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UNIVERSITE DE FIANARANTSOA ECOLE NORMALE SUPERIEURE Département de l’Education – Formation D’Adultes Mémoire de fin d’études pour l’obtention d’un diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées en Education et Formation d’Adultes (D.E.S.S/E.F.A) Présenté et soutenu publiquement par : MANOSOTSE Rafidison 10 ème Promotion Membres de Jury : Président : Pr RAMAMONJISOA Andriatiana Bertin Olivier Examinateur : Dr RATSIMBAZAFY Ignace Encadreur : Dr RATOVONJANAHARY Roger L’EDUCATION DES PECHEURS POUR UNE MEILLEURE GESTION DES RESSOURCES HALIEUTIQUES DANS LES DISTRICTS DE TOLIARA I ET II

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  • UNIVERSITE DE FIANARANTSOA

    ECOLE NORMALE SUPERIEURE Département de l’Education – Formation

    D’Adultes

    Mémoire de fin d’études pour l’obtention d’un diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées en Education et Formation d’Adultes

    (D.E.S.S/E.F.A)

    Présenté et soutenu publiquement par : MANOSOTSE Rafidison

    10ème Promotion

    Membres de Jury :

    Président : Pr RAMAMONJISOA Andriatiana Bertin Ol ivier

    Examinateur : Dr RATSIMBAZAFY Ignace

    Encadreur : Dr RATOVONJANAHARY Roger

    L’EDUCATION DES PECHEURS POUR UNE MEILLEURE GESTION DES

    RESSOURCES HALIEUTIQUES DANS LES DISTRICTS DE TOLIARA I ET II

  • UNIVERSITE DE FIANARANTSOA

    ECOLE NORMALE SUPERIEURE

    Département de l’Education – Formation

    D’Adultes

    Mémoire de fin d’études pour l’obtention d’un diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées en Education et Formation d’Adultes

    (D.E.S.S/E.F.A)

    Présenté et soutenu publiquement par : MANOSOTSE Rafidison

    10ème Promotion

    Dirigé par : Dr RATOVONJANAHARY Roger

    L’EDUCATION DES PECHEURS POUR UNE MEILLEURE GESTION DES

    RESSOURCES HALIEUTIQUES DANS LES DISTRICTS DE TOLIARA I ET II

  • UNIVERSITE DE FIANARANTSOA

    ECOLE NORMALE SUPERIEURE

    Département de l’E.F.A

    DIPLÔME D’ETUDES SUPERIEURES SPECIALISEES

    EN EDUCATION ET FORMATION D’ADULTES

    LISTE DES ENSEIGNANTS :

    � Professeur RAZANAKOTO Lucien

    � Docteur RANDRIAMAHALEO Solo

    � Docteur RATOVONJANAHARY Roger

    � Monsieur TSIAVALIKY Célestin

    � Docteur RATSIMBAZAFY Ignace

    � Docteur RAKOTOZAFY Harison J. Baptiste

    � Monsieur RANDIMBIMAROLAHY Gabin

    � Professeur RASAMOELINA Henri

    � Professeur RAMAMONJISOA Andriatiana Bertin Olivier

    � Madame PAULETTE

    � Inspecteur RAZAFIMANANTSOA Raphaël

    � Docteur RASOAMAMPIONONA Clarisse

  • REMERCIEMENTS

    Afin de développer les expériences au niveau professionnel et dans le but

    de consolider les acquis depuis la classe de primaire jusqu’à l’université, et

    surtout pour cette fin de formation en Diplôme d’Etudes Supérieures

    Spécialisées en Education et Formation d’Adultes, une recherche a été

    effectuée. Néanmoins, nous n’avons pas pu faire notre cursus sans le concours

    des personnes qui ont bien voulu nous aider à la confection de ce mémoire.

    Ainsi, nous adressons particulièrement notre profonde gratitude :

    - au Docteur RAMAMONJISOA Andriantina Berthin Olivier,

    - au Docteur RAKOTOZAFY Ignace,

    - au Docteur RATOVOJANAHARY Roger,

    qui ont bien voulu nous aider à la bonne réalisation de ce mémoire.

    De même, nos grandes reconnaissances vont à l’endroit de toutes les

    personnes qui viennent de près ou de loin : Instituteurs et Institutrices dès la

    classe de primaire jusqu’aux professeurs de la faculté, pour toutes les

    informations et formations qu’ils ont bien voulu nous fournir et qui nous ont

    permis d’atteindre notre objectif d’épanouissement professionnel.

    Votre disponibilité, votre présence et surtout votre accueil chaleureux nous

    ont vraiment aidés et soutenus tout au long de ce parcours si difficile. Nous vous

    souhaitons longue vie et bonne chance à votre préoccupation actuelle et surtout

    pour vos avenirs.

    Merci beaucoup à tous !

  • CURRICULUM VITAE

    II. DIPLÔMES ET QUALIFICATIONS

    Année d’obtention

    Etablissements fréquentés

    Diplômes obtenus

    2005

    2004

    2003

    1981

    Université de Toliara Université de Toliara Université de Toliara Ecole Normale Niveau II Belemboka Toliara

    BACC + 4 en Droit privé des affaires BACC + 3 en Droit BACC + 2 en Droit Baccalauréat en Education

    I. ETAT CIVIL

    Nom : MANOSOTSE

    Prénom : Rafidison

    Date et lieu de naissance : 02 juillet 1960 à Toliara

    Situation matrimoniale : marié, père de 05 enfants

    Nationalité : Malagasy

    Adresse : En service au CEG EZAKA Toliara

    I.M : 224.769

    Contact : 032 42 856 86

    III. FORMATIONS ET STAGES 1998 : EMP (Education en Matière de Population)

    1996 : CRESED (Crédit de Renforcement du Système Educatif)

  • Je déclare sur l’honneur que tous les renseignements cités ci-dessus sont sincères et exactes. L’intéressé MANOSOTSE Rafidison

    IV. FORMATIONS ET STAGES 2010 jusqu’à ce jour : Professeur de S.V.T au CEG EZAKA Toliara

    2003 – 2009 : Professeur de SVT au Lycée Laurent Botokeky Toliara

    1998 – 2002 : Professeur de SVT au CEG Centre Toliara

    1987 : Professeur de SVT au CEG Marofoty Toliara II

    1985 – 1986 : Professeur de SVT au VO.FI.SO Manombo Sud Toliara II

    1982 – 1984 : Professeur de SVT au CEG Antanimieva Morombe

  • SOMMAIRE LISTE DES ABREVIATIONS LISTE DES CARTES, DES FIGURES ET DES TABLEAUX INTRODUCTION ............................................................................................................... 1 PARTIE I.- PRESENTATION DU MILIEU NATUREL DU DISTRI CT DE TOLIARA I ET I

    CHAPITRE I.- LE MILIEU PHYSIQUE .......................................................... 4 1.1.- L’environnement marin et côtier ............................................................................ 12 1.2.- Le climat ................................................................................................................ 19 1.3.- l’hydrologie ............................................................................................................ 20

    CHAPITRE II.- LE MILIEU HUMAIN ET SOCIAL ...................................... 22 2.1.- Structure de la démographie .................................................................................. 22 2.2.- Enseignement et éducation ..................................................................................... 25 2.3.- Relation entre la démographie et l’exploitation des ressources halieutiques ......... 26

    PARTIE II.- L’EXPLOITATION DES RESSOURCES HALIEUTIQ UES DANS LES DISTRICTS DE TOLIARA I ET II

    CHAPITRE III.- LA PÊCHE TRADITIONNELLE DANS LES DIS TRICTS DE TOLIARA I ET II ........................................................... 33

    3.1.- Généralités sur la pêche traditionnelle ................................................................... 33 3.2- Les modes d’exploitation des ressources halieutiques ........................................... 34 3.3.- Problèmes ou obstacles liés à l’exploitation de la pêche traditionnelle dans ces districts .................................................................................................... 46 3.4.- La production ......................................................................................................... 47 3.5.- La commercialisation ............................................................................................. 50

    CHAPITRE IV.- LES MESURES A PRENDRE ............................................... 54 4.1.- Les efforts déjà entrepris ........................................................................................ 54 4.2.- Les échecs de toutes tentatives amorcées .............................................................. 62

    PARTIE III.- CADRE GENERAL DES INTERVENTIONS A FAIR E LA MEILLEURE GESTION DES RESSOURCES HALIEUTIQUE

    CHAPITRE V.-EDUCATION ENVIRONNEMENTALE DES PECHEURS ...................................................................... 68

    5.1.- Le plan d’éducation environnementale marin et côtier .......................................... 68 5.2.- Réalisation du plan d’éducation environnementale marin et côtier ...................... 69

    CHAPITRE VI.- FORMATION DES PECHEURS ......................................... 78 6.1.- Mise en place du planning de formation ............................................................... 78 6.2.- Réalisation du planning de formation ................................................................... 81

    CONCLUSION .................................................................................................................... 100 BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................. 103 ANNEXES ............................................................................................................................ 105

    Annexe I : Enquête cadre Annexe II : Type d’évaluation

    TABLE DES MATIERES .................................................................................................. 108

  • LISTE DES ABREVIATIONS

    ANAE : Association Nationale d’Actions Environnementales

    ANGAP : Association Nationale de Gestion des Aires Protégées

    APMC : Aire protégée Marine et Côtière

    ARLP : Amélioration des Revenus des Populations Littorales

    BIOMAD-TUL : Biologie Madagascar – Tuléar

    CNRO : Centre National des Recherches Océanographiques

    COAP : Code des Aires Protégées

    COPEFRITO : Compagnie de Pêche Frigorifique de Toliara

    DREN : Direction Régionale de l’Education Nationale

    F.A.O: Food And Agriculture Organization

    F.E.D: Fonds Européens pour le Développement

    FID : Fonds d’Intervention pour le Développement

    MSC: Marine Stewardship Council

    MUREX : Maurice Export

    OMS: Organisation Mondiale de la Santé

    ONG : Organisation Non Gouvernementale

    PACP/T : Projet d’Appui aux Communautés des Pêcheurs à Tuléar

    PAM : Programme Alimentaire Mondial

    PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement

    PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

    RGPH : Recensement Général de la Population Humaine

    SARL : Société Anonyme à Responsabilité Limitée

    SEECALINE : Surveillance et Education des Ecoles et des Communautés en matière d’Alimentation et

    Nutrition Elargie (O.N.N)

    SRPRH : Service Régional des Pêches et des Ressources Halieutiques

    UICN : Union Internationale de la Conservation de la Nature

    UNESCO: United Nation Educational Scientific and Cultural Organization

    WWF : World Wild Founds

  • LISTE DES CARTES, DES PHOTOS ET TABLEAUX

    A. LISTE DES CARTES

    Numéro

    Titres

    Pages

    1

    2

    3

    4

    Carte de la région Sud-Ouest .....................................................................

