blade jean-francois - 10 contes de loups

Upload: asf-asf

Post on 13-Oct-2015

20 views

Category:

Documents


1 download

DESCRIPTION

blade

TRANSCRIPT

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    1/49

    BIBEBOOK

    JEAN-FRANOIS BLAD

    10 CONTES DE LOUPS

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    2/49

    JEAN-FRANOIS BLAD

    10 CONTES DE LOUPS

    Un texte du domaine public.

    Une dition libre.

    ISBN978-2-8247-1265-9

    BIBEBOOKwww.bibebook.com

    http://www.bibebook.com/http://www.bibebook.com/
  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    3/49

    A propos de Bibebook :Vous avez la certitude, en tlchargeant un livre surBibebook.comde

    lire un livre de qualit :Nous apportons un soin particulier la qualit des textes, la mise

    en page, la typographie, la navigation lintrieur du livre, et lacohrence travers toute la collection.

    Les ebooks distribus par Bibebook sont raliss par des bnvolesde lAssociation de Promotion de lEcriture et de la Lecture, qui a comme

    objectif : la promotion de lcriture et de la lecture, la diffusion, la protection,la conservation et la restauration de lcrit.

    Aidez nous :

    Vos pouvez nous rejoindre et nous aider, sur le site de Bibebook.hp ://www.bibebook.com/joinusVotre aide est la bienvenue.

    Erreurs :

    Si vous trouvez des erreurs dans cee dition, merci de les signaler :[email protected]

    Tlcharger cet ebook :

    hp ://www.bibebook.com/search/978-2-8247-1265-9

    http://www.bibebook.com/search/978-2-8247-1265-9mailto:[email protected]://www.bibebook.com/joinushttp://www.bibebook.com/
  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    4/49

    Credits

    Sources : Bibliothque lectronique du bec

    Ont contribu cee dition : Gabriel Cabos

    Fontes : Philipp H. Poll Christian Spremberg Manfred Klein

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    5/49

    LicenceLe texte suivant est une uvre du domaine public ditsous la licence Creatives Commons BY-SA

    Except where otherwise noted, this work is licensed under

    http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

    Lire la licence

    Cee uvre est publie sous la licence CC-BY-SA, ce quisignifie que vous pouvez lgalement la copier, la redis-tribuer, lenvoyer vos amis. Vous tes dailleurs encou-rag le faire.

    Vous devez aribuer loeuvre aux diffrents auteurs, ycompris Bibebook.

    http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/fr/
  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    6/49

    En ce temps-l les btes parlaient. Voici 10 contes du beau pays gascon.

    Le Loup, la Chvre, le Renard vivent ensemble dans les bois. Il vont la

    foire avec les paysans. Tout ce monde ne sentend pas toujours trs bien. Le

    Renard est cruel, mais il sera puni. ant au Loup, il est trop bte, tant pispour lui ! Les gentils petits animaux, le Chat, la Poulee, lOie et mme le

    Limaon russissent bien mieux leurs affaires.

    n

    1

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    7/49

    CHAPITREI

    Le Loup, le Limaon et les

    Gupes

    E , les btes parlaient.

    Un jour, le Loup marcha sur le Limaon. Tu es bien mchant, Loup, dit le Limaon, de fouler ainsi aux

    pieds le pauvre monde. Si je voulais, je courrais plus vite que toi. Parionsque je tessouffle, toi et tes compagnons.

    Toi, pauvre Limaon ? Moi, Loup. Sois ici, avec les tiens, demain, au lever du soleil, et nous

    verrons qui de nous arrivera le premier au bord de la Garonne. Nous y serons, pauvre Limaon. Le Loup reprit son chemin. Vingt pas plus loin, il marcha sur un nid

    de Gupes. Tu es bien mchant, Loup, de fouler ainsi aux pieds le pauvre monde.

    Nous sommes petites, mais nous navons pas peur de toi. Parions que nous

    2

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    8/49

    10 contes de loups Chapitre I

    te ferons noyer, toi et tes compagnons. Vous, pauvres Gupes ? Nous, Loup. Sois ici, avec les tiens, demain, au lever du soleil, et

    nous verrons si vous tarderez tre noys dans la Garonne. Nous y serons, pauvres Gupes. Le Loup repartit aussitt, pour aller avertir son monde. Alors, le Li-

    maon dit aux Gupes : Mes amies, mandez tout votre monde. Le mien ne manquera pas

    lappel. Cachez-vous dans les saules qui sont au bord de la Garonne.

    Moi et les miens, nous vous amnerons les Loups. Tombez sur eux au bonmoment et piquez-les jusqu ce quils se jeent tous leau.

    Limaon, cest une affaire convenue. Les Gupes partirent donc, pour faire ce qui leur tait command.

    De son ct, le Limaon espaa les siens de cinq en cinq pas, jusqu laGaronne.

    Le lendemain, au lever du soleil, les Loups et le Limaon taient lendroit marqu pour le dpart.

    Y es-tu, Limaon ?

    Jy suis, Loups. Partons. Les Loups partirent au grand galop. Tout en courant, ils criaient : O es-tu, Limaon ? Je suis ici, Loups , criaient les Limaons, espacs de cinq en cinq

    pas.and ils furent au bord de la Garonne, les Gupes sortirent des saules

    comme un nuage et tombrent sur les Loups grands coups daiguillon,en criant :

    Au poil ! Au poil ! Les pauvres Loups plongrent dans leau, do ils nosaient sortir que

    le bout du museau. Au nez ! Au nez ! crirent les Gupes, en tombant sur le nez des

    Loups grands coups daiguillon.Tous les Loups furent noys, et les Limaons et les Gupes revinrent

    chez eux bien contents.

    3

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    9/49

    10 contes de loups Chapitre I

    n

    4

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    10/49

    CHAPITREII

    Le Renard et le Loup

    U , Renard et le Loup voyageaient de compagnie. Sur

    leur chemin, ils trouvrent un pot de miel. Bonne affaire, Loup, dit le Renard. Si tu veux me croire, nous

    enterrerons ici le pot de miel, et nous le partagerons en revenant. Renard, je le veux bien. Le Renard et le Loup enterrrent donc le pot de miel et repartirent.

    Cinq cents pas plus loin, le Renard sarrta court.

    Jsus, mon Dieu ! Oublieux que je suis ! Je ne songeais plus quonmaend, pour un baptme. Cest pourtant moi qui suis le parrain. Loup,marche devant. Je ne tarderai gure te rejoindre.

    Tandis que le Loup marchait devant, le Renard courut entamer le potde miel. Cinq minutes plus tard, il avait rejoint le Loup.

    Renard, voil un baptme bientt fait. Cest vrai, Loup. Dis-moi, Renard, quel nom as-tu donn ton filleul ?

    5

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    11/49

    10 contes de loups Chapitre II

    Loup, je lui ai donn le nom dEntam. Cinq cents pas plus loin, le Renard sarrta court. Jsus, mon Dieu ! Oublieux que je suis ! Je ne songeais plus quon

    maend, pour un autre baptme. Cest pourtant moi qui suis le parrain.Loup, marche devant, je ne tarderai gure te rejoindre.

    Tandis que le Loup marchait devant, le Renard courut manger moitile pot de miel. Cinq minutes plus tard, il avait rejoint le Loup.

    Renard, voil un autre baptme bientt fait. Cest vrai, Loup.

    Dis-moi, Renard, quel nom as-tu donn ton filleul ? Loup, je lui ai donn le nom d-moiti. Cinq cents pas plus loin, le Renard sarrta court. Jsus, mon Dieu ! Oublieux que je suis ! Je ne songeais plus quon

    maend encore, pour un autre baptme. Cest pourtant moi qui suis leparrain. Loup, marche devant. Je ne tarderai gure te rejoindre.

    Tandis que le Loup marchait devant, le Renard courut achever le potde miel. Cinq minutes plus tard, il avait rejoint le Loup.

