briève méthode de l oraison mentale
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1
BIBLIOTHECA S. J.
Maison Saini-Augusiin
ENGHIEN
Us Fontiirwa
tO - CHANJJU.V
A « O .'î à
fiRTF/VE
METHO
D E
L'ORAISON
MENTAL E»
Avec pluGeun Meditations
de Pratique.
SslmPEsprit de S. François di Saies,
Eotque de Geneve.
Avec Approbation & Ordre de
Monseigneur l'Evêque de Lausanne.
A FRIBOURO on SUISSE.
Chez Henry Ignace Nicomede
Mauct, 1747,
m
JOSEPH HUBERT
DE BOGCARD, par la
Grace de Dieu, & du St.
Siege Apostolique Evêque
&Comte de Lausanne , Prin
ce du St. Empire &c. &c.
A tous lesfideles de Nôtre Diocèje Salât.
^s» vous porter à la Pratique ds
l'Oraison Mentale par les raisons les
plut solides , & avec l'enopressement,
que demande l'importance du sujet,
en faisant publier un Brevet de Nô
tre S, Pere le Pape Benoit XIV. par
lequel Sa Sainteté sait conpoitre à
tout le Monde Chretien , qu'Elis ne
souhaitte rien tant, que de voir,
que les Fideles s'y appliquent , &
trouvent par là le veritable moyen
de s'entretenir avec laur Dieu , de
decouvrir la laideur du vice, la beau
té de la vertu, de reflechir sur la va-
site du monde, & sur les biens in fi
ais, que doivent posseder dans le-
X2ternitt
«wrolre ^aifheuteuse ceux , ^ui Paa.!
motmeprise pour s'attacher a Dieu,
«»tsi'ést nôtre Principe & nôtre demie»
*e ,Fia , en accordant même des In
dulgences à ceux, qui seront -cette
Oraison ; Nous ne croirions pas a»
voir satisfait entierement à Nôtre de
voir, si Nous ne vous mettions en
état de connoitre pleinement , ce que
Nous vous avons fait annoncer , fça»
voir la necessité, & par consequent
l'uiilité , la facilité, & la maniere de
faire l'Oraison Mentale. Or rien ne
Nous a paru plus propre pour cet
«ffet, que ce petit Livre, que Noue
avons fait imprimer , dans !a persua
sion, que la lecture, qu'on en sera,
enlevera les pretextes, que l'on alle
gue ordinairement pour s'exemter de
la Meditation , qui cependant est la
veritable nourriture de l'ame, & cet
te unique chose necessaire, pour ac
querir la vie eternelle , cet esprit de
sagesse , qui en se communiquant
donne tous les biens avec elle , vene-
rmit autem mihi omnia hona parites
*»m M** Nous
Kous tous exhortons donc en-"
«ar, pas les entrailles de la miseri
cords de Dieu , par l'amour de JE
SUS. CHRIST, par le desir que vous
avez de faire vôtre sa'ut, de pren
dre goût à cette Oraison Mentale,
de vous la rendre familiere; Let
grands fruits, que vous en retirerés
' vous sera sentir l'excellence de fa pra
tique,
.Nous exhortons de même tous let
Peres & Meres de famille, comme
egalement tous les fideles de Nôtre
Diocèse , de se procurer ce petit Li
vre, qui est à la portée d'un cha qu'un,
& capable de faire perpetuer l'esprit
de l'Oraison Mentale dans les famil
les , pour peu de peine , qu'on veùil»
le se donner; la methode de la fairt
est tirée des ouvrages de Saint Fran
çois deSalsî, ainsi qu'on n'a pas crû.
y devoir changer la moindre chose,
pas même dans ls diction ; Quand
vous saurez apprise cette methode ,
vous y trouverez ( dans ce même Li
vre ) les plus importans sujets de me-
X } ditation ,
dïtations, tels, aie sont let Bien
faits de la Creation , de la Redemp».
tion , les souffrances de Nôtre Seig
neur JESUS. CHRIST, les quatre
fins dernieres, le peché en general,
les principales vertus &c.
Nous supplions le Seigneur, qui
ne veut pas qu'aucun perisse , mais
que tons retournent à lui parla peni
tence, de vous inspiree l'amour de
cette Oraison , afin que ceux , qui
par malheur ont marchépar les voyes
de l'iniquité , apprennent à en sortie
au plûtôt, & que ceux, qui ont le
bonheur de lui plaire, se sanctifient
d'avantage. Enfin Nous le conjurons
de vouloir verser ses benedictions
sur cet ouvrage , dont Nous n'avons
ordonné l'impression , que pour con
tribuer à faire observer sa Loi, Don
né a Fcibcurgce 20, May, 1747,
JOSEPH HUBERT, Evèq«« &
Lausanne.
(L. S.)
Tranfoù Rpdelgbe WuUïtrtt
Sta finir t.
m x © x m
AIT LECTEUR
CHRETIEN.
JE pense , mon cher Lecjeur, quepour
vota faire voir s'importance de cette
Methode abbregée dela Meditation que
le vota offre , ilsuffit de vous dire qu'elle
a été composée t selon l'EJprit au grand
Saint Franfois de iales , parfaitement
eclairé en ut exercice. Aussi , elle a été
jugéefi necessaireitjs mêmefiutile par toti-
tes les personne', intelligentes des Commit-
nautez, tant regulieres queseculieres, qui
s'enfontJtrvies avec un fruit merveil
leux , qu'en n'a pu refujer à leur sainte
impatience, de les donner au public , afin
que les spirituels en puissent faire leur
frosit ; Le tout à la gloire de celui qui en
est le sujet & leguide, fout trouverez
SHtore dam ce petit livre, une instru-
8ie».
m x • x •
Sion facile en la pratique, pour ceuu
qui veulent faire des retraites Jfiritudh
les i éf suivant l'usage des ames devo
tes , se dégager quelquefois de toutes les
choses du monde , four s'entretenir flus
familierement avec Dieu. Ony a vou
lu mettre en fuite quelques avà impôt-
tans, pour ceux qui vomront s'instrui
re en cet exercice , afin que chacun y
fuisse profiter en esprit # en verité.
Ci II le dessein qu'en a dans ce qu'on
vous prejente , afin que le tout revienne
à la gloire de notre Seigneur , & ait
bien dtiames. Adieu,
DXVEfcw
DIVERSES
INSTRUCTIONS
POOR BIEN FAIRE
L'ORJISON MENrALE.
Que la Meditation est imitante
& aisée.
Es personnes qui veulent
s'adonner à la Medita-
ci on, doivent sçavoii
trois choses de la der
niere importance, i.
Sa necessité. 24 Sa facilite. 3. La ras»
thode & la maniere de la faire.
« La Ntctjjité
Se peut connoitre. i. Par ce que le
S. Esprit dit parle Prophete J -rem ie;
t De ^importante
Qu'à faute de faire la Meditation, en
ni voit que ntistre & desolation fur la
terre. Chap. 12.
2. C'est le vray moyen pouï ètta
bientôt embrasez de l'amour de Dieu,
comme David l'a experimenté,disant»
Il s'allumera un feu pendant que je me
diteras. Ps. 3$.
3. Elle rend heureux celai qui s'y
applique souvent comme dit le même
Prophete Royal : Bien heureux l'hom
me, qui medite la Loi du Seigneur.
4. Elle est la source des graces,
comme asseurent les saints Docteurs:
& l'experience le (ait assez voie
f. Si nous souhaitons que Dieu
parle à nôtre cœur & à nôtre ame, il
faut que nôtre cœur & nôtre ame
parlent rsciproquement à Dieu; c«
qui ne se peut bien faire que pat la
Meditation, comme nous l'apprend
David : Ouvrez vitre bouche (du cœur)
& ie la remplirai. J'ai ouvert ma bote-
the , & i'ai attiré l'effrita
•5. Tous les Saints ont vécu dans
l'execçica
Je la Meditation, 3
Pexercice de la Meditation , & sans
cela ils n'eussent pû conserver leui
sainteté*. N. Seigneur même y pafsoii
les nuits,pour nous en donner l'exem
ple , car il n'a voit pas besoin dt prier;
& nom ne voyons point de person
nes bien devotes , qui ne s'adonnent
à ce saint & pieux exercice.
7. Le Diable n'a point trouvé de
moyens plus puissans pour empêchee
le salut des hommes , que de leur ren
dre l'Oraison mentale odieuse , leus
faisant accroire qu'elle n'est que poui
les Religieux & pour les Saints, Se
qu'elle est tr«p difficile & embarassan-
te , quoi que cela soit faux , comme
nous l'experimentons tous les jours,
& comme noni l'allons faire voir.
Sa Facilité,
La Meditation est fort aisée , puis
que nous voyons tous les jours que
toutes sortes de personnes sont ca
pables de la faite avec grand profit
s'ils veulent s'y appliquer avec foin
k avec humilité; no« seulement les
▲ a doctes
4 De ^importante
doctes & les spirituels , mais encore
les grossieri , les mondains , & let
ignorans ; même ceux qui ne sçavent
pas lire , en sorte que souvent les
idiots la font mieux que les (çavans,
parce que . comme dit le Sage t Dieu
fi fiait à s'entretenir avec les simples»
Prov. 3.
Et en efset, qu'est il mediter , si
non faire pour les affaires du Ciel , &
pour le bien de son ame , ce que cha
cun fait quasi tous le< jours pour les
affaires du monde , & pour le bien du
corps : Sçavoir exercer & faire agit
Jes trois puissances de l'a me , qui font
la memoire , l'entendement , & la
volonté? Par exemple, si quelqu'un
a un procez. 1. 1l y employe fa me
moire , essayant de se bien souvenig
de tout ce qui concerne son droit , 8c
a «et efset , il lit & relit ses pieces Si
papiers , &c-
a. Il se sert de son entendement ea
pensant Se repensant longuement î
tantôt à ce qu'il a fait ou dit pouc
son
<& ta Meàitatim. f
fon affaire; tantôt à ce qu'il a à diiei
San Procureur & à ses Juges ; tantôt
à pourvoir aux moyens & expediens
de gagner fa cause , raisonnant suir
tout cela, & an tkaot des conclu*
fions.
3. Il fait en fuite agir ta volonté ,
1. en la laissant aller à ses passions &
afsections, tantôt d'esperance de gag
ner son procez, tantôt de tristesse d'a
voir obmis quelque formalité f tantôt
de crainte d'être surpris par quelque'
chicanerie adverse, & s'etabiablea-
airections ? %t fin seisanc des- resolu»
tions, par exemple, de reparer une
tdlefaute, de faire garder telle forma
lité , & d'y employer argent , amis ,
&c, & il fait tout cela seulement poui
gagner la cause , qui ne regardé« «gM>
le bien temporel.