    Carte de District de Toliara I .....................................................................

    Carte de District de Toliara II ....................................................................

    Carte de la Zone d’études ...........................................................................

    5

    6

    7

    8-9

    B. LISTE DES PHOTOS

    Numéro

    Titres

    Pages

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    Photo de la plage d’Ifaty .............................................................................

    Photo de la plage de Sarodrano ..................................................................

    Photo de la mangrove d’Ankilibe ...............................................................

    Photo de la Mangrove de Sarodrano ...........................................................

    Photo du monoxyle ayant été fabriqué .......................................................

    Photo des différentes formes de voiles : Manindry, Manenga ..................

    Graphique des circuits de commercialisation des produits .........................

    Réunion publique de conscientisation et de sensibilisation ........................

    15

    16

    17

    18

    37

    38-39

    51

    69

  • C. LISTE DES TABLEAUX

    Numéro

    Titre

    Pages

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    10

    Liste des arrondissements et des communes avec les villages de pêcheurs

    des districts de Toliara I et II......................................................................

    Répartition des précipitations et variation de température

    moyenne annuelle.......................................................................................

    Répartition spatiale de la population des districts de Toliara I et II...........

    Taux d’urbanisation par district .................................................................

    Répartition de la population par sexe .........................................................

    Tableau comparatif de la population dans 16 ans ......................................

    Répartition des établissements publics ......................................................

    Répartition des établissements privés ........................................................

    Répartition des effectifs scolaires par district ............................................

    Production annuelle de produits halieutiques ............................................

    10

    19

    22-23

    24

    24

    25

    26

    26

    27

    47-49

  • INTRODUCTION

  • 1

    L’ile de Madagascar présente 5600km de côte environ. Cette côte littorale est riche en

    ressources marines, qui demeurent encore irrationnellement exploitées. De leur exploitation

    rationnelle dépendra l’accroissement du niveau de l’économie malgache. L’Etat aura donc

    intérêt à promouvoir une politique plus appropriée, s’il veut réellement améliorer les

    conditions de vie des populations côtières et le développement durable de la pêche.

    A cet effet, notre étude se localise principalement étant donnée la longueur de cette

    étendu côtière, sur les littorales du District de Toliara I et II, précisément de la commune

    rurale de Manombo-Sud au Nord jusqu’à Beheloka au Sud. Elle mesure 244 km et renferme

    48 villages avec une moyenne de 249 pêcheurs.

    Cette littorale est caractérisée par une bordure de mangrove : un lieu de nidation des

    animaux marins. De même, des récifs coralliens bordent aussi ces lieux qui sont constitués

    par des récifs frangeants et des récifs barrières. Ces derniers servent alors, à protéger les

    littoraux contre l’assaut de la grande houle tout en offrant des abris sûrs pour la population

    marine.

    En ce qui concerne l’exploitation, l’augmentation de la commande suscitée par

    l’accroissement démographique d’une part, et le besoin des sociétés qui opèrent dans le

    secteur d’autre part, poussent les praticiens de la pêche ou exploitants de la mer à faire

    l’exploitation abusive de ces ressources halieutiques par l’utilisation des filets à petites

    mailles, la destruction des récifs coralliens et des mangroves, le non respect de la fermeture

    de pêche. Ces pratiques excessives constituent les principales causes de la destruction de

    l’environnement de pêche : attitude de gaspillage, non respect de la nature et mépris de

    l’environnement. Bref, des actes illégaux dont les conséquences sur l’environnement côtier

    marin sont incalculables.

    En outre, des chômeurs et quelques peuplades de l’intérieur s’ajoutent au nombre des

    pêcheurs qui sont déjà en sureffectif par rapport aux lieux de pêche. Leurs pratiques de

    pêche sont dangereusement destructives car ils emploient des produits enivrant les poissons

    comme les « narcotique », interdit par la loi et qui, hélas, déciment toute une cohorte de

    petits poissons.

    Ainsi, la croissance démographique est l’une des causes principales des problèmes

    liés à l’application de la réglementation de pêche dans les districts de Toliara I et II. Ce qui

    engendre l’insuffisance de la production des produits halieutiques. Si le nombre de la

    population augmente, il faut un nombre plus important des pêcheurs car le nombre des

    consommateurs s’agrandit de plus ; par contre, l’étendue des zones de pêches est limitée.

  • 2

    Toutes les catégories des ces ressources sont devenues objet de la vente. La zone

    de pêche n’est plus proportionnelle à l’effectif des pêcheurs.

    La surface occupée par les mangroves diminue par les actions anthropiques pour le

    bois de chauffage, la construction de marais salants et des bâtiments d’habitation ou

    d’hôtellerie. La plupart des récifs se trouve détruite et renversée. Ainsi, les pêcheurs vivent

    déjà une crise de production. Les prises journalières par tête n’arrivent plus à satisfaire les

    besoins de la famille. A cet effet, les pêcheurs ne se contentent plus des gros poissons, mais

    ramassent toutes les catégories de ressources même les juvéniles pour satisfaire leur

    demande. Pour cela, les petits poissons qui pullulaient dans la lagune disparaissent

    dangereusement.

    Tous ceux-ci sont illustrés dans certains documents : « Les mangroves occupent

    58013 ha en 1996 et en 2000, ils n’occupent que 36309 ha, la production halieutique qui

    était de 1765 tonnes en 1998 étaient réduite à1474 tonnes en 1999. En outre, les coraux

    étaient 100% vivants au départ mais désormais les 10% sont mous, et 64,48% morts et

    seuls les 25,92% sont vivants actuellement »1. C’est pourquoi nous avons choisi comme

    thème :« La lutte contre la dégradation de l’environnement marin et côtier ».

    Nous avons constaté que l’inadéquation de la pratique des pêches avec les textes

    existants engendre l’épuisement des ressources halieutiques, la réduction irréversible de la

    production à long terme, la dégradation de l’environnement marin et côtier. Dès lors, la

    capture journalière de chaque pêcheur en ces dites ressources est insuffisante et la

    satisfaction des besoins de la famille constitue toujours un problème constant.

    Et c’est la raison pour laquelle nous avons choisi d’orienter notre titre « L’éducation

    des pêcheurs pour une meilleure gestion des ressour ces halieutiques dans les

    districts de Toliara I et II ».

    Cette recherche a pour objectif de trouver de solutions efficaces et pérennes

    permettant d’avoir une gestion rationnelle de ces ressources, tout en assurant à l’île une

    satisfaction de la demande par l’augmentation de l’offre disponible à concourir au niveau du

    marché international. Ce qui constituerait, un bénéfice pour le budget de l’Etat et une

    amélioration des conditions de vie de sa population.

    En effet, la préservation de ces ressources est nécessaire pour la génération future. La

    responsabilité de cette préservation ne revient pas uniquement aux pêcheurs eux-mêmes

    elle appartient à tous les secteurs et les acteurs de la pêche, et demande la participation de

    1 Tableau de bord environnemental de la province autonome de Toliara, juillet 2003, 253p.

  • 3

    chacun (pêcheurs, consommateurs, collecteurs, dirigeants). Par rapport à l’épuisement de

    stock des ressources halieutiques, il est primordial de prendre des mesures d’urgence pour

    stopper ou du moins réduire l’exploitation abusive.

    C’est pourquoi, nous avons axé notre problème de re cherche sur « la gestion

    rationnelle des ressources halieutiques dans les Di stricts de Toliara I et II ».

    Alors, « quelles stratégies éducatives faut-il adop ter pour que la population des

    pêcheurs Vezo puisse exploiter, d’une manière ratio nnelle, les ressources

    halieutiques des littoraux des districts de Toliara I et II» ?

    Comme hypothèse nous pensons que « la réalisation des campagnes d’I.E.C

    (Information, Education, Communication) et des acti vités de formation à l’intention

    des pêcheurs et les autorités locales permet la ges tion rationnelle des ressources

    halieutiques. »

    Toute tâche nécessite des moyens à mettre en place pour réaliser les objectifs prédéfinis.

    - Enquête sur terrain en vue d’une observation directe, surtout auprès des pêcheurs se

    trouvant dans notre domaine d’étude.

    - Entretien individuel avec les agents de service de pêcheurs dans les districts de Toliara

    I et II.

    Tout cela est renforcé par diverses documentations comme les revues : plan d’action

    pour la création d’une APMC ; Gestion durable du littoral ; cas du Sud Ouest de

    Madagascar ; Tableau de bord environnemental de la province autonome de Toliara ;

    intégration de l’éducation environnementale en milieu scolaire pour la gestion durable de

    ressource halieutiques ; le informations sur le site web (URL : www.cairn.info/revue-etude-

    rurales-2006-2-page-197.htm, http://www.salary; http://wrnbulletin-wordpress et les données

    statistique (rapport mensuel du SRPRH Toliara).

    Pour cela, notre travail se subdivise en trois grandes parties interdépendantes, dont la

    première nous permet de découvrir les existants marins dans les littoraux des districts de

    Toliara I et II. Cette partie nous permet de définir exactement les ressources halieutiques

    disponibles dans ces zones d’étude. En outre, la seconde partie nous expliquera les moyens

    utilisés par ces pêcheurs pour exploiter ces ressources. Ce qui nous amène à découvrir tous

    les matériels et méthodes de travail utilisés par les exploitants. Enfin, la dernière partie

    présentera des propositions d’amélioration pour aboutir à l’objet : gérer rationnellement les

    ressources halieutiques dans les districts de Toliara I et II.