    Renard, voil un autre baptme bientt fait.

    Cest vrai, Loup. Dis-moi, Renard, quel nom as-tu donn ton filleul ? Loup, je lui ai donn le nom dAchev. Adieu, Loup. Jai des affaires

    ailleurs. and tu ten retourneras, ne manque pas, au moins, de dterrerle pot de miel et de men garder ma part.

    n

    6

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    12/49

    CHAPITREIII

    Le Loup pendu

    U , homme traversait un bois. Il trouva un loup pendu

    par le pied au haut dun chne. Homme, dit le Loup, tire-moi dici pour lamour de Dieu. J-

    tais mont sur ce chne pour y prendre un nid de pie. En descendant, jaipris mon pied dans une branche fendue. Je suis perdu, si tu nas pas pitide moi.

    Je te tirerais de l avec plaisir, Loup, rpondit lhomme ; mais jai

    peur que tu ne me manges, quand tu seras dpendu. Homme, je te jure de ne faire aucun mal, ni toi, ni aux tiens, ni

    tes btes. Lhomme dpendit donc le Loup. Mais, peine celui-ci fut-il terre,

    quil commena le regarder de travers. Homme, je suis affam. Jai grande envie de te manger. Loup, tu sais ce que tu mas jur. Je le sais. Mais, prsent, je suis dpendu. Je ne veux pas mourir de

    7

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    13/49

    10 contes de loups Chapitre III

    faim. On a bien raison de dire, Loup : De bien faire, le mal arrive. Situ veux, nous allons consulter, sur notre cas, cee chienne qui vient versnous.

    Je veux bien, Homme. Chienne, dit lhomme, le Loup tait pendu par le pied au haut dun

    chne. Il y serait mort, si je ne lavais dpendu. prsent, pour ma peine,il veut me manger. Cela est-il juste ?

    Homme, rpondit la Chienne, je ne suis pas en tat de vous juger.

    Jai bien servi mon matre jusqu prsent. Mais, quand il ma vue vieille,il ma jete dehors, pour navoir plus me nourrir, et ma chasse dans lebois. On a bien raison de dire : De bien faire, le mal arrive.

    Alors, Loup, dit lhomme, nous allons consulter, sur notre cas, ceevieille jument.

    Je veux bien, Homme. Jument, dit lhomme, le Loup tait pendu par le pied au haut dun

    chne. Il y serait mort, si je ne lavais dpendu. Maintenant, pour mapeine, il veut me manger. Cela est-il juste ?

    Homme, rpondit la Jument. Je ne suis pas en tat de vous juger.Jai bien servi mon matre jusqu prsent. Mais, quand il ma vue vieille,il ma jete dehors, pour navoir plus me nourrir, et ma chasse dans lebois. On a bien raison de dire : De bien faire, le mal arrive.

    Alors, Loup, dit lhomme, nous allons consulter le Renard, sur notrecas.

    Je veux bien, Homme. Renard, dit lhomme, le Loup tait pendu par le pied au haut dun

    chne. Il y serait mort, si je ne lavais dpendu. Maintenant, pour mapeine, il veut me manger. Cela est-il juste ?

    Homme, dit le Renard, je ne suis pas en tat de vous juger avantdavoir vu lendroit.

    Ils partirent tous trois, et arrivrent au pied du chne. Comment tais-tu pendu, Loup ? demanda le Renard.Le Loup monta sur le chne, et se remit comme il tait, avant dtre

    dpendu par lhomme. Jtais ainsi pendu, Renard.

    8

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    14/49

    10 contes de loups Chapitre III

    Eh bien, Loup, demeure-le. Le Renard et lhomme sen allrent. and il fallut se sparer, l-homme remercia le Renard, et lui promit de lui porter, pour ses peines, lelendemain matin, une paire de poules grasses.

    En effet, le lendemain matin, lhomme arriva portant un sac. Voici les poules, Renard. Aussitt, il ouvrit le sac, do sortirent deux chiens, qui tranglrent

    le pauvre Renard. On a bien raison de dire : De bien faire, le mal arrive.

    n

    9

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    15/49

    CHAPITREIV

    Le Loup malade

    I , une fois, au bois du Gajan, un loup qui se rendait malade

    force de trop manger. Ce Loup sen alla un jour Miradouxtrouver un grand mdecin.

    Bonjour, monsieur le mdecin. Bonjour, Loup. Monsieur le mdecin, je suis bien malade. Je voudrais une consul-

    tation, en payant, comme de juste.

    Le mdecin fit tirer la langue au Loup. Loup, dit-il, tu te rends malade force de trop manger. partir

    daujourdhui, il faut te taxer sept livres de viande par jour. Le Loup remercia bien le mdecin et lui donna pour ses peines quatre

    sols moins un denier. En sen retournant au Gajan, il passa la boutiquedu forgeron de Castet-Arrouy et lui commanda une balance romaine pourpeser, chaque jour, les sept livres de viande, ainsi quil avait t tax.

    and la balance fut forge, le Loup alla la chercher. Chaque jour, il

    10

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    16/49

    10 contes de loups Chapitre IV

    lemportait la chasse pour ne pas dpasser lordre du mdecin. Aussi,au bout de huit jours, il redevint gaillard, bien portant ; et il ne regreaitpas les quatre sols moins un denier quil avait donns au grand mdecinde Miradoux.

    Au bout de quelque temps arriva la Sainte-Blandine, jour de la ftepatronale de Castet-Arrouy. Le Loup connaissait son mtier comme pasun. Il savait quaprs la messe les gens iraient saabler, jusquau momento le sonneur de cloches sonnerait le dernier coup de vpres. Alors, les

    juments poulinires et les jeunes mules quon lve pour les vendre aux

    Espagnols, Lectoure, le jour de la foire de Saint-Martin, demeureraientseules dans les prs de la rivire de lAuroue.

    Les gens de Castet-Arrouy ne staient pas encore servis la soupe quemon Loup slance du ct de la rivire, et aperoit, au beau milieu dunpr, une jument avec sa mule. Par malheur, il avait oubli sa balance ro-maine.

    Bah ! dit-il, je pserai vue dil. atre livres la jument, et troislivres la mule.

    Aussitt, il les trangla et les rongea jusquaux os.

    Le soir mme, le Loup creva.

    n

    11

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    17/49

    CHAPITREV

    Le chteau des Trois Loups

    I , une fois, un homme et une femme qui avaient un chat,

    un coq, une oie et un blier.Un jour, lhomme dit la femme :

    Femme, cest demain carnaval. Il faut tuer le Coq. Le Chat coutait, accroupi prs du foyer. Aussitt, il alla trouver le

    Coq. Compre, va vite te cacher dehors, derrire la meule de paille. Je

    viens dentendre lhomme dire la femme : Femme, cest demain car-naval. Il faut tuer le Coq.

    Le Coq sen alla donc vite dehors se cacher derrire la meule de paille.La femme le chercha longtemps, longtemps.

    Homme, je ne trouve pas le Coq. Eh bien, femme, il faut tuer lOie. Le Chat coutait, accroupi prs du foyer. Aussitt, il alla trouver lOie. Commre Oie, va vite te cacher dehors, avec le Coq, derrire la

    12

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    18/49

    10 contes de loups Chapitre V

    meule de paille. Je viens dentendre la femme dire lhomme : Homme,je ne trouve pas le Coq. Alors, lhomme a rpondu : Eh bien, femme,il faut tuer lOie.

    LOie sen alla donc vite dehors se cacher avec le Coq derrire la meulede paille. La femme chercha longtemps, longtemps.

    Homme, je ne trouve pas lOie. Eh bien, femme, il faut tuer le Blier. Le Chat coutait, accroupi prs du foyer. Aussitt, il alla trouver le

    Blier.

    Compre Blier, va vite te cacher dehors derrire la meule de paille.Je viens dentendre la femme dire lhomme : Homme, je ne trouvepas lOie. Alors, lhomme a rpondu : Eh bien, femme, il faut tuer leBlier.