De même quand an veut faire la*
Meditation pour ls procez que noua
voulons gagner & sauver nôtremue r
Ii on tache de se bien imprimer dans
la- memoire les points qu'on aous,»
A J5 mss ,
€ De iïmftrtanct
Marquez dans un Livre spirituel: » cet
effet ont les lit& relie plusieurs fois.
2» On fait agit l'entendement à
bien peser chaque chose l'une après
l'autre, raisonnant dessus, & en ti»
rant des conclusions. Par exemple
si en quelque point de l'Oraison on a
consideré que N. Seigneur est mort
pour nos pechez qu'un seul peché
mortel nous peut damner , on peut
conclu» ainsi : Donc c'est un très-
grand mal , donc il doit être evité À
hay plus que tout autre mal , 3rc.
3. Quand on a fait ces considera-
tions , & raisonné sur un point , on
laisse aller sa volonté aux affections ,
eu de la crainte de l'enser, ou d'espe
rance du Paradis , tantôt de l'admi-
sationde la bonté divine , tantôt de
joye de ce que Dieu est honoré , de
regret de l'avoir oflencé , de remer
ciement pour les graces qu'on a reçu
de lui ; & aiusi des autres , selon que
les sujets & le S. Esprit nous y meu-
«CBt, Et après les affections on fait
des
it la Meditation, 7
Jm resolutions particulieres : par e*
Sample , de se corriger d'un tel vice,
& pratiquer une telie vertu , d'evites
one telle occasion de pecher , & pren
dre une telle pratique de devotioar
& ainsi des autres , selon que les su»
jets & nos besoins Dont y invitent,
La Methode.
Bien qu'il soit constant que la Me*
ditation depende plus du souffla du
saint Esprit que de nôtre industries
neanmoins parce que ce droit tenter
Dieu , & s'exposer a de grandes di
stractions & illusions diaboliques, si
on se contentoit d'écouter parler
Dieu, fans jamais vouloir travailler
de son côté r les Saints & les Maitres
de la vie spirituelle , ont jugé neces
saire de conperer avec Dieu, non seu
lement en exerçant les trois puissances
de l'ame sur quelque sujet determiné,,
comme nous venons de dire, mais
encore en y gardant certaine metho*-
Comme entre tontes les methode»
A 4 qu'os*
9 Explication de h MethoSk
qu'en a trouvées , celle de faint Fran
çois de Sales, Evèque & Prince d*
Geneve, est estimée pour une des plut
faciles & utiles, nous l'avons pur-
ctuellement suivie dans ce Livras
fçachanr par experience que plus oa
se rend ridelle & exact à la garder*
plus on profite en la Meditation..
A cet efset, bous en avons mis ici
un abregé en façon de Table, ou Me-
thode & en fuite son explication , qui
enseigne la maniere de s3en bien servir*
Methode de FOraiJon Mentale^
jelm FEsprit de $± Frange»
de Saies , Evêque de d neve».
L'Oraision Mentale à trois Parties*
La Préparation^
j, ÇE mettre en la presence de Die»
^ % Lui demander la grace d&
Isiea seke l'Oraison»
g. Sa representer te sujet qu'on doifc
di HXJraiJèw Mintniêi . £
lie Corps de PQraifirii
ï'î Faire des considerations & raii
sbnnemens sur le sujet;
2. Exciier en oous des saintes a&
sections,
3». Former des resolutions de fair*
un tel bien du suir un tel mal.
La Conclusion.
X,. Remercier Dieu du bon succes
i& l'Osai soa.
2, Lui offrir les bonnes resolutions
«ju'on y a prises,
3^ Lui demander la grace dé lés
bien pratiquer;
April que l'Qtaison est achevée, 09'
skit U ktuquet (piritutl,
EXPLICATION,
De ta
Methtde precrdante de l'Oraisom
Mentales
LA P SEtARA TIONl
De' la iresenu de Dieu.
EL faut s» mettre en la pretence d#
Q; f Uieu,
10 Implication àe la Methode
Dieu, se la representant vivement»
Pune de ces quatre man tetes.
1. vComme present en tout & pat
tout , remplissant tout au Ciel & en
la terre, & vous étant dans lut com
mis une éponge dans la mer,
2. Comme l'ayant dans vôtre eœui
«l'une maniere particuliere , sçavoir
par grace , comme la viede vôtre ame
& de vôtre cœur,
3, Considerant Jesus » Christ dan»
te Ciel, regardant ici bas cous les
hommes, & jettant les yeux particu
lierement {ur vous,
4, Vous imaginant le voir près de
-vous en sorme humaine & majestueu»
se , ou bien caché dans le Saint Sa»
«renient de l'Autel,
Après cette consideration à la pra-
secce de Dieu e n l'une de ces manie»
tes , on fait e** trois actes I. de Foi',,
«royant fermement-cei te presence do
D,eu : 2. d*humi ité, se repur&nt in
digne de paroisre devant (à majesté.-.
3, D'Adoiation, Je reconuoiiLM
- - .ou*
de FOYtison MbtttaUr. rt
four son souverain Seigneur, se pro-*
sterna nt pour cet effet en terre, ou du
moins se mettant à genoux. Pour
mieux faire ces actes on se considere
devant sa divine Majesté, tantôt
comme un esclave devant son Roy,
ou comme un criminel devant son
Juge, ou comme l'enfant prodigue
de l'Evangile devant son Pere; tan
tôt autrement, selon que le sujet de
la Meditation le requiert;
Invocation du Secours divin , pour
demander à Dieu- lagrace de bien fait
tvItQwifin*
T. /^N'invoque l'àfli stance di» Saint
Esprit de cœur &da bouche,
disant, Feni SunSi Stititut, &c. oa
quslqu'autrs priere sembla We..
a. On prie pour le même effet ta
Sainte Vierge , son bon Ange Gar
dien , son Patron , ft les Saints aux-
cjueU oa a une particuliere devotion ,
ou qui interviennent au sujet qu'on
doit mediter , comme S» Joseph,
•jtaiVy rencontre fort souvent
"32 Sxplkation seta Mtt%$&
Pout mieux obtemr ce qu'oft
demande, on fait l. un acte de dé»
Êance de soi - même, 2. de confias-
ce en Dieu, un d'indifférence &
ce résignation a fa suinte volonté r
protestant que nous ne recherchons;
«n cala , comme en toute chose, qua;
{a gloire & ion bon plaisirs,
La Rtfreseniation du Sujet.
Cette Repiesentation du sujet se;
fait en deux manieres, t. Quand 1&
sujet est sensible & visible, comme
le mystere de la N ati vite , le crucifie-
ment, & semblables j on s'imagine
qu'on est au lieu où la cause s 'est-
faite, ou qu'elle se passe au lieu;
ir.ême cù nous sommes , & à nôtre
teuë , ou que le tout se fait dans nô^
fcre elpnt & imagination. %. Si le sur
jet est insensible & invisible,, comme
fcroitune vertUbu un vice, on con»
si di re simplement la proposition &
diwliondu iujet, & ensembiela sinr
jfaiticuliftie gout laquelle on va me*
aliter ,;
POraisen Mintalei trgi
diter , tachant de la bi a imprimas
dan, sa memoi.e. On remarquer»
'il est bon de faire toûjours un act*
foi sur la verité de l'Ecriture , qu'on
a pour sujet de la Meditation..
DE LA MtDlTATi&Hr
OUM COgfS DECORAISON.
Des Confidefitioni,,
T Es Con fi deration s qu'on veut fair*
J en l'Oraison, se peuvent dilater \
étendre en plusieurs manieres, i. Fai
sant des question, sur le sujet.comme,
d'où vient celafyourquoi cela?qu'tst
cela? qui est celui-la i & semblables t
& par let réponses qu'on (kit à telles
questions , on peut trouver ass*z de
matiere de .-'eniretenir en l'Oraison ,
& dequoi se convaincre de quelque
verite, soit pour embrasser quelque
vertu, soit pour suir quelque vice.
2. Recherchant des authorites Je
jgaisages de, comparaisons, & fimi-
A- s Uwdea »
f4 Explication âe la Methode
Ktudes , des antithefe, , des exem
ples , & femblabits preuves , tirées
particulierement de l'Ecriture & des)
SS. Peres»
3. Pelant chaque mot d'un paflT<ge ,
& raifonnant dellus, comme fur ces-
paroles de Saint Pierre, Vous me
lavez les pieds? Vous ? qui êtes Rot
du Ciel & de la terre, &c À moi,
qui fuis un pauvre & abominable
pecheur? &c. lavez, ce qui n'appar
tient qu'à des valets & efdavet? les
pietif , qui font fi falescc puants ? ttc.
0 quelle leçon d'humilité & de cha
rge ? Il faut donc que je faile des ac
tes d'une profonde humilité , &
que )e m'occupe aux Offices & em
plois les plus ravalez.
4. Faifant des retours fur nous r
& nous examinant nous mêmes ain fi ;
Crois tu cela ? as-tu un tel vice y Ou
use telle vertu ? as -tu du (entiment
d« cela ? veux- tu faire cela ? & ainfi
«les autres.
Bous mieux entendre II man.'ere
d'etendie
Se FOraifbn Mentale. tf
d'étendre ces considerations , il est
bon de sça voir , qut quand le sujet"
est sensible ou visible , comme le cru
cifiement , elles se dilatent ordinaire
ment. I, Examinant toutes les cir
constances l'une après l'autre , à sça-
voir , la personne , le ttms , le lieu,
ta fin | les moyen», la maniere , fai
sant pour cela ces question,, c'est ft
dire; Qui? quoi? où? pas quel»
moyens ?' pourquoi t comment ?
quand? Gomme sur le crucifiement;
Qui est celui qui souffre ? Jesus-
Christ Fils de Dieu. Que souffre t'il?
les fouets , les épines , la Croix;
Pourquoi ? pout nous racheter. Et
ainsi des autres que stion* , qu'on peut
voir en la seconde Partie de et Livre-,
an la premiere des Mediminm de la
Passion. 2. Considtrant s-uleraeot
Its personnes iniervenante! au sujet,
tantôt parlant à elles , soit en lent
declarant nos sentiment , soit en les
interrogeant; tantôt le, écoutant
gaileti uoui,.COmni*li el ei nous m-
irmiouflS
t€ Explication âe la Meth«di,
firui soient ou nous interrogpient 5,
tantôt pesant ce qu'elles dilent ou
sont, ou ne font pas , ou peuvent"
diie, ou faire, ou penser.
Mais quaud le sujet est insen fiole
ou inviiibie, comme une vertu ou.
un vice, une persect on de Dieu , sa
miso.icoide , ou sa toute puiisance.