  • PREMIERE PARTIE

    PRESENTATION DU MILIEU NATUREL DES DISTRICTS DE

    TOLIARA I ET II

  • 4

    CHAPITRE I.- MILIEU PHYSIQUE

    Les districts de Toliara I et II sont situés dans la région du Sud Ouest Malgache, dans

    l’ex-province autonome de Toliara. Ils sont limités au Nord par le District de Morombe, à l’Est

    par le District de Sakaraha, au Sud par le District de BetiokySud et à l’Ouest, par le canal de

    Mozambique.

    Géographiquement, la latitude de ces districts est située entre 21° 66’ et 24°72’ et de

    longitude entre 43°47’ et 45°47’ Est.

    La ville de Toliara est à l’échelon de la région, le centre politico - administratif le plus

    important. Elle est installée au Nord du Tropique du Capricorne et se trouve à 945 km

    environ de la capitale de Madagascar Antananarivo. « Toliara la blanche »,2 ainsi appelée en

    raison de ses plages au sable fin, qui s’étale sur de larges avenues et des rues sans fin.

    Comme devise, « le fleuve de Fiherena est l’âme de Toliara et aussi de Toliara qui ne

    dort jamais »3.

    Le district de Toliara I a une superficie de 16 km2, formé par six arrondissements

    composés de 41 fokontany dont 06 des villages de pêcheurs. Tandis que le district de

    Toliara II a 7321 km2 de surface, composé de 19 communes rurales avec 297 fokontany,

    dont 42 sont des villages de pêcheurs. Par rapport à l’ensemble de la région, la superficie de

    ces districts est de 10,89% et de l’île, elle est de 1,14%.

    2 Fiche monographique de district de Toliara I 2006

    3 Fiche monographique de district de Toliara I 2006

  • 5

    CARTE N°1CARTE N°1CARTE N°1CARTE N°1

  • 6

    CARTE N°2CARTE N°2CARTE N°2CARTE N°2

    CARTE CARTE CARTE CARTE DU DISTRICT DE DU DISTRICT DE DU DISTRICT DE DU DISTRICT DE TOLIARA ITOLIARA ITOLIARA ITOLIARA I

  • 7

    CARTE N°3CARTE N°3CARTE N°3CARTE N°3

  • 8

    CARTE N°4CARTE N°4CARTE N°4CARTE N°4

    ZONE D’ETUDEZONE D’ETUDEZONE D’ETUDEZONE D’ETUDE : Littoral de Toliara I et Toliara II : Littoral de Toliara I et Toliara II : Littoral de Toliara I et Toliara II : Littoral de Toliara I et Toliara II

    Andravona

  • 9

  • 10

    Tableau n° 1 : Listes des arrondissements et des communes avec ses villages de

    pêcheurs des districts de Toliara I et II

    Districts Arrondissements/Communes

    Rurales

    Villages des

    pêcheurs

    Nombre des pêcheurs par

    arrondissement / commune

    Toliara I

    Mahavatse I

    Ankiembe Bas

    931 Ankiembe Haut

    Mahavatse I

    Mahavatse II Mahavatse II 125

    Besakoa Besakoa

    330 Ambohitsabo

    Toliara II

    Manombo Atsimo

    Andravona

    5534

    Bekodoy

    Salary Nord 2

    Salary Nord 1

    Ankaramifoke

    Tsandamba

    Lobaho

    Ampasilava

    Tsifota

    Fiherenamasay

    Manombo 2

    Tsihake 2

    Ankarimela

    Fitsitike

    Andrevo Bas

    Ambolomailake

    Betsibaroke

    Madiorano

    Belalanda

    Mangily

    2931

    Ifaty

    Amboaboake

    Beravy

    Ambalaboy

    Songeretelo

    Ambotsibotsike

    Belitsake

  • 11

    Saint Augustin

    Ankilibe

    554

    Sarodrano

    Tanandava

    Lovokampy

    Ampasinabo

    Ampasinihita

    Lovokampy R.G

    Soalara

    Soalara Haut

    618 Soalara Bas

    Tanambao

    Anakao

    Anakao Bas

    609 Maromena

    Befase

    Beheloke

    Ambola

    326 Behinta

    Beheloke Bas

    TOTAL 11 958

    Source : Projet PACP/T 2009

    Les arrondissements de la commune urbaine de Toliara I comme Tanambao I,

    Tanambao II TSF Nord et Betania, et les communes rurales : MitsinjoBetanimena,

    Betsinjaka, Miary, Maromiandra, Ambohimavelona, Ambolofoty, Ankilimalinike, Antanimena,

    Marofoty, Tsianisiha, Andranovory, Ankililoaka, Analamisampy, Andranohinaly, Behompy,

    Milenake et Manorofify dans le district de Toliara II ne sont pas habités par des pêcheurs.

    Parmi les arrondissements et les communes rurales, la commune rurale de Manombo

    Sud est la plus peuplée en pêcheurs comptant 6183, repartis sur 18 villages. Par contre la

    commune rurale de Beheloke est la moins peuplée, comptant 326 pêcheurs avec 3 villages.

    Les pêcheurs des Districts de Toliara I et II utilisent en totalité 6021 pirogues.

    Dans ces districts, il arrive des fois qu’un pêcheur possède deux, voire trois pirogues

    mais il existe aussi d’autres qui n’ont pas eu. La longueur de la pirogue varie de deux à huit

    mètres. Les petites pirogues (2 à 4 m) travaillent au niveau du lagon et sur le récif tandis que

    les plus grandes, supérieures à 4 m sont utilisées pour la pêche au-delà du récif.

  • 12

    En général, les pêcheurs utilisent les pirogues de taille moyenne 4 à 6 m pour

    exercer leur métier. Pratiquement, la pêche avec une pirogue motorisée et en fibre de verre

    n’existe pas. Les pêcheurs utilisent la voile et la pagaie pour sortir en mer.

    L’économie malgache est dominée par le secteur primaire. Parmi ces différents

    éléments, figure la pêche. Dans les districts de Toliara I et II, elle est surtout maritime.

    1.1 .- L’environnement marin et côtier

    Ces districts sont caractérisés par la présence d’une longue côte. Elle mesure

    244 km environ de long, allant d’Ambola, commune rurale de Beheloke au Sud et

    Andravona, commune rurale de Manombo sud au Nord. Cette côte est de faible altitude, de

    5 à 200m, constituée d’immenses espaces entièrement de sables roux. Elle est prolongée

    par la plage sous marine en continuité avec la plate-forme continentale qui descend en pente

    douce vers le large. La faible profondeur, deux à dix mètres en moyenne, favorise

    l’installation de récifs coralliens.

    En général, l’environnement marin et côtier est l’ensemble des constituants de la mer et

    les organismes vivants, qui y vivent ainsi que son entourage côtier. Il est composé

    d’éléments vivants et inertes qui forment une cohabitation d’interdépendance. Cette

    cohabitation s’observe aussi bien dans le domaine marin, que dans le domaine côtier.

    1.1.1.-L’environnement marin

    « C’est la partie occupée totalement par la mer »4. On y rencontre des plantes (algues),

    des animaux (poissons de toutes sortes, mollusques, reptiles, mammifères et des formations

    inertes comme les débris rocheux).

    1.1.1.1.- Les mers

    Les mers et les océans recouvrent plus de 70% de la surface de la Terre. Cette

    étendue forme un milieu qui foisonne d’êtres vivants infiniment divers, des requins aux

    harengs, en passant par les coraux. Ces nombreuses espèces marines ont une importance

    considérable pour les êtres humains comme source de nourritures, de médicaments ou de

    minéraux. Et pourtant, les hommes malmènent la mer depuis longtemps par des

    agissements inconsidérés. Citons comme exemple la surexploitation des bancs de poisson,

    4 Guide de l’enseignant : intégration de l’éducation environnementale en milieu scolaire pour la gestion durable

    des ressources halieutiques

  • 13

    les pollutions des eaux, la dégradation des littoraux au point de mettre en danger la santé

    même des océans. « Pour la vie sur Terre, sauvons nos mers »5 .

    Actuellement, le stock de poisson dans le monde est au seuil de l’épuisement. Les

    causes en sont multiples : surexploitation non contrôlée, utilisation de méthodes de collecte

    non rationnelles et destructives et pollution des océans. Un rapport de KEPEM, en 1995 a

    stipulé que chaque année, à Madagascar, 30 000 tonnes de poissons d’accompagnement

    lors de la pêche aux crevettes sont rejetées dans la mer.

    Les pêcheurs vezo considèrent la mer comme une mère nourricière, une source de vie

    sans laquelle leur existence n’est pas assurée. A l’heure actuelle, on reconnaît la mer

    comme une potentialité économique des littorales. Elle est riche en variété de ressources

    nécessaires à la vie. A ne citer que les poissons riches en protéine et les algues, qui

    constituent de la richesse inépuisable en matière alimentaire avec la découverte de spiruline.

    Celle-ci étant reconnue scientifiquement comme la plus riche des vitamines. Par ailleurs, la

    capacité reproductrice des poissons est considérable car ils disposent de milliards d’œufs en

    une seule période de ponte comme le cas des poissons. Cela veut dire que les ressources

    halieutiques ont une croissance rapide, considérable voir inépuisable.

    Or, dans la mer, il n’y a pas seulement les poissons, on y trouveaussi d’autres espèces

    abondantes comme les trépangs, les casques rouges, les tortues de mer, les langoustes.

    Toutes ces richesses nous donnent de quoi vivre ; des protéines, des lipides, des sels

    minéraux. Le sentiment de dépense qui anime le Vezo semble commun, à tous les pêcheurs

    du monde, il peut avoir une relation avec la fausse croyance,, comme quoi, les ressources

    de la mer leur paraissent inépuisables, d’où leur dicton « dépenser pour vider, demain nous

    prendrons »6.

    Avec les produits de la cueillette et de la chasse ceux de la pêche ont constitué, depuis

    presque trois millions d’années, une consistance nourriture pour l’espèce humaine, une

    manne dont les premiers bénéficiaires fut les Etats insulaires et côtiers. « Pour Madagascar,

    certains historiens affirment que la pêche était déjà pratiquée avant même les premières

    migrations de nos ancêtres venant de lointain Arabie, Afrique et archipel Malayo-polynésien.

    5Vintsy trimestriel malgache d’orientation écologique, WWF projet World Wide Fund for nature/coopération

    suisse, 4ème

    année 11/94, 27p. 6 REJELA Michel Norbert : « La pêche traditionnelle Vezo du Sud Ouest de Madagascar, système de production

    dépassé », thèse de doctorat, Université Michel de Montagne Bordeau.3, 1993, 449 p.

