se relèvera plus. Jereviens sur mes pas pour explorer cettecahute lorsqu’un obus éclate à unedizaine de mètres, ensuite un autre. Je mereplie vers la Jeep. Colmay est monté auxnouvelles lorsque nous entendons des

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HISTOIRE

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lâchent leurs bombes sur nous, au lieu desAllemands. Lors de cette attaque,Humblot reçoit deux balles de mitrail-leuse lourde qui se fichent dans sacolonne vertébrale, mais probablementen fin de course ou après ricochet ; ellesne sont que fichées sous la peau : on diraitdeux petites saucisses ! Delobelle, lui, estgrièvement blessé par éclat de mortier ;lorsqu’on le met sur un brancard, sadeuxième partie tombe à terre31…

18 juin 1944, mauvaise date dans messouvenirs car elle marque la mort de plu-sieurs de mes camarades, tués au combatle dernier jour de notre campagne d’Italiedans l’attaque de Radicofani32, commel’illustre le tableau de Chapelet dans lesannales de la 1re DFL.

Ce jour-là, mon peloton, le premier, n’estpas engagé au cours de notre reconnais-sance ; je suis cette fois dans un scout-carcommandé parMetzger lorsque, d’un seulcoup, c’est l’enfer, particulièrement pourceux qui nous précèdent, à quelques mai-sons et un léger repli de terrain situé à unecinquantaine de mètres de là. Le pelotonqui s’est engagé subit un feu meurtrier demortiers, mitrailleuses et artillerie ; cer-tains camarades ont pu se replier avecplusieurs morts, mais des véhicules sontatteints, il y a des blessés ; l’ordre vient deColmay de foncer et de ramener morts etblessés. Notre scout-car et une Jeeptentent de passer [alors que] c’est un feud’enfer, nous faisons demi-tour. Colmayrapporte que c’est terrible et, au moment

où il transmet, on voit des larmes quicoulent sur ses joues…Nous y retournonset, cette fois, passons. Mes souvenirs nesont plus très nets, mais nous avions récu-péré deux blessés, dont un gravement, lequartier-maître Daviault, ancien de BirHakeim, que nous sommes allés recher-cher sous un feumeurtrier. Aussitôt après,c’était le calme complet, la campagned’Italie était terminée pour la 1re divisionfrançaise libre.

Nous prîmes nos quartiers, pourma part àBrindisi, en Calabre, où nous waterprouf-fions33 nos véhicules pour, cette fois, ledébarquement en France.

31 C’est-à-dire que l’éclat de mortier a coupé Delobelle en deux (NDLR).32 Radicofani : village médiéval de la province de Sienne sis en altitude sur une colline basaltique dominant plaines et collines, dans la région de Toscane.Elle est surmontée d’une forteresse.

33 Waterprouffions : néologisme de l’époque pour définir l’opération d’étanchéisation (« waterproof ») des véhicules et des armes en vue d’un débarquementmaritime.

Ralliement de l’île de la Réunionaux Forces françaises libres

En mai 1942, après l’occupation deDiego-Suarez par les forces britan-niques de l’opération Ironclad 1, le

contre-amiral Auboyneau des Forcesnavales françaises libres (FNFL) décide defaire effectuer le ralliement de La Réunionpar le contre-torpilleur Léopard et l’avisoCommandant Dominé.

À la suite d’incidents divers, l’opérationest retardée et ce n’est que le 4 novembre1942 que le Léopard appareille du Cap ; ilarrive à l’Île Maurice le 27 au matin.Il y reçoit l’aide des Britanniques etembarque le capitaine Hector Patureau,représentant du général de Gaulle danscette colonie. Le navire appareille le soirmême et il est à dix miles au nord deSaint-Denis à 22 h 30. Le bâtiment se rap-proche de la côte et met deux embarca-tions à l’eau. Le capitaine Patureau et unpetit détachement commandé par l’en-seigne de vaisseau Moreau y prennentplace. Ils débarquent sans problème vers00 h 20.

Plusieurs heures plus tard, ne recevantaucun signal de ce premier groupe, lecapitaine de frégate Richard Évenou,« pacha » du Léopard, décide de mettre lacompagnie de fusiliers à terre. Elle

débarque à son tour sans opposition etoccupe la station de radio, la gendarme-rie, la gare et le central de la poste, puis larésidence du gouverneur. Ce dernier,Pierre Aubert, est en déplacement et setrouve dans sa résidence d’été à Hell-Bourg, dans le cirque de Salazie. AndréCapagorry, administrateur désigné par legénéral de Gaulle pour gouverner l’île,quitte le Léopard et s’installe dans l’hôteldu gouvernement, remplaçant de faitPierre Aubert. Le capitaine de corvetteRaymond Baraquin installe son PC aumême endroit.

Un comité de sympathisants gaullistes,dirigé par Léon de Lépervanche etRaymond Decugis, ingénieur des ponts etchaussées, cherche à s’emparer d’une bat-terie d’artillerie placée à la Pointe desGalets qui tire sur les embarcations duLéopard. On déplore deux morts à l’issuede cette opération, dont RaymondDecugis, et des blessés. Toute résistancecesse dans la soirée, sans que le gros destroupes se soit manifesté.Monseigneur deLangavant, évêque de l’Île, a pris contactavec le nouveau gouverneur, AndréCapagorry et accepte de se rendre à Hell-Bourg, auprès de Pierre Aubert. Ce der-nier, estimant que toute résistance serait

inutile et sachant que l’Afrique du Nordavait rejoint la cause des Alliés et desFrançais Libres, fait part à l'évêque de sadécision de cesser toute hostilité dès le30 novembre au matin.

Un certain nombre de jeunes gens de l’Îles’engagera dans les FFL et les FNFL,notamment de futurs candidats auxécoles militaires de Ribbesford et deDartmouth. C’est ainsi que Paul Vergès iraà l’École des Cadets et Jacques, son frère, àcelle de Cherchell, tandis que Paul Joly etLouis Herbecq opteront pour l’écolenavale de Dartmouth. Ces élémentsrejoindront la Grande-Bretagne viaTamatave et embarqueront en compagniedu contingent important des volontairesde la Grande Île. Ils effectueront cettelongue traversée de deux mois sur le S/SOrduña et le S/S Duchess of Richmond, enfaisant escale à Durban, Cape Town etFreetown.

Jean Giraud-VinetCadet de la France Libre

Promotion 18 Juin

1 Nom de code de l’opération de débarquementanglais à Madagascar, le 5 mai 1942 (NDLR).

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HISTOIRE

Histoire de la famille Mademba-SyCent cinquante ans de fidélité à la France

Cet article est paru, dans une version légèrement différente, dans l’hebdomadaire Voix du MidiLauragais du 30 août 2012. C’est avec son aimable autorisation que nous le publions aujourd’huidans nos colonnes.

Ce qui se passe aujourd’hui àTombouctou est extrêmementgrave. Le Mali risque aujourd’hui la

mort. Nous, qui sommes au bord de l’apo-plexie économique, serions aussi en crisemorale si nous restions indifférents à cequi se joue là-bas.

Alors que lesMaliens, parmi d’autres, sontdepuis longtemps des musulmans in-tègres et paisibles, les bandits et les ultra-islamistes qui les attaquent aujourd’huisont hystériques, violents et intolérants. Ilne s’agit pas d’un problème religieux,mais de l’utilisation d’une religion, auxseules fins de couvrir les pires folies.

Le contexte est celui du marché envahis-sant de la drogue qui, s’appuyant sur uneimportante circulation d’argent blanchimais d’origine mafieuse, nuit gravementau développement, nuit aux sociétés etaux peuples qui subissent ce véritablefléau, engendre des guerres tribales ounationales, en armant certaines popula-tions qui, minoritaires mais surarmées,sont en pleine folie mortifère. Il ne s’agitdonc pas d’une guerre sainte mais d’uneguerre sale, par les trafics des armes, de ladrogue et de l’argent de la drogue.

Si le Mali, qui a été pendant les seize der-nières années l’un des pays les plus démo-cratiquesd’Afrique, venait à tomber,d’autressuivraient dans la foulée. Ce pays est fier,mais dans une situation existentielle pathé-tique. Il nous faut bien le sentir : c’est àl’aide qu’il nous appelle !

Lorsque la situation est grave, il faut trou-ver des symboles, des emblèmes et savoirdonner des signes qui mesurent la recon-naissance que nous devons à ceux qui sesont engagés avec nous, lorsque nousétions en danger.

Pendant cent cinquante ans, au fil dequatre générations d’officiers de tirailleurssénégalais, couverts de gloire au servicede la France, l’engagement de toute lafamille Mademba-Sy est un exempleémouvant et hautement emblématique.

L’actualité nous fait devoir de le rappeler !

Claude Mademba-Sy est un héros de laFrance Libre, français et sénégalais. Néfrançais, il est d’abord officier supérieurfrançais : il sert en France, en Indochinepuis en Algérie. À mi-course, recruté parLéopold Sédar Senghor, il devient sénéga-lais, ambassadeur du Sénégal àBrazzaville, à Rome, à Vienne et à l’ONU.

À la fin de la guerre d’Algérie, il est officierde la Légion d’honneur et lieutenant-colonel parachutiste. Il est fait comman-deur de la Légion d’honneur en 1979. Ilvient d’être élevé à la dignité de grand offi-cier de la Légion d’honneur et a reçu saplaque, à Fréjus, le 31 août 2012. J’ose direque c’est justice.

Son Excellence le colonelClaude Mademba-Sy

Claude Mademba-Sy est né à Versailles, le11 décembre 1923. À la mort de son père,il est pupille de la Nation et fait ses études

au lycée Carnot deTunis. En 1943, le géné-ral Leclerc et sa colonne, après la très duremais victorieuse bataille de Kasserine,part dans la foulée vers Alger, pourrejoindre Londres. Âgé de 20 ans, ClaudeMademba-Sy, comme beaucoup dejeunes Français de Tunisie, s’engage dansce qui deviendra la 2e DB, où il est affectéau régiment de marche du Tchad.Mitrailleur de char, son chef direct est lecapitaine Massu. Il débarque enNormandie, en août 1944, file vers Parisqui est libéré, poursuit vers Strasbourg,fait hisser le drapeau tricolore sur la flèchede la cathédrale et aussitôt franchit leRhin en direction du nid d’aigle d’Hitler àBerchtesgaden, en Bavière1. Le 4mai 1945,l’assaut est donné et, victorieux, Leclerc yinstalle la très fameuse 2e DB. Le lende-main, c’est la section du lieutenantMessiah, 2e section, 12e compagnie durégiment de marche du Tchad, qui plantele drapeau tricolore de la France, avec sacroix de Lorraine, cette fois-ci sur le

Le général Massu remet la cravate de la Légion d’honneur au colonel Claude Mademba-Sy, en 1979 (DR).

1 Après la libération de Strasbourg (13 novembre 1944), la 2e DB participe à la réduction de la poche de Colmar (3 février 1945) et de Royan (14-18 avril),avant d’être rattachée en mai 1945 à la VIIe armée américaine du général Patch, en Bavière (NDLR).

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HISTOIRE

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Berghof du Führer, encore couvert d’em-blèmes nazis.

À la fin de la guerre, Claude Mademba-Syentre à Saint-Cyr : promotion « Victoire ».Plus tard, il sera breveté d’état-major etadmis à l’École de guerre à Paris. Ses étatsde services dans l’armée française, enFrance, en Allemagne, en Indochine et enAlgérie sont exemplaires à plus d’un titre.

