epistemología de la geografía humana

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    Épistémologie de la géographie

    humaine* Claude Raffestin** et Bertrand Lévy***  * Révision du chapitre de

    Raffestin C. et Turco A.de la troisième édition. 

    ** Professeur à l'Universitéde Genève. 

    *** Maître d'enseignementet de recherche àl'Université de Genève. 

    elon J. Piaget1, L'épistémologie1 est « l'étude de la constitutiondes connaissances valables, le terme de « constitution »

    recouvrant à la fois les conditions d'accession et lesconditions proprement constitutives ». Dans cette définitioninterviennent plusieurs critères : la validité, la pluralité desconnaissances, le caractère processuel des connaissances et lerapport du sujet et de l'objet dans la structuration desconnaissances. 

    1. Des interrogations épistémologiques Il est, sans doute, provocateur de se référer à J. Piaget pour intro-duire l'épistémologie de la géographie puisque cet auteur n'aréservé aucune place à la discipline géographique dans sestravaux d'épistémologie! Est-ce oubli, lacune ou ostracismedélibéré? Seul J. Piaget lui-même aurait pu répondre à cette

    question. En fait, il a implicitement donné la réponse par satentative de classification cyclique3  des sciences qui exclut lessciences pluridisciplinaires. Autrement dit, pour J. Piaget, il n'ya pas d'épistémologie de la géographie mais une épistémologiede chacune des sciences que mobilise la connaissance géogra-phique. Cependant, toute classification des sciences de Bacon àJ. Piaget, en passant par Ampère, Spencer, Comte et Cournotn'est jamais qu'un système conventionnel, finalement tropfragile, nous semble-t-il, pour condamner la géographie à undéni épistémologique. 

    J. Piaget, influencé par l'esprit encyclopédique du XVIIIe siècle,s'est laissé enfermer dans la conception kantienne de la géogra-phie qui confine à une description de l'espace et qui n'a guèrefavorisé une explicitation épistémologique car la géographie est

    longtemps restée figée, ne suscitant pas un changement de para-digme qui aurait remis en question concepts, méthodes etmodèles. En effet, il convient de s'entendre car il n'y a « absence » 

    1. Piaget J., 1967, Logiqueet connaissancescientifique, Gallimard,Paris.

    2. Épistémologie.3. Voir Piaget J., 1967,

    op.cit., p. 1187 sq. 

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    4. Activitéautoréférentielle : parlaquelle une disciplines'interprète elle-même;une communautéscientifique définit sonidentité et son domainede recherche d'unemanière autonome sansrecours à une normeabstraite mais à traversles pratiques de sesmembres.

    5. Cf.BaillyA. et Ferras R.,1997, La géographie à la

    recherche de son statut,Eléments  d'épistémologie de lagéographie, A. Colin,Paris, p. 33-35. 

    6. Kant E.,1923, Logik,Physische Géographie,Pedagogik, Berlin undLeipzig, Band IX.

    7. Febvre L, 1922, La terreet l'évolution humaine,La Renaissance du livre,Paris. Hartshorne R.,1959, Perspective on thenature of geography,Rand MacNally,Chicago. 

    8. Claval P., Les mythesfondateurs des sciencessociales,PUF, Paris.Capel H., Filosofia ycienca en la Geografiacontemporanea,Barcanova, Barcelone. 

    Épistémologie et histoire de la géographie humaine  

    d'épistémologie géographique que dans le sens où l'activitéautoréférentielle4  de la discipline considérait comme non perti-nente la réflexion explicite sur les conditions de production et surles procédures de vérification et de légitimation du savoir

    géographique. Bien évidemment, cela ne signifie pas que lagéographie, dans le passé, a été privée d'une problématique épis-témologique puisqu'elle avait des objectifs de connaissance, desmodalités d'acquisition et d'organisation des données observées,des procédures de contrôle des résultats acquis et tous leséléments nécessaires et suffisants pour stimuler des interroga-tions sur la nature, la forme, le contenu et la stabilité de sonstatut. Cette question est évoquée par A. Bailly et R. Ferras5 dansleur ouvrage récent. 

    Pourtant on est en droit de s'étonner que cette explicitationn'ait pas eu lieu plus tôt dans la mesure où la géographie a ététrès liée à la philosophie à partir de la «révolution kantienne».E. Kant n'a pas craint de consacrer une partie de son œuvre à lagéographie mais, à le lire, on est autorisé à se demander si la

    pluridisciplinarité, que dénonce J. Piaget à propos de la disci-pline géographique, ne plonge pas ses racines dans les exposésdu philosophe du Königsberg6. Davantage même, E. Kant neserait-il pas, paradoxalement, le grand inhibiteur de la réflexionépistémologique en géographie, en raison même du découpagequ'il a adopté? La question demeure ouverte. 