    Le Blier sen alla donc vite dehors se cacher avec le Coq et lOiederrire la meule de paille. La femme chercha longtemps, longtemps.

    Homme, je ne trouve pas le Blier. Eh bien, femme, il faut tuer le Chat. Le Chat coutait, accroupi prs du foyer. Aussitt, il sen alla dehors

    trouver le Coq, lOie et le Blier derrire la meule de paille. Mes amis, dit-il, je viens dentendre la femme dire lhomme :

    Homme, je ne trouve pas le Blier. Alors, lhomme a rpondu : Ehbien, femme, il faut tuer le Chat. Mes amis, il ne fait pas bon ici pournous. Dcampons, et allons voir du pays.**

    Tu as raison, compre Chat. Tous les quatre dcamprent aussitt, ils sen allrent loin, loin, loin.

    Enfin, la nuit les surprit au milieu de la fort du Ramier. Le Coq, lOie,le Blier et le Chat marchrent encore longtemps, sans jamais pouvoirretrouver leur chemin.

    Alors, le Coq monta sur un grand chne, pour tcher de regarder auloin. Mais il ne put aeindre la cime. En quatre sauts, le Chat fit mieuxque le Coq.

    Mes amis, japerois l-bas, l-bas, une lumire travers le bois. Le Chat descendit du grand chne, et tous quatre repartirent.Ils marchrent longtemps, longtemps, longtemps. Enfin, ils arrivrent

    au chteau des Trois Loups.

    13

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    19/49

    10 contes de loups Chapitre V

    Toutes les portes, tous les contrevents taient ouverts, toutes leschambres claires. Pourtant, il ny avait personne au chteau. Les TroisLoups sen taient alls au bal, dans le bois de Rjaumont.

    e firent alors les quatre amis ? Ils saablrent et ne se laissrentmanquer de rien. Cela fait, ils teignirent les lumires et fermrent tous lescontrevents et toutes les portes, sauf la grande. Puis, le Coq alla se juchersur la plus haute chemine du chteau. LOie se cacha dans lvier de lacuisine, le Blier dans le lit de lan des Trois Loups. Le Chat saccroupitprs du foyer.

    Une heure avant la pointe de laube, les quatre amis entendirent ungrand tapage. Ctait les Trois Loups qui rentraient du bal du bois de R-

    jaumont.Devant la grande porte ouverte du chteau, les Trois Loups sassirent

    pour tenir conseil. Tous les contrevents, disaient-ils, toutes les portes du chteau, sauf

    la grande, sont ferms. Toutes les lumires sont teintes. Il y a l de quoinous mfier.

    Alors, lan des Trois Loups dit au plus jeune :

    Frre, cest toi de marcher devant. Pars, et reviens vite nous conterce qui se passe.

    Le plus jeune des Trois Loups obit. En ttonnant, il arriva, dans lobs-curit, jusqu la cuisine. L, comme il stait fort chauff danser au baldu bois de Rjaumont, il voulut dabord aller boire la cruche.

    Alors, lOie, cache dans lvier, lui allongea trois grands coups de becsur la tte.

    Cc ! cc ! cc ! Le plus jeune des Trois Loups senfuit pouvant. Frres, frres, mon secours ! Je nen puis plus. Figurez-vous quen

    ttonnant, jtais arriv, dans lobscurit, jusqu la cuisine. L, jai vouludabord aller boire la cruche. Mais, dans lvier, se cache un menuisier,qui ma allong trois grands coups de maillet sur la tte.

    Imbcile, il fallait dabord allumer la chandelle. Vous avez raison. Mais je nen puis plus. Fouille le chteau qui vou-

    dra. Alors, lan des Trois Loups dit son cadet :

    14

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    20/49

    10 contes de loups Chapitre V

    Frre, cest toi de marcher devant. Pars, et reviens vite nous conterce qui se passe. Gare-toi du menuisier cach dans lvier, et allume dabordla chandelle au foyer.

    Le cadet des Trois Loups obit. En ttonnant, il arriva, dans lobscurit,jusqu la cuisine. L, il chercha la chemine pour avoir du feu, et allumerdabord la chandelle.

    Alors, le Chat, accroupi prs du foyer, lui campa trois coups de griffe,qui lui mirent le museau tout en sang.

    Miaou ! miaou ! miaou !

    Le cadet des Trois Loups senfuit pouvant. Frres, frres, mon secours. Je nen puis plus. Figurez-vous quen

    ttonnant jtais arriv, dans lobscurit, jusqu la cuisine. L, jai cherchla chemine pour avoir du feu, et allumer dabord la chandelle. Mais uncardeur, accroupi prs du foyer, ma lanc trois coups de peigne de fer,qui mont mis le museau tout en sang.

    Imbcile, il fallait tenir bon, et souffler sur les cendres chaudes. Vous avez raison. Mais je nen puis plus. Fouille le chteau qui vou-

    dra.

    Alors, les deux Loups cadets dirent leur frre an : Frre, cest toi de marcher devant. Pars, et reviens ensuite nous

    conter ce qui se passe. Gare-toi du menuisier cach dans lvier et ducardeur accroupi prs du foyer.

    Lan des Trois Loups obit. En ttonnant, il arriva, dans lobscurit,jusqu son lit.

    Alors, le Blier bondit et lui porta, dans le ventre, trois grands coupsde tte, lui faire vomir les tripes.

    B ! b ! b ! Lan des Trois Loups senfuit pouvant. Frres, frres, mon secours. Je nen puis plus. Figurez-vous quen

    ttonnant, jtais arriv, dans lobscurit, jusqu mon lit. Mais un forge-ron couch dedans a bondi, et ma port, dans le ventre, trois coups demarteau me faire vomir les tripes.

    Imbcile,il fallaitprendre son marteau. Vous avez raison. Mais je nen puis plus. Fouille le chteau qui vou-

    dra.

    15

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    21/49

    10 contes de loups Chapitre V

    ce moment, le Coq, juch sur la plus haute chemine du chteau,chanta trois fois. Coucouroucou ! coucouroucou ! coucouroucou ! ce bruit, les Trois Loups dcamprent pour toujours. Le Coq, lOie,

    le Blier et le Chat demeurrent matres au chteau, et ils y vcurent long-temps heureux.

    n

    16

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    22/49

    CHAPITREVI

    La Chvre et le Loup

    L C le Loup voulurent devenir riches, et sassocirent,

    pour faire valoir une mtairie. Loup, dit la Chvre, les bons comptes font les bons amis.

    Avant de nous mere au travail, il faut bien faire nos accords et convenirde la part que chacun doit prendre dans les rcoltes. Lun de nous aurace qui poussera sous la terre, et lautre ce qui poussera dessus. Choisis. Jeme contente de ce que tu ne voudras pas.

    Chvre, je choisis ce qui poussera dessus. La Chvre sema toute la mtairie en aulx, oignons et raves, de sorte

    quelle eut toutes les ttes et que son pauvre associ neut que les queues. Je me suis tromp lanne dernire, dit le Loup. Je choisis, pour celle-

    ci, tout ce qui poussera sous la terre. La Chvre sema toute la mtairie en bl et en seigle, de sorte quelle

    eut tout le grain, toute la paille, et que son pauvre associ neut que lesracines.

    17

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    23/49

    10 contes de loups Chapitre VI

    Alors, le Loup se promit de punir la Chvre de ses mauvais tours etde profiter de la premire occasion o il serait seul avec elle pour la man-ger. Mais celle-ci devina la pense du Loup et se tint sur ses gardes, enaendant le moment de se dbarrasser de son ennemi.

    Un jour, le Loup sen alla trouver la Chvre. Bonjour, Chvre. Bonjour, Loup. Chvre, jai de bien mauvaise soupe la maison, et je viens goter

    la tienne.