État des services : engagé, simple soldat,le 11mai 1943, caporal le 31mai 1944, ser-gent le 1er janvier 1945, sergent-chef le1er mai 1945, aspirant le 25 juin 1945, sous-lieutenant le 26 décembre 1945, lieute-nant d’active le 25 décembre 1946, capi-taine le 31 décembre 1955, chef debataillon le 31 décembre 1960, lieutenant-colonel le 1er mars 1962 et enfin colonel le1er juillet 1970, démission acceptée le29 janvier 1973.

Citations :

– en France : à l’ordre de la 2e DB le 3 janvier1945, du corps d’armée le 13 janvier 1945(croix de guerre 39-45).

– en Indochine : à l’ordre de la division le19 mars 1954, de l’armée le 11 juin 1954(croix de guerre des TOE avec palme).

– en Algérie : à l’ordre de l’armée, le 2 août1959 (croix de la Valeur militaire avecpalme), du corps d’armée le 17 no-vembre 1959 (croix de la Valeur militaireavec étoile de vermeil).

Légion d’honneur : chevalier le 13 juillet1955, officier le 29 janvier 1973, comman-deur en 1979, grand officier en 2012.

Claude Mademba-Sy est un grand soldatde l’armée française. Il est jeune et d’uncourage inouï. Il passe à travers les balles,les obus et les bombes qui pleuvent detoute part. Il a la « baraka » et se ditaujourd’hui, pour rire, qu’il fut toujoursprotégé par le « karma » d’El Hadj OumarTall de Hamdallaye, son ancêtre lointain.Il fait montre d’un charisme sans égalmais aussi, dans les combats, d’un senssingulier de la situation militaire.

Tout comme les officiers colonels ougénéraux des troupes coloniales de laguerre de 14-18 connaissaient son grand-père : Bougari Mademba-Sy, Fama (roi) deSansanding, les officiers colonels ou géné-raux des troupes coloniales de 39-45, devingt ou trente ans ses aînés, ont connu etapprécié son père : le commandantAbd-el-Kader Mademba-Sy, héros de laguerre de 14-18, couvert de gloire.

Ainsi, dès l’âge de vingt ans, Claude estfameux et déjà porteur d’un grand destin.Tout le monde le veut dans sa section,dans sa compagnie ou dans son régiment.

On se le dispute. Il répond toujours :présent !

À l’indépendance des pays d’Afrique en1960, Léopold Sédar Senghor, le présidentdu Sénégal, l’appelle pour organiser lanouvelle armée de son pays. Il prend doncnaturellement la nationalité sénégalaise,mais Senghor désire qu’il conserve aussila nationalité française.

Entre 1963 et 1965 il est chef d’état-majorgénéral de l’Union africaine et malgacheet attaché militaire du Sénégal à Paris.

Peu après, les événements du Congo sedéclenchent. Colonel, il est envoyécomme commandant de la force africained’intervention de l’ONU au Congo-Léopoldville, plus tard le Zaïre,aujourd’hui la République démocratiquedu Congo. Il est commandant de l’ONUau Kivu et Burundi. Peu après, ModiboKeïta, le président duMali, rompt les liensqui unissaient son pays et le Sénégal, dansla confédération sénégalo-malienne, éta-blie à l’indépendance et dont les troupesétaient alors unies sous son commande-ment. La force est dissoute.

Alors, nommé ambassadeur du Sénégal,Claude Mademba-Sy commence une car-rière diplomatique :

– à Brazzaville, avec compétence étendueà tous les pays voisins d’Afrique cen-trale : Zaïre, Burundi, Ruanda (1966-1970) et, je ne sais si on a le droit de dire,Katanga, qui prétendait alors entrer ensécession ;

– en Italie et Yougoslavie (1970-1972), enTunisie (1972-1973), en Autriche (1977-1980).

Pendant ces mêmes périodes, il est aussinommé représentant permanent auprèsde la FAO à Rome (1970-1980), ainsiqu’auprès de l’ONUDI et de l’Agence ato-mique de Vienne (1977-1980). Il seretrouve, ensuite, conseiller interrégionalde l’ONU à New York (1974-1977),membre de la mission des Nations Uniesau Cambodge (1992-1993), membre de lamission des Nations Unies pour les élec-tions en Afrique du Sud (1994).

Depuis 1963, comme chef ou commemembre de la délégation du Sénégal, ilparticipe à de nombreuses conférences del’Organisation de l’Unité Africaine et del’Organisation des Nations Unies.

Il est également professeur associé del’International Peace Academy of NewYork, de l’Institut Internationald’Administration Publique de Paris et del’Institut Européen des Hautes ÉtudesInternationales de Nice. On ne compteplus ses décorations.

À peine à la retraite, il fait plusieurs fois letour du monde, invité à défendre sesidées, à faire part de son expérience et desa connaissance de l’Afrique, où il estvénéré comme un grand marabout. Sesinterventions s’adressent autant aux gou-vernements qu’aux jeunes élèves, danstous les lycées et collèges de France et deNavarre.

Il y défend inlassablement la contributiondes troupes coloniales à la défense denotre territoire et le statut que l’on auraitdû très tôt reconnaître à tous ceux quel’on range ici, pour simplifier, sous larubrique des tirailleurs sénégalais. Il ydéfend, avec beaucoup d’énergie, l’épo-pée de la Résistance et de la France Libre,en France et en Afrique. C’est un orateurmagnifique, très direct, plein d’humour,de conviction et, pour tout dire, de gran-deur, qu’il sait parfaitement transmettre.

Pour sa retraite, il s’établit avec sa famille,dans un petit village du Tarn, dans leLauragais. Sa mère était française, sonépouse Josette est française, ses enfantssont français, certains d’entre eux sontmême des fonctionnaires français. Il estné àVersailles, pupille de la Nation, il étaitfrançais et l’est resté. Aujourd’hui, pour sagloire, il mourra aussi sénégalais, mais enFrance ! On disait à Tunis où il a fait sesétudes : « plus français que lui, je meure ! »

Le connaissant bien, Claude Mademba-Sy, couvert de gloire, est resté un hommemodeste : humble pour lui même, maistrès fier pour la France et pour ses tirail-leurs sénégalais qu’il a toujours défendusavec acharnement.

Les tirailleurs sénégalais

Le père de Claude, Abd-el-KaderMademba-Sy, capitaine de tirailleurssénégalais, a fait toute la guerre de 14-18.Musulman, marié à une Française catho-lique, chef de bataillon après la guerre, ilest alors officier de la Légion d’honneur.Gazé en 1918, il meurt en 1932 àVersailles.

Le jeune frère d’Abd-el-Kader, l’oncle deClaude, le sous-lieutenant CheikhMademba-Sy, s’engage au service de laFrance en 1917 et meurt avec la croix deguerre, devant Soissons, en 1918.

Georges Clemenceau, le « Tigre », le « Pèrede la victoire », écrit : « Un jour, sur le front,je voyais passer comme ça, de loin, unetroupe de gens avec un homme à chevalqui tournait autour d’eux (c’était peut-être Abd-el-KaderMademba-Sy, leur capi-taine ?). Je demande ce que c’est. On merépond qu’on n’en sait rien. Alors avec mavoiture, j’y vais. C’étaient des Noirs quirevenaient des tranchées, où on les avait

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HISTOIRE

laissés dix-huit jours ! Vous devinez ce queça pouvait être ! Des blocs de boue qui reve-naient avec des fusils cassés, des vêtementsen loques, des gueux… magnifiques ! Etquand ils m’ont vu, ils se sont mis à chan-ter et jouer la Marseillaise, avec je ne saisquoi, en tapant sur des morceaux de bois,des pierres, des gourdes trouées. Je leur aiparlé. J’ignore s’ils m’ont compris. Je leur aidit qu’ils étaient en train de se libérer eux-mêmes en venant se battre avec nous ; quenous étions frères (dans le sang versé), filsde la même civilisation et de la mêmeidée… Des mots qui étaient tout petits àcôté d’eux, de leur courage, de leurnoblesse. »

Ceux-là aussi ont fait la France ! Plusencore que de mémoire, c’est de destindont il s’agit aujourd’hui.

Le grand-père de Claude, BougariMademba-Sy naît le 3 mars 1852 dans leFouta-Toro, au Sénégal. Il va à l’école àSaint-Louis du Sénégal. Ses succès sco-laires le font très vite remarquer à l’atten-tion du gouverneur. Le 1er février 1869, ilentre dans l’administration des postes ettélégraphes, en qualité de commis auxi-liaire. Au fil des années, la conquête duSoudan se poursuit. Il est alors engagécomme télégraphiste, ne quitte pas lefront et gravit très rapidement tous leséchelons.

En 1886, le colonel Galliéni est nommécommandant supérieur du Soudanfrançais, à un moment où les reverss’accumulent. Il fait appel à BougariMademba-Sy dont il connaissait les quali-tés de diplomatie et de bravoure dans lessituations difficiles. Tous deux se tutoient.Avec la croix de chevalier de la Légiond’honneur, il est nommé directeur desAffaires politiques et du renseignement.

Sous la direction du colonel Archinard,qui succède à Galliéni en 1888,Mademba-Sy déploie une énergie de conciliationconsidérable. Plusieurs fois on lui confiela direction des troupes. C’est lui qui dés-ormais discute des conditions de reddi-tion des vaincus. Après la défaite d’El HadjOumar Tall, il est nommé Fama deSansanding. En 1897, il est officier de laLégion d’honneur puis commandeur duMérite agricole, dont il disait : « Je l’aime,cette cravate, et j’en suis plus fier que si l’onm’avait donné les Palmes académiques. »

En 1901, il dirige ses sept fils vers le lycéed’Alger. Après de brillantes études,Gustave, Souleymane et Abdoulaye,tombent malades et meurent. Abdel-kader et Cheikh Mademba-Sy devien-dront officiers d’infanterie coloniale.Racine obtint un diplôme d’ingénieur

agronome de Maison-Carrée, et BenDaoud devint professeur au Soudan.

Samission accomplie, BougariMademba-Sy, le Fama de Sansanding, est foudroyépar une congestion pulmonaire. Il meurtainsi dans ses champs de chanvre souda-nais, aux environs du village de Kayo, le25 juillet 1918. Il eut droit à des funé-railles nationales à Ségou.

Deux des frères du Fama de Sansanding,incorporés au régiment des tirailleurssénégalais, sont officiers de la Légiond’honneur : Ahmadi Coumba-Sy, recrutéen 1865, meurt interprète de 1re classe en1924 ; Mahmadou Racine-Sy, jeune imam,recruté comme instructeur en 1852, ettout premier officier africain du régimentdes tirailleurs sénégalais, meurt au gradede capitaine, en 1902. Celui-ci, s’est parti-culièrement distingué pendant la guerrecoloniale menée par la France, en étroitecollaboration avec les Toucouleurs, contrele djihad d’El Hadj Oumar Tall.

Le capitaine MahmadouRacine-Sy, grand oncle ducolonel Claude Mademba-Sy :Un imam, au régimentdes tirailleurs sénégalais.

Le capitaineMahmadou Racine-Sy (1838-1902), issu d’une famille très religieuse etmusulman fervent, est un tout jeuneimam, maître d’école coranique. Repérépar Faidherbe, il est en quelque sorterecruté comme « aumônier musulman »dans le régiment des tirailleurs sénéga-lais, alors en voie de formation. Il en fut letout premier officier instructeur, forma-teur et maître d’école, combattant etadministrateur.