    Néanmoins, il fallait la poser car les interrogations épistémo-logiques ont tardé à venir ou plus exactement si elles sontprésentes dans quelques grands livres7, elles sont masquées pardes préoccupations, exprimées dans des discours normatifs,relatives à l'identité objectale de la géographie. Comment celas'est-il passé puisque, malgré tout, la géographie a longtempstenu une place honorable dans les sciences de l'homme, commel'ont démontré P. Claval et H. Capel3, participant même aux

    grands mouvements culturels de l'Occident et proposant desprojets parcourus par de fortes et originales tensions éthico-scientifiques. 

    Sans doute, faut-il revenir à E. Kant dont les idées, à traversle positivisme de Comte et la pensée de Cournot, ont transité parLevasseur, qui a emprunté la dichotomie nature/culture, pourparvenir, en termes néokantiens, jusqu'à P. Vidal de la Blache. 

    Celui-ci, peu préoccupé par les interrogations épistémologi-ques, a entraîné la géographie classique sur la voie éclectique.Les conséquences les plus directes et les plus graves ont été unesérie de contradictions et l'impossibilité d'assigner un objetprécis et rigoureux à la géographie. 

    2. La révolution qualitative contemporaine Pour E. Dardel, géographe-historien qui possédait une remar-quable culture philosophique, la géographie s'apparentait à une 

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    Épistémologie de la géographie humaine 

    « science-limite, comme la psychologie et l'anthropologie, unescience dont l'objet reste, dans une certaine mesure, inaccessible,parce que le réel dont elle s'occupe ne peut être entièrementobjectivé9». La géographie humaine, avec le renouveau culturel

    et humaniste qui la caractérise depuis deux décennies, posedifféremment la question de sa scientificité par rapport auxannées 1970, quand son caractère instrumental nouveau ou sonhéritage classique manquait de bases théoriques et de rigueurconceptuelle. Depuis lors, la géographie, en s'intéressant auxdeux autres versants de la connaissance que sont l'éthique etl'esthétique, s'est plutôt muée en Wissenschaft, connaissance ausens allemand des relations de l'homme à l'espace et au mondeplutôt qu'en science positive, dont elle a toujours eu du mal àrespecter les critères néokantiens10. 

    Cette ouverture de la discipline qui se traduit par un enri-chissement thématique inégalé ne doit pas masquer certainesfaiblesses méthodologiques. Dès l'instant où la géographiepénètre le monde du symbolique, celui de la littérature, des

    croyances, des comportements par exemple, elle devient unescience de l'interprétation du monde11 , voire un commentaire. Ellerevendique toujours un caractère de synthèse, de synthèsepartielle et formant un tout pour l'esprit. Cette conception de lascience est éloignée de celle dérivée des sciences naturelles etqui avait marqué le courant quantitativiste, accusé de réduc-tionnisme. W. Bunge appelait cette dernière une science«parcimonieuse» ou minimale fondée sur des lois géométri-ques et qui sous-estimait les facteurs humains et historiques.Pour éviter cet écueil de la fragmentation dû à la logique analy-tique pure, la géographie humaine contemporaine doit veiller àl'unité de la discipline et ne plus dichotomiser des catégoriestelles que technique et culture, savoir-faire et savoir, pratique etthéorie. 

    Avant de définir sa méthodologie11

     , la géographie doit impéra-tivement se constituer une  problématique12'. La problématique,c'est la façon d'envisager les problèmes, de poser les questionspertinentes, selon une vision du monde et un système de réfé-rences clairement explicité, à l'aide d'une méthodologie dirigéevers une intentionnalité. La géographie non problématiséeconduit soit à un discours sans structure ni intention claire, doncà pouvoir organisationnel faible, soit à un discours répétitif etacritique, qui a marqué une partie de la géographie descriptive.Une problématique rigoureuse est d'autant plus exigée que lemonde des symboles, contrairement à celui des concepts, revêtdes significations équivoques. 

    Le passage de l'ère du quantitatif à l'ère du qualitatif a étéà la fois influencé par l'esprit du temps, sa préoccupation de

    qualité de vie notamment, que par les progrès freinés de lagéographie purement quantitative et modélisatrice. Lesapproches structuraliste et sémiotique se sont comme cristalli-sées avec le temps; les structuralistes se font d'ailleurs fort 

    9. Dardel E., 1952,L'Homme et la Terre,PUF, Paris, p. 124.

    10. Critères néokantiens dela science ;

    l'explicitation totale desprocédures d'analyse; lapreuve de la validité desrésultats par la non-falsifïcation; lagénéralisation possibledes résultatsindépendamment desconditions d'espace, detemps et de société; laprédiction des résultats. 

    11. Science del'interprétation dumonde. 

    12. Méthodologie : façond'organiser son langageen un système cohérentet doté d'uneintentionnaiité, àl'articulation de lathéorie et del'acquisition desrésultats.

    13. La problématique. 

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    14. Morley D. et Robins K.,1995, Spaces ofidentity.Global media,electronic landscapesand cultural boundaries,Routledge, Londres.