&c. lei considerations se dilatent or
dinairement, examinant la chose, 1»
en elle mène, recherchant quelle est
fa nature ou sa definition, 2. ses cau
ses 3. ses effets : ou bien plus claire-
ment uCint de la Methode de Sainte
Ennçoi, de Sales, touchant ies ver
tus & les vices, à sçivoir, peser s,
laden-iiion deia chose, c'est a dire,
Considerer ce. que c'est, 2. ses mar
ques & differencïs , 3. ses efset,, 4.
les moyen, d'acquerir la ve tu ou suit
le vice : ce qui se peut reduire à deux;
po'iits, dont le premier cosuienc les
motifs d embiasser une telle vertu : le
second , les moyens de l'acquerir»
iur^uoi vt,us remarquerez, que les
mouse
ie tOraisoa Mentale^ 17
motifs les plus utiles & faciles se ri-
sent de la consideration des biens qui
proviennent d'une ve tu , & des maux
du vice contraire: & les moyens les
plus efficaces sont de faire des actes
particuliers de la même vertu , &
d'Ôter les empêchement à icelle»
Au reste, un excellent moyen
pour amplifier fructueusement cha
que point des Considerations, est
qu'apre* avoir fait tout ce qu'on a pû*
par le raisonnement , on fasse uns
pause, cessant de raisonner, pour
donnee lieu au S. Esprit de nous par-
It 1 au cœur, lui disant avec le Pro
phete Samuel; Parlez Seigneur, cas-
vôtre serviteur vous écoute Que s'il
nous répond en nous donnant quel
que nouvelle lumiere ou saint mou
vement, il faut recevoir ceta avec re
spect & act<on de graces, & nous y
arrêier autant de tems que nous sen
tirons en pouvoir profiter : & pui*
continuer nôtre premier train. Que
s/il nous fait la sourde oreille , humi
lions
I& Explication de la Methode
lions nous & te benissons de cela , fit
ensuite reprenons nôtre route. îl
faudra en foire autant au second &
tsoisiéme point.
Les Affe&hns.
pOur ce qui est des affections, il
faut prendre garde que les plus,
ordinaires qu'on fait en l'Oraison,
sont I, d'amour de Dieu, %. de haine
du peché, 3. de desir du Paradis , 4.
de crainte de l'Enser, f. de joye
spirituelle, 6. de tristesse pout ses
dcchez , 7. d'esperance en Dieu , S»
de resignation à sa sain te volonté , 9.
d'adoration , 10. de confusion de
soi . même, 11. de companion aux
douleurs de N. S. Jesus- Christ , 12.
de contrition de ses pecheï , 13,
d'action de graces»
On peut exciter les affections , 1,
par des colloques , faisant comme si
on patloit à Dieu ou a quelqu'un*
des personnes de la Sainte Trinité, ou
à J,eiut Christ , ou à la Sainte Vierge,
•u aux Anges, tant mauvais que bons.
OU
ie r Oraison Mentale. 19
eu aux Saints , tint en particulier
qu'en general > ou à nôtre ams , oa
è nôtre corps , ou aux personnes in
tervenantes au sujet qu'on medite,
ou aux autres creatures , tant inani
mees qu'animées ou à une seule , ou à
plusieurs l'une après l'autre.
2. Employer des Oraisons jacula
toires, ou plusieurs à la sois , ou uns
seule longuement repetée, comme fai-
soitS, Augustin celle. cy: Noverim te,
noverim me ; Mon Dieu , que je voua
connoisiel que je me connoisse, &
S, François: Qua tu, quùegol Moa
Dieu, quiètes- vous ? & qui suir je?
J. Par application des cinq sens,
•'imaginant vivement qu'on voit le»
choses qui se presentent au sujet,
qu'on les entend > qu'on les touche ,
qu'on les odore , & qu'on les gouse,
4. Par diverses interjections & ma
nieres d'exclamations , disant par c-
xtmpie , Helas , Seigneur ? plût à
Dieu / ô malheur ? ah Dieu ! ah cruel
qu'ay.je fait? & semblable».
f. Pat
3» Explication Se Ar XfethoSe
f. Par quelque acte exterieur d'e
devotion , comme frappant fa*poitri-
ne, baisant la terre, embrassant &
baisant le Crucifix , faisant quelque
courte priere vocale, pesant chaque
mot, regardant le Ciel , &c-
Voilà ( ce me semble ) assez de
moyens d'exciter les afïèctions ; nean
moins , pour mienx ayder lei nou-
Veaux en cet exercice , j'en ay mi»
ci. après des exemples qui leur ser
viront de modeles pour en faire
après d'eux-mêmes de semblables.
Les Rgfolutions.
1, D Emarquez que les resolutions se
doivent faire tantôt sur tdï
principaux devoirs envers Dieu , ou
envers le prochain , ou envers vou<-
même : tantôt sur vos principaux be
soins: comme sont vos inclination»
mauvaises, vos passions déreglées,
vos perverses habitudes, les occa
sions de pecher, les empéchemens èV
vôtre avancement, les venus qui
vous manquent , & qui font propre»
1 vôtre condition , &c*
it P Oraison Montait. it
%. Qu'elles doivent être au com-
snencemtnt genstilts i par exemple,
,d'a' mer & servir Dieu , de suir la
péché , de souffrir pour Dieu , d'ai
mee son prochaia, de faire peniten
ce , d'être devot , &c. & à la fin par
ticulieres, & quant a l'objet ,& quant
aux circonstances l. quant à l'objet,
comme di corriger un tel vice , de
pratiquer un tel acte de vertu , de suie
«ne tei'e occasion de pecher, d'ôter
vu tel eropèihement à son avance
ment , &c. a. quant aux circonstan
ces , comme de faire ceci & cela ; pat
«xemple, durant tant detems, à tel
jour, à telle heure, en tel lieu, en
vers telles & telles personnes, en
telle & telle maniere , par tels & tels
moyens , &c.
3, Que le fruit da l'Oraison consi
ste principalement à faire ainsi de*
resolution, particulieres , & que fans
iceiles on n'avance point , ou fort
peu,
0. Qy'il n'eâ pat expedient d'ea
fauq
33 Explication Je la Methode
faire an grand nombre en une seule
Oraison : que deux ou trois suffisent
pour l'ordinaire , & qu'une seule qui
est bonne, & dont on est bien con
vaincu , vaut mieux qu'une douzai
ne d'autret.
f. Qu'il est bon de les écrire après
POraison, mettant en peu de paro
les le principal motif qui nous a fait
prendre une telle resolution , & en
suite la resolution particuliere princi
pale.
Dt l'a&ion de graces qui eft la Con
clusion.
I. fL fout rendre graces à Dieu, puis
que c'est lui qui nous donne las
bonnes pensées & resolutions & que
faute de l'en reconnoitre pout l'Au
teur, & de lui faire ce remerciement*
il nous soustrait ses graces , ou nt
rous donne pas celles qu'il a voit pré
parees pour nous.
a. On peut inviter toutes les crea
tures , particulierement la Saints
Vierge & nôtre boa Ange à nous ai*
An
'A TOraison Mentale, «3
loi à fairs ce remerciement, afin
qu'il soit plus agreable à Dieu.
I. /"^fi moyen n'a pas moins de for»
ce pour obtenir des dons d«
.Dieu , que le remerciement , quand
il est fait dans l'esprit d'humilité Se
de confiance , parce qu'on est assura
qu'on lui offre un present qui lui est
-très-agreable , puisque c'est son ou
vrage
2. 11 eft bon aussi , de lui offrir
les Oraisons & les bonnes œuvres
.des autres , particulierement des
Saints , en la veué de nôtre impuissan
ce & bassesse, & dans la crainte que
nous ne gâtions & salissions le bie«
qu'il a fait en nous, nous recon-
noissini indignes de lui offrir aucu
ne chose du nôtre,
3. C'est encore une bonne prati
que de prier dans le même esprit,
U/Saint» Vierge ou nôtre bon Ange,
ou quelque taint , de faire quelque)
ojfcrade pour. ooui.
L'Offrande.
u
24 Explication Je la Method
La Demande.
I. T70ici un acte le plus important
de POraison : ce qui fait qu'on
y employe plus de temt qu'aux deux
precedent.
2. Pout obtenir plut facilement
l'effet de (a demande , il est bon de
representer à Dieu let motifs , pout
lesquels il nous doit accorder nôtre
cequête, qui font i. fa bonté & mi
sericorde, sa toute puissance, & les
merites de nôtre Seigneur, 2. ses
promesses de nous exaucer , & ses
commandement de lui demander. 3,
nôtre nécessité , misete , & impuis
sance , 4. nô're confiance en lui, &
resignation à fa volonté, %. y em
ployer l'intercession de la Sainte Vier
ge, de nôtre bon Ange , des Saints;
particulierement de nôtre Patron , &
de ceux qui interviennent au sujet &
auxquels on a p'ut de devotion. H
est bon aulfi de demander ici des gra
ce» pour les autres, tant en particu
lier qu'en general.
Remarque
it rOraifin Mentàlel %%
Remarque.
Si l'heure sonne avant que l'O rai
son soit achevée, on doit diligem
ment prendre ses resolutions particu-
heres , & puis faire brievement les
trois actes de ta Conclusion; comma
il a été dit; car il ne les faut janviit
obcnettre particulierement la demao»
de.
Le "Bouquet Spirituel.
1. Consiste a choisir une ou deux
affections, avec la resolution princi
pale , qu'on reduit en abregé. & for
me d'Oraison jaculatoire , afin d'y
faire souvent reflexion ce jour- là.
Quand on peut trouver pour cet ef«
set, quelque verset d'un Psaume, ou
quelque sentence de la Sainte Ecritu
re , c'est encore te meilleur.
2. Pour bien faire es Bouquet, il
faut auparavant faire un petit ex-imeil
fur l'Oraison qu'on vient d'achever,
qui consiste à voir si on y a bien ou
mal procedé, pour demander pardon
•lu mais et Miatrctti L>ieu du biao,
Stf Explication dt la Methtie
3, Pour faire que nôtre Oraisoa
bous profite, il est bon d'odorer sou-
rent le bouquet spirituel , c'est à di
re * renouveller fréquemment les
bonnes resolutions qu'on y a faites ,
comme I. au sortir de l'Oraison ,
fur le point d'entreprendre une aurra
action : 2. toutes les fois qu'on en*
tend l'horloge pendant le jour; s>
quand on s'apperçoit d'avoir étâ
long.tems distrait & dissipé.
4. Il ne suffit pas de renouvelles
souvent en son cœur les actes des ver*
tus , dont on s'est propose la prati
que; mais le principal est, de les
mettre en execution , toutes les fois
que l'occasion s'en presente.
La Préparation éloignée.
f^Etce préparation est si necessaire ,
^ que sans elle, il est quasi impos
sible de bien reussir en l'Oraisoa*
En voici encore un mot que j'ai re
servé pour la fin , comme un avis se
pare" , afin qu'on y false plua d'aC»
tentioa.
Fila
ieTOraison Mentale» %*/
Elle consist* à préparer le sujet , 9c
\ disposer son esprit.