Le principe proclamé par Faidherbe étaitque la religion des Français n’avait aucunrapport avec l’étude de l’arithmétique oudu système métrique. Il en allait de mêmede la religion musulmane, qui n’était pasdu tout opposée à l’instruction, celle deslangues étrangères, celle des sciences etcelle des techniques, comme à Djenné auXVIe siècle et comme Jules Ferry le recom-mandait aux maîtres d’école français en1883. Ainsi, sans contradiction, conver-sion ou reniement, l’imam devint franc-maçon. Très tôt, le principe de laïcité futinculqué aux Toucouleurs ralliés à laFrance. Cependant, tout s’est peut êtrepassé comme si nous n’avions rien à leurapprendre sur le sujet. Dit vulgairement,ils avaient déjà cela dans le sang !

De cette école de Saint-Louis du Sénégaldevaient sortir plus tard des chefs de pro-vince, des interprètes, des officiers, des

instituteurs, des comptables, des employéset même des agriculteurs et plusieursgénérations de gens instruits. À preuve,les élèves et les descendants des élèves dumaître Mahmadou Racine-Sy, capitainedu régiment des tirailleurs sénégalais,officier de la Légion d’honneur, parlent lepeuhl en famille, lisent l’arabe dans letexte du Coran, écrivent et parlent dansune langue française impeccable pour lesusages administratifs et charmante pourdiffuser l’instruction : belle synthèse ! Oùsont donc nos maîtres aujourd’hui ?

Le président AbdoulayeWade écrivait lui-même qu’à l’inverse de la méthode utili-sée par les Russes en Afrique, l’instructiondélivrée par les Français aux Africainsdont ils avaient la charge, était stricte-ment la même que celle que délivraientles Français à leurs propres élèves.

« Le propre d’un professeur n’est pas detransmettre sa propre idéologie mais derespecter celles de ses élèves. Il n’est pas nonplus de se placer à leur niveau mais de semettre à leur portée. Son autorité ne setransmet que par la rigueur de son ensei-gnement et le respect d’une disciplineacceptée. »

Cette devise, déjà appliquée aux tirailleurssénégalais, il y a cent cinquante ans, resteencore aujourd’hui, valable pour tout lemonde.

Pour comprendre tous les détails et péri-péties de cette « grande aventure », il suffi-rait de lire le livre du capitaine Abd-el-Kader Mademba : Au Sénégal et auSoudan français. L’histoire du Fama deSansanding (Librairie Larose, édité en1931 à Paris). On peut au passage retenirla dernière phrase de la préface du généralArchinard : « En occupant le Soudan, laFrance ne s’est pas seulement agrandie ter-ritorialement, elle s’est grandie morale-ment, en augmentant le nombre de ses filset en gagnant leur cœurs. » C’était il y acent cinquante ans.

Mahmadou Racine-Sy et BougariMademba-Sy sont des demi-frères qui ontcombattu côte à côte. A la mort d’El HadjOumar Tall, en 1864, chacun épouse unedemoiselle Tall, deux des petites filles del’empereur vaincu. De demi-frères, ilsdeviennent donc beaux-frères. Leursdescendants portent le titre de cheik,c’est dire celui de prince. Les PeuhlsToucouleurs du Sénégal et du Mali sonttous apparentés. À la mode de Bretagne,ils sont les descendants du Fama deSansanding et de son beau frère, le toutpremier officier des tirailleurs sénégalais.Quelle belle famille !

Leurs très nombreux enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants… se sont

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alliés à d’autres familles d’ethnies diffé-rentes : Sérers et Wolof, au Sénégal,Bambaras et Peuhls du Macina, au Mali,pour ne citer que quelques exemples.

Histoire récente

Il ne faudrait pas croire que tous lestirailleurs sénégalais aient été recrutésparmi les Sénégalais ou parmi lesseuls Toucouleurs. Beaucoup étaientMaliens, Voltaïques (Burkinabés),Ivoiriens, Nigériens, Gabonais, Congolais,Centrafricains et Tchadiens. Vingt ansplus tard, dès le début de la guerre de 14-18, ils étaient à nos côtés. À partir de 1943,au moment des campagnes d’Italie, deFrance et d’Allemagne s’y sont ajoutés desrégiments de tirailleurs marocains, algé-riens et tunisiens : tabors, goums, spahis,zouaves… Leur contribution, qui fut déci-sive, et le prix du sang payé ne furentpeut-être pas suffisamment reconnus.

Enfin, pour ne pas revenir sur la conquêtecoloniale, mais ne considérer que l’évolu-tion des pays du Sahel, après cinquanteans d’indépendance, on ne peut que seréjouir de constater que, dans tous lesdomaines, l’effort consenti et les succèsremportés sont considérables. Pratique-ment partout, la démocratie s’est instal-lée. Le Mali vient de vivre, grâce à AmaniToumani Touré il faut le dire, dix-huit ansde démocratie. Les conditions d’un déve-loppement équilibré sont en devenir.Partout, un Islam intègre et paisible estvécu dans la tolérance des autres reli-gions. Partout, aussi, le rôle de la France yest reconnu, c’est donc le moment de res-ter modeste mais déterminé. Partout,enfin, le charme civilisé des peuples duSahel est apprécié, c’est donc le momentde savoir le sauver.

Lourde tâche accomplie et réussie, auxantipodes de ce qui se fait aujourd’hui àTombouctou, à Gao et ailleurs, où se pra-tiquent sur la place publique, dans une

atmosphère de terreur hystérique, la fla-gellation des mères devant leurs filles,l’amputation des pères devant leurs fils, ladestruction des icônes et le bris, à coup demachette, des objets d’art. C’est bien là,l’agression sauvage d’une civilisation quia tant de charmes à cultiver.

L’épopée de la famille Mademba-Sy ettout ce que cela représente, ainsi que ledestin des peuples et des États du Sahel,particulièrement celui du Mali, sontaujourd’hui sous le feu des kalachnikov.

Ressuscitons donc les symboles ! Ce n’estpas seulement une question de mémoiremais c’est aussi et surtout une question dedestin collectif.

Yves TardyProfesseur des universités honoraire

Montgeard

Toute ma reconnaissance va à Martine Cuttier,professeur d’histoire, pour m’avoir permis dedisposer de ses archives personnelles.

L’auteur

Professeur de Géochimie.

Spécialiste des sols et des milieux

tropicaux.

Universités : Louis Pasteur

à Strasbourg, Paul Sabatier

à Toulouse, et Institut polytechnique

de Toulouse.

Directeur de Recherche, Institut

français de Recherche pour le

Développement (IRD) à Bamako,

Mali, et à l’Université de São Paulo,

Brésil.

Membre de l’Académie brésilienne

des Sciences.

Visitez notre site :

www.france-libre.net

OUVRAGES CONSULTÉS

CAPITAINE ABD-EL-KADER MADEMBA, Au Sénégal et au Soudan français, Paris, Librairie Larose,1931, 117 p., préface : « lettre du général Archinard du 16 octobre 1930 ».

DIRECTION DU SERVICE D’INFORMATION DES ARMÉES, Du Tchad au Danube, 80 rue Saint Lazare,Paris, Éditions G.P., 1946, 339 p.

CHEF DE BATAILLON D’INFANTERIE DE MARINE DE LAVERGNE DE TRESSAN, Inventaire linguistique del’Afrique Occidentale Française et du Togo, RIFAN-Dakar, Mémoire n° 30, 1953, 241 p.

AHMADOUHAMPÂTÉ BÂ ET JACQUES DAGET, L’Empire Peul duMacina (1818-1853), Paris, Mouton& Co, 1962 ; Abidjan, TheHague, 1962 ; Paris, Les Nouvelles Éditions Africaines et Éditionsde l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, 1984, 306 p.

HUBERT DESCHAMPS, Histoire générale de l’Afrique noire, tomes 1 : « Des origines à 1800 »,et 2 : « De 1800 à nos jours », Paris, Presses Universitaires de France, 1970-1971, 572et 720 p.

MARYSE CONDÉ, Ségou (roman), tomes 1: « LesMurailles de terre », et 2 : « La Terre enmiettes »,Paris, Robert Laffont, 1984-1985, 491 et 429 p.

INSTITUT PÉDAGOGIQUE DE BAMAKO,Histoire. Classe de 6e, EDIM, Larousse Afrique, 1986, 94 p.

AMADOU HAMPÂTÉ BÂ, Amkoullel, l’enfant peul.Mémoires, Actes Sud, 1991, 412 p.

MARTINE CUTTIER, Portrait du colonialisme triomphant. Louis Archinard (1850-1932), Paris,Charles Lavauzelle, 2006, 583 p.

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Résister dans les camps nazisLe 26 septembre dernier, le jury national duConcours national de la Résistanceet de la Déportation s’est réuni à Paris, afin d’établir le palmarès de l’année2011-2012. Nous publions aujourd’hui la copie de l’un des lauréats de lapremière catégorie : « réalisation d’un devoir individuel en classe » (classe delycée). Il s’agit de Jean Bernard, 18 ans, élève au lycée Georges Clemenceau deReims (actuellement élève en Hypo-Chartes au lycée Henri-IV à Paris).

La Résistance et les camps de concen-tration sont deux domaines qu’on ararement recoupés malgré quelques

exemples notoires comme la révolte dughetto deVarsovie, d’autres, nombreuxmaismoins connus, notamment parce qu’ils sontsouvent individuels et spontanés, et que leurauteur a emporté avec lui le souvenir de sonaction dans la tombe. En effet, le monde àpart des camps nazis place les hommesdans un univers aux conditions extrêmes,où des individus sont forcés de se replier sureux-mêmes et tendent à rendre vainestoutes tentatives de témoignage et de com-munication. Cependant, en maintsendroits, la dignité humaine s’est élevéecommeun sentiment qu’il y avait une limiteà ne pas franchir dans la déchéance pourque la vie garde son sens.Nous verronsdoncd’abord que la Résistance dans les camps sefonde sur une intégrité morale et qu’elle apour but de la défendre ; par ailleurs, celle-cidoit tendre vers l’agrégation de personneslibres luttant pour la survie de l'homme etde son caractère social qui lui est propre ;enfin ces groupes d’individus, en gardant,au moins en esprit, la tête haute, peuventalors lancer un message à leurs contempo-rains et prochains, message de détressemais aussi d’avertissement.

Tout d’abord, résister dans les camps c’ests’opposer à l’entreprise nazie, qui vise àfaire perdre toute humanité et individua-lité aux détenus, qui deviennent alors descadavres vivants dénués de volonté, affai-blis, ce qui explique que des poignéesd’hommes ont pu diriger des campsimmenses. Toute activité spécifiquementhumaine encore pratiquée est alors un acteen opposition avec les objectifs du camp :se laver est lamarque d’un être encore sou-cieux de lui-même, comme cet officierautrichien dont Primo Levi rapporte le dis-cours. La vie s’attache alors aux actes duquotidien qui sont effectués avecconscience. Si le souci de son corpsmontrequ’il n’est pas mort, plus encore l’activité

intellectuelle, particulièrement réfractaireparce qu’elle est gratuite et sans utilitédans un monde où il faut mobiliser toutesles chances de survie. Par exemple, JeanGavard, déporté à Mauthausen, rapportequ’il s’entretient avec le « père Jacques », luifait part de son goût pour la poésie notam-ment Alfred deVigny, et d’autres choses quiperdraient leur sens s’il n'y avait deshommes pour les incarner.