    15. Cf. Raffestïn C.,Réinventer l'hospitalité,Communications, 65,1997, p. 165-176.

    16. RitterJ., 1997, Paysage.Fonction de l'esthétiquedans la sociétémoderne, Éd. del'Imprimeur, Besançon,trad.de l'allemand.

    17. Beguin F., 1995,

    Lepaysage,Flammarion/Dominos,Paris.Berque A., 1995, Les raisons du paysage, Hazan, Paris. Roger A., 1997, Court  traité du paysage  ,Gallimard, Paris. 

    18. Géographie etlittérature :Brosseau M., 1996,Des romans-géographes.L'Harmattan, Paris.Lévy B., 1997,Géographie humaniste,géographie culturelle etlittérature. Positionépistémologique et

    méthodologique,Géographie et Cultures,21, p. 27-44. Voir aussi la nouvellerevue Geografia eLetteraturadel'Université de Feltre(Italie) animée par F.Lando, M. de Fanis etF.Vallerani. BarnesT.J., Duncan).S.(eds.), 1992, WritingWorlds. Discourse, textand metaphor in thereprensentation oflandscape, Routledge,Londres. 

    19. StaszakJ.-F. (éd.), 1997,

    Les discours dugéographe, L'Harmattan,Série « Histoire etépistémologie de !agéographie», Paris. 

    Épistémologie et histoire de la géographie humaine  

    rares aujourd'hui... C'est l'évolution de la société occidentale,sa démographie et son économie stagnantes, qui ont guidé cepassage progressif du quantitatif vers le qualitatif, époque quiredonne vigueur à des notions historiques de la géographie

    comme celles de paysage et de patrimoine naturel ou culturel,ou à une notion empruntée à  la philosophie morale et à lasociologie comme celle de relation à l'altérité qui touche lesquestions très contemporaines traitant de multiculturalisme,d'identité14  et d'hospitalité 15. La géographie des représentationsparticipe aussi de ce mouvement interprétatif. 

    La préoccupation paysagère s'impose concomitamment engéographie humaine, en littérature, philosophie et en histoirede l'art. Là aussi, il y a un retour vers le figuratif, après lesexcès d'abstraction analytique qui ont conduit à une certainesécheresse du discours et à une conception minimaliste de ladiscipline. Les textes de référence sur le paysage dont unebonne partie proviennent de l'allemand, de l'italien et du japo-

    nais sont en voie d'être traduits en français : le dernier en dateest celui de J. Ritter16 accompagnant la fameuse Promenade envers de F. Schiller à travers un paysage qui passe de l'ordredivin à l'ordre naturel, puis de l'ordre campagnard à l'ordreurbain. Les ouvrages récents sur le paysage de F. Beguin,A. Berque et A. Roger17  montrent à quel point la géographiequalitative fortifie sa réflexion théorique et commence àinfuser ses idées là où elles ont toute leur raison d'être :l'aménagement du territoire et le remodelage de paysagesaccompli selon des critères esthétiques et éthiques. Cettegéographie paysagère, à la fois théorique et pratique, utilisedes concepts tels que le point de vue, la succession de plans, lavision circulaire, la perception des couleurs et des odeurs, ledégagement d'un horizon conçu dans un sens géographique et

    existentiel, physique et métaphysique. Cette tendance plusculturaliste que naturaliste augure d'une discipline capabled'insuffler des idées sensées dans la pratique, la connaissanceet l'action sur l'espace. 

    Elle est le signe d'un véritable changement de paradigme engéographie, d'un enrichissement et non d'un simple retour enarrière à l'âge classique, car elle ouvre ou elle s'appuie sur deschamps interdisciplinaires nouveaux; les croisements entregéographie et littérature13 , géographie et poétique, géographie etpeinture ou géographie et musique, procurent à l'interpréta-tion des paysages un recul et une profondeur de champ quifaisait défaut à la géographie classique. A. de Humboldt, dansle Cosmos, était d'ailleurs un précurseur dans ce domaine. Laquestion du langage géographique, après les réflexions fonda-mentales de G. Olsson dans les années 1980, fait aussi l'objet derecherches récentes19. Auparavant, il s'agit de voir comment lagéographie humaine s'est constituée, dans la construction deson savoir comme dans ses contradictions. 