Pour la préparation du sujet , il
faut faire trois choses; i. le lire au
soir & au matin , tâchant de le bien
comprendre J 2. voir à quoi il tend ,
& quelle resolution on en peut tirer:
3, le diviser en certains points prin
cipaux: par exemple, les motifs Se
les mayens,
Pour la disposition de l'esprit , il
faut trois choses i i. la recollection
interieure, entretenant son esprit dans
de bonnes pensées & conformes au
sujet, autant qu'il est possible, 2i
le recueillement extérieur, gardant
étroitement le silence , ayant la veuë
tecolli}s,'ée,dc faisant toutes ses actions
sort posement & tranquillement, 3.
la pureté d'intention , renonçant à
toute curiosité, & rainesati,faction a
& à tous respects humains, protestant
que nous ne roulons faire l'Oraison,
que pour Ja gloirede Dieu.
Ç# «l«rai«r point est si important
2g "Explication de la Methode
qu'il seroi; à deQicr qu'on ls renou>
vellàt souvent, même pendant FO-
raison.
Je n'ay rien dit de la principale
préparation , qui est la purete de
conscience; parce que je suppose que
celui qui se sent coupable de quelque
péché , n'aura garde d'aborder la Di
vine Majesté, avant que de s'en pur-
ger par la Cons, ffion , ou du moins
par un acte de conirition, étant cho
ie certaine , que Dieu n'exauce point
1» pecheuri,
ADrSKTlSSEMENT.
QVoi que nous puissions dire , ilfifaut
persuader , que toutes cet methodes
éf adresses pour la Meditation , servait
de peu fi Dieu n'y donne Ja grace : ear
toute sindustrie humaine , ne peut pro-
duire me bonne & jamte ajseëlton fi it
vent du S. EJprit ne Jouffle, l'Oraison
etant un don at Dieu , qu'il départ à qui
il lui plait. Et comme ce seroit tenter
Dieu , ér s'ixposer aux illusions du de-
pis s misique nom avant déja dit . de
vouloir
de T Oraison. Mentale. 29
vouloirfaire F Oraison,fans cooperer avec
Dieu , par quelques a&es desfacultez de
notre ame, fans direilion ; de même
»n commettrait une insigne présomption
& impieté , fi on voulait attribuer à fi»
industrie dr doilrine , les Jaintes pensées,
affe&ions & resolutions , qu'on a eues en
la Meditation : fi nousyavons bien reuffi,
rendons en graces à Dieu, comme à ce-
lui qui en est. fAutbeur , entrons- en
confusion de nom en voirfi indignes.
Avit importans , touchant les difficultetp
quon peut trouver en l'Oraison.
I. Ç\\Jix\à apcès vous être souvent
V^encorcé , de bien faire l'Orai
son Mentale, vous trouvez n'y avoir
tien avancé , & croyez que vous n'y
pouvez jamais être propre , & qu*
c'est un tems perdu ; ne laissez pa»
de continuer avec fidelité & coDfiarv
ce ; car pourveu que vous fassiez ce
qui est en vous, Dieu ne manquer»
fat tôt ou tard , de vous apprends*^
s• Avisfur ht Jiffîcufaz
mediter: sur tout, si vous lui dits*
souvent & humblement avec lesA-
pôtrtit Seigneur, tnseigntz,» nom fil
vota plait, à faire Oraison.
2 Si vous vous trouvez incommo
dé de la tête ou de l'estomach , pout
avoir medité, & vous être excité
aux bisections , il faut à l'avenir vous
moderer & agir félon vos petites for-
ces, & avec discretion, fans tant
bander vôtre esprit: & sur tout n«
vouaarrêtez . pas, silong-tems, sut
une même affection ; particuliere
ment , fi vous l'avez excitée , & suc
tout si elle est vehemente , comme est
la crainte de la damnation, l'horreua
du péché, une grande contrition*
avec larmes, &c.
3, S'il vous arrive de n'avoir point
de goût en la Meditation , ne perdes
pas courage: & si cela est arrivé par
vôtre faute, n'y ayant pas apporté
la préparation requise, humiliez-
vous , la recoDDoislant , & en peu dm
Usai t le calme. & la serenité s. ensui
Je P Oraison iieirtêk, 3 î
vront. Que si eela est arrive* sans
manquement de vôtre part, pensez
que Dieu l'a pavait ainsi, ou pou
vous apprendre , que ce goût ne fa
peut acquerir par vôtre Tain & vi
gilance « mais par sa pure liberalité,
ou pour éprouver si vous pratiquez
ce saint exercice , pour son pur a-
tnonr f à non ponr vôtre propre
satisfaction ; partant au tenu de la
desolation, dites ; Je n'ay pat commen
té cette Meditation pour mon plaisir &
contentement , mais pour le pur amour
de Dieu ; ce fira aujji par ce même
amour que je Pacbeverai , moyennants*
Jointe grace , quoi que je n'y trouve an»
tun goût.
4. Si vous êtes agité de pluArm
distractions ne laissez pas pour cela
vôtre Meditation ; mais pensez que
si vous en êtes troublé & agité mal
gré vous r il n'y » point de péché.
Resistez leur seulement, si tôt qua
tous ippercevrez , bien qu'elles re-
VWUMBt servent; vôtre. Meiitatia»
* 4 m^.
yi Âvhfur le iliffcuhez.
ne sera pas pour cela moins agrès-
ble à Dieu, que fi vous laviez faite
avec des suavittz & goûts très seatif
bles de devotion, £n ce contraste,
il est fort bon d'user de colloque avec
Dieu , & reconnoitre avec beaucoup
de soûmiffion , que vous ne pouvez
rien de vous même comme aussi de
,vous reprendre aigrement, accusant
Vôtre lacheté Ôc vôtre ingratitude ex
treme, de ne pouvoir parler à Dieu »
pendant si peu de tems ; & inconti
nent it>ur ressen tirez la secours di
vin , & en tirerez du fruit , quoi que
tous ne l'apperceviez pas.
5. Enfin , si vous desirez vaincra
plus aisement les difficultes,, qui sur,»
viennent en l'Oraison Mentale, &
vous la rendre toujours profitable,
servez » voua des moyens siiivana.
Le premier est, de vous rendre fami
lier l'exercice de la presence de Dieu ,
vous representant cette verité , que
vous etes tcujoursen fa presence, &
«oit toutes vos actions. Le 3»
faire
M PCUrtifin Mntefe §J)
faire plusieurs sois le jour de» Oratir
sons jaculatoires. Lee,, lire souvent
de, Livres spirituels. Le 4, frequen
ter les Sacrement de penitence & de
l'Eucharistie. Le f. converser fou-
vent Se familierement avec les per
sonnes devotes. Le Si tenir en bride
vos sens exterieurs, & sur tout la
langue. Le 7. aimer & pratiquei ex
actement les exercices de charité & «le
penitence* Le gi executer fidelement
les bonr propos & saintes inspira»
lions, que vous avez eues durant vô
tre Oraison. Le 9. lire de tems en
rems la Meditation de l'Oraison Men-
taie, mise sur la fin de la a. Partie , &
la prendre même par fois , pour sujefc
de Meditation: Le io» bien posse
der Si se rendre familiere , la metho
de que nous en venons de donner.
Le 1 1, St le dernier moyen est, de
se se jamais lasser d'implorer dan»,
cette occasion , le secours divin,
avec humilité Se confiance.
B f MCUSli
%4 Recueil des aftSliout é. alkt
RE CVEIJL
Dt quelques devotes affe8ions9
Attet des principales vertœp
pour rQraiJon Mentale.
Httuarquez que ces aSksfe peuventfaire
engenerai & en particulier t & qu'où1
s'en peut utilement Jervir hors dm
fOraiJou,
A8e de Foi.
TO Nleverait: Mon Dieu, jë croi St<
*^ tiens pour indubitables toutes lsa>
shofes que vous avez revolees a vôtre-
Eg!ife,. en quelque maniere que ce
toit que vous les ayez revelées , par»
ce que vous. étes fouvstaiDeroeae:
veritable,
Jw particulier , fur la preÇence d&
Lieu : je croi très aiiureiuentô mon»
Lru.' que vous êtes plus intime-
sneur p relent à moi» même , que moa.
•tk&ue /«si. à mon corps, que voua-
Ktf«MS£
des principales oertw, ff
fermez la pensée , que je conçoit*
maintenant de vôtre Majesté ; & que
tous tenez vos yeux toujours arrêtes
fat moi , pesant toutes mes œuvres,
toutes mes paroles, & toutes mes
pensées , pour les recompenser , ou
les condamner un jour»
Sur l'Incarnation,
Je croi sermement , au'e'tantDieu
de toute eternité, & seconde person*
Be de la Sainte Trinité, vous vous
êtes fait homme , dans le sacré sein
de la Vierge , pour nous sauver , &
(uis prêt de mourir pour cette croyan
ce ; parce que vous nous l'avez re
velée.
Sur lé 5. Sacrement de FAutel.
Je croi sermement , que sous let
especes du pain & du vin , est conte
nu le corps vivant de Jesus .Christ ,
Vrai Dieu & vrai homme» parce
tjli'il Ta dit.
Autre.
Je croi plus allurement, que si je
le voyoii de mes yeux, que vous,
B 6 è
'%$ Recueildes aftSient # aStt
é non doux Jefus , étes contenu fous
Je voile blanc des apparances du paint
4 fuit bien aile de ne vous y pas voir,.
pour vous y glorifier davantage,.
par la ferme croyance , que j'en ay.
On en peutfaire de mêmefur tous les
autres myjieres de nôtre Fty , commefup
la Nativité , Circoncifion s Mort
vefuneHion de nôtre seigneur.
Ade d'tfperancet
En generai : Seigneur , j'efpere dir
Tous tout ce que vous nous aves
piomis, paice que vous ères fouve-
lainement bon, & infiniment puifc
jànt.
Snparticulier tyeCpete , mon Dieuy
«ju'ea taifant penitence, vous m*.
pardonnera mes pechez , parce que.
voua êtes fouverainementmifencor-
dîeuxi & qu'après tous* avoir biesji
itrvt en ce monde, vous me donne*
tez il ParaHis en l'autre.
AlTh DE CHARITE, *
a l'egard de Dieu*
Mn gens i*l i* O mon Dieu, je vous
aune
its principalts verlm. $f
aime pat dessus coutes chosai, par*
ce que toui êtes mon souverain bien,.
Autre»
En particnliir O mon Dieu infini
ment aimable! jevoui aimepourl'a-
inour de tous» même , de toute l'é
tendue de mes forces , & plus qua
toutes vos creatures, plus que met
biens, plus que mon honneur &
plus que ma vie 'r & }e souhaite que
mon amour soitauifi parfait, que
celui des Seraphins , & de la Suinte
Vierge.
ACTE DE CHARITE
envers le prochain,.