D’autre part, la Résistance peut aussi être lapoursuite d’un engagement moral et/oupolitique. On montre ainsi qu’on esthomme de pensée et homme deconscience. Que cela soit la poursuite d’unengagement résistant intérieur ou lavolonté spontanéedenuire à l’ennemi et demettre un grain de sable dans lamachinerienazie, on est ainsi amenéà attaquer des ins-titutions qui ont toute puissance. Il y anotamment des sabotages perpétrés par lescommandos du travail, qui reçoivent lapunition exemplaire de la pendaison. Lavolonté d’empêcher cette entreprisenéfaste se manifeste aussi par l’évasion, ensoustrayant sa personne à l’autorité nazie,comme ces cinq détenus évadés du campde Natzweiler1 qui, guidés par l’un d’eux,Alsacien et connaisseur de la région, sontrepassés en France occupée. La Résistanceest dans l’opposition, même dérisoire, del’individu à l’entreprise nazie, ce qui mon-tre son échec de déshumanisation.

D’autre part, la volonté d’isoler les déte-nus est parfois contrecarrée par l’en-traide : on cherche en effet à provoquerune lutte de tous contre tous par la pro-miscuité et le mélange des nationalités, cequi crée une barrière du langage commel’explique Eugen Kogon dans l’État SS : lesystème des camps de concentration nazis.L’entraide et le souci de l’autre, valeursfondamentales de l’humain, deviennentalors un défi, car on attribue à chacun deschances minimum, voire insuffisantes, desurvie. Or dans un monde clos ce qui est

donné à l’un est mathématiquementretiré à un autre. Un exemple cependantd’aide, rendue possible par l’union desefforts et lamise en commun, fut la fonda-tion dans un camp d’un petit stock consti-tué de bouts de rations « grands commeun ongle » prélevés sur chacune d’elles, etl’homme qui le raconte en a bénéficié auretour de l’infirmerie après une dysente-rie : il ne pesait plus que 35 kilos pour 1,81mètre. On voit, là encore, que laRésistance n’est pas toujours frontale etpeut être simplement la survie, et c’est uncaractère essentiellement humain d’avoirconscience qu’elle peut dépendre de celled’autrui, permettant par là de bâtir unesociété improvisée.

La cohésion entre des hommes affaiblisconstitue parfois la seule forme de surviephysiquemais aussimorale, car la perte detout rapport nous laisse dans le désarroi,sans valeurs ni ressources. Cette fraternitéévoquée par Jean Gavard est ici la conti-nuité d’une amitié. Mais les rapproche-ments sont parfois plus récents malgré lesobstacles de langue, la fatigue, etc. C’estainsi que se développèrent parfois de véri-tables structures parallèles, ainsi un asso-cié de Jean Moulin2 a recréé un comité àl’image duCNRpour défendre l’intérêt desFrançais dans ces institutions. Celles-cipouvaient alors influer, par le biais depostes attribués à des détenus, sur larépartition des Kommandos les plus diffi-ciles, etc. Cependant se pose, dès lors quedes détenus ou une communauté de déte-nus obtiennent une influence secrète dansl’organisation du camp, le problème de laparticipation forcée à la destruction de sesmembres, en envoyant par exemple cer-tains plutôt que d’autres dans les endroitsaux conditions les plus difficiles. C’est lalourde responsabilité de la gestion, quipermet cependant, par un mal moindre,d’en atténuer un plus grave. Ainsi cesgroupes eurent pour but, à plus ou moinslong terme, d’échapper à cette domina-

1 Il s’agit de l’Autrichien Karl Haas, du Français Martin Winterberger, qui rejoint ensuite la France Libre et s’engage dans la 1re DFL, du TchécoslovaqueJoseph Mautner, du Polonais Joseph Cichosz, ancien légionnaire français et combattant de la guerre d'Espagne, et de l’Allemand Alfons Christmann(NDLR).

2 Henri Manhès, alias le colonel Frédéric, ancien adjoint de Jean Moulin (NDLR).

Jean Bernard en 2012(coll. particulière).

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tion, surtout pendant la Libération, qu’onessayait alors de planifier.Il y a plusieurs exemples d’évasions,comme celle de Mauthausen. Grâce à uneplanification précise, les détenus s’empa-rent des postes de surveillance, emploientune série de stratagèmes comme l’utilisa-tion d’extincteurs comme armes ou poserdes couvertures mouillées sur les barbeléspour les franchir. Cependant, cette tenta-tive d’échapper à la violence quotidiennedu camp jette souvent dans un péril plusgrand encore les évadés. C’est le problèmede toute action de résistance, qui peutentraîner des représailles collectives. Ainsià l’évasion de Mauthausen, succéda unegrande chasse à l’homme qui fit périr laplupart des évadés. Néanmoins, la vio-lence elle-même est utilisée parfois pourgarder la vie sauve, on en devient ainsil’auteur et non plus l’objet, on élève lalutte au niveau du combat.

C’est le cas de la révolte du ghetto deVarsovie qui, après des déportations mas-sives à Treblinka, tenta de se soulever,encore fort de ses 60 000 habitants, à l’ini-tiative d’une organisation juive de combat.C’est lors de la reprise des déportationsque fut déclenché un assaut qui prit lesAllemands totalement par surprise, les for-çant à se retirer avec des pertes et à enga-ger une véritable bataille, qui, elle, nelaissa pas de survivant du côté juif. De lamême façon, ce sont 17 officiers russes quifomentèrent une révolte, menée après leurmort. On voit l’importance d’un noyau dedépart souvent lié au militaire, même s’ilfaut de la part de chacun un grand couragepour commencer un combat sans armes.Forcément inégal, ce combat n’est pasvain pour autant : même si cela donne unemort d’honneur à ceux qui étaientcondamnés, c’est toujours un témoignageen réalité d’une résistance qui est faitedans l’ombre, et d’une volonté de résis-tance qui, pour certains, n’a pas pu se tra-duire en actes.

Enfin la Résistance est une ouverture sur lemonde depuis des environnements her-métiques, dans le sens où, non seulementelle fait sortir le détenu de sa conditionpassive et le propulse dans un combatmondial et universel de la défense devaleurs communes, mais où, en outre, elleporte au monde un témoignage de la dureréalité subie et de l’engagement nécessairequ’elle appelle. D’où la volonté de laisserdes documents, ces photos deSonderkommandos, mais aussi des dessins(alors que le papier et un quelconquemoyen d’écriture sont quasiment introu-vables), légués à la postérité. Mais il y aégalement des tentatives de communica-tion immédiate, grâce à quelques radiosartisanales, qui ouvraient la Résistance sur

le monde et à des traces écrites qui circu-laient comme la carte de l’avancée destroupes alliées, réalisée à partir d’informa-tions radiophoniques par Luc Châtaigné.La Résistance est donc un refus de se lais-ser enfermer, et toutes les portes, de l’es-prit, des camps ou celles qu’ouvre unmes-sage, sont explorées et forcées.

Dans l’immédiat de la Libération, souventaccompagnée de révoltes internes descamps, des serments sont prononcés àMauthausen, Buchenwald et Neuen-gamme. Si les textes sont évidemment dif-férents, il y a cependant quelques pointsprincipaux en commun : la volonté dejuger les responsables qui mène au procèsde Nuremberg, la volonté de poursuivreles idéaux de départ qui leur ont permis detenir, la volonté d’entraide et d’échangeentre les peuples et les nations mise enpratique pendant l’incarcération, quiconduit à l’ONU et à l’UE pour dépasserles conflits, et enfin le devoir demémoire àtravers les témoignages et différentes insti-tutions d’évènements, commeaujourd’hui. D’une consultation desanciennes déportées de Ravensbrück, ilressortait que le contenu du témoignagedevait favoriser les valeurs d’humanité,ainsi que l’engagement civique sans les-quels il n’y a pas de Résistance, ni rêve deconscience sociale possible. On peutcependant se demander quelle est lavaleur de ce témoignage de résistance àlaquelle des conditions extrêmes don-naient sens : chanter La Marseillaise enarrivant à Birkenau, comme le rapporteAdélaïde Hautval, était un acte courageuxde Résistance, tandis que la dernièreMarseillaise grandiloquente semble êtrecelle que joua Pierre Cochereau auxgrandes orgues de Notre-Dame de Parispour les obsèques du général de Gaulle,lente et funèbre, grave et sublime.L’écouter devient alors même un simplerespect presque conventionnel, et deGaulle pose la question de l’avenir de laRésistance, incarnée par la flamme del’ambition nationale ranimée par la tem-pête et moribonde sous la brise, à la fin duchapitre IV (« La Libération ») du troisièmetome (Le Salut) desMémoires de guerre.

Si les conditions extrêmes de destructionet de haine ne sont plus là, la vigilancereste cependant nécessaire contre toutedérive. Les problèmes à résoudre sont plusnombreux et complexes, entre autresparce qu’ils se sont pas toujours accessi-bles à notre esprit. Néanmoins l’éloigne-ment des tensions et des préoccupationsne sont pas la seule cause d’un désintérêtpour un engagement politique qui futmoteur pour la Résistance, il faut en faitrevenir à la problématique de départ, quifait passer du statut de bête passive à résis-

tant engagé et humain. En effet la sphèreprivée est favorisée et les intérêts particu-liers sont poussés par la volonté et la pos-sibilité d’abondance, là où le manque fai-sait de la survie une priorité exclusive.C’est en dépassant le statut de simplesêtres (sur)vivants que des hommes et desfemmes ont pu se projeter dans laconscience morale puis collective et selibérer en pensée puis en acte de l’autoriténazie.

Aujourd’hui la servitude est différente etmoins évidente à abolir, car, comme l’écritEmmanuel Levinas, « on fait aimer à l’es-clave sa servitude ». Si les résistants se sontbattus pour un niveau de vie acceptable,c’est surtout pour mener une vie « digne »qui ne peut l’être sans engagement auprèsde l’autre, puisque toute autarcie est fic-tion – car nous sommes redevables aumoins de notre éducation. Une sociétéplus confortable donne, avec les outils etles occasions de réflexions, la tentation des’en passer. La sphère privée, qui vise lebonheur individuel, a pris le pas sur lepublic et le politique, et les émeutes sontplus souvent la revendication d’un meil-leur niveau de vie que la résistance oppo-sée à une autorité jugée injuste.Finalement, malgré l’évolution de l’envi-ronnement, certaines questions se posentencore qui étaient déjà présentes dans lescamps, comme le débat bioéthique sur lesexpériences ou les morts et avortementsassistés : ainsi la psychiatre AdélaïdeHautval refusa d’assister les SS dans leursexpériences. On voit donc que les témoi-gnages des résistants de l’extrême sontencore valables, soit par similitude dudébat, soit par l’actualité de l’engagementpar rapport aux intérêts personnels pri-maires.

La Résistance dans les camps nazis, si ellea d’abord pour but la survie immédiate,traduit surtout la volonté de perpétuerl’individu, qui manifeste sa liberté dansson engagement, qui conduit à perpétuerune forme de société cohérente, qui vatenter de sauvegarder l’intégrité de tous etleur offrir un appui et un but. Enfin, elleest témoignage pour les contemporains etles suivants. Car, si les conditions chan-gent, si le pire est derrière nous, pour évi-ter qu’il ne soit devant nous, l’engagementconscient est nécessaire, et la Résistancedans des situations extraordinaires resteun exemple d’engagement au-delà de soi-même qui n’est jamais évident, quands’accumulent les difficultés ou les facilités.C’est un choix qui est toujours actuel etindispensable et dont la profondeur n’arien à voir avec le milieu car il n’a rien dedéterminé.