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    Épistémologie de la géographie humaine  29 

    3. Courant français et courant allemand La pensée vidalienne s'est nourrie de divers courants, dont celuide C. Ritter, et elle a surtout illustré l'induction qui a débouché

    davantage sur une conception idiographique que sur uneconception nomothétique de la géographie. Dans cette perspec-tive, la reconstruction historique d'un siècle d'existence de lagéographie révélerait, vraisemblablement, une excessive«normalisation» des pratiques de recherche, avec la consé-quence que le paradigme dominant (celui de la géographie«régionale»20) a fini par évacuer tout discours critique et par làmême toute possibilité d'élaborer une géographie générale.Constatation plus grave encore qu'on ne le soupçonne si danscette reconstruction historique on décidait d'attirer l'attention,non pas sur la sociologie de la recherche, à la manière deE. Kuhn, mais bien sur les programmes de recherche à lamanière de I. Lakatos21, on découvrirait peut-être une série dedérapages ou de glissements — régressifs — de problèmes tels

    qu'il n'est plus possible de faire aucune distinction entre savoirscientifique — d'où la nécessité de déployer ce métadiscoursspécifique qu'est l'épistémologie — et expérience commune.Toutefois, en aucun cas on ne pourra soutenir que le manqued'une épistémologie géographique, est associé au caractèrepréthéorique de la géographie elle-même. Cette thèse seraitimmédiatement contredite par les apports d'un F. Ratzel 22  etd'un W. Christaller, pour ne citer que des exemples macroscopi-ques. Ces auteurs ont largement contribué à montrer qu'il n'yavait pas de connaissance sans théorie23 et que ce qui est désignécomme préthéorique est simplement la condition dans laquellela théorie sélectionne, ordonne, associe les faits et leur confèreune signification de manière implicite. On pensera, sans doute,qu'une théorie implicite24  est difficilement intelligible ou qu'elleproduit une connaissance dangereusement éloignée de ce queK. Popper25  appelle « connaissance objective ». Mais onconviendra pourtant que parler de caractère «préthéorique » oude « manque de théorie » à propos de la géographie, c'est porterun jugement rapide et sommaire qui ne tient pas compte desapports réels depuis un siècle. 

    C'est assez dire que le courant français s'est opposé aucourant allemand qui contenait en germe les conditions d'unevision nomothétique26   et déductive qui a débouché sur l'élabora-tion de théories (théorie des lieux centraux27  , par exemple). 

    4. Géographie humaine et géographie physique L'ouverture, puis l'épanouissement, du débat épistémologique, à

    la suite de la révolution méthodologique quantitative28  des années 50, arelancé le vieux problème de la définition de la géographie et, àtravers lui, celui de la distinction entre géographie physique etgéographie humaine29. Le seul consensus que l'on peut espérer de 

    20. La géographie régionaleest présentée par  H. Nonn dans lechapitre Régions,nations. 

    21. Lakatos I., 1976, La falsificazione e lemetodologia dei'programme di ricercascientifici, in Critica ecrescita dellaconoscenza, Feltrinelli,Milano. 

    22. Ratzel F, 1882,Anthropogeographie leoder Grundzüge derAnwendung desErdkunde auf dieGeschichte,Verlag vonJ. Engelhorn, Stuttgart.

    23. Théorie : systèmescientifique qui structureun domaine de iaconnaissance.

    24. RaffestinC,Problématique etexplication engéographie humaine,in : Céopoint 76,Croupe Dupont,Avignon.

    25. Popper K., 1972,Objective Knowledge.An evolutionaryapproach, ClarendonPress, Oxford.

    26. Conceptionnomothétique : destinée

    à produire des loisscientifiques ou, plusamplement, des formeset des procédures degénéralisationconceptuelle.

    27. La théorie des lieuxcentraux est développéepar J.-B. Racine etM. Cosinschi dans lechapitre Géographieurbaine. 

    28. Révolutionméthodologiquequantitative : apparitionutilisation etvulgarisation desméthodes quantitativesempruntées à la ■ 

    statistique et auxmathématiques.

    29. Géographie physique etgéographie humaine. 

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    30. Par Ordre naturel etordre social, nousn'entendons pas autrechose qu'unecombinaison dephénomènes ne prenantpas ou prenant encompte l'homme en tantqu'il appartient à unecollectivité. 

    31- George P., 1970, Lesméthodes de lagéographie, PUF, P is. ar 

    32.  Objet et méthode. 33. Cité par Gregory D., 

    1978, Ideology, scienceand human geography,

    Hutchinson and Co,Londres. 34. PrietoL.-J., 1975,

    Pertinence et pratique.Essai de sémiologie, LesÉd. de Minuit, Paris.

    35. Réalité matérielle etréalité historique. 

    36. F. Ratzel n'écrit-ii pas :«Reinbegrifflich gefasst,ist des MenschGegenstand derErdkunde, insoweitervon den räumlichenVerhältnissen des Erdeabhängt oder beeinflusstwird.» «Purementconceptuellement,

    l'homme est l'objet de lagéographie en tant qu'ildépend ou qu'il estinfluencé par lesconditions spatiales dela terre».