    Avec plaisir, Loup. La Chvre servit donc au Loup une grande assiee de soupe. Ensuite,

    ils allrent se promener jusqu une glise, dont la porte tait troue. Chvre, dit le Loup, entrons dans cee glise, pour y prier Dieu.** Avec plaisir, Loup. prsent que nous sommes entrs, Chvre, il faut que je te mange. Imbcile ! Je suis vieille et maigre. Tu ferais un triste repas. Mange

    plutt cee miche de pain de quinze livres que quelquun a mise, pour lecur, sur une marche de lautel.

    Tu as raison, Chvre. Le Loup se jeta donc sur la miche, et la Chvre profita de ce moment

    pour sortir par le trou de la porte. Mais quand le Loup voulut en faireautant, il se trouva que tout le pain quil avait aval lui avait tellement,tellement enfl le ventre, quil ne pouvait plus passer.

    mon secours, Chvre. Le trou de la porte sest rapetiss. Non, Loup. Cest ton ventre qui sest enfl. Tche de sortir de lglise

    en grimpant le long de la corde de la cloche. Le Loup se pendit donc la corde et mit la cloche la vole, de sorte

    que les gens de la paroisse accoururent ce tapage. and ils virent quiils avaient affaire, ils sarmrent de fourches et de btons. La vilaine btefaillit y laisser le cuir et schappa tout en sang.

    La Chvre, qui regardait de loin, riait comme une folle. Ah ! Chvre, les gens de cee paroisse sont de bien mauvais chr-

    tiens. Vois ltat dans lequel ils mont mis, devant lautel mme du BonDieu. Je nen puis plus. Je donnerais dix ans de ma vie contre un peu deau

    18

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    24/49

    10 contes de loups Chapitre VI

    pour laver mes plaies et pour me gurir de la soif que me donne tout lepain que jai mang. Eh bien, Loup, saute dans ce puits. and tu y auras lav tes plaies

    et bu ta soif, je taiderai remonter. Le Loup sauta donc dans le puits, y lava ses plaies et y but sa soif. Maintenant, Chvre, aide-moi remonter. Loup, tu es dans le puits. Demeures-y.

    n

    19

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    25/49

    CHAPITREVII

    Le Charbonnier

    I , une fois, au bois du Gajan, un charbonnier qui venait

    dallumer du feu dans sa cabane. Le Loup vint passer par l. Ilentra sans faon.

    Charbonnier, dit le Loup, il fait bien froid. Fais bon feu. Loup, chauffe-toi. Le Charbonnier jeta une brasse de fagots dans le feu, et le Loup fut

    bientt rchauff.

    En ce moment, le Renard vint passer par l. Il entra sans faon. Charbonnier, dit le Renard, il fait bien froid. Fais bon feu. Renard, chauffe-toi. Le Charbonnier jeta une brasse de fagots dans le feu, et le Renard fut

    bientt rchauff. ce moment, le Livre vint passer par l. Il entra sans faon. Charbonnier, dit le Livre, il fait bien froid. Fais bon feu. Livre, chauffe-toi.

    20

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    26/49

    10 contes de loups Chapitre VII

    Le Charbonnier jeta une brasse de fagots dans le feu, et le Livre futbientt rchauff.Alors le Charbonnier dit aux trois btes : Je vous ai bien fait chauffer. Maintenant, vous devriez aller chercher

    de quoi faire ensemble un bon repas. Moi, dit le Loup, je sais un troupeau de moutons. Je vais chercher

    le plus beau. Pars, Loup, et reviens vite. Moi, dit le Renard, je sais de beaux chapons dans un poulailler. Je

    vais chercher le plus gras. Pars, Renard, et reviens vite. Moi, dit le Livre, je sais un jardin o il y a des choux superbes. Je

    vais chercher le plus gras. Pars, Livre, et reviens vite. Nous verrons qui de vous trois sera le

    premier rentr. Les trois btes partirent au grand galop. Une heure aprs, le Livre

    arrivait le premier, avec un chou superbe. Livre, dit le Charbonnier, tu arrives le premier. Je nai jamais vu de

    chou beau comme le tien. Viens le dposer dans ma cabane. Tu as froid.Je vais bien te faire chauffer.

    Le Livre entra donc dans la cabane. Tandis quil se chauffait, sansse mfier, le Charbonnier lassomma dun coup de bton, et le couvrit debranches pour quil ne ft pas vu du Loup et du Renard.

    Une heure aprs, le Loup arriva avec un beau mouton. Loup, dit le Charbonnier, tu arrives le premier. Je nai jamais vu de

    mouton beau comme le tien. Viens le dposer dans ma cabane. Tu as froid.Je vais bien te faire chauffer.

    Le Loup entra donc dans la cabane. Tandis quil se chauffait, sans semfier, le Charbonnier le poussa au beau milieu du feu. La bte pensa nenpas sortir, et senfuit travers le bois, avec le poil tout brl.

    Une heure aprs, le Renard arriva avec un beau chapon bien gras. Renard, dit le Charbonnier, tu arrives le premier. Je nai jamais vu

    de chapon beau et gras comme le tien. Viens le dposer dans ma cabane.Tu as froid. Je vais bien te faire chauffer.

    21

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    27/49

    10 contes de loups Chapitre VII

    Le Renard entra donc dans la cabane. Tandis quil se chauffait, sans semfier, et tournait le derrire la flamme, la queue en lair, le Charbonnierlui planta la broche rougie blanc juste sous la queue. La bte en pensamourir, et senfuit travers le bois, la chair toute brle.

    Voil comment, par sa finesse, le Charbonnier gagna un chou, unlivre, un mouton et un chapon.

    Le lendemain, le Loup et le Renard se rencontrrent dans le bois deGajan.

    Eh bien ! mon pauvre Loup.

    Eh bien ! mon pauvre Renard. Renard, le Charbonnier est une canaille. Je lui avais apport un beau

    mouton et je me chauffais sans me mfier. Alors, il ma pouss au beaumilieu du feu. Jai pens nen pas sortir, et jai pris la fuite travers lebois, avec le poil tout brl.

    Loup, le Charbonnier est une canaille. Je lui avais apport un beauchapon bien gras, et je me chauffais sans me mfier, tournant le derrire la flamme, la queue en lair. Alors, il ma plant au beau milieu du derrirela broche rougie blanc. Jai pens en mourir, et jai pris la fuite travers

    le bois, avec la chair toute brle. Renard, que pourrions-nous faire au Charbonnier ? Loup, je ne reviens pas chez lui. Ni moi non plus, Renard.

    n

    22

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    28/49

    CHAPITREVIII

    Petiton

    I , une fois, une veuve qui vivait fort son aise avec Peti-

    ton, son fils unique. Petiton dpassait dj les vingt ans. On a vusouvent des garons plus btes que lui. Mais il tait si confiant, si

    confiant, quon lavait dup plus de cent fois, sans quil se ft corrig. Mon ami, lui dit un jour sa mre, cest aujourdhui la foire Layrac.

    Dans une heure, tu partiras, pour aller y vendre notre plus belle paire debufs. Mfie-toi de ces canailles de maquignons ; et ne lche nos btes

    que contre de bons cus. Mre, vous serez obie. Et combien demanderai- je de nos bufs ? Mon ami, tu verras bien quel est leur prix sur le champ de foire.

    Rends-toi compte du cours. Demande le juste, la raison. Oui, mre, le juste, la raison. Comptez sur moi pour faire votre

    volont. Petiton djeuna donc comme un homme qui doit aller loin, trilla ses

    bufs, les lia au joug, shabilla de neuf, prit son aiguillon et partit. midi

    23

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    29/49

    10 contes de loups Chapitre VIII

    juste, il arrivait sur le champ de foire de Layrac.Deux canailles de maquignons sapprochrent. Bonjour, Petiton. Combien demandes-tu de tes bufs ? Mes amis, jen demande le juste, la raison. Petiton, tu nen demandes pas peu de chose. Mes amis, jen demande le juste, la raison. Vous ne les aurez pas

    deux liards de moins. Eh bien, Petiton, les bufs sont vendus. Tope-l, et aends-nous.