Jean Bernard

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LIVRES

La Flamme de la RésistanceLes 5 communes compagnon de la Libération

Vladimir Trouplin (dir.), Jean-Pierre Bois,Olivier Cogne, Jean-Claude Duclos, Pierre-Louis Fillet et Céline Hoeffler,Christine Levisse-Touzé et Serge Ribault

Le Cherche Midi, 15 novembre 2012

Qu’ont donc en commun la capitale de la France, celle du Dauphiné, un village duVercors, la plusgrande métropole de Bretagne et une petite île du Finistère ? Avoir été honorés par la plus rare etla plus prestigieuse décoration française de la Seconde Guerremondiale : la croix de la Libération.

Aujourd’hui, ces communes portent témoignage pour les générations futures de leur combat, descrimes commis par l’occupant nazi et le régime deVichy et des hauts faits qui leur ont valu d’êtrenommées compagnon de la Libération ainsi que 1 038 hommes et femmes et 18 unitéscombattantes.

De l’exécution des « 50 otages » à Nantes à la libération de Paris, du ralliement collectif des Sénansau général de Gaulle, des coups d’éclat des combattants de l’ombre à Grenoble au drame duVercors, huit historiens, spécialistes de ces années sombres, nous livrent des synthèseshistoriques de haut niveau.

Leur récit, émaillé de plus de 200 illustrations, dont plusieurs inédites, porte aussi sur la mémoirede cette époque dramatique qui s’est construite dès la fin de l’Occupation, à Nantes, Grenoble,Paris, Vassieux-en-Vercors et sur l’île de Sein.

Au moment où les derniers compagnons disparaissent, les uns après les autres, l’oubli serait uneseconde mort, encore plus cruelle. C’est pourquoi, à partir du 16 novembre 2012, le Conseil national des communes « Compagnon dela Libération » assurera la pérennité de la mémoire de l’ordre de la Libération.

Ce livre officiel rend hommage aux compagnons de la Libération et à tous ceux, résistants, déportés et combattants de la SecondeGuerre mondiale, qui ont participé à la Libération de la France.

Ce livre adresse un message d’espoir et de paix à notre jeunesse, mais aussi au monde, pour que ne s’éteigne pas « la flamme de laRésistance ».

Vladimir Trouplin, coauteur et directeur de ce livre, est historien et conservateur du musée de l’ordre de la Libération depuisdouze ans. Membre du conseil scientifique du musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris et du muséeJean Moulin (Ville de Paris), il a collaboré au Dictionnaire de Gaulle (Robert Laffont, 2006) et au Dictionnaire de la France Libre(Robert Laffont, 2010). Il est l’auteur du Dictionnaire des compagnons de la Libération (Elytis, 2010).

La Flamme de la Résistance

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20 l Décembre 2012 • N° 46

LIVRES

Pierre Denis, Français libre et citoyen du monde : Entre Monnet et de GaullePhilippe OulmontNouveau Monde Éditions, novembre 2012, 470 p., 25 € - Disponible à la Fondation à partir de janvier 2013

Le 20 juin 1940, Pierre Denis (1883-1951) embarque à Biscarosse, avec René Pleven, EmmanuelMönick et Robert Marjolin, à bord de l’hydravion affrété par JeanMonnet pour rejoindre Londres.Qu’est-ce qui, dans ses origines familiales, son parcours personnel, a pu déterminer cet anciennormalien de 57 ans, agrégé d’histoire et de géographie, à tenter l’aventure de la France Libre ?

Né dans une famille d’intellectuels protestants, il étudie à l’École normale supérieure, rue d’Ulm,et passe l’agrégation d’histoire, avant d’obtenir, en 1906, une bourse « Autour dumonde » financéepar la Fondation Albert Kahn, qui lui permet d’étudier l’évolution de la grande culture moderneet de la petite culture traditionnelle en Italie, en Tunisie, en Libye, au Brésil, en Argentine, dans lesAntilles, aux États-Unis, où il donne une série de conférences à l’université John Hopkins deBaltimore pour l’Alliance française, puis, renonçant à son trajet initial, qui devait l’emmener auxPhilippines, aux Indes, à Ceylan, aux Mascareignes et en Afrique du Sud, se dirige vers le Pérou.

De retour en France, il enseigne un an au lycée de Bar-le-Duc (1909-1910), avant d’obtenir unposte de chargé de cours à l’université de Buenos Aires, où il prépare une thèse de géographie surla mise en valeur de l’Argentine, qu’en raison de la Grande Guerre, il ne soutient qu’en 1920.Rentré en France pour s’engager en août 1914, il combat dans l’infanterie, avant de rejoindre, enavril 1915, le front d’Orient, à Salonique, où il sert dans le renseignement.

Après la guerre, son chemin bifurque. Mis à la disposition du ministère du commerce afin depréparer les clauses économiques des traités de paix, il se lie avec Jean Monnet. Faute de pouvoir retourner en Argentine, et après unbref passage par l’université de Strasbourg, il devient l’adjoint de Paul Mantoux à la section politique du secrétariat général de laSociété des Nations (SDN) puis chef de cabinet de Monnet, secrétaire général adjoint. Dans ces fonctions et au-delà, il participe aurèglement de la question de la Haute-Silésie et à la stabilisation de la monnaie de plusieurs pays d’Europe centrale et orientale.

En décembre 1926, nouvelle bifurcation, il démissionne de la SDN pour se lancer dans les affaires, à la suite de Monnet, commesecrétaire général du bureau parisien de la banque Blair & Co puis comme associé et directeur du bureau parisien de la firmeMonnet,Murnane & Co.

Mobilisé à sa demande en septembre 1939, il est détaché au cabinet du ministre de l’air, avant de rejoindre son ami Roger Auboin,secrétaire général du Comité des programmes et des achats alliés, puis Monnet, qui préside le Comité de coordination franco-britannique.

À Londres en juin 1940, au contraire de Monnet, et plus immédiatement que Pleven, Denis choisit, parmi les tous premiers, de rallierle général de Gaulle, même s’il conservera jusqu’au bout des liens d’amitié avec son ancien patron. Chargé des finances de la FranceLibre, il crée en décembre 1941, avec René Cassin, la Caisse centrale de la France Libre, qu’il installe dans les territoires ralliésd’Afrique et du Proche-Orient.

Appelé à Alger après la formation du Comité français de libération nationale (CFLN) en juin 1943, il retrouve Monnet, qui le prend àson service au Commissariat au ravitaillement, avant de retourner aux Finances comme attaché financier de la délégation française àLondres. S’il doit renoncer à la Caisse centrale de la France Libre, devenue Caisse centrale de la France d’outre-mer, il en devient ledirecteur honoraire en 1944, avant de présider son conseil de surveillance.

Après un bref séjour en septembre-octobre 1944, au cours duquel il retrouve les siens, dont il a été séparé durant quatre longuesannées, il rentre en France en juillet 1945 et participe en 1946 aux travaux du Commissariat au Plan, confié à Monnet par le généralde Gaulle. Dans le même temps, il préside de 1945 à 1951 la Société d’études et réalisations industrielles, agricoles et commerciales(SÉRIAC), qui a pour but de stimuler et de coordonner les initiatives et les intérêts privés, au moment de l’accession à l’indépendancede la Syrie et du Liban, et en 1948 la délégation française à la 1re session de la Commission économique pour l’Amérique latine(CEPAL), organisation régionale créée par le Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC) afin de promouvoir ledéveloppement économique et le progrès social.

L’après-guerre est également pour lui un retour à l’écriture, même si ses travaux de géographe et d’économiste laissent désormais laplace à des récits de souvenirs (Souvenirs de la France Libre et Les Métiers et les jours) et à un roman d’anticipation à caractèreautobiographique (Les Apprentis sorciers).

Cet ouvrage biographique a lemérite demettre en lumière Pierre Denis, un homme austère et sérieux, qui a élevé le travail au niveau desvertus cardinales, un patriote sans chauvinisme et un citoyen dumonde, figure de la SDN et de la France Libre, volontiers bougon, maisnon dénué d’humour, avare de confidences et plutôt porté à demeurer dans l’ombre, mais dont l’action fut plus d’une fois décisive.

Agrégé d’histoire et de géographie et ancien directeur des Études et recherches à la Fondation Charles de Gaulle, Philippe Oulmont aégalement publié De Gaulle (2008), Larminat, un fidèle hors série (2008) et Les 18 Juin, enjeux et commémorations (2010). Il estmembre du conseil scientifique de la Fondation de la France Libre.

Pierre Denis, Français libre et citoyen du monde

AVIS À NOS ABONNÉSSauf avis contraire de notre part, les ouvrages faisant l’objet d’un compte-rendu dans notre revue

ne sont pas disponibles à la vente à la Fondation de la France Libre.

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Décembre 2012 • N° 46 l 21

LIVRES

Le prix littéraire de la Résistance a été décerné, à l’unanimité, le 6 septembre dernier à Jean-MathieuBoris, ancien de Bir Hakeim et délégué de la Fondation dans les Hauts-de-Seine (sous-délégation deBoulogne-Billancourt), pour son ouvrage autobiographique, Combattant de la France Libre(Éditions Perrin).

Le lauréat a reçu son prix des mains du président du jury, M. Yves Guéna, ancien président duConseil constitutionnel, de la Fondation Charles de Gaulle et de la Fondation de la France Libre, le6 novembre, dans les salons de Boffrand, au Palais du Luxembourg, à l’issue de l’assemblée généraledu Comité d’Action de la Résistance.

Créé en 1948 par le Comité d’Action de la Résistance, le prix littéraire de la Résistance a été attribuépour la première fois en 1952, avant de devenir annuel en 1963. Il récompense les ouvragessignificatifs consacrés à l’histoire de la Résistance et de la Déportation.

La rédaction

Prix littéraire de la Résistance 2012

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Le 18 juin 1940, le général de Gaulle lance son Appelhistorique, fondateur de la France Libre. De cettedate jusqu’à la clôture des engagements dans lesForces françaises libres, le 31 juillet 1943, quelque54 000 volontaires s’engagent sous l’étendard à croix deLorraine.

Depuis des années, Henri Écochard, ancien des Forcesfrançaises libres, se consacre à l’établissement d’uneliste recensant ces 54 000 Français Libres. Cette liste aété mise en ligne sur Internet en 2005, afin de permettreà des contributeurs éventuels de l’aider à la compléter.

Vous pouvez la consulter sur les sites de la Fondation dela France Libre (www.france-libre.net) et de la FondationCharles de Gaulle (www.charles-de-gaulle.org).

Cette liste est encore incomplète.Cette liste est encore incomplète.