En general'. Mon Dieu, j^ime tour
les hommes , & leur souhaite le salua
éternel, parce qu'ils font tous mes
frères , & vos enfans par creation ,,
par amour, par redemption, &c, fie'
quant à ceux-mèmei qui me haïssent,
& qui m'ont offensa , non seulement
je n'ay aucuns haine ou aversion con*
tre eux mai, je les aime de toute most
affection , parce que c'est vôtre dtsit 9
ff tecttlil its afeSitnt $* aBti
ACT& DE CONTMTION.
in general j Mon Seigneur, j'aiu*
as grande douleuc au cœur, & on
grand regret , d avoir offense votre
divine Majeste, paces que vout etei
souverainement boa, aimabls, &
adorable, & suis resolu de n'yplus
Mtourner moyennant rôtre grace*
Autre*
Quand je voi, mon Dieu, d*ua
C6t6 votre Bonce & votre misericor*
de , & de l'autre mon ingratitude, &
mon infidelite: jesuis plus marri de
▼oui awoir offsnse, pour l'amour qur
ys vous porte , que du plus grand mat
qui me puiffe arriver , & me prepo»
se, moyennant v&tre salnte grace,
de ne plus, voui offsnser.
En particulier , en en peat faire fur
fbaque peche , parexemple Je me re»
pens de tout mon cœur , d'avoil
naenti & jure' , & me propose moyenr
nant v6tre sainte grace , de m'en tofr
tiger , pour l'amour que je vottl
forte; & ainsi des tutres pichez.
Sfttrincifatet vertut, 0
âcte DRCoaroRMiri
à la volonté de Dieu
En general Seigneur, j'aime & em
brasse , je veux & revere , tout ce
que vôtre Divine Providence a or»
donné de faire de mot, parce qu*
vous êtes infiniment bon , puiCant,
& sage»
Autre. .
O Dieu très saint & très juste, em
toutes vos œuvres je desire de toute»
les sorces de mua ami ,. que vôtre
volonté soit faite en moi & par moi»,
dans le terns & dans l'Eternité. Que
s'il arrive, que je voui demande quel
que chose, qui ne vous agrée pas, je
vous supp'ie que ma priere lerve à
vous convier, de rejet ter mon hua»
b'e supplication.
En particulier : Paiscjue vôtre vo
lonté est , que je soi ffre cette mala*
«lie, je la veux souffrir de bon cetut».
ACTE Û ADa^AT'OK.
En generai i Mon Dieu,, je voue«
adwe > & vous rcconnois pour moi
seuveui»
40 ticCMàl â'et affeffions & a&et
souverain Seigneur & redempteur t k
qui tout honneur est dû , de qui touê
bien depend, & sans qui je n'ay que
le neant, le peché , & l'ignorance,
: Autre.
Grand Dieu , en presence de qui
tout ce qui est , estcommeVii n'ei oit
pas, prosterné aux pieds de vôtre
Majesté redoutable, je vous adore
avec tout le respect qui m'est possi
ble, & vous tends soi & hommage,,
de tout ce que je suis : je reconnoi*
que je suis l'œuvre de vos mains Se
que c'est par vôtre misericorde , qur
j'ai l'usage de la vie.
En particulier On en peut faire à
chaque personne de la Sainte Tri»
niié, à l'humanite de Jesus. Christ,,
à son Corps, a son ame : comme,.
Bon Jesus , j'adore vôtre sacré corps,,
à cause qu'il est uni à vôtre divinité £
4t ainsi dès autres,
ACTES D'OFFRANDÊ.
En general; Seigneur, je *oui os-
fte tout le bien qui se fait en la ter»
âes principales vtrtm, 41
& au Oel , & souhaiteroîs quit sui
en mou pouvoir, pour vous l'offrir
entierement , parce que vous le me
ritez, & bien plus que tout cela,
fans comparaison, à cause que vôtre
dignité & vôtre excellence sont infi»
nies.
Autre. .
Je me consacre à vous , mon Dieu,
pour faire toujours vôtre volonté,
en la maniere que vous defirez, nou
seulement en ce qui m'est aisé , mai»
encore en ce qui m'est difficile, voire
même impossible, appuyé sur la ser*
me confiance, que j'ay en vôtre bon
té paternelle ; que si - tôt que voue
souhaiterez quelque chose de moi-,
vous la rendrez non seulement possi
ble , mais aussi agreable ; afin que vô
tre Evangile, qui declare que vôtre
joug est suave, & que vôtre fardeau
eA leger , soit trouvé veritable, Dflt
posez donc de moi , & dë tout ce qui
m'appartient, dans le tenu & dan»
L'etewiti,
Mm
42 RecueilJet afSiorn (f «Set
En particulier : Seigneur , je vous
•ffre toutes mes pensées , paroles &
actions pout vôtre gloire. Ou bien \
Je vous offre la mort & PalHon de
Jesus»Christ , pour un tel & tel sujet,
&c.
ACTE DE REMERCIEMENT.
En general : Mon Dieu , je vous i«-
mercie de tous les biens & graces que
vous m'avez faites , & à toutes Us
autres creatures , ôcc.
Eu general ; Seigneur , je vous re
mercie de m'avoirconsetvs cette nuit,
eu bien , de la grace que vous m'avez
faite , de m appeller à la penitence , à
cette vocation , de m'avoû delivré
d'un tel danger , &c»
On peut avec David convier les An»
get , les Suints , & toutes les creatures,
à nous aydcr à faire ce remerciement s
& mime y exciter notre ame , nétrt
aorps , nos fens, &C Par exemple :
tenu , d mon ame , ton Dieu , # out
toutes mes entrailles benijfentsen S. Nom»
Qua toutes les creatures le remercient
dtt principales vertu. 43
pour moi , pout cette fi grande grace
qu'il m'a faite , & c.
Autre, qui contient le gentrat , & h
particulier.
Je vous rend, graces , 6 mon Dieu,
pat Jesus- Christ mon unique esperan
ce , de toutes les faveurs tant de na
ture que de grace, que j'ai reçu de
YÔcre main toûjours liberale, & nom
mément: de ce que , &c. A ce sujet
je convie tous les Saints & speciale
ment Saint N. de vous remercier
pout moi dans les siecles des siecles,.
ACTE DE DEMANDE,
Engenerait Grand Dieu , qui noue
avez commande de vous invoques
en nos besoins , je vous demande
une seule chose au nom «le vôtre Fil*
bien-aimé Se par l'intercession de
N, &c qui est de me conduire par la
voye qu'ils vous plaira, à l'accom
plissement de vôtre plus parfaite vo
lonté, quand bien il m'en devroic
coûter la vie , & autant d'angoisses ,
Martyrs*
44 Recueil des affè&hns & aSkf
Martyrs, & qnefourFrent maintenanî
les amts du Purgatoire,
ACTE DE CONFIANCE
en DIEU.
Sn generai; Seigneurs je mecs ms
confiance en vous en cout & par tout;
parce que vous fçavez mieux que mot
met befoins , vous pouvez y pour-
voir, & le delirez autant & plus que
moi.
En particulier , par exemple pour
FOraifoni Mon Sauveur, vous de
mandant la grace de bien Lire cette
Oraifon 5 j'ai tant de confiance en
votre bonté & puiff-nce , que Vous
me la donnerez»
On en peut faire de même à chaque
grace qu'on lui demande , foit pour le
prochain, foit pour mus.
ACTE DE DEFIANCE
de foi » même.
Un general.. Je confefle que je ne
puis tien de moi même , & fans vrV
Cre grace, je ne puis rien faire de
bien , pas feulement avoir une boa*
ns-peufée , &c, S&
its pitit\$stlti vtrtml 4f
En particulier : 54on Dieu i'avouï
que qu^nd js serais le plus grand Uo-
ctcur de la terre, & le plu* devot de
tous , je ne sçaurois bien foire cette
Oraison, si vous ne m'en donnez
la grace.
Ou bien : Il m'est impossible de
m'amander d'un tel vice, ou d'ac
querir une telle vertu, quand j'y
casts mis toute mon industrie, si vous
ne m'en donnez la grace ; & ainfi des
mires.
ACTE DE CONGRATULATION,
eu de joye spirituelle , à l'égard de
DiEU.
Ingeneral i Mon bon Seigneur j'ai
vn plaisir fans égal , de sçavoir que
vous étei toute sainteté, toute beau
té, & toute persection infinie , que
▼ous êtes suffisant a vous même , Se.
n'avez Woiade personne; que voue
ê>es adoré par les Angei & par lee
Saints, par toute I'EgWse militante &
Souffrante, \ que tout ce qui est ea
y£tre ptescace , voue même l'huma»
45 Recueil des ajseBions # aiïet
Bite de N. Seigneur Jesus-Chnst , eft
comma si elle n'étoit pat ; à vous seul
soit honneur & gloirè , dans les sie
cles, des siècles, Ainsi fait il.
En patticulier » Je me rejouis avec
▼ous, mon Sauveur, de la joye que
▼ous eûtes en vôtre Resurrection,
Ascension, entrée au Ciel, &c.
Je me réjoui» avec vous , ô Saints
Vierge , de la consolation que vous
tûtes , en concevant le Fils de Dieu ,
en l'enfantant , en vôtre Atibmption,
ftc.
Je me réioùis , mon Dieu , du
grand bonheur que j'ai reçû de vô
tre misericorde m'ayant converti, Se
appelle a vôtre service , & c. Ah qu'il
fait bon être en vos bonnes graces !
je tressaillis de joye , quand je pensa
que je jouirai de vous éternelle
ment , & ainsi its autres.
ACTE DE CONFUSION,
Bu general : Seigneur , je suis co*-
fus quand je pense à vos bienfaits,
& ensemble à mes ingratitudes , 4c,
HcUs!
âts princifalts vertml 47
Helas ! à même tems qua vôtre bon*
té me faisoit du bien , ma malice voui
procuroit du mal , &c.
En particulier : |e rougis de honte,
mon Dieu , en la veuë de telle action
sal»& abominable, que je fis un tel
jour, & ce en la presence de plusieurs,
qui en ont eté scandalisez, & qui
suivent les grandes & particulieres ob
ligations que j'ai de vivre saintement,
&c. Je devrois me cachet pour ja
mais , &c
Autre.
Jesiis, mon Souverain , est nud ea
Croix, couronné d'épines, & abre-
v4 de fiel & de vinaigre : & moi soa
esclave , je veux être bien couvert,
bien nourri, & ne rien souffrir, &c.
lié comment oseray je me dite son
Serviteur , &c.
ACTE D'ADMtHATlON.
En general: Stigneut, je suis ravi
d'admiration quand je pense à cequa
vous êtes , & à ce que vous faites ,
O que vôtre Nom est admirable pas.
towe la term j Ôlç. M*
48 Recueil des aferions & aclts
En particulier: O mon Dieu .' que
Vôtre bonté est admirable de m'avoic
attendu si long- terns à penitence}
d ou me vient ce bonheur, qu'un
pauvre esclave reçoive son Roi en
sa maison? Quelle merveille devoir
un Oieu tout- puissant devenu enfaut,
& pauvre dans une creche? &c.