    Le temps daller te chercher en ville le juste, la raison.

    Les deux canailles de maquignons partirent et revinrent bientt, por-tant chacun un cornet de papier.

    Tiens, Petiton. Voici le juste. Prends garde de le perdre.** Tiens, Petiton. Voil la raison. Prends garde de la perdre. Mes amis, soyez tranquilles. Et maintenant, les bufs sont vous.

    Je souhaite que vous les revendiez grand bnfice. Les deux canailles de maquignons partirent avec les bufs, et Petiton

    revint chez sa mre. Bonsoir, mre. Les bufs sont vendus.

    Combien, mon ami ? Mre, jai fait comme vous maviez command. Je les ai vendus le

    juste, la raison. Montre un peu. Petiton prsenta les deux cornets de papier. Lun tait rempli de puces,

    lautre tait rempli de poux. Imbcile ! Tu ne tes donc pas mfi de ces canailles de maquignons ?

    Je tavais pourtant bien recommand de ne lcher nos btes que contrede bons cus.

    Mre, vous maviez dit den demander le juste, la raison. Jai cru lesrapporter dans ces deux cornets de papier.

    Soupe, imbcile, et va te coucher. Ce nest pas toi qui prendras ja-mais le loup par la queue.

    Petiton obit, sans mot dire. Mais, dans son lit, il se mit penser : Jai fini dtre confiant. Ceux qui me duperont dsormais pourront

    se vanter dtre aviss. Ah ! ma mre ma dit : Ce nest pas toi qui pren-dras jamais le loup par la queue. Nous allons voir.

    24

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    30/49

    10 contes de loups Chapitre VIII

    Cela pens, Petiton se leva, shabilla doucement, doucement, danslobscurit, prit un bon bton de chne, une corde grosse comme le doigt,et partit.

    minuit, il tait dans un grand bois, o les loups ne manquaient pas.L, il arrangea sa corde en nud coulant, sur le passage bau par les mlesbtes, et se cacha, son bon bton de chne la main.

    Petiton naendit pas longtemps. Un quart dheure aprs, un grandloup venait se prendre au nud coulant.

    Aussitt, le garon lempoigna par la queue, tapant grand tour de

    bras avec son bon bton de chne.Pan ! pan ! pan !Le grand loup avait trouv son matre. Petiton lemmena comme il

    voulut, la corde au cou. Au lever du soleil, il tait de retour la maison. Bonjour, mre. Hier soir, vous mavez dit : Ce nest pas toi qui

    prendras jamais le loup par la queue. Regardez, mre, et pardonnez-moi de vous avoir fait mentir. Maintenant, jai fini dtre confiant. Ceuxqui me duperont dsormais pourront se vanter dtre aviss.

    Cela dit, Petiton alla prendre un superbe blier dans ltable, le saigna

    et lcorcha, en ayant soin de laisser tenir les cornes la peau. Puis ilen revtit si bien le grand loup que la mle bte avait lair dun vritableblier.

    Adieu, mre. Je pars pour la foire de Dunes. Comptez que mes deuxcanailles de maquignons auront bientt de mes nouvelles.

    Adieu, mon ami. e le Bon Dieu te conduise ! midi juste, Petiton arrivait, avec son grand loup vtu en blier, sur

    le champ de foire de Dunes.Les deux canailles de maquignons sapprochrent. Bonjour, Petiton. Bonjour, mes amis. Eh bien, tes-vous contents de mes bufs ? Fort contents, Petiton. Mais tu nous les as fait payer cher. Enfin,

    nous tavons donn le juste, la raison. Tu nas rien nous reprocher. Mes amis, vous avez fait en braves gens. Le Bon Dieu veuille que

    tout le monde vous ressemble. Petiton, combien demandes-tu de ce blier ?

    25

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    31/49

    10 contes de loups Chapitre VIII

    Mes amis, jen demande cher, car il na pas son pareil au monde.Chaque nuit, il est en tat de couvrir un cent de brebis. Trois mois aprs,chacune delles met bas deux agneaux, pour recommencer trois fois paran.

    Petiton, voil un mle fort vaillant. Et combien en demandes-tu ? Mes amis, jen demande autant que des bufs. Jen demande le

    juste, la raison. Petiton, tu nen demandes pas peu de chose. Mes amis, jen demande le juste, la raison. Vous ne laurez pas

    deux liards de moins. Eh bien, Petiton, le blier est vendu. Tope-l, et aends-nous. Le

    temps daller chercher en ville le juste, la raison. Les deux canailles de maquignons partirent et revinrent bientt, por-

    tant chacun un cornet de papier. Tiens, Petiton. Voici le juste. Prends garde de le perdre. Tiens, Petiton. Voici la raison. Prends garde de la perdre.** Mes amis, soyez tranquilles. Et maintenant, le blier est vous. Je

    souhaite que vous le revendiez grand bnfice.

    Les deux canailles de maquignons partirent avec le blier, et Petitonrevint chez sa mre. Chemin faisant, il se froait les mains et pensait : Allez, braves gens, allez enfermer ce grand loup dans une table de centbrebis.

    Les deux canailles de maquignons ny manqurent pas. Une fois seul,le grand loup fut vite sorti de sa peau de blier. Aussitt, il tomba surles cent brebis. Les pauvres btes sautaient pouvantes. la porte deltable, les deux canailles de maquignons coutaient.

    Petiton na pas menti. Voici un mle fort vaillant. Comme il se d-mne.

    Mais, le lendemain matin, ce fut une autre affaire. Les deux canaillesde maquignons ouvrirent la porte de ltable. Aussitt, le grand loup d-tala au galop.

    Milliard de dieux ! Un loup ! Un grand loup ! Milliard de dieux ! Noscent brebis sont trangles. Petiton sest veng de nous. Milliard de dieux !Cela ne se passera pas comme a.

    26

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    32/49

    10 contes de loups Chapitre VIII

    Les deux canailles de maquignons prirent leurs btons et partirent.Mais Petiton se mfiait. Ds la pointe de laube, il siffla son chien Mouret,un brave animal, fort sage, bien dress comme pas un. Tout ce que sonmatre lui commandait, il le comprenait et le faisait du premier coup.

    Enfin, il ne manquait Mouret que la parole. Ici, Mouret. Viens que jaache dans les poils de ton poitrail cee

    vessie pleine de sang de poule. coute. Jaends deux canailles de maqui-gnons. and ils seront l, tu feras semblant dtre enrag. Je tempoigne-rai par la peau du cou, et je ferai semblant de te saigner, en crevant avec

    ce couteau la vessie pleine de sang de poule. Aussitt, tu feras le mort,pour te relever ds que jaurai dit :

    Couteau manche noir, couteau manche blanc,

    Relve mon chien promptement.

    Mouret fit signe quil avait compris. midi juste, les deux canailles de maquignons taient devant la mai-

    son de Petiton. Le jeune homme les aendait, son bon bton de chne porte de la main. Cela refroidit un peu les visiteurs.

    Bonjour, mes amis. Eh bien ! tes-vous contents de votre blier ?

    Ah ! brigand ! Ah ! canaille ! Calmez-vous, braves gens. Sinon, gare mon bon bton de chne.

    coutez. Vous mavez dup. Je vous lai rendu. qui te le fait, fais-lelui. Nous voil quies. Je ne crains personne. Baons-nous, si vous levoulez. Soyons bons amis, si cela vous plat.

    Les deux canailles de maquignons navaient pas mot dire. Eh bien, Petiton, soyons bons amis. Cest dit. Allons lauberge, riboter et trinquer ensemble. Alors, Petiton fit signe Mouret.Aussitt, le brave chien hrissa son poil, roula les yeux, tira la langue

    et bava, comme sil tait vritablement enrag. Les deux canailles de ma-quignons taient blancs de peur. Mais Petiton tira son couteau, empoignaMouret par la peau du cou et creva la vessie pleine de sang de poule, ca-che dans les poils du poitrail. Le chien tomba comme mort.