Si vous disposez de renseignements pouvant améliorerson contenu, vous êtes cordialement invités à les com-muniquer à Stéphane Longuet, responsable actuel de laliste, à l’adresse suivante :

[email protected] pouvez également nous transmettre les élémentsà votre disposition à l’adresse postale suivante :

La rédaction

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IN MEMORIAM

22 l Décembre 2012 • N° 46

Jean-Françoisd’AuthevilleJean-François d’Autheville, spahi desForces françaises libres, s’en est allérejoindre ses compagnons sur le cheminde l’au-delà.Le 16 août, au temple du Haa, une nom-breuse assemblée d’amis et d’anonymesentourait la famille de Jean-François. Ilavait cinq enfants. Le culte était présidépar Mme Valérie Mali, pasteur au templedu Haa.Pendant la prédication, le pasteurGaleran, ancien aumônier militaire de larégion Aquitaine rappela l’engagement dumédecin au service des autres après avoircombattu dans les rangs de la 2e DB. Sesnombreuses décorations, en particulier lacroix de guerre, la croix de combattantvolontaire de la Résistance, la médaille dela France Libre, posées devant le cercueilrecouvert de l’emblème tricolore rappe-laient son engagement dans les Forcesfrançaises libres en Juin 1943 à Sabratha,en Tripolitaine. Le drapeau de la 2e DBaccompagnait cette cérémonie.Les cantiques, les prières, prononcées parMmeValérie Mali, tout cela était empreintde ferveur et de fidélité à la mémoirehuguenote.En juin 1943, avec sa famille au Maroc,Jean-François veut rejoindre les Forcesfrançaises libres qui ont combattu enTripolitaine, au Fezzan, en Tunisie etviennent d’être regroupées près deTripoli.Sa mère est d’accord, mais d’abord il fautqu’il passe son bac. C’est fait.Il se promène dans les rues de Casa et estintrigué par deux jeunes militaires, enshort et chemise kaki, coiffés d’unsuperbe calot rouge. Ce sont deux spahisde la Colonne Volante des Forces fran-çaises libres, en mission au Maroc. Jean-François les accoste et leur demandecomment rejoindre les FFL. Rendez-vouspris pour le lendemain. Pas de perte detemps, quelques affaires dans un sac àdos. Il ne sera pas en retard au rendez-vous. Un camion est là. Il y a d’autres gar-çons candidats au départ. En route, enpassant sur les routes les plus directespour arriver à Sabratha, en Tripolitaine. Ils’engage aussitôt dans le RMSM, qui seraun des régiments de la 2e DFL. Enfin, la2e DB est formée et il participera à tous lescombats jusqu’à la Victoire.Sur la route de Paris, en août 1944, unaumônier protestant offre une bible àJean-François. Cette biblel’accompagnera jusqu’à ce 10 août 2012.La guerre finie, il entreprend des étudesen médecine. Médecin de ville, il est aussimédecin conseil du gaz de Bordeaux etdes pompiers. Il a l’occasion d’extraire etsoigner deux aviateurs de l’armée de l’airallemande, dont l’avion s’est crashé au

milieu des jardins d’Eysines (banlieuebordelaise). Pour ce sauvetage il a reçuune décoration militaire allemande.C’était une belle conclusion pour unancien combattant de la 2e DB.

Jean-Joseph Laborde

Roland de La PoypeNé le 28 juillet 1920 aux Pradeaux (Puy-de-Dôme), le comte Roland Paulze d’Ivoyde La Poype est le fils d’un ingénieur agro-nome, colonel de réserve tué à l’ennemien mai 1940.Le 5 décembre 1939, le jeune étudiant, quise passionne pour l’aviation depuis sesétudes chez les Jésuites auMans, s’engagepour la durée de la guerre au bataillon del’air 131, installé dans la Sarthe. Élèvepilote à l’École élémentaire de pilotaged’Angers, il obtient son brevet et le gradede caporal en février 1940.Passé à l’École principale d’aviationd’Étampes en mars, il décide de rallierl’Angleterre, après avoir entendu l’Appeldu 18 Juin, et embarque avec les troupespolonaises sur l’Ettrick à Saint-Jean-de-Luz le 24 juin.Débarqué à Plymouth, il s’engage dans lesForces aériennes françaises libres. Promusergent le 1er août 1940, il sert en qualitéde mitrailleur du groupe réservé de bom-bardement n° 1 (GRB 1) lors del’expédition de Dakar et de la campagnedu Gabon.De retour en Grande-Bretagne en no-vembre, il s’entraîne dans les écoles depilotage de la Royal Air Force à Odiham enfévrier 1941, Sywell en avril et Ternhill enjuillet, avant de suivre les cours del’Operationnal Training Unit de Llandow(Pays-de-Galles), en octobre.Affecté en février 1942 au 602 Squadron« City of Glasgow » au sud de Londres, ileffectue une soixantaine de missionsd’escorte de bombardiers pendant sixmois, comme adjoint du Squadron LeaderPaddy Finucane. Promu aspirant en mars,il endommage un Messerschmitt 109 le13 avril et en abat un autre le 22 août.Après la mort de Paddy Finucane, abattule 15 juillet 1942, il se porte volontairepour rejoindre le groupe de chasse n° 3« Normandie », qui doit se constituer auLevant avant de rejoindre le front russe.Après un périple par l’Afrique noire,l’Égypte et Téhéran, il arrive à Astrakan,fin novembre, avec le premier contingentdu groupe. Volant sur un Yak avec le gradede sous-lieutenant, il est pilote chef depatrouille, avant de prendre le comman-dement en second de la 1re escadrille dugroupe en octobre 1943 et d’être promulieutenant en décembre. Engagé dansles batailles d’Orel, de Briansk, d’Ielna,de Smolensk, de Vitebsk, d’Orcha, deBorissov, de Minsk et du Niemen, il abat

15 appareils ennemis, et même deux dansune seule journée le 14 et le 16 octobre.Après une permission en France, au débutde 1945, celui qui a été fait « héros del’Union soviétique » avec son camaradeMarcel Albert, reçoit le commandementde la 1re escadrille et le grade de capitaine.Lors de la Victoire, après un bref séjour àMoscou, avec les autres survivants durégiment, il rentre en France, arrivant auBourget le 20 juin 1945. Titulaire de10 citations à l’ordre de l’armée de l’air etde 2 citations à l’ordre de l’aviation dechasse, il totalise 1 200 heures de vol et areçu, comme les autres pilotes,l’autorisation de Staline de ramener sonYak en France.Après une affection au 2e bureau de l’état-major de l’armée de l’air en mars 1946,Roland de La Poype quitte l’armée en 1947pour se consacrer à l’agriculture, en qua-lité de propriétaire de fermes modèles etd’éleveur, et à l’industrie, à la tête de laSociété d’études et d’applications duplastique, inventant le berlingot desshampooings Dop et la carrosserie de laCitroënMéhari. Élu, de 1959 à 1971, mairede Champigné (Maine-et-Loire), où il créeun golf, il est également le fondateurdu parc animalier et d’attractionsMarineland d’Antibes en 1970.Membre du conseil de l’ordre de laLibération depuis septembre 2002, il estdécédé à Saint-Tropez (Var) le 23 octobre2012. Il a été inhumé à Trept (Isère).Il était grand croix de la Légion d’honneur,compagnon de la Libération par décret du29 décembre 1944, héros de l’Union sovié-tique, titulaire de la croix de guerre 1939-1945 avec 12 citations, de la croix deguerre tchécoslovaque, ainsi que dediverses distinctions soviétiques : l’ordredu Drapeau rouge, l’ordre de Lénine, leMérite de la guerre pour la Patrie et l’ordrede la Victoire.En 2007, il avait publié, en collaborationavec Jean-Charles Stasi, ses mémoiressous le titre : L’Épopée du Normandie-Niémen.

Roland de La Poype (coll. Amicale des FAFL).

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CARNET

AJACCIO Cervoni(13e DBLE, 1re DFL),

le 22 février 2011 à Bastia (20)

AUTHEVILLE Jean-François d’(2e DB),

le 10 août 2012 à Bordeaux (33)

BARRÈRE Pierre (BCRA),

en juillet 2012

BENOIST Jacques,

le 9 octobre 2012

BOUDREAU Angèle,épouse Théault (FNFL),

le 20 octobre 2012 à Saint-Pierre(975)

BOULAIS Roger (1re DFL),

en novembre 2011 à Saint-Malo(35)

BOURDAIS Louis (FAFL),

le 20 octobre 2012 à Christchurch(Dorset, Angleterre)

COELENBIER Jacques (1er RFM,1re DFL),

le 18 octobre 2012 à Toulon (83)

CROISY Marc (transmissions,1re DFL),

le 16 septembre 2011 à Lisieux (14)

CROISY Mme (veuve de Marc),

le 5 juin 2012 à Plaisir (78)

DARDARD Roger,

en janvier 2012

DAUDON Alfred,

en mars 2011

DEHEZ Marc,

en janvier 2010

DEMUYTER Jean,

le 30 juin 2012 à Roscanvel (29)

DENIZARD Marcel (BM5, 1re DFL),

le 27 novembre 2011 à Tergnier (02)

DESCOMBES Bernard (FNFL),

le 27 juin 2012 à Toulon (83)

DEVILLE Odette (épouse deClaude, 1re DFL),

le 25 novembre 2012

DEYZAC Jean,

le 7 février 2012

GIBELLINI Jules,

le 24 octobre 2012

GIRARD Raymond,

le 20 septembre 2012

HERRY Louis (train, 1re DFL),

le 14 octobre 2012

LAPLÉNIE Claude (2e DB),

le 30 septembre 2012

LA POYPE Roland de (FAFL),

le 23 octobre 2012 à Saint-Tropez(83)

MAILLARD René,

en novembre 2012

MARIOTTI Ambroise(103e compagnie auto, 1re DFL),

le 16 juillet 2012 à Bastia (20)

MAROLLEAU Raphaël (FAFL),

le 20 octobre 2012

MIZRAHI Salvator (CCI 2, 1re DFL),

le 28 janvier 2012 à Paris (75)

PENGUILLY Jacques Le Bel de(BCRA),

le 16 octobre 2012à Saint-Samson-sur-Rance (22)

PERIOU Mme (veuve de Louis,CCI 4, 1re DFL),

en octobre 2012à La Garenne-Colombes (92)

PERRENX Gilbert,

en octobre 2012

REGEOLE Louis,

le 29 octobre 2012

SALEM Daniel,

le 21 avril 2012 à Londres(Royaume-Uni)

SOURDIN Jean-Pierre (FNFL),

le 9 octobre 2012 à Berry(New South Wales, Australie)

SPORÉNO Joseph,

le 8 juin 2012 à Cagnes-sur-Mer(06)

TAOUSS Raymond (1er RA, 1re DFL),

le 30 octobre 2012 à Courbevoie(92)

VILLANOVA François (1re DFL),

le 7 août 2012

WOIRIN Jean (FAFL),

le 27 juillet 2012 à Neuilly-sur-Seine(92)

DÉCÈS

Légion d’honneur :Grand officier : Daniel Cordier

Chevalier : Philippe Rambach

Palmes Académiques :Chevalier : colonel (ER) Jacques Joly

Décembre 2012 • N° 46 l 23

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DANS LES DÉLÉGATIONS

24 l Décembre 2012 • N° 46

ayant vécu et participé à cette bataille quifut en réalité une victoire et a été un tour-nant dans la guerre en 1942.

À l’entrée de cette place a été érigée unestèle portant le nom de Bir Hakeim, surlaquelle figure la plaque offerte par laFondation de la France Libre, qui rappellel’histoire de ce fait d’armes de laDeuxième Guerre mondiale.

Une exposition réalisée par la Fondationde la France Libre et l’ONAC s’est tenuedans le hall de la mairie du 6 juillet au9 août 2012. Elle a été mise en place parMichel Balannec, adjoint au maire et délé-gué au patrimoine, fils d’un ancien FNFL,par Louis Briens et Louis Hénaff, déléguésde la Fondation secteur Douarnenez.