  • 14

    Chez certaine tribu, comme le Vezo, la civilisation et l’histoire sont même liées à celles de

    la mer »7.

    Pour son immensité superficiaire (7/10ème de la superficie de la planète), la mer a été

    considérée, comme un garde à manger intarissable pour l’Homme et les autres espèces

    prédatrices comme les otaries et les dauphins. Erreur car sans d’autres-mers, sa

    surexploitation a abouti à l’épuisement des ressources halieutiques. Désolante situation qui

    ne nous préoccupe pas encore du moment pour le moment.

    1.1.1.2.- Les récifs coralliens

    Ils sont des structures massives constituées par des coraux. Ils sont formés

    d’organismes vivants appelés polypes, enveloppé dans un squelette calcaire externe. Un

    corail est composé de plusieurs milliers de polypes et un récif est constitué d’une variété de

    corail.

    On peut distinguer deux types d’écosystèmes récifaux : récif barrière, bordant le rivage

    à une certaine distance de la côte et récif frangeant, fixé au littoral. Ces récifs sont

    actuellement menacés de destruction à cause des activités anthropiques.

    En face de Toliara s’étend le grand récif barrière sur une longueur de 18km et atteint

    3km de large. Il est beaucoup plus proche de la côte et assez profond pour que les super

    goélettes puissent y circuler, les eaux sont calmes et claires dans le chenal. De part et

    d’autre de Toliara, au sud entre Toliara et Ambola, il existe de récif frangeant avec la

    présence de récif de caye (Nosy Ve) et au nord de Toliara jusqu'à Andravona, des récifs

    frangeants sans récif de caye. Le plus large récif se trouve à Ambolomailake et le plus

    cours à Belitsake .La longueur de la totalité des récifs de la zone d’étude est proportionnelle

    à la longueur du littoral de ces Districts. « La côte de Toliara représente une

    configuration générale, définie dans l’ensemble par le développement des récifs

    coralliens, assis sur le plate-forme continental relativement vaste, favoris de la faune

    ichtyologique et de la faune marine »8.

    Les récifs coralliens sont très riches en ressources naturelles marines exploitables,

    notamment les poissons, les algues, les coraux, les crustacés, les céphalopodes, les

    7Vintsy trimestriel malgache d’orientation écologique, WWF projet World Wide Fund for nature/coopération

    suisse, 4ème

    année 11/94, 27p. 8 IBRAMDJEE D. « Les activités maritimes et littorales dans le Sud Ouest de Madagascar », thèse de doctorat de

    3ème

    cycle, Montpellier, Université Paul Valery 1984, 492p.

  • 15

    échinodermes, les mollusques. Ces derniers temps, des menaces et pressions de la

    demande pèsent sur ces écosystèmes et risquent ainsi leur destruction.

    Le récif corallien de Toliara est en danger de destruction. Plusieurs facteurs sont à

    l’origine de cette dégradation : la population exerce une pression de pêche très élevée. Des

    fabriquant des chaux ont fait de prélèvement à bout.

    1.1.2.- L’environnement côtier

    Le domaine côtier se caractérise par la présence des plages, des flores et les faunes

    qui s’y trouvent.

    1.1.2.1.- Les plages

    Les points marquants de ce long littoral sont constitués par les récifs coralliens, les

    lagons, les plages sableuses, les marais maritimes, ainsi que le bush épineux et la forêt

    dense et sèche sur le sable blanc et roux, et sur les roches calcaires.

    Photo de deux plages différentes

    Photo n° 1 : Plage d’Ifaty

  • 16

    Photo n° 2 : Plage Sarodrano

    1.1.2.2.- Les mangroves et sa situation géogra phique

    Le terme de « Mangrove » désigne spécialement une formation végétale qui vit dans

    l’année, les pieds dans la mer.

    Les mangroves se rencontrent uniquement sur le littoral marin, dans les régions

    tropicales et intertropicales, autrement dit, dans les régions chaudes et arrosées, entre 15 et

    35°, et recevant en moyenne 700 à 1500mm de pluie p ar an.

    Les cordons littoraux des districts de Toliara I et II sont souvent associés à des

    mangroves assez étendues sur des vasières, dues à des dépôts fluviaux importants. Ce sont

    des mangroves d’estuaire (Sarodrano, Saint Augustin, Fitsitke), localisées aux embouchures

    des fleuves et des rivières, et des mangroves littorales, formées parallèlement à la côte

    grâce à la présence de la résurgence d’eau douce (Ankilibe, Ankiembe, Songeretelo).

    La mangrove de Fitsitike à Manombo Sud est actuellement la plus belle mangrove de

    ces districts avec une superficie de 400ha, alors que les autres ont pratiquement disparu par

    la déforestation.

  • 17

    Dans le domaine marin et côtier, la pression découle d’une forte croissance

    démographique et d’un fort flux migratoire. Ces différentes formations sont intensivement

    exploitées.

    Ces mangroves hébergent une faune importante de poissons, de crustacés (en

    particulier des crevettes et des crabes), de coquillages, d’oiseaux rares ainsi que des algues.

    Photo n° 3 : Mangroves d’Ankilibe

  • 18

    Photo n° 4 : Mangroves de Sarodrano

    Comme tout milieu naturel, l’environnement marin et côtier est un berceau des

    ressources halieutiques : les végétaux et les animaux. Les ressources végétales : sur les

    côtes, les principaux arbres que l’on rencontre sont les mangroves. Elles sont des formations

    végétales du littoral, constituées d’arbres connus sous le nom de palétuvier, poussant dans

    les vases côtières et généralement à proximité des embouchures des fleuves. Dans le milieu

    marin, des algues y poussent en abondance et en plusieurs espèces. Ce sont les formations

    végétales qui se développent dans le lagon, à l’intérieur de la zone récifale et totalement

    immergé. Les ressources animales sont les invertébrés ou animaux sans squelette bien

    développé comme les coquillages, crabes, crevettes, langoustes, oursins, poulpes,

    calmars…. et les vertébrés ou animaux à squelette interne tels que les poissons, tortues

    marines, requins, thons.

  • 19

    1.2.- Le climat

    Le tropique du capricorne traverse ces districts. Ainsi, Toliara I et II sont dénommés

    « Cité du soleil »9 car la durée de l’ensoleillement apparaît relativement constante durant

    l’année. C’est un climat chaud et sec, semi-aride. A la longue saison sèche (8 mois) succède

    une brève saison des pluies, parfois aléatoire, souvent très irrégulière et toujours pauvre en

    précipitation (moins de 600mm par an).

    1.2.1 La température

    La variation des températures, tout au long de l’année reste faible (amplitude annuelle

    comprise entre 7° et 10°). Les moyennes annuelles s ont toujours comprises entre 23°C et

    25°C. Le mois le plus chaud est le janvier et le pl us froid le juillet.

    Source : Station Toliara, Direction des exploitations météorologiques

    1.2.2.- La pluviométrie

    Quant à la pluviométrie, elle montre que la période pluvieuse ne couvre que deux mois

    (janvier et février) à Toliara – ville, elle est donc très courte et tardive. Mais dans le district de

    Toliara II, la pluviométrie est différente, surtout dans les communes qui sont à vocation

    agricole (Analamisampy, Ankililoaka, Miary). Elle est avancée et s’étend de novembre à

    mars.

    Tableau n° 2 : Répartition des précipitations et variation de te mpérature moyenne

    annuelle.

    Districts Altitudes Pluviométrie

    annuelle (mm)

    Nombres

    de mois

    secs

    Température Moyenne

    Annuelle Mois le plus

    chaud

    Mois le plus

    froid

    Toliara I 9 364 10 25°2 Janvier Juillet

    Toliara II 8 280 8 25°7 Janvier Juillet

    Source : RGPH 1993

    9 Fiche monographique de district de Toliara I 2006.

  • 20

    1.2.3.- Le vent

    La frange côtière est balayée en permanence par un vent dominant « Tsiokatimo », de

    direction Sud Ouest Nord Est et qui constitue un facteur sélectif local de la végétation. Dans

    ces districts, l’Alizé qui a franchi la falaise orientale, y est subsides, autrement dit sec et de

    caractère anticyclonique. Ce qui donne le plus souvent une dorsale anticyclonique sur

    l’ensemble de ces districts. Le temps est beau et frais en raison du refroidissement nocturne.

    Près des côtes, la brise marine, toujours en fin de journée, peut également déclencher

    quelque précipitation. Grâce à leur connaissance empirique, les pêcheurs vezo ont une

    notion sur la direction et la vitesse du vent. Ce qui leur permet de programmer leur sortie en

    mer. Tous les vents portent d’ailleurs des noms malgaches tels que tsiokatimo (vent du sud),

    fandohotse (vent du Nord vers le Sud), Varapohe (vent du Nord – vers le Sud qui souffle très

    fort), Varatraza (vent du Nord Est vers l’Ouest), Ampalan’andrefa (vent de l’Ouest vers

    l’Est), Ampalan’atimo (vent du Sud Ouest vers l’Est).

    1.3.- L’hydrologie

    Deux catégories de réseaux hydrauliques caractérisent les districts de Toliara I et II

    1.3.1.- Le cour d'eau à bassin mixte

    Le fleuve de l’Onilahy qui se trouve dans la partie Sud du district de Toliara II, à 30 Km

    de centre ville de Tuléar traverse à la fois sur socle cristallin des hautes terres et les bassins

    sédimentaires de l’Ouest. Avec son important bassin versant de 32 225 km2 et sa longueur

    de 374,5 km. Son maximum hydrologique est lié au maximum pluviométrique. Les hautes

    eaux ne durent que de décembre à mars avec une montée importante en janvier. Par contre,

    la saison sèche est très marquée avec des températures élevées et à une humidité très

    faible engendre des étiages prononcés. Ce qui fait que, la plupart des cours d’eau du bassin

    de versant de l’Onilahy qui s’assèchent mais qui ont souvent un sous écoulement.