ALTE DE COMPASSION.
En general \ O bon Jesus ! que vos
tourmens sontgrands , mon cœur est
navré de douleur quand j'y pensé»
A quoy tient- il , que je ne ioufFre &
meure au lieu de vôtre personne
innocenie ? &c.
Enparticulier , commejur le couron
nement d'épines*. Quand je voui voy
ainsi couronné d'épines, qui penè
trent de toutes parts vôtre sacré Chef,
cela me fait comme fremir de douleui
& de pitié. Pourquoi- moi , qui suis
criminel, n'endurerai» je pas toutes
sortes de tourmens , après que vous,
shod Sauveur innocent, en avez
foisifsiC, un si étrange & si doulou»
its frhtipaht Wtt*l 49
repx ? O qu« j'ai de pains i You que
tous eces si mal sesvi & obei ! &c
O ie mourrois voloncieri pour em-
pecher le mepril qu'oa fait ia rot
corrmandsmem , &c.
On sent fair: des aBes dt contpajjion ,
«. I'igard dtf miferes quefiujsre le pro-
4fain , (cmtnefaisoit Saint. Paul, qui
d'tt dtluUmimt ? Qgi est- ce qui est ma-
ladefraffligi, qutje ne le sou aujji avet
Iui par corns ajjion ? Je soukdittoes itrt
fait anatheme & separi dt Jejin-Cbriji,,
ftur, met frires.
i4CTM,&H&IilLlTB.
. En general i Mon Dieu, j'airoul
^ue de rooi. jene puis risn , 5c recon-
aois que ja suit digne do raepris, &
ne merite pas que la terre me ports , k
cause de raes pechez, de raoa igno
rance , .& de mon neanc
En particulier : Mon Dieu , je re-
connois que je sois totaiement indig-
ne de telle & telle grace, a cause de
tels & tels difauts , qui font en moi ,
psur lesque's je ne merite que peineA
coafuCon, &c. C ttur
so Recueil its asseyions & *&et
Four ce qui ejt des autres a&es de cet
fortes de vertm , ib ne fe font ordinal-
ttment tour la plupart, que far manie-
re de resolution, ou de demande, ou de
toutes les deux ensemble, comme par
exemple:
De patience4. Mon Dieu, je suit
resolu de souffrir d'un bon cœur, &
pour l'amour de vous , touc le mal
qu'il plaira à vôtre Divine Majesté
de m'envoyer: donnez -moi, s'il
vous plaie , cette vertu de patience »
dont j'ai grand besoin. O qu'il y
a long- tems que j e la souhaite passion
nement l je vous la demande, mou
Sauveur , far les mérites de votre
Passion & Mort,&c.
De chasteté \ j'aime mieux perdra
la vie, que la chasteté; je veux, mon
Dieu , être chaste de corps & de cœur:
O quand sera-ce, que je possederai
cette vertu Angelique ? Je vous con
jure, mon Sauveur , de me la don-
ver, &c.
jyoheïsance; Je fuis prêt, moi
Dieu,
les principales vertml \%
1
Dieu , de soumettre ma volonté ft
mon jugement à met Superieurs »
comme si vous > mémo me coraman,
diez : O Jesut très - obéissant ! faits
que je vous imite en cette vertu , qu*
je ne puis avoir fans vôtre grace , la»
quelle je vous demande, pressé d'un
ardent desir de l'aquerir; ($* ainsi les
autres semblables vertia,
ACTES de foi, sur les
Matieresplas importantespour,
ics Meditations*
&r la traviîme.
lUTOn Dieu , Je crois veritablement,
**'* que rien ne m'arrive fans voi
ordres , que vous tenez compte de
tout ce qui ma touche, & que c'est
vôtre sage conduite , qui m*a mis en
l'état où je suis.
Hors de Dieu, il n'y a point Je
bonheur.
le «oii invariablement , A moi
Ç a Dieu,
ft A9$s it Toi.
Dieu, que Vous ètes feul toute tm,
jcye , & tout mon bonheur , en cette
vie & en l'autre; & que c'eA folie à
moi de chercher ma félicité dans les
plaifiri d'ici bas , & daas les creatw-
*m .. , . *- . *- *
Sur U Mort,
Je crois alftirément que le jour de
ma mort l'approche; auquel moi
corps deviendra une puante charog
ne . & fera rongé par les vers , s'il
n'eft confommé en quelque autre ra$e
fncrt* :v v*,*' •*- .''S'^'' .''"'...>
Syr le jugement*
je croi^vtainementqu'jn peu de
tams, je ferai prefenté devant vous,
6 Juge inexorable , pour vous rendra
iirt compte exàâ de toutes mes pes-
fées § mes defirs , mes paroles , &
«étions, & de tous les momens de
taa vie ; & être jugé par vous irrevo-
cablement & fans appel» Helai \ G.
l'homme jufteefl à peine fauvé, que
viendrai- je es ce moment ledeu-
table? - ... - i
ÀHa it foi+„ fg
* Sur PBriser. - '
Je crois què là- bas sous met pieds^
au centre ds la t*re est l'enser , liee
tenebreux & effroyable , au delà de
toute pensee, où les Diables & le»
hommes médians, souffrent des tour»
mens incomprehensibles , à tour )a»
maii & fans espoir de soulagement. -
Ily a encore d'autres affeBiovs <J.
sfies Je verttu qu'on peut produire tB './
FOraison ; maisje les ohmeu , tant pour ;
abreger qu'A cause que chacun les peuS
faire aisement, & qu'on Uifo.it mèixss
fins y penser; particulièrementfur fa
crainte des jugenitns dè 'Diiu , la irh "*
liesse de ce que Dieu est fi mal sefvi ; U
haine & Attestation 'du fecbl , sindig.
nation contre les, ennemis dè Dieu, Vert*
eouragement contre les tentations*& dif
ficultes , le desir, de vêfr Dieu, m
d'obtenir de hit quelque gfuce particu
lière , le zelede la gloire de Dieft t <&
àh salut des ames , jjjscï ' »
Il est bon neanmoins de dire ici,
m faveur des eommençans , que ces
f4 43es de Tot.
sortes d'affections , fe pcoduisent
pour l'ordinaire ea la volonte, &
jneme ea l'appetit senllcif , des qua
1'entendemenc & l'imagination enti»
sagent fixtment sobjet qui naturel-
lenient ies pent emouvoir, commt
la veue d'un serpent cause la crainte »
la presence d'unami mouran t , port*.
& la tristdse & a la douleur, &c
Suivantcela , plus les reflexions qua
sous serons sue l'objet , seroat vi vet
& fortes, plus l'atiection que nous,
'soulons emouvoir le sera : & par-,
tant quand nous voudeons sortemint
produire en nous quelque affgction
pat exemple de crainte des chati-
roens de Dieu , il faut envisages £L»
sement , ce qui peut emouvoir cett*.
pslilon, asqavoir, la rigueur du Ju»
gement dernier , l'eternice despeinet
a'finier » & ainfi des autres^
avETMs - MŒSSAIRZ
feur us a&es de vtrtit^.
j^lnaarquea I, Qu'il* se doi vent fat»
Avn peur ces a&es de vertus, f f
r* toûjours du profond du cœur, &
iutant qu'on peut,par maniere d'élani
Q*imour , & d'Oraisons jaculatoires r
qui puissent penetrer les Cieux com
me une flèche que nôtre ame y darde„
a, Qu'on peut faire de tels actes de
bouche , & d'un ton de voix , que
se puisse ouir du moins par ce4ii qui
les fait ; mais que cela ne suffit pas>
si à même teras le cœut n'est joint
avec la langue*
3, Qu'il n'est: pts necessaire , pouç
▼tayement produire ces actes , qu'bra
sente en la partie inferieure de Tarn*
ou au corps-, quelque chose de sen
sible, comme larmes, sanglot», tres^
saillemens, mouvemens violent r &
semblables (quoi que cela soie bon)'
mats qu'il suffit qu« nôtre volonté yr
soit portée, en forte qu'on soit eu
disposition de dire; Mon Dieu, je
veux & entends faire ces actes en moi»
cœur en la meilleure & plus parfaite
maniere que je les puisse faire, quoi
que je n'en eusse aucun sentiment efli
U partie inferieure,. C 4c
fl Âvùfturttt
4. Qu'il est soit bon ds faire sou
vent de eels actes- > non seulement
dans l'O rai son ; mais encore dans la
lecture, dans les prieres vocales, &
dans toutes les autres actions de la
journée , même les indifferentes; &
c'est proprement ce qu'on appert*
Oraison jaculatoire.
f .Que c'est, principalement, quand
«m est sec & sterile en l'Oraison, qu'on
Joie redoubler ces actes , particulier**
ment d'humilité, de confiance, de
ireGgaation , de contrition i & de de»
mande.
6 Qu'tftant une fois accoûturne>
1 faire ces actes tels qu'ils font ici ex
primez on peut les faire en d'autres
termes, chacun selon son esprit &
devotion.
7. Qu8dn peut même les abreger ,
k faite un accord avec Dieu ; qu'en
disant seulement par exemple; Je crai,
fejttre , sainte , faJifre , 4gc. on veue
& entend faire un pariait acte de Foi g
d'Esperance, de Charité l d'Ado».
ades de vtrtm. f7
%, Qu'on peut même les faire par
signes, comme scroit frapper fa poi
trine, pous un acte deconccition ; se
prosterner à terre , pour un acts d'a
doration ; lever les yeux au Ciel ,
pour un acte d'esperance ou d'invo
cation ; baiser la Croix , pour un ac
te de compulsion ; ainsi des autres l.
Voulant & intendant faire de meme ,
que fi on les expriment en la maniere
susdite : & cela voudra auf .ne que fi
on les produisait en la forme otdi»
Staire,
9; Que quand tels tctes font ex
primez avec les propres teiine* de
l'Ecriture Sainte, ils ont je ne sçai
quoi de plus puissant pour nous tou
cher le cœur, & l'enflammer de de
votion : Par exemple pour un acte de
Foi: Je croïi seigneur, aidez mouin-
eredulité \ d'Esperance: J ai tfperê em
vaut , Seigniur , je ne Jerai pat cùnjm
four t'iternité. De resignation à la
volonté de Dieu; Que votre volonté
se fajse , & non pat la mienne, D'ad-
C 5 miration;
58 Avh peur ces ades âe vtrtut,
miration : tt d'où me vient ce bonheur,,
que mon Seigneur we vienne visiter^
De patience : D'autant que \e suii (re-
faréauxsouffrances.