    Et maintenant, mes amis, allons lauberge, riboter et trinquer en-semble.

    Tous trois allrent lauberge, saabler et deviser en trinquant.

    27

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    33/49

    10 contes de loups Chapitre VIII

    Petiton, tu es un bougre fort et adroit. Empoigner un chien enragpar la peau du cou, le saigner avec un couteau, voil ce que bien peudhommes sont capables de faire sans se laisser mordre.

    Mes amis, vous vous trompez. faire ce que vous avez vu, je naipas le moindre mrite. Regardez ce couteau, qui na lair de rien. Par savertu, je saigne, sans danger, au poitrail, toutes les mchantes btes. Avecleur sang schappe leur mchancet. and je veux les ressusciter, je naiqu leur montrer mon couteau et dire :

    Couteau manche noir, couteau manche blanc,

    Relve mes btes promptement. Aussitt, mes btes se relvent guries, et douces, tranquilles,

    comme des agneaux ns depuis un mois. Petiton, tu veux rire. Mes amis, venez dehors, et vous verrez si je mens. Tous trois

    sortirent. Mouret faisait toujours le mort.Petiton sapprocha de la bte, lui montra le couteau et dit :Couteau manche noir, couteau manche blanc,

    Relve mon chien promptement.

    Aussitt, Mouret sauta de trois pieds en lair et vint lcher la main deson matre.

    Petiton, tu nas pas menti. Veux-tu nous vendre ce couteau ? Mes amis, quen feriez-vous ? Petiton, si nous avions ce couteau, notre fortune serait bientt faite.

    Sur les champs de foire, nous irions acheter tous les bufs et vaches m-chants, tous les chevaux et mulets vicieux. Nous les saignerions, ainsi quetu as fait de ton chien, pour les ressusciter guris, et doux, tranquilles,comme des agneaux ns depuis un mois.

    Mes amis, vous avez raison. Mais, votre propre compte, mon cou-teau vaut cher. Vous ne laurez pas moins de mille pistoles.

    Non, Petiton. Cest trop cher. Mes amis, je nen rabarai pas deux liards. Si vous dites encore

    non, pas plus tard que demain matin, je vais courir les champs de foire etgagner pour moi-mme la fortune que vous lchez.

    Petiton, voici tes mille pistoles.

    28

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    34/49

    10 contes de loups Chapitre VIII

    Mes amis, voici mon couteau. Je souhaite quil vous serve fairefortune. Les deux canailles de maquignons repartirent, contents comme des

    merles.Le lendemain, jour de la Saint-Martin, ils dpensaient jusqu leur

    dernier sou payer, sur le champ de foire de Lectoure, tous les bufset vaches mchants, tous les chevaux et mules vicieux dont personne nevoulait.

    Notre fortune est faite. Notre fortune est faite.

    Le soir mme, ils touchrent tous ces animaux dans un grand pr, aubord de la rivire du Gers. L, avec le couteau, ils les saignrent au poitrail

    jusquau dernier. Ctait piti de voir les pauvres btes couches mortessur lherbe rouge de sang.

    Alors, les deux canailles de maquignons leur prsentrent le couteau.Couteau manche noir, couteau manche blanc,

    Relve nos btes promptement.

    Les btes ne bougrent pas.Couteau manche noir, couteau manche blanc,

    Relve nos btes promptement.Les btes ne bougrent pas.Couteau manche noir, couteau manche blanc,

    Relve nos btes promptement.

    Les btes ne bougrent pas. Milliard de dieux ! Toutes nos btes sont mortes. Milliard de dieux !

    Nous sommes ruins. Petiton sest encore veng de nous. Milliard dedieux ! Cela ne se passera pas comme a.

    Les deux canailles de maquignons firent comme ils avaient dit. forcede gueer Petiton sans tre vus, ils finirent par le surprendre, dormantdans son lit. Alors, ils lui lirent les pieds et les mains, lenfermrent dansun sac et le chargrent sur leurs paules, pour aller le noyer dans la Ga-ronne.

    Mais la charge tait lourde, et la Garonne tait loin. mi-chemin, lesporteurs nen pouvaient plus. Ils posrent donc leur sac au milieu dunbois et entrrent dans une auberge, pour sy reposer, en buvant bouteille.

    29

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    35/49

    10 contes de loups Chapitre VIII

    Jusque-l, Petiton navait pas souffl mot. Mais alors, il se mit criercomme un aigle : Au secours ! Au secours ! ce moment, passait dans le bois un jeune homme, touchant un trou-

    peau de mille porcs. Au secours ! Au secours ! Le porcher sapprocha. Mon ami, quels sont les gueux qui tont enferm dans ce sac ? Brave homme, ce sont deux valets du roi, qui me portent leur

    matre. Par force, le roi veut me faire pouser sa fille, une princesse bellecomme le jour et riche comme le Prou. Mais jai promis au Bon Dieu deme faire prtre ; et jamais je npouserai la fille du roi.

    Alors, le porcher ouvrit le sac. Merci, porcher.** Mon ami, il ny a pas de quoi. Mais ce dont tu ne veux pas, moi je

    men accommoderais de bon cur. coute. Faisons un change. Prendsmon troupeau de mille porcs, et enferme-moi dans ton sac. Ainsi, jpou-serai la fille du roi, la princesse belle comme le jour et riche comme le

    Prou. Porcher, avec plaisir. Mais dpchons-nous. Les deux valets du roi

    peuvent revenir dun moment lautre. Deux minutes plus tard, le porcher gisait terre, enferm dans le sac,

    et Petiton partait avec son troupeau de mille porcs.Il ntait pas cent pas que les deux canailles de maquignons re-

    vinrent pour leur mauvaise uvre. Faisant semblant de rien, Petiton lessurveillait. Arrivs au bord de la Garonne, ils ouvrirent le sac, y jetrentune grosse pierre, le lancrent dans leau et se sauvrent, comme si leDiable les emportait.

    Mais Petiton nageait comme un barbeau. Il sauta dans la Garonne,repcha le sac et dlivra le porcher.

    Merci, mon ami. Tu mavais pourtant promis mieux que cela. Porcher, je tai promis selon ce que je croyais.** Mon ami, je ne te reproche rien. Tu mas sauv la vie. Prends la

    moiti de mon troupeau de mille porcs. Porcher, avec plaisir.

    30

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    36/49

    10 contes de loups Chapitre VIII

    Le partage fait, chacun tira de son ct.Tout en longeant la Garonne avec ses btes, Petiton rencontra, troislieues plus loin, les deux canailles de maquignons. Alors, il enfona sonbret sur les yeux pour ntre pas reconnu.

    Bonjour, mes amis. Bonjour, porcher. Ces beaux porcs sont-ils toi ? Oui, mes amis. Il y en a cinq cents. Porcher, o les as-tu achets ? Mes amis, je les ai achets la foire de Valence-dAgen.

    Porcher, combien les as-tu pays ? Petiton releva son bret de sur les yeux. Mes amis, je les ai pays le juste, la raison. Les deux canailles de maquignons reculrent pouvants. Mes amis, nayez pas peur. Je ne vous tuerai pas. Je ne vous dnon-

    cerai pas la justice. En tchant de me noyer dans la Garonne, vous avezfait ma fortune, sans le vouloir. Au fond de leau, les porcs vivent par mil-lions et par liasses. Jen ramne cinq cents et je ne me contenterai pas desi peu.

    Petiton, dis-tu vrai ? Mes amis, croyez-moi si vous voulez. Moi, je vais vendre mes cinq

    cents porcs Agen. Aussitt fait, je replonge, pour en aller chercherdautres.

    Petiton parlait avec un tel air de vrit que les deux canailles de ma-quignons ne se mfiaient plus.