    la part des géographes réside dans la constatation qu'il s'agitpour eux d'observer des faits, de déceler des régularités, demontrer des enchaînements et de dégager des relations entredivers ordres de phénomènes. Mais il s'agit d'un bien piètre

    consensus dans l'exacte mesure où il ne fait aucune place à unedélimitation, pourtant nécessaire, entre l'ordre naturel et l'ordresocial30 des choses. Ce refus de la délimitation apparaît chezP. George31  qui définit la géographie comme « une science desynthèse au carrefour des méthodes de sciences diverses». Ilajoute : « Par sa nature, la géographie est donc nécessairementméthodologiquement hétérogène...» Cependant, toute scienceest, aujourd'hui, méthodologiquement hétérogène et celan'implique pas qu'elles sont toutes à la recherche de leur unité etde leur objet. La confusion entre objet et méthode32 est notoire engéographie dans l'exacte mesure où les méthodes ont servi àdéfinir l'objet. Or, les premières méthodes employées en géogra-phie sont venues tout droit des mathématiques et des sciencesnaturelles. La remarque d'un président de la Royal Geographical

    Society, Strachey, en 1888, faisant écho à l'affirmation deH. MacKinder33  selon laquelle la base de la géographie étaitl'environnement physique, est, à cet égard, éclairante : « Itsmethods, though first developed by the study of mathematicsand of the physical forces of nature, are applicable to all theobjects of our senses and the subjects of our thought ». Et pourH. MacKinder « the other element is, of course, man in societythis was relegated to a footnote in which he observed that theanalysis of this will be shorter than that of the environment ». 

    Dans ces conditions, la délimitation entre géographiephysique et géographie humaine est pertinente. A ce sujet,L. Prieto34  écrit : « Les sciences de l'homme sont précisément, ànotre avis, les connaissances (scientifiques) dont l'objet relève,non pas de la réalité matérielle?5 , mais de la réalité historique que

    constituent les connaissances de la réalité matérielle». Danscette perspective, il est loisible d'affirmer que l'objet de lagéographie physique relève de la réalité naturelle qu'est laréalité matérielle, tandis que l'objet de la géographie humainerelève de la réalité historique que constituent les connaissancesde la réalité matérielle. Une lecture attentive de F. Ratzel auraitmontré qu'il était très proche de cette conception, sans en voir,peut-être, toutes les implications. Mais de deux choses l'une : oula leçon ratzélienne n'a pas été entendue ou elle n'a pas étéretenue pour des raisons d'incompréhension36  qui pourraients'expliquer par la non-formulation explicite de l'action del'homme sur la nature. 

    En d'autres termes, la géographie humaine est la connais-sance de la pratique et de la connaissance que les hommes ont

    de la réalité matérielle qu'est l'espace. Dans cette perspectivel'objet de la géographie n'est pas l'espace mais les relations queles hommes nouent avec l'espace. L'objet de la géographie n'est 'donc pas un « donné » mais un « produit ». 

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    Épistémologie de fa géographie humaine  31 

    Par conséquent, si l'objet du géographe est un « système derelations à l'espace», ce système doit être construit. En effet, siles relations sont déchiffrables, elles ne sont pas, au sens strictdu terme, visibles. En revanche, elles sont visualisables mais

    pour les rendre telles, il faut élaborer un appareil conceptuel.On touche, ici, un point important pour l'épistémologie de lagéographie : la « chose » géographique immédiatement visible,un paysage, par exemple, peut être décrit au moyen d'unelangue naturelle ou d'un code artistique. C'est la description duromancier qui peut être parfaitement pertinente, admirable,voire géniale, mais qui n'est pas scientifique dans la mesure oùelle est le produit d'une conscience et d'une expérience indivi-duelles. La description scientifique nécessite la constructiond'un appareil conceptuel qui permet de passer de la « chose »donnée à l'objet géographique à l'aide de concepts aussi univo-ques que possibles. A cet égard, on peut prendre l'exemple dela cartographie qui est tout à fait illustrant : le passage del'espace réel à la carte se réalise par la mobilisation d'un appa-

    reil conceptuel graphique qui n'est rien d'autre qu'uneconstruction. Si pour des raisons pratiques évidentes on nemodifie guère l'appareil conceptuel de la carte topographique,on pourrait en changer et réaliser, par conséquent, d'autresconstructions cartographiques. C'est ce qui se passe dans lacartographie thématique qui recourt à des constructions de plusen plus différenciées. 

    Un exemple de construction d'un objet scientifique engéographie est fourni par A. Turco qui, avec son « Homogeographicus » a montré un exemple d'appareil conceptuelsusceptible de rendre compte des actes de territorialisation37. 