10. Que quand on se ttouve si sec
& ftenie, qu'on ne peut exciter en
soi aucune de cet îflictions, ni en.
produite aucun acte , it est fort boa
o*of£ir à Dieu , les affection* & ac
tes que Its Saints ont autrefois pro
duits, particulierement David, la
Magdelaine, Saint Paul, la Sainte
Vierge, & Jesus Christ même. On
peut aussi lui offrir ceux que nous,
avons kits autrefois avec grind tea-
liment i tâchant à cet effet de nous,
ltj remettre en memoire, & proie»
fiant qu'on les seroit ainsi, a .l'heur*
jisifette, si. on le pouvoir»
mDîg
MEDITATIONS
PARTICULIERES,
L
MEDITATION'
De fa Retraite spirituelle> pour
servir de disposition à la bien
faire.
LA PREPARATION.
Avant V Oraison prepare ton ame fa ne
Joù- pas comme un' homme qui tente
Dieu, dit le Saint Esprit, au Li
vre de l'Ecclefoslikjue. Chap, ig,
r^nfAcher de vou> mettre en la
presence de Dieu , croyant
-fermement qu'il est ici , comme par
tout ailleurs, & qu'il voui voit; ett
vou» humiliant devant lui, & l'ado
rant de corps de de cœur, je remplis le
C 6 Cul
6o Tcttr la retraite fpiritueBe.
€ie' la terre i dit Dieu par Jeremis,
Seigneur, vous êtes dans nom mimes.
ha meditation de mon cœur fe fait tou
jours en \itre [itftaçet dit le Piophe»
te. Roy
2. Suppliez le de tous dorrner la
^race de bien faiie cette Oraifoa, &
purement pour fa g'oire & pour vôtre
fa'ut, priant a cette fin la Sainte
Vierge, vôtre bon Ange, & les Saints,
auxquels vous avez une particuliere
devotion, d'interceder pour vous.
Sans moi vous ne pouvez rienfaire, dit
Dieu en Saint Jtan. Ce/i Dieu qui
ntm donne la volonté de faire le bien r
la grace de le parfaire y dit l'Apôtrs
Saint PauU
3. Raprefentez vous le fujet de
*«tte Oraifon, qui eft de la retraite
fpin uelie , faifant ces trois choies,
I. Imaginez- vous que Tous êtes avec
Nôtre seigneur dans le defert, pour
honorer la retraite qu'il y fit de qua
rante jours, & qu'il vous invite a-
fU^ieuXenefiC à.lui tenu compagnie;
Pour ta retraite jpirituelle, 6x
par ces paio est senti vom iu avtC
moi à fart en ce lieu jolitaire # repojezf
vous y pour un peu ae tenu. i. Fanes
un acte de Foi (ut e*tte verite , dilant:
J« crois serraiment; ô bon Jesus ,
que vous vous ète, ainsi retire seul au
desert pour nôtre instruction , & afin
que nous vous imitalsions > en faisant
parfois quelque retraire spirituelle.'
3, Dans ceite pensée qu'il vous con
vie ainsi , proposez - vous de lui o-
beir exactement en cela, envisageant
le fruit que vous pretendez en re
cueillir moyennant (a grace,, disant i
Mon Dieu, je veux , & ma resolution
est de m'y bien comporter, pour en
retirer le prosit donc j'ai grand be*
soin> qui est l'amendement d'un tel
& tel vice , & l'acquisition d'une tel
le & telle vertu , afin de m'avancai
de plus en plus à ma propre perse
ction» Ainsi faisant vous accom
plirez le dire du Prophete Jeremie t
L'homme demeurera dam lasolitude &
dans le silence , & far ce moyen ils'é^
Ç 2
€2 four la retraite [pirittieÏÏf.
levera par dtjj'us joi , devenant tout
autre en venu, qu'il n'étoit Aupara
vant.
LE CORPSDEEIORAISQK,
qui contient
l. LES CONSIDERATIONS.
Secteur ouvrez- mi lesyeux , & /«
Jukrtrai tes merveilles de votre Lui ,
dit le Prophete RoyaL
I. ^Onfîderea les grands avantages
qu'on retire de la retraite fpi-
rituelle. i. C'eft Dieu qui daigne
Vous y appeller & conduire» 2. Il:
parle avec vous ftul à feu! , & cœur
à cœur, comme feroit un Roi avec
ion Favori , c'eft pour traiter ds l'af
faire la plus importante que nous
pui liions avoir» 3. Ce n'eS pas
pour Ion inteièt particulier r mais
pour le nôtre propre, fçavoir pout
Hous uns largefle de fes graces : Je
Pour la retraite spiritueÙe, S%
ramenerai en la Johtude, & p irierai m
son cœur, dit- il pat sort Prophete»
Ot le parier de Dieu , c'est faire des
presens & des graces, dit Saint Au»
gustin. 4. Consi.de4.ez les 6ns pour
lesquelles on fait ces exercices, r*
C'est pour changer nôire mauvaise
vie, ou pour nous avancer en la ver
tu» % poureonnoitre nos mauvai
ses habitudes * inclinations , paillon*
predominantes »& pour les déraciner»
3. pour nous mettre en la pratique de
î5Oraison& dela devotion. 4. Pour
choisie le genre de vie auquel Dieu*
nous adestinez.S dans lequel nous le
pouvons servir avec plus de persection*
& facilité,, ou pouf trou-ver le»
moyeat de bien vivre dans i'état que
nous avons deja choisi. 5;» Pour
Houi préparer à la moru
A la fin de chiquer article que vow
awi. considere .,, dites à- voia mime *
croît tu celat et tu convainc» at ces vt<*
vitezl
II* Çonûilerez tes motifs de craia-
te,
64 ft*r & retraite fiiritueSe.
té , qui nous peuvent porter à bies
taire ces exercices, qui font entr'au-
lies r. penser que c'est la, peut être, le
dernier moyen dont Dieu le veuc ser
vir pour vous po: ter à id vertu & à la
perfection qu'il desire de vous; & que'
si vous ne vous en servez pour faire
des fruits dignes de penitence, il est
à craindre qu'il ne vous raaudisse,ainlï
qu'il sit le figuier qu'il trouva fans
figues, a. Combien il y en a, qui
faute d'avoir eu ou embraifé cette oc
casion , sont peut être damnez. J.
Que ce font , polsible ici les derniers
exercices que vous serez , & que vous
mourrez peut être avant que l'année
soit passée. 4. Que ce n'est pas afc
sez de f,iire la retraite; mais qu'il la
faut bien faire, autrement Dieu nous
en sera rendre compte , pour avoic
feu un tel œuvre negligemment &
frauduleusement. f. Songer com
ment vous voudriez avoir fait tous
ces exercices , s'il tous failoit main
tenant mouriri.
taux la retraitefpiritueie. S f
A lafin de chaque article , dites l Es
Pu touché de cela i
III. * Confiderez les moyens dont
H faut fe fervir pour bien faire cet
exercices, qui font entr'autresl î.
avoir \ios' droite intention de les
faire , à fçavoir pour connojitre tsv
Tolonté de Dieu, & les moyens de
l'accomplir. a. Les' commencer a-
vec un grand' courage, & avec unie
fainte confiance d'en bien profiter»
3. rVejetter toutes les penfees du mon
de , & fuir les occafions qui vous
peuvent diâraire. 4. Se donner en
tierement à Dieu , proteftant de voir-
loir embrafler, & faite tout ce qu'H
nous iofpjrera, f. Remarquer dili
gemment toutes les mauvaifes habi
tudes , inclinations , paflïons predo
minantes , & tindce toujours dans
nos Oraifons à les' deraciner. 6 Se
decouvrir 'entierement ârfoft direâeut
particulierement fes i rsciinatious , (es
habitudes, Tes tentations, & le bon
*u le mauvais fuccez de Cet OrnCons,
7, Faire
C& tour l* retraitefihïtmSe.
% Faire un reglement de viepar écrit»
qu'on se proposera de garder exacte-
ment» g. Demander souvent & in»
framment à Dieu la grace de bien fai
re ces exeicices.
A lafin Je chaque article i dites l El»
tu bien rejolu à cela ? as- tu une bonne
volonté de le mettre en pratique ?
Après avoir bien consideré les trois
points ptecedens , & même la fin de
chacun d'iceux, il faut faire une pe
tite pause, écouter Dieu , après lui
avoir dit comme Samuel. Parlez ?
Seigneur, car vôtreserviteur vow écou
te , ou bien comme dit David, sé»
couterai ce que mou Seigneur me dira*.
Gela fait, vous- recevrez humble-
ment ce qu'il vous aura inspire, &
tâcherez «L'en profiter ; puis vous con
tinuerez pour vous exciter aux affec
tions convenables*
Cet avk étant tres- important , Use/
doit pratiqua en- toutes sortes de medi»
utïons , particulierement quand on s'y
muvesec &fierile+
four la retraite spiritutUr. 6f
». LES AFFECTIONS.
Lesen (. de l'amour divin ) t'enflait-
atru en ma Meditation , disoit le
Psalmiste.
*• A avo'r v" ^e Sran<^ bonheur*
que c'est: de faite les exercices,
spiritueli, la grande grace que Dieu
you* a faite de vous y appel/er, & la
grand» facilité qu'il y a de les faire,,
vous, avez grand sujet de produira
dan», vôtre une des affections de joye,
d'esperancei d'admiration, d'action
de graces vers la bonté Divine , & de
vous écrier avec Saint Pierre. 0 qu'il
fait hen. ici ! & avec Saint Paul : foici
le tents propre & commode , voici les
jours desalut fjf de grace : & avec Sain
te Elizabeth. ; Hé l d'où at vient ce
bonheur ?'
2* Ayant aussi consideré le grandi
besoin q«e vous en avez, & le grand
malheur que c'est de ne point repon
dre à la grace que Dieu vous offre,
ici ; Vous avez aufli sujet de pro
duire
(S îi,ur la retraiteJfirit/tfte.
•luire des afïéctsona de consufton »
de crainte, de repentance , dcprote»
fratieri de faire bon usage de cette re
traite , & de vous dcrier avec David » ,
Seigneur , ayez pi{ié de mit , car je fitû *
infirme. Et avec S. Augustin; Q*e)e
perde plûtôt tout le monde „ que desor
dre mon ami i Seigneur , ( disait le
même , ) brûlez , tranchez & ne n?e~
fpargnez point en ce monde, pourvoit
tfue 'vom me pardonnez en l'autre pour
Féternité,
3, LESRESOLUTIONS. \
sai jurées rejolu de garder let ordut*
nanat de vôtre justice, dit le Roi
David.. s . ..