    Petiton, nous allons faire comme toi. Bonne chance, mes amis. Plongez. Je nage comme un barbeau. Plon-

    gez. Je suis l pour un coup, sil vous arrive malheur. Les deux canailles de maquignons sautrent dans la Garonne. Au secours ! Au secours ! Petiton crevait de rire. Buvez, gueusards ! Buvez, brigands ! Les deux canailles de maquignons se noyrent, et on nen entendit

    plus parler jamais, jamais. Petiton retourna chez sa mre, et ne tarda pas

    31

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    37/49

    10 contes de loups Chapitre VIII

    se marier avec une fille belle comme le jour. Il vcut longtemps, heureuxet riche, avec sa femme et ses enfants.

    n

    32

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    38/49

    CHAPITREIX

    La messe des Loups

    L des btes comme les autres. Ils nont pas dme.

    Pour eux, tout finit juste au moment de la mort. Cependant, unefois chaque anne, les Loups du mme pays sassemblent pour

    entendre la messe. Cee messe est dite par un Cur-Loup, qui a apprisson mtier je ne sais o. Le Cur-Loup monte lautel, juste lheure deminuit du dernier jour de lanne, qui est la fte de saint Sylvestre. On ditquil y a aussi des vques-Loups, des Archevques-Loups et un Pape-

    Loup. Mais nul ne les a jamais vus. Pour les Curs-Loups, cest une autreaffaire. Vous allez en avoir la preuve.

    Il y avait, autrefois, dans la ville de Mauvezin, un brave homme quifaisait le mtier de charron. Lun de ses fils travaillait avec lui commeapprenti. Un soir, aprs souper, le pre dit au garon :

    Mon ami, tu as aujourdhui vingt et un ans sonns. Tout ce quejtais capable de tenseigner, tu le sais maintenant aussi bien que moi.Voici le moment de ttablir ton compte. Fais courir lil, et tche de

    33

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    39/49

    10 contes de loups Chapitre IX

    bien choisir o tu dois aller. Une fois achaland, tu nauras pas de peine te marier. Pre, vous avez raison. Il est temps de mtablir mon compte.

    ant me marier, il y a longtemps que jy pense. Ma fiance demeure Montfort. Cest une fille belle comme pas une et honnte comme lor.

    Jirai donc mtablir charron Montfort. Sept jours aprs, le jeune homme avait fait comme il avait dit, et les

    pratiques ne lui manquaient pas. Sept mois plus tard, il pousait sa fian-ce. Tous deux vivaient heureux et tranquilles comme des poissons dans

    leau.Un soir dhiver, sept jours avant la Saint-Sylvestre, le charron et sa

    femme taient en train de souper, quand ils entendirent le bruit dun che-val lanc au grand galop. Le cheval sarrta devant la porte de leur maison.

    H ! Charron ! H ! Charron ! cria le cavalier.Le charron ouvrit la fentre et reconnut un de ses amis de Mauvezin. e me veux-tu, ami ? Charron, je tapporte de mauvaises nouvelles. Ton pre est malade,

    bien malade. Si tu veux le voir en vie, tu nas que le temps de partir pour

    Mauvezin. Merci, mon ami. Je pars sur-le-champ. Descends de cheval et viens

    boire un coup. Merci, charron. Jai des affaires presses ailleurs. Le cavalier repartit au grand galop, et le charron sen alla trouver aus-

    sitt le devin de la commune. Bonsoir, devin. Bonsoir, charron. Je sais pourquoi tu es ici. Ton pre est bien malade,

    bien malade. Sois tranquille, il ne mourra pas. Mais il souffrira comme undamn de lenfer jusqu ce quil ait aval le remde quil lui faut. Ceremde est la queue dun Cur-Loup que ton pre mangera tout entire,avec le poil, la peau, la chair, les os et la moelle. Veux-tu faire ce quil fautpour avoir cee queue de Cur-Loup ?

    Devin, je le veux, et je te paierai ce quil faudra. and ton pre sera prs de gurir, je me paierai de mes mains, et

    sur tes oreilles.

    34

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    40/49

    10 contes de loups Chapitre IX

    Cela dit, le devin changea le charron en Loup, qui sur-le-champ partitau grand galop pour la fort de Boucone. Les Loups le reurent dans leurbande. Pendant six jours et six nuits, il les aida voler des veaux et desbrebis.

    Le dernier jour de lanne, qui est la fte de saint Sylvestre, les Loupsfurent aviss davoir se procurer un clerc, pour servir la messe de minuit,quun Cur-Loup devait dire au beau milieu de la fort de Boucone. Alors,les Loups se dirent les uns aux autres :

    i de nous est en tat de servir de clerc ?

    Moi, rpondit le charron. Eh bien, frre, tu feras ton mtier. Une heure avant minuit, le charron avait prpar, au beau milieu de

    la fort de Boucone, un autel avec des cierges allums. Devant lautel, lesLoups aendaient le Cur-Loup, qui arriva tout habill pour dire la messe,

    juste lheure de minuit. La messe commena donc, et le charron la servitjusquau dernier vangile. Alors, les Loups senfuirent au grand galop, desorte quil ne demeura plus que le Cur-Loup et son clerc.

    Aends, Cur-Loup. Je vais taider te dshabiller.

    Le charron sapprocha par-derrire du Cur-Loup et, dun grand coupde dents, il lui coupa la queue. Le Cur-Loup partit en hurlant. Aussitt,le charron se trouva port sans savoir comment dans la maison du devinde Montfort.

    Cest toi, charron. Regarde-toi dans ce miroir. Le charron se regarda dans le miroir. Il tait redevenu homme. Mais il

    avait encore les oreilles dun loup et tenait serre entre ses dents la queuedu Cur-Loup.

    Charron, voici le moment de me payer de mes mains, et sur tesoreilles.

    Le devin arracha les deux oreilles de loup du charron. Aussitt, deuxoreilles de chrtien repoussrent la place.

    Et maintenant, charron, tu as de quoi gurir ton pre. Merci, devin. Le charron partit vite pour Mauvezin, et ft manger son pre toute

    la queue du Cur-Loup, avec le poil, la peau, la chair, les os et la moelle.

    35

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    41/49

    10 contes de loups Chapitre IX

    Aussitt, le malade fut guri, et il vcut encore bien longtemps.

    n

    36

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    42/49

    CHAPITREX

    Le conte de Jeanne

    I une fois un homme et une femme qui vivaient pauvres,

    bien pauvres, dans leur maisonnee, avec leur fille de dix-huitans. Cee fille sappelait Jeanne.

    Un soir, lhomme dit sa femme : Femme, vois comme nous sommes pauvres. Nous navons plus

    quune ressource. Il nous faut marier Jeanne. Mon homme, tu ny penses pas. Marier Jeanne ? Et avec quoi ferons-

    nous la noce ? Femme, pour faire la noce, nous tuerons le Chat, la Petite Oie et la

    Poulee. Mon homme, tu as raison. Mais le Chat coutait, cach sous la table. Aussitt, il sen alla trouver

    la Petite Oie. coute, Petite Oie. Nos matres veulent marier Jeanne. Pour faire

    la noce, on nous tuera, moi, toi et la Poulee. Si tu veux me croire, nous

    37

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    43/49

    10 contes de loups Chapitre X

    avertirons la Poulee et, tous trois, nous partirons minuit. Chat, tu as raison. Le Chat et la Petite Oie sen allrent donc avertir la Poulee, et tous

    trois partirent avant minuit.Ils sen allrent loin, loin, loin.and ils furent loin, loin, loin, la Petite Oie sarrta, rendue de fa-

    tigue. Chat, je nen puis plus. Eh bien, Petite Oie, demeure ici. Je vais ty btir une table.

    Le Chat btit donc une table pour la Petite Oie et repartit avec laPoulee.

    Ils sen allrent loin, loin, loin.and ils furent loin, loin, loin, la Poulee sarrta, rendue de fatigue. Chat, je nen puis plus. Eh bien, Poulee, demeure ici. Je vais ty btir une table. Le Chat btit donc une table pour la Poulee, et repartit.Il sen alla loin, loin, loin. and il fut si loin, le Chat tait rendu de

    fatigue.