    1.3.2.- Le cours d’eau dans le relief sédimenta ire

    Le Fleuve de Fiherena à 3 Km du centre ville de Tuléar se trouve dans la partie nord du

    district de Toliara II. Il coule sur des terrains sédimentaires de 7 790 km2 de bassin versant et

    de longueur de 138 km. Elles appartiennent au régime des cours d’eau de type « Côte

    Ouest » et de « Sud sahélien ». L’alimentation des bassins versants est conditionnée par

    une pluviométrie très faible (300 à 600 mm) et par le fait que, des eaux disponibles pour

    l’écoulement sont amoindries par une forte évaporation de 1200 à 1500 mm. Par ailleurs, les

    débits de saison sèche sont d’une extrême variabilité d’une année à l’autre.

  • 21

    L’une des caractéristiques physiques essentielles de cette partie côtière est donc, sa

    pauvreté en rivières permanentes. Une autre particularité de ces cours d’eau est leur

    dépérissement à mesure que l’on va vers l’aval. Cette décroissance s’explique par la

    fréquence des sols à dominance texturale sableuse favorisant l’infiltration.

    1.3.3.- L’océanographie

    Les mouvements de la mer sont généralement moindres dans cette zone faisant face

    au canal de Mozambique. La température moyenne des eaux se situe entre 28 et 30°C

    avec une salinité moyenne de 34°5 pour 1000. La mar ée est à cycle diurne (marnage : 3 m) ;

    et les courants marins dominants se portent vers le Sud. En hiver, la mer est calme dans la

    plupart du temps.En été, la mer est souvent agitée à cause du vent du Sud « Tsiokatimo »,

    ce qui limite les sorties des pêcheurs.

    Bref, les districts de Toliara I et II font partis de la région Sud ouest avec une surface

    de 7337 km2, occupent 10,89% de l’étendue de la région, formés par une commune urbaine

    (Toliara I) et 19 communes rurales portant 11958 pêcheurs qui exploitent exclusivement

    l’environnement marin et côtier.

    Cet environnement est constitué des mers calmes, qui ont un potentiel intarissable

    riche en variété des ressources halieutiques assurant la survie des Vezo pêcheurs et des

    lieux de ponte, de croissance, et de refuge de ces ressources comme les récifs coralliens,

    les mangroves et des plages.

    Ces districts sont caractérisés par ses climats chauds et secs, semi-arides, son vent

    dominant (Tsiokatimo) et ses deux réseaux hydrauliques : Onilahy et Fiherena.

  • 22

    CHAPITRE II.- LE MILIEU HUMAIN ET SOCIAL

    Considéré principalement comme un centre de développement économique, les

    districts de Toliara I et II constituent de ce fait, une zone d’accueil. Les zones sont à la fois

    les acteurs et les cibles de toutes les actions de développement. Aussi est-il indispensable

    de savoir les spécificités de la démographie.

    2.1.- Structure de la démographie

    L’étude de la structure démographique s’effectue à travers de la répartition spatiale de

    la population et son évolution.

    2.1.1.- Répartition spatiale de la population

    La population des districts de Toliara I et II est évaluée à 540 301 habitants soit 32,86%

    de la population de la région sud ouest. Elle est repartie dans tous les arrondissements ou

    toutes les communes.

    Tableau n° 3: Répartition spatiale de la population des districts de Toliara I et II

    Districts Arrondissements/comm

    unes

    Nombre de la

    population

    Superficie

    (Km2)

    Densité

    (Hab/ Km2)

    Toliara I Tanambao I

    Tanambao II

    Mahavatse I

    Mahavatse II

    Betania

    Besakoa

    23 362

    35 851

    36 009

    26 097

    24 389

    30 967

    16

    624,26

    Total 176 675

    Ambohimahavelona

    Ambolofoty

    Anakao

    22 366

    7 029

    5 906

  • 23

    Toliara II

    Analamisampy

    Andranohinaly

    Andranovory

    Ankililoake

    Ankilimalinike

    Antanimena

    Beheloke

    Behompy

    Belalanda

    Betsinjake

    ManomboAtsimo

    Manorofify

    Marofoty

    Maromiandra

    Miary

    Milenake

    MitsinjoBetanimena

    Saint Augustin

    Soalara Sud

    Tsianisiha

    49 087

    8 619

    25 085

    39 768

    25 276

    10 058

    13 046

    12 647

    13 061

    12 435

    17 582

    8 095

    9 178

    7 560

    9 344

    12 251

    16 387

    20 186

    4 178

    14 082

    7 321

    38,45

    Total 363 626

    Ensemble 540 301 7337

    Source : Fiche monographique de la région Sud Ouest 2009

  • 24

    Le district de Toliara II est la plus peuplée avec 363 626 habitants et représente

    67,17% de la population totale de ces deux districts. Ils occupent une surface de 7 321 km2

    avec une densité moyenne de 38,45 habitant/km2. Dans ce district, la commune rurale

    d’Analamisampy, située à 107 km au Nord du centre ville de Toliara I est la plus peuplée

    avec 49 087 habitants soit 13,49% de la population totale de district de Toliara II. Cette

    situation peut être expliquée par des conditions physiques du milieu. D’une part, ce milieu

    humide et les sols ferrugineux sont adaptés aux cultures saisonnières, et aux cultures contre

    saisons. D’autre part, la présence des forêts naturelles et des vastes prairies assurent le

    pâturage.

    2.1.2.- Population urbaine et population rurale

    Le tableau suivant montre le taux d’urbanisation par district.

    Tableau n° 4 : Taux d’urbanisation par district

    Districts Population urbaine Population rurale Taux d’urbanisation

    (%)

    Toliara I

    Toliara II

    175 675

    0

    0

    363 626

    100

    0

    Ensemble 175 675 363 626 32,51

    Source : Fiche monographie des Districts de Toliara I et II 2006

    La population urbaine est estimée à 175 675 habitants. Ce qui caractérise la population

    de la ville est l’importance du phénomène migratoire. En général, on a affaire à une

    migration des ruraux en quête de travail en milieu urbain, espérant ainsi, améliorer leur

    situation et leurs conditions de vie.

    Tableau n° 5 : Répartition de la population par se xe

    Districts Masculin Féminin

    Toliara I 80 818 95 857

    Toliara II 178 721 184 905

    Ensemble 259 539 280 762

    Source : Fiche monographie des Districts de Toliara I et II 2006

    Pour ces districts, la population féminine représente 51,96 % et la population

    masculine représente 48,04%.

  • 25

    2.1.3.- Evolution de la population

    Les données au cours de 16 ans (1993 à 2009), nous permettent d’avoir un taux moyen

    d’évolution de la population de ces districts.

    Tableau n° 6 : Tableau comparatif de la population dans 16 ans

    Districts

    Années Taux de croissance moyenne

    (%) (1993 – 2009) 1993 2009

    Toliara I 80 826 176 675 7,41

    Toliara II 146 493 363 626 9,26

    Ensemble 227 319 540 301 8,61

    Source : RGPH 1993 et fiche monographiques des Districts de Toliara I et II 2009

    Hoerner J.M (1990) : « la population du Sud Ouest ne manque pas de doubler tous les

    20 – 25 ans » 10

    Ce tableau montre qu’au cours de 16 ans (1993 – 2009), le nombre de la population de

    ces deux districts a doublé.

    Cette évolution de la population peut s’expliquer par plusieurs facteurs à savoir, l’exode

    rural, l’augmentation de nombre de jeunes filles en état de procréer, les fortes natalités des

    vezo et Tanalana et l’existence des infrastructures hospitalières et de santé limite aussi la

    mortalité infantile.

    2.1.4.- Composition ethnique

    La population de ces districts est composée de plusieurs ethnies dont les majoritaires

    sont les Vezo, Masikoro et Tanalana. Mais la plus forte composition de la race vezo se

    trouve le long de la côte, du Nord au Sud de ces districts.

    2.2.- Enseignement et éducation

    La politique de décentralisation et de démocratisation à Madagascar va entraîner une

    augmentation rapide du nombre d’écoles surtout du primaire ou écoles d’éducation de base.

    10 HOERNER J.M. « La dynamique régionale du Sud Ouest de Madagascar », cahier n°1 du grec –IFA, Université

    Paul Valery, Montpellier et Perpignan, 1990. 309p.

  • 26

    De 1975 à 1987, on assiste à une évolution spectaculaire du nombre des établissements

    scolaires du niveau II dans tous les arrondissements de district de Toliara I et dans toutes les

    communes de district de Toliara II. Ces districts sont dotés de plusieurs établissements

    publics et privés dont la répartition est représentée dans les deux tableaux ci-dessous.

    Tableau n° 7: Répartition des établissements public s

    Districts Nombre

    De l’E.P.P Du C.E.G Du Lycée

    Toliara I

    Toliara II

    20

    187

    07

    21

    02

    01

    Ensemble 207 28 03

    Source : DREN Sud Ouest 2009

    Tableau n° 8: Répartition des établissements privés

    Districts Nombre

    De l’E.P.P Du C.E.G Du Lycée

    Toliara I

    Toliara II

    13

    46

    13

    01

    06

    01

    Ensemble 59 14 07

    Source : DREN Sud Ouest 2009

    Le nombre total des établissements primaires et secondaires (publics et privés) est le

    suivant :

    - 266 : Ecoles primaires

    - 42 : Collèges d’Enseignement Général

    - 10 : Lycées.

    Les effectifs scolaires du niveau I dans les districts de Toliara I et II comptent 106 604

    élèves durant l’année 2008 - 2009dont 80 513 dans le secteur public et 26 091 dans le

    secteur privé.

    Par ailleurs, la répartition de ces effectifs se représente comme suit :

  • 27

    Tableau n° 9 : Répartition des effectifs scolaires par district

    Districts Population totale

    Enfants scolarisés

    Nombre d’instituteurs/professeurs

    Ratio

    Toliara I

    Toliara II

    176 675

    363 626

    37 849

    68 755

    1 206

    1 450

    31

    47

    Ensemble 540 301 106 604 2 656 41

    Source : Annuaire Statistique DREN Atsimo Andrefana 2009

    La proportion des élèves de l’enseignement primaire est de 19,73% de la population

    totale.

    On assiste à une insuffisance en nombre et en qualité des enseignants à chaque

    niveau dans ces districts.

    L’éducation joue un rôle de premier plan au changement de la vie intellectuelle des

    individus, ainsi que les pêcheurs Vezo. L’amélioration de la qualité de l’éducation va de paire

    avec le rapport maître - élève. Dans les districts de Toliara I et II, ce rapport est de 41 élèves

    par maître ; ce qui est « de la norme 43 pour l’Afrique et de 35 élèves pour la norme

    internationale »11.