    De là une oscillation entre une géographie «science del'espace » (Raumwissenschaft) et une géographie « science de lasociété » (Gesellschaftwissenschaft) bien montrée par U. Eisel38

    qui a pris pour axe de sa reconstruction historico-épistémolo-gique l'axe idiographique39  — anti-idiographique. Cependantpour parvenir à la géographie « science de la société » (et nonpas sociologie), il a fallu qu'une des grandes questions, qui apréoccupé la pensée occidentale, surtout depuis le XVIIIe siècle,et que C. Glacken40 a fort bien formulé, devienne obsédantedans la pensée géographique : « In his long tenure of the earth,in what manner has man changed it from its hypothetical pris-tine conditions? » « Cette question, simple seulement enapparence, constitue un renversement de problématique, doncla recherche d'un nouveau statut d'intelligibilité, en ce sensqu'elle met l'accent sur le caractère historique des connais-sances de la réalité matérielle. On peut prétendre qu'il s'agitd'une interrogation fondatrice qui a suscité, ces dernières

    années, en géographie un nouveau paradigme celui de laterritorialité41 dont l'objet est relationnel. Paradigme auquel ontcontribué, à leur manière, des non-géographes. Nous pensons,en particulier, à G. Bachelard42 qui a analysé, à grande échelle, 

    37. TurcoA., 1988, Versouna teoria geograficadella complessità,Unicopoli, Milan.

    38. Eisel U., 1980,Die Entwicklung derAnthropogeographievon einer  Raumwissenschaft zur

    Gesellschaftwissenschaf,Urbs et Regio 17,Kassel. 

    39. Conceptionidiographique : destinéeà produire desdescriptions et desexplications dephénomènes uniques et,par là même nonrépétables.

    40. Glacken C, 1967,Traces on the RhodianShore, University ofBerkeley Press, Berkeley.

    41. La territorialité estdéveloppée parC. Raffestin et

    A. Barampana dans lechapitre Espace etPouvoir. 

    42. Bachelard G., 1957, La poétique de l'espace,PUF, Paris. 

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    32  Épistémologie et histoire de la géographie humaine  

    43. Olsson G., 1975,Birds in Eggs,

    Michigan GeographicalPublication, n° 15,Chicago. Voir aussi le chapitre deC. Olsson in Could P. etBailly A., 2000,Mémoires degéographes, Paris,Anthropos. 

    44. Rossi-Landi F., 1978,Ideologia, ISEDI,Milano, relève onzesignifications du motidéologie dont « fausseconscience», «visiondu monde », « systèmede comportement», etc.

    45. Bouveresse J., 1976,Le mythe de l'intériorité,Éd. de Minuit, Paris. 46. Épistémologie et statutscientifique. 

    47. Épistémologie en tantque référentiel. 

    une véritable territorialité de l'habitat qui se dévoile commesystème de relations à la maison, aux coins, etc. 

    5. Le recours au référentiel épistémologique L'activité scientifique peut être étudiée sous des angles multiples.P. Bourdieu, pour sa part, y voit un jeu de spécialistes dont l'enjeuest d'accroître le contrôle symbolique sur la réalité. Tout uncourant de pensée en fait un aspect du social, un ensemble de stra-tégies intellectuelles connotées par le contexte économique et-historico-culturel. Pour J. Habermas c'est une pratique privée deconnotation spécifique en tant qu'elle est soumise aux règles géné-rales de l'action communicationnelle. À cette conception semblents'inspirer des géographes comme G. Olsson43et D. Gregory en tantqu'ils placent au centre de leurs préoccupations les «prisonslinguistiques» ou les substrats idéologiques44  dont procède inévi-tablement la recherche. G. Olsson est très marqué par les

    aphorismes de Wittgenstein dont il a très bien compris que laphilosophie était une philosophie du concept et que «la limite del'empirie est la formation du concept »45. Mais ces auteurs n'épui-sent pas, tant s'en faut, l'objectif épistémologique. 

     L'épistémologie46   s'intéresse au « statut scientifique d'un corpsd'énoncés », elle en individualise « l'analyse des procéduresrationnelles à travers lesquelles s'organise une théorie etl'analyse des modes dans lesquels elle définit son proprecontrôle sur l'expérience». Cela ne signifie pas que nousvoulions nier l'importance des autres approches mais disons,une fois encore, avec A. Gargani que la corrélation d'une hypo-thèse scientifique avec des schémas de type sociocultureln'épuise pas la signification de telles hypothèses. Évidemment,

    une théorie scientifique est influencée par les codes culturels dela société à laquelle elle appartient. Mais, il n'en demeure pasmoins vrai qu'à travers un emploi défini et contrôlé desschémas conceptuels et linguistiques de cette société, la scienceétablit des connexions contrôlables, expérimentalement, entreles faits... 

    Ainsi, si nous nous déplaçons du terrain philosophique auterrain plus concret de la pratique de la recherche, nous voyonsque l'épistémologie47  se présente au géographe comme un référen-tiel capable, au moins potentiellement, de lui indiquer si son. travail répond effectivement aux canons d'une quelconque légi-timité scientifique reconnue d'une part et dans quelle mesure sesrésultats se distancent de l'expérience ordinaire et du senscommun d'autre part. 

    Ce serait une erreur de penser que le référentiel épistémolo-gique puisse se ramener à une « norme » ou à un « ensemble denormes » de conduite scientifique claires et définitives. Bien aucontraire, il offre des zones d'ombre qui prêtent à discussion. 