Louis Briens

HéraultInauguration du rond-point Bir Hakeim etcommémoration de la disparition dugénéral de Gaulle à Pignan le 10 novembre2012.

Afin de rester fidèle au devoir de mémoire,une cérémonie a été organisée à Pignan le10 novembre 2012. C’est par une matinéeradieuse que cette cérémonie a regroupédeux évènements : l’inauguration durond-point « Bir Hakeim » et une commé-moration de la disparition du général deGaulle.

Ces évènements étaient présidés respecti-vement par Mme Cassar, maire de Pignan,et M. Georges Fontès, ancien ministre desanciens combattants. Cette cérémonie a

regroupé de nombreux participants,maires ou leurs représentants, présidentsd’associations et leurs drapeaux, familledu général de Gaulle (famille Maillot),Français Libres et délégués de laFondation, ainsi que la fanfare dessapeurs pompiers de l’Hérault.

La plaque commémorant le 70e anniver-saire de la bataille de Bir Hakeim aété dévoilée par Mme Theule-Bacquet,Française Libre.

Le rond-point « Bir Hakeim » se situe prèsde la médiathèque d’Agglomération « LaGare », à l’extrémité de l’avenue du géné-ral de Gaulle et côtoyant sa stèle souvenir.

GérardVerdanet

Lot-et-Garonne

Villeneuve-sur-Lot

« Voilà la 68e plaque Bir Hakeim dans ledépartement que je fais poser. C’est ledépartement en France qui en possède leplus » explique en confidence FrancisRuffier-Monet qu’il n’est plus besoin deprésenter.

« Et à chaque fois que j’assiste à une inau-guration comme celle-là, je ne peux m’em-pêcher de penser à tous mes camarades quisont tombés là-bas » continue-t-il, dessanglots dans la voix.

C’est l’année du 70e anniversaire de labataille de Bir Hakeim que la municipalitéde Villeneuve-sur-Lot a décidé d’honorerle souvenir de ce haut fait d’armes desForces françaises libres, en procédant àl’inauguration de la rue Bir-Hakein aulotissement « Le Clos de Massanès ». Àcette occasion, une plaque commémo-rant cette bataille, offerte par la Fondationde la France Libre a été dévoilée.

Finistère

Douarnenez

L’inauguration de la place Bir Hakeim àDouarnenez a eu lieu le vendredi 6 juilletà 11 heures en présence du colonel (h)Fred Moore, chancelier de l’ordre de laLibération, de M. Jean-Jacques Brot, pré-fet de Finistère, du général Pontbriand,représentant le général Royal, comman-dant la région de défense Centre-Ouest,du sénateur-maire Philippe Paul, d’AlexisLe Gall, ancien de la 1re DFL, du colonelStéphane Bras, commandant la gendar-merie départementale, des capitainesOrefice et Pogeant, des conseillers géné-raux Erwan Le Floch et Didier Guillon, desgénéraux (cr) Duguet et Le Bot, de nom-breux maires du secteur, de personnalitéslocales, des présidents et membres desassociations d’anciens combattants deDouarnenez et de la région avec leur dra-peau, dont celui de la France Libre dusecteur, du directeur départemental del’ONAC, M. Stéphane Marec, de nom-breux amis et familles d’anciens FFL, dontcelle de Paul Édouard Paulet, héros de BirHakeim disparu dans le torpillage du NinoBixio au large des côtes italiennes, et aussiune délégation de l’île de Sein et de deuxfils de compagnons, Roger Guillaumet etRégis Vallée.

Après l’allocution de M. le sénateur-mairePhilippe Paul, Alexis Le Gall a retracé l’his-torique de la 1re brigade de la France Libredu général Kœnig face aux Germano-italiens de Rommel dans le désert deLibye. Puis M. le chancelier Fred Moore arappelé l’héroïsme de plusieurs jeunes

Le 6 juillet 2012 à Douarnenez, inauguration de laplace et de la plaque.

Dévoilement de la plaque.

Le rond-point Bir Hakeim. Au second plan, la plaqueBir Hakeim à droite et le monument signalantl’avenue du général de Gaulle (« inaugurée le21 décembre 1990 par Pierre Messmer ancienPremier ministre ») à gauche.

La plaque offerte a été dévoilée (photo DDM, FP).

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DANS LES DÉLÉGATIONS

Décembre 2012 • N° 46 l 25

TrémonsPour la commémoration du 70e anniver-saire de cette bataille de Bir Hakeim, l’undes hauts faits de guerre de notre histoire,Marie-Thérèse Pouchou, maire de la com-mune, et Francis Ruffier-Monet, observa-teur d’artillerie au cours de la SecondeGuerre mondiale, ancien de la premièredivision française libre et, aujourd’hui,délégué départemental de la Fondationde la France Libre, ont dévoilé la plaquecommémorant cette bataille, près dumonument aux morts.

Marie-Thérèse Pouchou rappelait que « lecourage, la détermination des combattantsde la 1re brigade française libre commandéepar le général Kœnig ont contribué à unevictoire complète face à l’Afrika Korps dugénéral Rommel et ses Panzers, barrantainsi la route vers un point stratégique parexcellence pour l’ennemi ».

« Un virage dans l’histoire de la DeuxièmeGuerre mondiale », dira Jean-PierreLorenzon. « Le moment où, avec courage,ténacité, abnégation, on peut renverser desmontagnes et tenir tête à des bataillons dixfois plus nombreux. Bir Hakeim a démontréaux yeux du monde que l’armée françaisepouvait se sortir d’une situation désespérée,pouvait redevenir conquérante et qu’il fal-lait désormais compter avec elle ».

Jean-Claude Gouget, député, Jean-PierreLorenzon, conseiller général, des maireset des élus du canton, le général Vilain,président du comité du Villeneuvois desmembres de la Légion d’honneur, des pré-sidents d’associations d’anciens combat-tants et la population assistaient à cet évé-nement : une plaque offerte par FrancisRuffier-Monet au nom de la Fondation dela France Libre.

Extraits de La Dépêche duMidi

Nouvelle-Calédonie72e anniversaire du ralliement de laNouvelle-Calédonie à la France Libre etinauguration du monument des FNFLcalédoniens.

C’est sous un beau soleil et en présencedes autorités civiles et militaires que nousavons commémoré le ralliement à la baiede l’Orphelinat.

La cérémonie a débuté par la diffusion du« Chant des marais » puis le lieutenant devaisseau François-Xavier Madec, com-mandant du patrouilleur La Moqueuse, aremis à chaque FNFL un bachi d’honneurorné du bandeau FNFL.

Nos marins coiffés, ce fut la levée des cou-leurs et un grand moment d’émotion pournos anciens de voir flotter le pavillonFNFL dans le ciel calédonien.

Vint l’évocation du ralliement et l’hom-mage posthume à notre dernier compa-gnon de la Libération, M. Jean Tranape,dont la sœur, Mme Mignard-Tranape,nous a fait l’honneur et l’amitié de repré-senter son frère en exposant sa croix de laLibération.

Puis ce fut le moment tant attendu parnos marins de la France Libre. Ils allaientenfin avoir un monument où venir serecueillir et un témoignage de leur his-toire et de leur engagement au service dela France Libre et de son chef le général deGaulle.

L’éloge de nos marins accompli, M. FredFichet, notre sculpteur, dévoila son œuvreet nous vîmes apparaître un marin scru-tant l’horizon avec des jumelles, rappe-lant ainsi le rôle majeur de nos FNFL calé-doniens dans la surveillance des côtes duterritoire.

Un dépôt de gerbe effectué parMM. Courtot et Tiburzio, la Sonnerie auxmorts et la Marseillaise des chœurs del’armée française ponctuaient cette céré-monie suivie d’un cocktail au carré desofficiers de la base navale.

Nous tenons dans ces lignes à remercier lagouvernement de la Nouvelle-Calédonieet son président, M. Harold Martin, parti-cipant de la Fondation, qui nous a octroyéla subvention nécessaire à la réalisationde ce monument, la mairie de Nouméa etson maire, M. Jean Lèques, participant dela Fondation, pour la cession de l’empla-

cement, l’exécution des travaux néces-saires à l’édification de celui-ci, ainsi quepour le financement du cocktail, le capi-taine de vaisseau Bruno Jeannerod, com-mandant de la base navale de Nouméa,pour le don des bachis de nos anciens, lamise à disposition du carré des officiers etla réalisation du buffet, le lieutenant devaisseau François-Xavier Madec, com-mandant de La Moqueuse, et son équi-page pour la constitution du piquetd’honneur et pour la présence de sonfanion, M. Éric Minocchi, participant de laFondation, à l’origine de la création de cemonument, et enfin M. Fred Fichet, notresculpteur, qui a fait preuve de dévoue-ment et d’un grand enthousiasme dans laréalisation de notre projet.

Michel MourguetVice-président

Pyrénées-OrientalesLe samedi 22 septembre dernier, le géné-ral Robert Bresse, président de laFondation, faisait l’honneur de sa pré-sence au département et à la ville deCanet-en-Roussillon.

En effet, c’est son ami et camarade derégiment Bernard Dupont, maire deCanet, qui l’invitait à inaugurer le monu-ment dédié au 70e anniversaire de labataille de Bir Hakeim. C’est sur proposi-

Francis Ruffier-Monet, Jean-Pierre Lorenzon etMarie-Thérèse Pouchou (photo DDM).

Mme Mignard-Tranape.

De gauche à droite, MM. Courtot, Lucien, Goujon,Bon, Betfort, Tiburzio et Mme Ignatieff, devant lemonument FNFL de la Nouvelle-Calédonie.

Les drapeaux et une partie de l’assistance.

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DANS LES DÉLÉGATIONS

26 l Décembre 2012 • N° 46

Toulon-Var

Les cérémonies du 11 novembre, hono-rant tous les morts pour la France, se sontplacées, dans l’aire toulonnaise, sur lamise en avant de la jeunesse.

Des gerbes ont été remises à Toulon, aunom de la Fondation de la France Libre,par Morgan Maginot, étudiant de 21 ansen master droit représentant les lauréatsau jury varois du concours de laRésistance et de la Déportation, accompa-gné d’un jeune garçon élève enmaternellede cinq ans, Vincent Guiol. Sur la com-mune du Beausset, la gerbe de notre fon-dation fut remise par un groupe composéd’élèves dematernelle, M. NoahMagnaldi,de primaire, Mlle Maélys Deltour, de col-lège, Mlle Emma Derougemont et de sasœur lycéenne Gaelle Derougemont.

Un devoir scolaire sur les deux guerresmondiales fut l’occasion de mêler pra-tique et histoire pour la lycéenne pour lacompréhension des deux terriblesguerres mondiales.

Michel Magnaldi

tion du conseil municipal qu’il a étédécidé de l’ériger sur la commune.

Notre président commença une longuejournée par une visite du Centre départe-mental de Mémoire à Perpignan. L’après-midi, c’est sous le soleil catalan que lacérémonie de dévoilement a eu lieu, enprésence de nombreux drapeaux, de lapopulation canetoise, d’officiers de la pro-motion de Saint-Cyr « Bir Hakeim », ducolonel André Salvat, grand croix de laLégion d’honneur, compagnon de laLibération, héros de Bir Hakeim, d’élus,de représentants, des armées, de la gen-darmerie, des pompiers et d’une fortedélégation de présidents d’associationspatriotiques.