    Donc, il faut adapter le rapport maître – élève à la norme plus performante pour

    favoriser le maître à suivre scrupuleusement ses élèves tout au long de l’année scolaire et

    pour faciliter le transfert du message à émettre.

    2.3.- Relation entre la démographie et l’exploit ation des

    ressources halieutiques

    Les ressources halieutiques dépendent étroitement de l’accroissement démographique.

    Or, ce dernier ne cesse pas d’augmenter en effectif dans le monde. « Il comptait deux

    milliards d’habitants en 1970 ; quatre milliards en 1975 ; six milliards en l’année 2000 et

    de 19 milliards en 2010»12. En fait, on a constaté une forte poussée démographique qui

    nécessite une augmentation en denrées alimentaires, fabrication de produits

    pharmaceutiques et comestibles. La pression des demandes en toute catégorie des produits

    halieutiques se multiplie dans tous les pays du monde y compris Madagascar.

    11 PROJET/MAG/87/PO1, « L’éducation en matière de population pour une meilleure qualité de vie », manuel

    de base à l’intention des agents d’éducation, imprimerie du CNAPMAD-D.L.N°05 Mars 1991, 216p. 12

    PROJET/MAG/87/PO1, « L’éducation en matière de population pour une meilleure qualité de vie », manuel

    de base à l’intention des agents d’éducation, imprimerie du CNAPMAD-D.L.N°05 Mars 1991, 216p.

  • 28

    2.3.1.- Les pêcheurs Vezo ancestraux

    Depuis les temps ancestraux, les VEZO pêcheurs veulent bien préserver la mer. Ils

    utilisent les filets à grande maille de quatre à cinq doigts. Ils jettent en mer les petits poissons

    lors de leurs captures ; autrement dit, ils ne capturent pas les ressources halieutiques qu’ils

    n’arriveraient pas à vendre.

    Les pêcheurs Vezo ne s’éloignent plus de la mer, y jettent le cordon ombilical de

    nouveaux-nés,de même les prépuces de leurs enfants et exploitent la mer pour la

    satisfaction de leur besoin. Au niveau de leur croyance, ils font cuir les poissons dans une

    marmite sans couvercle comme la cuisson du nason à éperon bleu, de tortue de mer, ne font

    pas griller la pieuvre et le chirurgien bagnardfraîche, et s’interdisent de jeter le sel de cuisine

    au feu, car l’observation de ces pratiques maintiendrait la mer calme et temps toujours

    beau.

    Ainsi, le pêcheur Vezo vit de la mer depuis sa petite enfance. C’est dans celle-ci qu’il

    apprend à marcher et pense même y finir leurs jours. D’ailleurs, le tombeau suscitéest

    baigné en mer montante. En jouant, l’enfant des pêcheurs Vezo imite leur parent qui lance l’

    harpon au poisson ou à la tortue de mer ; sur la pirogue en mer, il apprend à guider et

    même la tenir en équilibre. Les Vezo mangent habituellement les poissons bouillis ou avec le

    riz ou avec le manioc le plus préférable car ce dernier constitue un plat de résistance. Ils

    n’attrapent que les poissons gras et gros ou les poissons souhaités pour la nourriture de leur

    famille. Les produits capturés sont aussi échangés avec les produits agricoles venant de

    l’intérieur. Cet échange se fait par le système de troc.

    2.3.2.- Croissance des pêcheurs en effectif

    Les districts de Tuléar I et II sont marqués par la pêche traditionnelle pratiquée par « le

    peuple de la mer 13» dénommé VEZO, ayant une très bonne connaissance dans ce

    domaine aquatique et des faunes marines. Ce peuple est qualifié comme une société

    traditionnelle ayant des habitudes halieutiques, et vivant en symbiose avec la mer, des

    enfants de la mer et des semi-nomades marins.

    Les villages sont habités par les pêcheurs Vezo. Ils sont les conséquences de leur

    migration le long de la côte de ces districts depuis plusieurs générations. On pensait que le

    13 KOECELIN Bernard, « Les Vezo du Sud Ouest de Madagascar », contribution à l’étude de l’écosystème de

    semi-nomades marins, collection, cahier de l’Homme, N°15, Edition Mouton, Paris 1974, 269p. + 12fig + 33

    photos

  • 29

    village d’Anakao sembla être leur village d’origine. C’est dans ce village, en effet, qu’ont

    lieu leur enterrement dans les tombeaux ancestraux ainsi que leur totem.

    Etant des semi-nomades marins, plusieurs villages des pêcheurs avaient été formés

    dans les littoraux des districts de Toliara I et II ; en poursuivant les poissons migratoires et

    en recherchant des endroits les plus poissonneux. De là, ils ne s’éloignent plus de la mer et

    pratiquent la pêche côtière dans les lagons et dans les récifs.

    Le Vezo aime bien la famille nombreuse, chaque famille a 7 à 8 enfants en moyenne.

    Cela veut dire que la croissance des pêcheurs vezo est rapide .Ils ignorent le planning

    familial qui leur aurait permis de limiter le nombre des naissances par famille, selon le

    pouvoir d’achat de chaque foyer. D’où, l’effectif des pêcheurs Vezo augmente. Cela est dû à

    la croissance même du Vezo et de l’existence de chômage. Ce dernier produit des pêcheurs

    moins habiles que « les enfants de la mer ». Mais à cause de la cherté de la vie actuelle et

    du manque d’emploi, ils viennent grossir le nombre des pêcheurs qui est déjà en sureffectif.

    Alors, cette zone de pêche est devenue plus étroite pour les VEZO pêcheurs, compte tenu

    de leur nombre toujours imprévisible et croissant. Par conséquent, ils doivent augmenter

    leur capture pour satisfaire leur besoin en nourriture.A cet effet, ils ne respectent plus les

    règles prescrites pour la pêche.

    2.3.3.-Conséquences de la croissance démographique

    L’accroissement de l’effectif de la population des districts de Toliara I et II implique le

    doublement le nombre des pêcheurs, de même aussi, l’augmentation des consommateurs

    locaux. Dans ces cas, des conflits de lieux de pêches se produisent au niveau de ces

    pêcheurs, les produits halieutiques deviennent valeureux, les ressources naturelles se

    trouvent aujourd’hui dangereusement menacées, la tortue de mer est actuellement en

    danger et diminution de la disponibilité par habitant par an en poisson.

    2.3.3.1.- Conflits des lieux de pêche

    La pêche traditionnelle VEZO est une pêche côtière, se fait dans une zone étroite : le

    lagon.

    Dans le temps, les pêcheurs étaient moins nombreux, ils s’arrangeaient à repartir les

    lieux de pêche surtout dans la pratique de la pêche nocturne. Cet arrangement était rentable

    car il avait permis un rendement plus conséquent.

  • 30

    Du moment où leur effectif avait augmenté, deux ou trois groupes de pêcheurs se

    rendent sur un même lieu et celui qui arrive le premier fait la pêche et les autres doivent se

    déplacer.

    De plus, un groupe de pêcheurs fait la pêche dans un lieu X par exemple à un moment

    donné, après quelque temps, un autre groupe arrive sur le même lieu toujours X pour y faire

    la pêche car il ne sait pas non plus que ce lieu est déjà pêché par d’autres pêcheurs. Cette

    situation se rencontre chaque jour et surtout chaque nuit chez les pêcheurs VEZO, à

    n’importe quel lieu se trouvant dans le lagon ; d’où, la quantité des produits pêchés par tête

    diminue.

    2.3.3.2.- Valorisation des ressources halieu tiques

    Du moment où les consommateurs deviennent plus nombreux, les héritiers pêcheurs

    s’éloignent de la mentalité ancestrale « Le bon pour la mer ». Toutes les ressources

    halieutiques peuvent être vendues, et tout a de la valeur : les petits poissons, les juvéniles….

    Les VEZO pêcheurs exploitent alors par tous les moyens pour avoir les produits de la mer

    qui sont devenus plus valeureux. Ils ne gardent plus le bien pour la mer et les interdictions

    commandées par les textes en vigueur.

    La mer représente pour les Vezo ce que les champs de culture pour l’agriculteur et on

    ajoute que la population non Vezo des districts de Toliara I et II se retourne vers la mer qui

    est un véritable trésor pour de nombreux produits qu’elle recèle en cas de famine. Autrement

    dit, c’est dans la mer que les pêcheurs Vezo et les autrestrouvent de quoi vivre. La mer

    représente donc, une potentialité économique pour ces districts.

    2.3.3.3.- Les ressources naturelles m enacées

    Frôlant la catastrophe, voire l’anéantissement pour certaines causes : pour satisfaire

    ses besoins, l’Homme pille et ravage sans compter.

    Les forêts de palétuviers (30 000 ha de mangroves), sont complètement rasés et

    décapés sur plusieurs centaine d’hectare, causant la perte d’espèces rares, de faune et de

    flore, et la destruction irréversible des grands espaces, qui ont servi de nurserie de poissons

    et crevettes des districts.

    A ce rythme de consommation qu’en sera-t-il demain ? Car que ce soit les grands

    espaces pour l’exploitation salinière ou les espaces spécifiques pour la fabrication du

    charbon pour la cuisson ou les bois pour diverses constructions constituent autant de

    pression sur la flore, et par voie de conséquence sur la faune, et le constitueront toujours si

  • 31

    des alternatives ne sont pas trouvées à court terme, et acceptées par les populations,

    moyennant éducation et sensibilisation.

    2.3.3.4.- La tortue de mer est actu ellement en danger

    Objet d’une exploitation non négligeable dans les régions côtières malgaches, les

    tortues de mer sont actuellement en danger par la disparition lente mais sûre. Mais ces

    tortues représentent aussi des dangers pour les consommateurs. D’une part, la chasse est

    de plus en plus importante à cause de la demande croissante en écailles et en juvénile des

    tortues carets par les artisans.D’autre part, l’augmentation des consommateurs de viande de

    tortue marine incite les pêcheurs à chasser encore plus, même si le résultat est alarmant.

    Par ailleurs, les tortues de mer font partie des animaux intégralement protégés à

    Madagascar. « La chasse et l’exportation de ces reptiles ainsi que les produits qui en sont

    issus sont interdites »14.