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    Un bon cadre épistémologique est celui qui offre tout à la foisdes points d'ancrage sûrs et des points controversés. 

    Le chercheur est confronté avec quatre éléments épistémolo-

    giques fondamentaux48

      : la métaphysique, la problématique, lathéorie et l'empirie49. Son travail est largement conditionné par lefonctionnement de ces quatre éléments et par les rapports qu'ilétablit entre eux. Examiner ces éléments dans l'ordre de laséquence proposée c'est se situer dans une perspective analy-tique de type hypothético-déductif 0  qui est parmi les plussolidement fondées, ce qui, pourtant, n'empêche pas les interro-gations et les dilemmes. 

    La métaphysique51 est, avant tout, un terme conventionnel quidésigne une très vaste région de la connaissance : de la connais-sance innée ou «subjective» à la foi religieuse, des modalitésaffectives et éthiques qui orientent le comportement et formentles attitudes aux idéologies politiques et aux croyances supersti-tieuses. En quelque sorte, la métaphysique joue le rôle de

    réservoir d'impressions, de convictions et de croyances alimen-tant le processus de la connaissance scientifique à partir duquelse forme le second élément épistémologique : la problématique. 

    Notons, à cet égard, que les grandes questions scientifiquesont souvent pour origine des mythes comme l'a fort justementremarqué H. Blumenberg52  : «... ce que la science répète, lemythe l'avait déjà suggéré... ». 

    La problématique joue un rôle véritablement stratégiquedans l'activité scientifique et pour la comprendre il faut partirde l'idée que la vérité, finalement ce qui est visé par l'entreprisescientifique, est tout entière contenue dans le monde qui nousentoure et en nous-mêmes. La vérité, toutefois ne se laisse pas« cueillir » dans son entièreté, et sa complexité la rend inattei-

    gnable. En d'autres termes, d'une idée absolue et globale devérité, nous devons passer à une idée relative et partielle devérité. Cela équivaut à « questionner » la réalité sur des pointscirconscrits et selon des modalités bien spécifiques, c'est-à-direà instituer une problématique qui apparaît, dès lors, comme un«instrument qui sert à rendre intelligible»... quelque chosedans la réalité. Cette opération, évidence qui n'est pas à démon-trer, n'est pas neutre en ce sens qu'elle est déjà un choix fondémétaphysiquement sur un jugement auquel est conféré unepertinence cognitive et/ou sur des inclinations personnelles...donc subjectives. Mais la subjectivité, premier pas qui coûte,n'interdit pas la cohérence ultérieure de la démarche53. Qu'il leveuille ou non, le chercheur institue ou accepte toujours uneproblématique que ce soit sur le mode implicite ou sur le mode

    explicite. Dire cela, c'est admettre l'hypothèse que tout exposéscientifique ou non est orienté par quelque chose dont il ne peutpas se débarrasser et qu'on peut trouver dans la structuremême du langage préformé qu'il emploie ou auquel il se réfère.Nous ne voulons pas dire qu'une problématique est un sous- 

    48. TurcoA., 1982,Geografia :cronache del " postquantitativismo, in :Bolletino della SocietàGeografica Italiana, no1-3, p. 15-56. 

    49. Empirie : qui relève del'expérience ou del'observation.

    50. Hypothético-déductif :analyse procédant àpartir de modèles fondéssur des hypothèses.

    51. Métaphysique. 52. Blumenberg H., 1979,

    Arbeit am Mytbos,Suhrkamp, Francfort-sur-le-Main.

    53. Raffest in C. etTricotC.,1983, Le véritable objetde la science?, in Lescritères de vérité dans larecherche scientifique,Maloine, Paris.

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    54. Le langage est pris, ici,dans le sens d'unensemble d'énoncéspréexistants dans ladiscipline considérée.Voir à ce sujet lechapitre La diffusion.

    55. La théorie. 56. Popper K., 1978,

    La logique de la .découverte scientifique,Rayot, Paris. 

    57. Théorie et empirie. 58. RaffestinC, 1978,

    Les construits engéographie humaine :notions et concepts, in :Géopoint 78, GroupeDupont, Avignon.

    59. Méthodologie. 60. Dans Cale S. and

    Olsson G. (eds.), 1979,Philosophy ingeography, Reidel,Dordrecht.

    61. Racine J.-B., Cunha A,1984, Dalle teorie aimetodi : soggetivismodell'obiettivitàscientifica e efetto Ediponella definizione

    operativa delle regionispaziali, in : A. Turco(éd.) Regione eregionalizzazione, F. Angeli, Milano. 

    produit du langage54 mais que celui-ci en fournit une si le cher-cheur a omis d'en expliciter une. 