C’est au théâtre Jean Piat que le généralRobert Bresse prononça, devant 300 per-sonnes, une conférence débat sur : « lesgrandes démocraties dans la secondeguerre mondiale », donnant lieu à de nom-breux échanges, entre le public et leconférencier.

À l’issue, le maire remit la médaille de laville, aux anciens combattants de laDeuxième Guerre mondiale, résidant àCanet. Comme dans le Roussillon tout setermine bien, c’est avec un verre de mus-cat de Rivesaltes que s’est terminée cettebelle journée.

Lieutenant-colonel Marc GervaisDélégué des Pyrénées-Orientales

Seine-Saint-DenisLe 16 septembre 2012, par un temps clé-ment, a eu lieu une brillante cérémonie decommémorations à lamairie puis au cime-tière des Lilas, devant une nombreuseassistance et de hautes personnalités.

Après une commémoration du 70e anni-versaire de la rafle duVélodrome d’Hiver, àtravers la lecture d’une lettre par une élèvede lycée et l’allocution de M. FrançoisSzulman, co-président de l’UEVACJEA, unhommage vibrant a été rendu aux FrançaisLibres pour le 70e anniversaire de labataille de Bir Hakeim. Claude Duprez,délégué départemental de la Fondation, aprononcé une allocution, suivi par DanielGuiraud, maire des Lilas et vice-présidentdu conseil général de Seine-Saint-Denis,et Claude Bartolone, président del’Assemblée nationale.

Ensuite s’est formé un cortège, précédépar les drapeaux des différentes associa-tions d’anciens combattants et de lamusique des Lilas. Il a rejoint le cimetièrecommunal, où la plaque en mémoire descombats de Bir Hakeim a été dévoilée parM. le préfet de Seine-Saint-Denis,Christian Lambert, MM. Daniel Guiraud,Claude Bartolone et Claude Duprez.

Claude Duprez

Le général Robert Bresse et le colonel André Salvat.

Au cimetière, dévoilement de la plaque. De gauche àdroite, Pascal Charpentier de La Rochemacé, direc-teur départemental de l’ONAC, Christian Lagrange,maire adjoint à la sécurité et aux anciens combat-tants, Claude Duprez, Claude Bartolone, DanielGuiraud, Christian Lambert et le colonel DominiqueGiraud, représentant les armées.

Au monument aux morts, place Charles de Gaulle duBeausset.

Appel à contributionsHéritière de la Revue de la France libre, organe de l’Association des Français libres de 1946 à 2000, Fondation de laFrance libre publie des articles consacrés à l’histoire de la France libre, de son chef, le général de Gaulle, de sesmembres et des ses combats, jusqu’à la victoire de 1945.

Longtemps organe de la mémoire française libre, la revue se veut aujourd’hui un relais entre cette mémoire, larecherche scientifique et la vulgarisation de la connaissance historique.

Les auteurs désireux d’y contribuer doivent adresser leurs propositions d’articles :

à l’adresse électronique suivante : [email protected] par courrier postal à :Fondation de la France Libre 59 rueVergniaud 75013 Paris.

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CHEZ NOS AMIS

Décembre 2012 • N° 46 l 27

Le 16 novembre 2012, le soixante-douzième anniversaire de la création de l’ordre de laLibération a été l’occasion d’une cérémonie de transfert de l’ordre au Conseil nationaldes communes « Compagnon de la Libération » prévu par la loi du 26 mai 1999.

Le Conseil national des communes« Compagnon de la Libération »

La journée a commencé à 9 h 30 parune présentation de l’ordre, dansles salons de l’Hôtel de Ville. Après

un échange d’Hubert Germain, compa-gnon de la Libération et ancien ministre,Vladimir Trouplin, conservateur dumusée de l’ordre de la Libération, etMichel Anfrol sur les valeurs de l’ordrede la Libération, une « chevalerie excep-tionnelle, créée au moment le plus gravede l’histoire de France, fidèle à elle-même, solidaire dans le sacrifice et dansla lutte » suivant les propres mots dugénéral de Gaulle, le colonel (h) Fred

Le colonel (h) FredMoore, dernier chancelierde l’ordre national etpremier délégué nationaldu conseil national descommunes « Compagnonde la Libération ».

Les drapeaux des unités « Compagnon de laLibération » en forme de croix de Lorraine.

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, accompagnédu ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, duministre délégué aux anciens combattants, KaderArif, et du gouverneur militaire de Paris, le généralHervé Charpentier, dans la cour d’honneur desInvalides.

À15 heures, était organisée dans lacour d’honneur de l’Hôtel nationaldes Invalides une prise d’armes

rassemblant des détachements des unités« Compagnon de la Libération », ainsi quePatrick Rimbert, maire de Nantes, MichelDestot, maire de Grenoble, BertrandDelanoë, maire de Paris, Michel Repellin,maire de Vassieux-en-Vercors, Jean-PierreKerloc’h, maire de l’Île de Sein, sous laprésidence de M. le Premier ministre,Jean-Marc Ayrault, qui était accompagnédu chancelier de l’ordre de la Libération,du ministre de la défense, Jean-Yves LeDrian, et du ministre délégué aux ancienscombattants, Kader Arif.

Enfin, à 17 heures, l’ouvrage LaFlamme de la Résistance : Les cinqcommunes de la Libération, publié

sous la direction de Vladimir Trouplin, auCherche Midi, a fait l’objet d’une présen-tation officielle à l’auditorium Austerlitzdu musée de l’Armée, en présence d’unepartie des auteurs.

Créditphoto:Sylva

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Créditphoto:Sylva

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Moore, chancelier de l’ordre de laLibération, a décrit la volonté à l’originede ce transfert et le processus qui en arendu la réalisation possible.

Cette présentation a été accompagnée dela diffusion d’une évocation historiquesur les communes « Compagnon de laLibération », réaliséeparDanielCharpentieret projetée lors de la cérémoniedu 68e anni-versaire de la Libération de Paris, maisaussi d’un extrait du film amateur tournéà Paris en août 1944 par Charles Duduy,commenté par Christine Levisse-Touzé,directrice du Musée du Général Leclerc etde la Libération de Paris et du Musée JeanMoulin de la Ville de Paris.

FédérationNationale

des Anciensdes Missions

Extérieures-OPEX

Alors que les troupes françaises ontamorcé leur désengagement du conflitafghan, presque 3 000 soldats français setrouvent toujours en opération au cœurde celui-ci, plus fortement exposés àmesure que moyens et matériels mili-taires sont également rapatriés.

Par delà ce conflit, ce sont également 3 000autres soldats qui œuvrent en notre nomau Tchad, au Liban, en Côte d’Ivoire, auKosovo, en République centrafricaine, aularge de la Somalie, dans le golfe deGuinée, etc., et les tensions actuelles lais-sent présager l’investissement plus impor-tant de nos armées au Moyen-Orient dansles temps à venir. Aussi lançons-nous la 21e

édition de l’opération Colis de soutien auxsoldats français en opération extérieure :

� Collecte de tous les messages de soutien(cartes postales, lettres, poèmes, dessins…).

� Collecte des dons pour l’achat de produitsdu terroir, la confection des colis et le transportde ceux-ci aux bénéficiaires. Chaque coliscontient une entrée, un plat et un dessert, depetits gâteaux ou des chocolats, une lettre, unecarte ou un dessin, une revue Infos extérieures,un courrier explicatif et la carte du parrain dece colis libellée à son adresse, permettant aumilitaire de le remercier, s’il le souhaite, s’il lepeut.

� Appel à tous les volontaires pour diffuserl’opération Colis autour d’eux, en mairie, dépar-tement, région, auprès desmédias (mise à dispo-sition d’affiches,de dépliants, etc.).

Vous pouvez envoyer vos chèques,libellés à l’ordre de FNAME colis,

à l’adresse suivante :

FNAME Colis178, rue Garibaldi 69003 Lyon

Tél : 04 78 95 45Courriel : [email protected]

Site : www.fname.info

Vous pouvez également effectuerun virement à :

FNAME ColisBanque Populaire Loire et Lyonnais

13907 00000 00111746114.

Laurent Attar-BayrouPrésident national FNAME-OPEX

21e édition de l’opération

Colis de soutien

aux soldats français

en opération extérieure

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LA VIE AU CLUB

28 l Décembre 2012 • N° 46

Les dîners ESSEC : SirWinston Churchill

Le dîner organisé par l’ESSEC le 27 septembre dernier, qui a réuni une bonne cinquantaine de convives, a été placésous le patronage de Sir Winston Churchill.

En premier lieu, parce que la photographie de Sir Winston trône en bonne place dans la galerie des figures tutélaires dela Fondation, ce qui situe donc toutes les manifestations organisées à la FFL sous la surveillance de cet illustre hommed’État.

Mais aussi parce que l’invité d’honneur de la soirée, le journaliste Olivier de Lagarde, outre les émissions qu’il présentequotidiennement à la radio ou à la télévision, préside actuellement le club Churchill qui réunit chaque mois despersonnalités des médias, de la haute administration, des affaires et des arts.

Et enfin parce que Jérôme Aubert, directeur général de la société Belrive, a présenté le fameux MB Churchill.

Il était donc fort logique pour Daniel Chenain, maître de la cérémonie, derégaler les convives d’un florilège de citations de Sir Winston Churchill,bien choisies par ses soins.

La soirée a été en outre l’occasion de fêter le départ vers de nouvellesaventures de François Hautekeur, œnologue chez Veuve ClicquotPonsardin à Reims depuis le printemps 2004, qui va quitter la Francepour rejoindre le Brésil. Il était accompagné de sa charmante futureépouse, Adriana Chaves Borges.

Les participants les ont chaudement félicités, en souvenir notamment desmerveilleux flacons que François leur a fait découvrir depuis plusieursannées, de son talent de conteur (tout le monde avait en mémoire son récitde la découverte et de la dégustation des bouteilles de champagne de la merBaltique à l’été 2010) et de sa passion communicative pour les grands vins.

L’équipe de restauration de la Fondation de la France Libre a été félicitée parl’ensemble des convives.

F. du Repaire, Jérôme Aubert, D. Desjardins, FrançoisHautekeur, Adriana Chaves Borges, Olivier de Lagarde,Daniel Chenain

Demain au ClubSamedi 26 janvier 2013Déjeuner-débat avec Jacques Sapir, économiste et historien, à l’occasion de la sortie de 1941-1942 : et si la France avait continué laguerre…, deuxième volume de l’uchronie (genre littéraire imaginant le déroulement de l’histoire si tel ou tel événement ne s’étaitpas produit) qu’il a dirigée avec Frank Stora et Loïc Mahé, aux éditions Tallandier.

Mme/Mlle/M. : ……………………………………………………………………………………

Adresse : ……………………………………………………………………………………….....…

Code postal : ……………Ville : ………………………………………………………….........….

Désire recevoir ……………............. paquet(s) de 10 cartes de vœux 2013.

Je joins, à cet effet, un chèque de : ………………………………………………………... euros.

Cartes de vœux 2013

Pour toute commande, veuillez retourner le bon ci-dessous,accompagné du chèque correspondant à l’ordre de :

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Au seuil de l’année 2013, la Fondationvous propose ses cartes de vœux.

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15 €(port compris)

le paquetde 10 cartes

et enveloppes.

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Dans l’un des derniers lieux emblématiques à Paris,

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Fermeture : dimanche et lundi

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