    Pour limiter les dégâts, force est de mettre en œuvre les réglementations établies et

    d’en mesurer les effets.

    2.3.3.5.- Diminution de la disponibil ité par habitant par an en poisson

    Dans notre économie nationale, le secteur pêche fait vivre près de 550 000 personnes,

    soit 5,2% de la population globale et représente 4,8% de notre produit intérieur brut, et 13%

    de nos recettes d’exportations après la vanille et le café.Des chiffres qui ne reflètent pas à

    travers la consommation locale. Si dans les pays dits en développement, la consommation

    annuelle de poisson par habitant est de 9,5kg, contre 8,1 pour les africains, celle des

    malgaches restent encore relativement basse 7,4.Historiquement, la disponibilité théorique

    par habitant par an en poisson n’a cessé de diminuer.Estimée à 30kg en 1960, 25,5 en

    1989, actuellement, elle n’atteint plus les 25kg du seuil de carence en protéine animale fixé

    par la F.A.O.

    Une baisse est essentiellement provoquée par deux facteurs : l’augmentation rapide de

    la population consommatrice qui, à 25 ans a doublé et l’augmentation incessante de prix des

    poissons.

    La population des districts de Toliara I et II a doublé tous les 25 ans. Plus, elle

    s’augmente, la consommation et les besoins en ressources halieutiques s’élèvent. La forte

    natalité des Vezo pêcheurs augmente leur nombre. La manque d’emploi, la sécheresse,

    14 Décret N° 88-243 du 15/06/88 ; la chasse et l’exportation des tortues de mer ainsi que les produits qui sont

    issus sont interdits

  • 32

    l’insuffisance et la dégradation des barrages et canaux d’irrigation qui nuisent l’agriculture

    produisent des pêcheurs non doués ajoutant l’effectif des enfants de la mer.

    Dès l’époque où le nombre de pêcheurs n’est pas encore important, les pêcheurs

    s’organisent avant d’aller à la pêche. Ils déterminent d’avance le lieu de pêche de chacun

    pour éviter leur empiétement dans la mer, surtout dans la pratique de la pêche nocturne.

    Actuellement, l’organisation de la pêche n’est plus possible, vu le sureffectif des pêcheurs

    par rapport aux lieux de pêche et la multiplication de leurs villages.

    La pression de la demande occasionnée par la croissance démographique très rapide

    a pour conséquence, la valorisation des ressources marines et le non respect du texte en

    vigueur pour l’exploitation des produits marins.

    Les districts de Toliara I et II possèdent deux atouts : une côte riche en ressources

    halieutiques, plus ou moins grande en milieux marins littoraux contenant de récifs et de

    mangroves, et une population de pêcheurs Vezo exclusivement apte à satisfaire la

    demande de la population en ressources marines.

    La sécheresse prononcée dans ces districts ne permet pas de faire de l’agriculture.

    L’activité principale c’est la pêche. Ce handicap climatique constitue un élément inévitable à

    la pratique de la pêche traditionnelle qui se fait le long du littoral.

    L’accroissement démographique de ces districts, qui ne manque pas de doubler ne

    permet pas l’adéquation de rapport maître – élève et favorise l’augmentation de la demande

    en ressources halieutiques, qui se trouvent aujourd’hui dangereusement menacées.

  • DEUXIEME PARTIE

    L’EXPLOITATION DES RESSOURCES HALIEUTIQUES

    DANS LES DISTRICTS DE TOLIARA I ET I

  • 33

    CHAPITRE III.- LA PÊCHE TRADITIONNELLE DANS LES

    DISTRICTS DE TOLIARA I ET II

    Les fruits de mer sont capturés par différentes méthodes et techniques de pêche. Par

    suite, ils sont utilisés à des fins commerciales. Généralement, on pense que la mer contient

    un stock inépuisable de ressources ; c’est vrai mais à condition de l’exploiter d’une façon

    rationnelle.

    3.1.- Généralités sur la pêche traditionnelle

    La pêche traditionnelle présente une grande diversité, eu égard aux produits

    recherchés. Les méthodes de pêche maritime demeurent ainsi très archaïques, tant du point

    de vue des procédés utilisés qu’au niveau des embarcations. Certains pêcheurs font la

    pêche en plongée, d’autres pratiquent le ramassage. Les matériels utilisés par les pêcheurs

    sont les lignes à main, la ligne à la traîne, les filets maillants, les palangrottes, les masques,

    les harpons, et ils utilisent les pirogues monoxyles à balancier avec voile, fabriquées avec

    des bois légers et tendre « Farafatse ». La durée de vie moyenne de cette embarcation est

    de trois ans. Le prix moyen d’une pirogue varie selon sa capacité d’embarcation.

    La pêche traditionnelle constitue l’activité principale des villages littoraux des districts

    de Toliara I et II. La potentialité en ressource marine et la sécheresse de ces districts

    poussent les gens à s’orienter vers la pêche. Cette activité reste encore au niveau

    traditionnel ou familial. Dans ces districts, la zone de pêche est très réduite, généralement à

    une heure de trajet de la plage. La quasi-totalité de la pêche est axée sur l’exploitation du

    récif. Les pêcheurs partent au début de la marée basse et ne reviennent qu’au début de la

    marée haute. La durée de pêche se fait en six heures de temps en moyenne.

    Par ailleurs, il n’existe pas un secteur de débarquement de la pêche. Il n’y a aucune

    infrastructure d’accueil pour les produits de la pêche, les pirogues sont débarquées sur la

    plage où les attendent les collecteurs et les intermédiaires. En effet, les pêcheurs

    traditionnels, faute d’infrastructures de transformation ou de stockage, de transport ou de

    route à Toliara II, se cantonnent dans une économie de subsistance. Malgré tout cela, la

    pêche traditionnelle a toujours une place importante dans ces districts. Elle ravitaille surtout

    le marché local, intérieur et extérieur, en produits halieutiques. La collecte de la pêche

    traditionnelle est assurée par les sociétés privées et des intermédiaires privés qui, le plus

    souvent, s’occupent du mareyage.

  • 34

    Tous les produits de mer exploités existent dans les districts de Toliara I et II tant

    qu’en quantité qu’en qualité (poissons, crustacés, mollusques, tortue de mer, coquillage,…).

    Deux grandes sociétés exploitent la production des pêcheurs : MUREX et COPEFRITO.

    Le fumage et séchage constituent les méthodes de traitement les plus couramment

    utilisées par les pêcheurs traditionnels pour attendre la vente. En moyenne 2,5kg de

    poissons frais donne 1kg de poisson séché. Soient frais, fumés ou séchés, les poissons sont

    destinés à être échangés contre les produits agricoles (manioc, patate douce, maïs) avec les

    agriculteurs de l’arrière pays, sinon vendu pour les plus grandes parties dans les villes ou les

    grands centres communaux tels Ankililoake, Befandrea, Manombo, Saint Augustin.

    Un pêcheur traditionnel, c’est quelqu’un qui se nourrit des ressources halieutiques et

    qui n’emploie pas des matériels modernes. Ce métier est appris par l’accompagnement du

    père et du grand-père souvent en mer dès l’âge d’enfant. On ne peut pas apprendre la

    pêche mais on le regarde, le contemple et assimile tous les gestes qui sont devenus les

    siens.

    Etre un pêcheur traditionnel ne nécessite pas une autorisation quelconque, la mer et

    les ressources halieutiques appartiennent aux pêcheurs traditionnels depuis les temps des

    aïeux. Dès lors l’autorisation est inutile pour pouvoir exploiter ses propres richesses.

    La maladie, le mauvais temps, la dépression tropicale empêchent la sortie des

    pêcheurs en mer. Les bulletins météorologiques aident beaucoup les pêcheurs en

    complément de leurs connaissances traditionnelles acquises. Pour un bon pêcheur, le temps

    qu’il fera le lendemain peut se lire à travers la couleur de la mer, la présence et le

    mouvement de nuage

    3.2.- Les modes d’exploitation des ressources hali eutiques

    dans les districts de Toliara I et II

    Les districts de Toliara I et II présentent des atouts pour la pêche de ressources

    halieutique situés dans la zone du canal de Mozambique. Les différents types de produits

    qu’on y trouve sont : les crustacés, les poissons de toutes sortes tels que : les capitaines, les

    thons, les cabots, les muges, les requins, les mollusques, les tortues de mer, les algues.

    Toutefois, cet avantage n’est exploité de façon optimale. L’activité de la pêche reste faible.

    Cette faiblesse est causée par l’exposition de la côte occidentale aux incessants vents

    « Tsiokatimo », lesquels ont une force variable qui réduisent les possibilités de la pêche

    traditionnelle.

  • 35

    L’alternance de saison chaude et froide est aussi un facteur de cette faiblesse, car

    elle provoque le déplacement des poissons dans des endroits différents, rendant difficile le

    repérage de zone rentable. Cela influe sur la quantité de production des pêcheurs.

    3.2.1.- Principales caractéristiques des activités de pêche des

    ressources halieutiques

    Madagascar, de part sa situation charnière, entre le canal de Mozambique et l’océan

    indien, à 5 600 km de côte. Cela implique alors que la pêche est une activité d’envergure

    économique énorme. C’est ainsi que les produits halieutiques tiennent le deuxième rang

    dans les exportations.

    Ces districts possèdent 244 km de côte, des mangroves et des récifs coralliens qui

    abritent de nombreuses espèces marines. Leur exploitation est l’une des bases de

    l’économie des districts. Cette exploitation connaît actuellement un essor considérable qui

    contribue à un développement économique durable. La pêche des ressources halieutiques

    est la principale source de revenus des pêcheurs de ces districts.

    Les districts de Toliara I et II qui sont les parties de la région du Sud Ouest Malgache

    sont renommés pour ses produits halieutiques. Dans ces districts, la pêche est axée sur

    toutes catégories des ressources halieutiques.

    3.2.2.- Les moyens techniques traditionnels d’exploitation

    Etant que polyvalent en matière de pêche, les pêcheurs traditionnels ont des multiples

    moyens pour exploiter les ressources halieutiques.

    3.2.2.1.- Les embarcations

    La pirogue monoxyle à balancier est le seul type d’embarcation utilisée pour les pêcheurs

    des districts de Toliara I et II.