    Alors, il sarrta et se btit une table.Tandis que le Chat vivait tranquille dans son table, le Loup alla frap-

    per chez la Petite Oie. Pan ! pan ! i est l ? Ami. Vite, ouvre-moi la porte, Petite Oie. Mais la Petite Oie avait reconnu la voix du Loup. Non, Loup, je ne touvrirai pas la porte. Tu me mangerais. Petite Oie, je te dis que non. Loup, je te dis que si. Petite Oie, si tu ne mouvres pas vite la porte, je dmolis ton table. La Petite Oie ne rpondit plus.Alors, le Loup brisa la porte dun grand coup dpaule.Mais la Petite Oie prit aussitt la vole, et sen alla trouver la Poulee. Pan ! pan ! i est l ? Amie. Vite, ouvre-moi la porte, Poulee.

    38

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    44/49

    10 contes de loups Chapitre X

    La Poulee ouvrit donc vite la porte. Elle avait reconnu la voix de laPetite Oie. Poulee, referme vite, de peur du Loup. Tout lheure, il est venu

    chez moi et il a bris la porte de mon table dun grand coup dpaule. La Poulee neut que le temps de refermer. Pan ! pan ! i est l ? Ami. Vite, ouvre-moi la porte, Poulee. Mais la Poulee avait reconnu la voix du Loup.

    Non, Loup. Je ne touvrirai pas la porte. Tu me mangerais. Poulee, je te dis que non. Loup, je te dis que si. Poulee, si tu ne mouvres pas vite la porte, je dmolis ton table. La Poulee ne rpondit plus.Alors, le Loup brisa la porte dun grand coup dpaule.Mais la Petite Oie et la Poulee prirent aussitt leur vole, et sen

    allrent trouver le Chat. Pan ! pan !

    i est l ? Amis. Vite ouvre-nous la porte, Chat. Le Chat ouvrit donc vite la porte. Il avait reconnu les voix de la Petite

    Oie et de la Poulee. Chat, referme vite, de peur du Loup. Tout lheure, il est venu chez

    nous et il a bris les portes de nos tables de deux grands coups dpaule. Le Chat neut que le temps de refermer. Pan ! pan ! i est l ? Ami. Vite, ouvre-moi la porte, Chat. Mais le Chat avait reconnu la voix du Loup. Loup, je ne touvrirai pas la porte. Tu me mangerais. Chat, je te dis que non. Loup, je te dis que si. Chat, ouvre-moi la porte. Nous vivrons en bons amis, moi, toi, la

    Poulee et la Petite Oie. Je vous fournirai des choux pour faire la soupe,

    39

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    45/49

    10 contes de loups Chapitre X

    des poules pour mere la broche. Demain, nous irons tous quatre en-semble la foire de Fleurance. Oui, Loup. Nous irons tous quatre ensemble. Mais, cee nuit, je

    nouvre pas ma porte. Reviens nous chercher au lever du soleil. Le Loup partit donc et revint au lever du soleil. Mais le Chat, la Pou-

    lee et la Petite Oie taient partis ds la pointe de laube. la foire deFleurance, tous trois se mfiaient et faisaient courir lil.

    Tout coup, la Poulee et la Petite Oie crirent pouvantes : Chat, regarde l-bas, l-bas. Le Loup arrive pour nous manger.

    Nayez pas peur. Je suis plus rus que lui. Allez vos affaires etfiez-vous moi.

    La Poulee et la Petite Oie obirent.Alors, le Chat acheta vite, vite, un crible et un sou de chandelles de

    rsine. Dans chaque trou du crible, il planta un morceau de chandelleallume, et marcha au-devant du Loup, en portant le crible devant lui.

    Il faisait dj nuit noire. En voyant toutes les lumires, le Loup eutpeur, et sen retourna.

    La Poulee et la Petite Oie avaient fini leurs affaires. Elles revinrent

    ltable du Chat.Mais lui navait pas encore ce quil lui fallait. Avant de rentrer chez

    lui, il acheta un plein sac de lames de couteau, de pointes de fer et de culsde bouteilles. Cela fait, il alla rejoindre la Poulee et la Petite Oie.

    minuit, le Loup revint frapper la porte de ltable. Pan ! pan ! i est l ? Ami. Vite, ouvre-moi la porte, Chat. Mais le Chat avait reconnu le Loup la voix. Non, Loup, je ne touvrirai pas la porte. Tu me mangerais. Chat, tu es un rien-qui-vaille. Hier, tu mavais promis que nous

    irions tous quatre la foire de Fleurance, moi, toi, la Poulee et la PetiteOie. Vous ne mavez pas aendu.

    Loup, nous tions presss. Mais nous sommes alls la foire et nousne ty avons pas vu.

    Chat, jai rencontr sur mon chemin un grand feu marchant. Alors,jai eu peur, et je men suis retourn.

    40

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    46/49

    10 contes de loups Chapitre X

    Sans tre vu du Loup, le Chat crevait de rire. coute, Chat. Ouvre-moi la porte. Nous vivrons en bons amis, moi,toi, la Poulee et la Petite Oie. Je vous fournirai des choux pour faire lasoupe, des poules pour mere la broche. Demain, nous irons tous quatreensemble la foire de Saint-Clar.

    Oui, Loup. Nous irons tous quatre ensemble. Mais, cee nuit, jenouvre pas ma porte. Reviens nous chercher au lever du soleil.

    Le Loup partit donc et revint au lever du soleil. Mais le Chat, la Pou-lee et la Petite Oie, staient cachs hors de ltable, et gueaient.

    Pan ! pan ! Personne ne rpondit. Canailles ! Ils sont partis sans moi pour la foire de Saint-Clar. Pa-

    tience ! Je reviendrai cee nuit. Le Loup navait pas tourn les talons que le Chat, la Poulee et la

    Petite Oie travaillaient garnir la porte de ltable des lames de couteau,des pointes de fer et des culs de bouteilles achets la foire de Fleurance.

    minuit, le Loup revint. Pan ! pan !

    i est l ? Ami. Vite, ouvre-moi la porte, Chat. Mais le Chat avait reconnu le Loup la voix. Non, Loup. Je ne touvrirai pas la porte. Tu me mangerais. Chat, tu es un rien-qui-vaille. Hier, tu mavais promis que nous

    irions tous quatre ensemble la foire de Saint-Clar, moi, toi, la Pouleeet la Petite Oie. Vous ne mavez pas aendu.

    Loup, nous tions presss.Chat, ouvre-moi vite la porte. Tu ne veux pas ? Une, deux, trois. Alors, le Loup slana contre la porte pour la briser. Mais il retomba

    tout en sang, bless par les lames de couteau, les pointes de fer et les culsde bouteilles.

    Ae ! ae ! ae ! Au secours ! Ae ! ae ! ae ! Sur le toit de ltable, le Chat, la Poulee et la Petite Oie sesclaffaient. Ae ! ae ! ae ! Au secours ! Ae ! ae ! ae ! as-tu, pauvre Loup ? as-tu ? Au secours, mes amis. Au secours !

    41

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    47/49

    10 contes de loups Chapitre X

    Et la male bte creva.

    n

    42

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    48/49

    Table des matires

    I Le Loup, le Limaon et les Gupes 2

    II Le Renard et le Loup 5

    III Le Loup pendu 7

    IV Le Loup malade 10

    V Le chteau des Trois Loups 12

    VI La Chvre et le Loup 17

    VII Le Charbonnier 20

    VIII Petiton 23

    IX La messe des Loups 33

    X Le conte de Jeanne 37

    43

  • 5/23/2018 Blade Jean-francois - 10 Contes de Loups

    49/49

    Une dition

    BIBEBOOKwww.bibebook.com

    http://www.bibebook.com/http://www.bibebook.com/