    Si nous ne savons pas clairement ce que nous voulons(problématique implicite), nous ne pourrons jamais nous .prononcer sur l'adéquation de la réponse à une question...informulée et nos interprétations seront confuses et équivoques.Cela constitue, justement, le nœud de l'indécidabilité relative-ment aux solutions offertes par le monde de l'expérience. 

    Nous sommes, par là même, amenés au troisième élémentépistémologique : la théorie55. En première approximation, nouspouvons dire que, si une problématique est une question àpropos d'un phénomène de l'univers empirique, une théorie estune réponse qui rend compte du comment et du pourquoi cephénomène se manifeste de telle manière et pas de telle autre.D'une manière plus approfondie, nous pouvons dire, avecK. Popper, qu'une théorie est un ensemble argumentéd'énoncés capables d'expliquer déductivement un donné del'expérience ou de l'observation56. Le contenu logique d'unethéorie est constitué par la chaîne des implications produites àpartir de propositions. Mais ce qui qualifie scientifiquement unethéorie est son contenu informatif, soit l'ensemble des condi-tions empiriques d'incompatibilité, c'est-à-dire ce qui ne doitpas survenir pour que la théorie demeure valable. Plus simple-ment, la théorie peut aussi être entendue au sens duprogramme d'observation. 

    Le rapport entre théorie et empirie57  , le quatrième élémentépistémologique, est clair. Il est, en somme, le moyend'instruire la validité d'une théorie dans sa confrontation avecles faits. Une théorie sera considérée comme vraie jusqu'àquand, et seulement jusqu'à quand, une de ses assertions nesera pas contredite (ou falsifiée) par l'expérience. Une théories'élabore à partir d'un processus de conceptualisation58 et par làmême n'est pas comparable directement avec l'empirie. Ellel'est, en revanche, par le truchement d'un médiateur techniquepertinent, la méthodologie59, dont l'adéquation n'est pasévidente comme le montrent par exemple les travaux deS. Gale60. 

    D'ailleurs, comment éliminer ou au moins tenir sous contrôleles pièges de la subjectivité ou de « l'effet oedipe » 61  dans laconnexion théorie-empirie ? Comment démasquer dans unescience humaine telle que la géographie les stratégies inhibi-trices produites pour neutraliser les « agressions » de l'empirie,c'est-à-dire les stratégies pour faire survivre la théorie malgréses insuffisances? 

    Enfin, on peut se demander si les théories dites

    « normatives », celles que la tradition disciplinaire nousenseigne de J. von Thünen à T. Hägerstrand et d'autres enpassant par W. Christaller, ne sont pas de froids exercicesgéométriques et mathématiques ou n'ont pas aussi, comme 

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    de désert, marin, de forêt humide...) ou les paysages régionaux(paysages de Champagne, d'Alsace...), correspondant le plussouvent à des compartiments naturels séparés par tel type derelief ou de sol. Le paysage de la géographie classique exprime

    une gradation en terme d'humanisation, des paysages« naturels », laissés en l'état, aux paysages ruraux puis urbainsétroitement façonnés par la main de l'homme et ses agents .techniques. 

    Les acquis des disciplines connexes à la géographie, commel'architecture ou l'histoire de l'art, ont permis de considérerd'autres échelles paysagères (le paysage de l'architecte, c'est parexemple le jardin paysager vu à partir de la maison), ainsi quede préciser la nature d'autres systèmes symboliques de repré-sentation. Par système de représentation, nous entendons laforme, le contenu et les références des langages, verbaux oupicturaux, par exemple; le langage verbal représente despaysages ou des éléments de paysage dans la littérature et dansla paralittérature, et le langage iconique (des images), qui pren-

    son essor paysager à partir du XVIe

     siècle dans la culture occiden-tale, donne à voir des paysages figurés de manière plus oumoins réaliste. D'autres systèmes de représentation iconique sesont développés par la suite : la photographie de paysages,notamment celle de haute montagne, dès la seconde moitié duXIXe  siècle, la bande dessinée que l'on peut faire remonter àTöpffer, et le cinéma, puis la télévision. Chacun de ces systèmesde représentation possède son propre code, sa propre concep-tualisation, et son originalité, mais la littérature nous sembleparticulièrement riche en matière interprétative, car son langageest conceptualisé dans la même langue, celle des mots, que celleusitée par l'interprète. Les paysages picturaux sont plus directe-ment suggestifs à l'œil, mais il est plus difficile de les « faireparler », car leur code de représentation est essentiellement nonverbal. Dans ce cas, il est nécessaire d'opérer une transpositionentre le langage iconique et le langage verbal pour que naisse uncommentaire sur l'image. Le langage le plus implicite et le plusardu à interpréter en regard du contenu paysager est le paysagemusical, car le code musical, qui exprime entre autres la relationd'une société à son paysage et à son territoire — le code roman-tique est lié aux sentiments de la nature par exemple — marquel'ultime limite en matière d'abstraction langagière des recher-ches sur le paysage.