    • Fabrication de coque

    Pour la fabrication de la coque, on utilise un bois léger et tendre appelé « farafatse »

    (GivotiaMadagascariensis). C’est un arbustive qui atteint plus de 10 m de hauteur, planté

    dans les forêts xérophiles. Dans ces districts, cet arbre se retrouvait dans les

    fokontanyd’Ampanalia, commune rurale de Maromiandra et de Tsivonoe, commune rurale de

  • 36

    Belalanda. Actuellement, ils sont très rares dans ces fokontany. On y trouve des Farafatse

    pour la fabrication de coques de deux brasses (unité de mesure).

    Rappelons qu’il y a actuellement 6021 pirogues dans ces districts. Etant donné que, la

    durée de vie d’une pirogue est de 3 ans, tous les trois ans, on demande 6021 autres

    farafatsepour lesremplacer. Cependant, ce nombre augmente chaque fois que d’autres

    pêcheurs arrivent,ce qui condamne cet arbre à disparaître.

    Pour la fabrication des coques de quatre brasses (Beroroke), les spécialistes fabricants

    vont à l’intérieur des terres, notamment dans les districts de Beroroha, d’Ankazoabo et de

    Manja. Là, les farafatse sont encore abondants et plus grands.

    Les spécialistes quittent leurs villages par groupe de quatre ou cinq le mois d’avril pour

    rejoindre ces districts. Arrivésà la destination, ils fournissent les papiers y afférents, achètent

    les vivres. Puis, ils entrent dans la forêt où il y a de bons arbres farafatse (militseala). Ainsi,

    le travail commence, deux à trois jours pour la fabrication d’une coque pour chaque groupe.

    La durée de travail dans la forêt s’étend du mois de Mai à Juillet (3 mois) c’est-à-dire durant

    la saison fraîche.Au moins, pour la période, chaque groupe revient avec 35 coques.

    Les travaux accessoires commencent après le mois de juillet (transport des coques au

    bord du fleuve Mangoky, préparation pour le transport en fleuve de ces coques). Si ces

    préparations sont au point, les fabricants mettent le tout sur le fleuve qui leur sert de moyen

    de transport et ainsi ils reviennent à leurs villages d’origines. Ils suivent le fleuve Mangoky

    jusqu’à l’embouchure juste dans le fokontanyAmbohibe, commune rurale d’Antongo, district

    de Morombe avant d’arriver à Toliara II. S’il y a trop de vent Tsiokatimo, le voyage se trouve

    retardé et, dans le cas contraire, il se fait très rapidement ; mais en général, il ne dépasse

    pas un mois. Une coque de quatre « brasses15 » coûte 500 000Ariary.

    • Fabrication de la pirogue monoxyle

    Les techniques de fabrication de la pirogue monoxyle se sont beaucoup améliorées.

    Les spécialistes font une assemblage méticuleux de plusieurs pièces ajustées à franck-bord,

    afin d’obtenir une hauteur suffisante (de « soake » de chaque côté de la coque, de « saro »

    avant et arrière), des « rantsa » (bois spécial pour servir de clou), des « firara » (protège) et

    des « fitoera » (place) ; on les nomme « bordés ». « La fixation de bordés sur la coque

    monoxyle contribue souvent à renforcer la solidité et qualités marines des pirogues,

    15 Brasse : unité de mesure (une brasse = 2m)

  • 37

    soumises à des conditions de navigation plus difficiles et des vents parfois violents »16. Il

    appartient au spécialiste de faire assembler les matériaux avec la coque ; puis nettoie

    (manaso). C’est le propriétaire qui fait peindre ou non sa pirogue et ajoute la balançoire et la

    contre balançoire. Le monoxyle de quatre brasses bien fini coûte 900 000Ariary. Le travail de

    finition dure 4 semaines et la main d’œuvre coûte 120 000 Ariary.

    Photo n° 5 Monoxyle ayant été fabriquée

    • Autre utilité de la pirogue

    Elle est utilisée aussi pour le transport des voyageurs, des marchandises, des

    dépouilles mortelles.

    La liaison de la commune urbaine de Toliara avec les parties sud de Toliara II est la

    plus fréquente (Soalara, Anakao…) car l’accès routier avec ces fokontany est difficile. C’est

    un moyen efficace et plus rapide qui facilite l’accès à ces fokontany. Pour aller à Anakao qui

    est à 45 Km de Toliara I par exemple, avec le taxi-brousse, il faut 24 heures minimum parce

    qu’on passe d’abord par Betioky avant de rejoindre ce village, soit plus de 250 km de route

    alors que le voyage en pirogue dure 6 heures de temps maximum. S’il y a trop du vent

    contraire, il se trouve retardé. « Seuls les Vezo de la région de Toliara font figures

    d’exception et sont connus de longue date pour la maîtrise de pêche et de navigation »17.

    16 CHRISTIAN Chabond,GOODFROI, SOPHIE, YVAN Breton, « La ruée vers l’Or rose », regards croisés sur la

    pêche crevettière traditionnelle à Madagascar, Paris 2002, IRD, Edition, collection latitude 23, 230p. 17

    CHRISTIAN Chabond,GOODFROI, SOPHIE, YVAN Breton, « La ruée vers l’Or rose », regards croisés sur la

    pêche crevettière traditionnelle à Madagascar, Paris 2002, IRD, Edition, collection latitude 23, 230p.

  • 38

    La voile est le moteur principal de la pirogue monoxyle, propulsée par le vent. Il

    appartient au spécialiste de guider la pirogue. Les vezo pêcheurs ont des bonnes

    connaissances quant à la direction du vent et adaptent bien la forme de leur voile (manindry,

    panihy, manenga) suivant le vent et selon leur direction. En plus, la pagaie et la perche ou la

    longue faire avancer d’arbre sont très importants pour pousser la pirogue. La perche est

    utilisée pour pousser la pirogue dans la mer moins profonde alors que la pagaie pour la

    pagayer dans la mer profonde. Ces deux derniers matériaux sont employés lorsqu’il n’y a

    pas de vent ou de vent contraire à la direction du voyageur.

    Photo n°6 : Forme de voile « Manindry »

  • 39

    Photo n° 7 : Forme de voile « Manenga »

    3.2.2.2.- Les méthodes de pêches traditionnelles avec les engins de capture

    Il existe plusieurs engins de capture chez les pêcheurs vezo comme les filets, la ligne,

    l’harpon, la flèche de pêche.

    Les pêcheurs des districts de Toliara I et II ont plusieurs méthodes et techniques de

    pêche pour la capture. Elles sont héritées de leurs ancêtres. Elles sont regroupées en trois

    classes principales selon les engins de capture : la pêche aux filets, la pêche à la ligne à

    main nue et les autres méthodes de pêches.

    � La pêche aux filets

    Dans le temps, les filets sont fabriqués avec des « lalanda » ipomeaprescaprae

    (espèce végétale), puis par des fibres végétales (sisal) ; par son évolution, ils sont fabriqués

    par des fils des vieux pneus et aujourd’hui, par le fil nylon spécial « Talirano ». Le calibre du

    fil utilisé pour la fabrication et la maille du filet ne sont pas le même selon les poissons

    capturés.

  • 40

    Pour la pêche aux grand siganus, les pêcheurs utilisent le fil nylon de calibre 6 à 8

    Kg avec 4 à 5 doigts de maille et calibre 3 à 5 Kg avec 2 à 3 doigts de maille aux petits

    siganus.

    � La senne de plage ou Tarikake

    Ce type de filet a une longueur de 800 m en moyenne, 2 m de chute, fabriqué à partir

    des vieux pneus. Les hautes mailles sont attachées chacune par une ralingue de calibre

    comme le doigt. Sur cette ralingue s’attachent aussi les flotteurs appelés « Angata », une

    petite planche rectangulaire de 8 cm de long et 4 cm de large, 15 à 20 cm d’intervalle. De

    même sur les basses mailles, des petits coquillages plus ou moins lourds s’attachent à une

    autre ralingue de même calibre, avec 6 cm d’intervalle qui portent le filet vers le bas de la

    mer comme lest.

    La senne de plage ou « Tarikake » est utilisée à partir de la plage ; donc, généralement

    en eaux peu profondes. L’engin est muni de deux ailes latérales attachées de deux cordes

    longues de 200 m en bas et en haut font suivre à chaque extrémité du filet. Elle est

    composée de nappes de filets des différentes mailles et d’une poche centrale généralement

    confectionnée à partir des tulles moustiquaires en plastique. La senne de plage sert à

    capturer les petits pélagiques (tove, varilava, geba) et quelque fois les crevettes.

    La technique consiste à l’encerclement du poisson (mise à l’eau d’une extrémité de

    l’engin à la côte et mouillage progressive de sa première moitié en s’éloignant vers le large,

    puis de la seconde moitié en s’approchant de la plage), de halage (tirer les deux ailes vers la

    plage). 3 ou 4 pêcheurs de chaque côté le tirent vers la plage. S’il est tenu par le rocher, un

    ou deux plongeurs l’enlèvent une à une jusqu’à l’arrivée du filet en dehors de l’eau c’est-à-

    dire sur la plage. Là, on ramasse et on enlève les captures qui sont émaillées.

    La senne de plage se fait par groupe de 10 pêcheurs au moins, en famille ou non. Pour

    ceux qui ne sont pas en famille, le propriétaire de la senne dit « le patron »les emploie

    comme des ouvriers payés à 4 000 Ariary par tête à chaque jour de sortie en mer. La

    réparation du filet est à la charge du patron.

    L’opération de cette méthode de capture se fait 4 à 5 fois dans la journée, quelque

    soit l’état de la mer (mauvais temps, marée de vive eau ou marée de morte eau).

  • 41

    � Filet maillant droit ou mananjake

    Ce type de filet est totalement différent avec le premier car il est fabriqué à partir du fil

    nylon spécial, de calibre 6 à 8 kg. Les flotteurs sont fabriqués à partir d’une petite planche,

    en forme cylindrique, 5 cm de haut et 2 cm de diamètre, dont l’intérieur est creux, par là

    pénètre la ralingue haute, de calibre 35 kg au moins, fixé un à un sur les mailles très hautes

    du filet à 30 cm d’intervalle. A la base du filet, des petits plombs de 2,5 cm de côté,