1, £X)mme il est certain qn'en cette
V* Retraite, voue parlez seul à
seul, & cœur à coeur avec le Roi des*
Row , vont avez sujet de prendre re
solution de vous tenir toûjours dei
vant lui avec un grand respect , d'ètrt
fort attentif à ce qu'il vous inspirera ,
dans Vos Oraisons , & fort soigneur ' -
sept la retraite spirituete. 69
réportdré & lu mettre en praii-
<|ac , & dire avec le Prophet* Royal s
J'écouterai ce que le Seigneur me dirt
dam l'interieur. Mon cœur est préparé,
mort Dieu, von cœur est préparé. *
, 2, Ayant consideré que cet exerci
ces font si utiles à tous , & à vous si
,necessaires, vous avea sujet de vous
resoudre à les faire courageusemerit, «
ià passer par dessus toutes les difficul
té* que le monde, la chair , & le dis»
J>ie vous causeront , & dire avec Da
vid. Je ne tournerai point visage que
,pits ennemù nesoient défaits» fit avec
J&. Pierre, Çeignear , encore qu'il me
fallut mourir , je me fwjjeraijamtû U
foi , que ie yom ai voiiée,
3. Puisque Ta fin principale des
.exercices est non seulement de purgea
l'ame des pechez, & la remettre ea
i, grace de Dieu , maii encore dp re
medier aux mauvaises inclinations,
dompter ses pallions les plus viles ,
arracher ses perverses habitudes , ré
gies; toutes ses a£joai, & commets
70 Pour la retraite JpiritueSei
«et un état de vie i auquel on desirs
être trouvé* à l'heure de la mort? Di
tes , je veux travailler à boa écient à
tout cela , & me servir des moyens
propres , particulierement d'avoir u-
ae intention de les faire purement
pour la gloire de Dieu & pour mon
salut , de chasser (toutes pensées du
monde , d'affaires & d'études , & de
bien gatder les petits Reglemens dela
retraite , & sur tout de bien ouvrit
mon cœur à mon Directeur : enfin ,
foire dès à present ce que je voudrois
avoir fait à l'heure de la mort , & m'y
preparer comme si je devois mou-
tir aussitôt après ma retraite , & dira
avec Saint Paul : Seigneur , q0t vous
fiait, il que je fajfe ? A quoi tient » il
que je ne me dispose dèi & cette heure
à bien mourir ?
MEDITATION POVULd
TE SPIRITUELLE,
qui contient,
LA conclusion:,
s. "DEnde* graces a Nôtre Seigneai
*_ de
1m U retraite ftirituefo. 7 f
4e la bonté qu'il a eu de vous écou
ter , de l'honneur qu'il vous fait de
Tous parler , & des bonnes pensées »
estections, & resolutions qu'il vous
a données, disant avec le S» Roi Da-
vid { Qu est ce que jt rendrai à men
Seigneur , four toutes les chojes qu'il
mf» données ? Et avec les trois Enfant
dans la tournai se : Que toutes les cream
ii/rts loiitnt & benirent le Seigneur.
9, Offrez lui les resolutions que
Tous avez faites , & ensemble tout
le bien qui est reuffi de vôtre Orai
son , afin qu'il vou» le conserve,
& que le malin esprit n'y ait aucun*
part l Seigneur i 17010 vous rendons let
mimes choses que nous avons reçeiiss dt
vitre main , dit David.
g. Supplies le de vous donner la
grace de bien mettre en pratique vos
resolutions, implorant à cet effet le
secours de la Sainte Vierge , de vôtre
faon Ange, & des Saints auxquels
tous avet plus de devotion , puisque
•ôtre. Seigniut die ; Demandez, $
'vom
78 fmr U rttraltt sfiritHtte*
mm rettvrez,..Et S. Jatjue l. 5W <i#*
fprfait vient de Dieu, Et S. Augustin i
Seigneur , erdennez. » moi tout ce qtt'il
' V0us plaira , (jf donniz » moi la gract
it faire « <pe a/e cowmandez.
Et ^avtc Jacob : vfffld quitters*
pint , <7«r v«« we m'ayez donni votn
kencdiSion.
_ /e />* ftV exameafur vHtt Ormh
fitt f & enjuite,
LE BOUQVET 8BIRITVEL ,~
far Exemple,
MOa atur ed prefi , wow Dtar, |w»
«e«r jfff/J , pour fairs tout cc
qu'il vou» plaira m'inspirsr dans cette
fetraite , ppjur vôtre.gloire & pom
mon salut,
" MEDITATION 11
De POraifin MenUlt,
f,Y^Onsiderez les raisom quLvoju
obligent da pratique! souvtol
rOraison mentals, i. It ed trea-dif-
en quelque condition «jue c«
(bit,
De VOraiJon mentale'. 73
soit, de bien vivre sans faire l'O
raison Mentale ; & le Cardinal Bel-
larmin estime moralement impossi
ble à tout Chrétien de s'aquiter des
obligations du Christianisme , s'il
Remploye du moins un quart d'heu
re chaque jour à la Meditation, ti
Tous les Fondateurs des Ordres Re
ligieux de l'Eglise de Dieu , ont jugé
l'Oraison mentale si necessaire , qu'ils
ont ordonné par une Regle expresse i
tous leurs inferieuri, d'y employer un
items assez notable cous les jouis,
3- iEIleest si utile, que pour grand
pecheur que soit un homme, Se habi
tué au mal, s'il estfidelle à bien fairs
la Meditation , dans un mois il sera
totalement changé & converti à Dieu,
& aura du moins autant d'amour pouc
la vertus , qu'il en avoit auparavant
pour le vice.
4. Les Saints appellent la Medita-
tion la clef du Ciel , la manne qui a
le goût de toutes les vertus , la source
de toutes fortes de graces,, le souverain
D jem«5
74 De F Oraison mintalel
remede contre toutes sortes de maux,
& eriEn lui donnent des louanges
nompareilles.
f . Un homme qui fait Oraison men
tale preche continuellement par fa
modestie, par la composition exte
rieure de son corps , & donne bon ex
emple a un chacun.
si. La Meditation regie toutes not
autres actions : & quand elle est bien
faite , pour l'ordinaire tout le reste va
bien. C'est pourquoi un contemplatif
difoit, qu'il sçavoit dès le matin com
ment il devoie passer la journée , étt at
comme assuré, que s'ilfaisoit bien la
Meditation, tout le reste lui succe-
deroit heureusement & utilement»
7. Si vous êtes Ecclesiastique, vous
y êtes doublement oblige; 1. parcs
que vous êtes obligé d'enseigner aux
autres les moyens de bien s'unir i
Dieu, de reconnoitre les tentations
& pallions, & les sources d'où elles
proviennent : ce qui ne «'apprenant
d'ordinaire que pat ]a Meditation, .
Dr rOraison Mentale: 7s
M peut être enseigné que par celui
qui en a l'usage . a. d'autant que vous
avez besoin d'une tres grande morti
fication interieure, & une grande re
collection pour vous bien acquiterde
toutes vos fonctions ; ce qui est un
effet de l'Oraisqn mentait,
II» Considerez les moyens pro-'
pres pour bien faire la Meditation,
& ne manquez pas de les mettre en
pratique. Le 1. est, de bien posseder
& pratiques U Methode & les avis,
qui sont au commencement de cette
Partie, a. de ne laisser passer aucun
jour fans faire Meditation. 3. être fort
fidelle à executer les resolutions que
vous y prendrez, 4. être sort humble,
car Dieu ne prend point plaisir a se
communiquer aux superbes: Ç, être
homme de mortification: MoneJ$ritt
dit Dieu , ne demeurera point avec
P'homme , parce qu'il est charnel, c'est
à dire , qui aime trop son corps & est
icamortifie* : 6. faire tendre toutes vos
Otaisons à vous corriger de vos de-
P a huts,
s6 De VOraison Mentale.
sauts , acquerir les vertus qui .vow
manquent, & vous bien acquitte de
vos devoirs envers Dieu , envers le
prochain , & envers vous même : 7.
en faire une tres haute estime , à fini
tion de tous les grands personnages ,
v& j&ommèment du célebre Docteur
Suasez., lequel idisoit, qu'ileût beau
coup mieux aimé perdre toute fa
science, que d'obmettre seulement
une heure de ses Oraisons.: 8» enfin,,
prendre , autant que vous pourrez*
le tems le plus propre, qui .est le ma
tin , & iun lieu où rien ne vous puisse
interrompre , Jk qui /oit .éloigné da
tout Jwruit.
III. Considérez que vous n'avsa
aucune excuse legitime , pour -vous
exempter desaire tous les jours l'Orai
son mentale; car il ne sert de rien da
dire 1. .que vousne la (gavez pas faire,
veu que fi vous étudiez bien la Me
thode que nous venons de vous pro
poser comme moyen , vous sgaurex
facilement mediter ; 9. ai que vous
De V Oraison Mentale. 77
«"avez pas assez de loisir, puisque
▼out trouvez bien le tems de prendre
3a nourriture du corps, betucoup
moins nécessaire que celle de Tame,
que vous prenez par la Medication j;
3. ni- qu'il y a trop de peine : car Je
plaisir qu'on y reçoit est si grand,,
qu'il surpayé de beaucoup toutes lesi
fausses voluptez de la terre, & ious-
les vains plaisirs du monde; 4, ni ne-'
devez vous excuser,, vous persua,ianc
que la Meditation eft faite pour les'
Religieux seulement, veu qu'elle est:
necessaire à tout Chrétien pour bien1
vivre;, y. ni ne devez alleguer les*
exemples de plusieurs qui ne la sont:
pas , puis qu'il est certain- que plu
sieurs aussi ne vivent point en' Chre
tiens , mais plûtôt en Païens, ou en
bêtes i ou si leur vie est exemplaire „,
fans cloute ils sont Oraison mentale,,
fans que cela paroisse ,. & s'entretien
nent interieurement & souvent avec
Dieu» 6. Ni ne devez prendre pré
texte qu'on se moqueroit de vou$r
78 De POraisen Mentale.
6 vous faisiez Oraison mentais , puis
que te seroit sans sujet, & qu'on
pourrait donc se moquer des petsoa-
nes de la plus haute vertu & condi
tion , doct un très grana nombre fait
Meditation tous les joues, même p?r-
tui >es Princes & les Princîflcs. 7»
Enfin, n*alleguea pas pour excuse
que vous faites beaucoup de prieres
vocales, & suppltfez par es moyen à
l'Oraison mentais» puisqu'il cil cer
tain que la priere vocale ns sert de
ikn û le cesur n'y est joint; & quand
il s'y rencontre, c'est pour lor> une
Oraison en quelque façon mentale &
vocale , mais plus impa foite d'ordi
naire, à plus sujette aux distinctions,
que n'est celle qui est purement men
tale.
MEDITATION lit.
De la Confe(Jian generate.
3, {"^Onsideres que la Consession ge
nerale est necejlaire à tous
fuuqui ont laisse glisser quelque dé
faut
De la Confessiongenerale, 1$
faut essentiel en leurs Consessions pre
cedentes i ce qui peut arriver princi
palement en cinq cas. Le premies
•1 , quand le Penitent n'a pas eu uns
suffisante Contrition de ses pechez ;
Ce qui parnit quand au lieu de s'accu»
set lui-même , le pouvant faire, il ne
veut rien dire , si le Confesseur ne l'in
terroge, ou il i'excuse , ou il se loue,
ou de'guise à dessein ses fautes, ou ii
accuse les autrei , ou se dépites cabw
contre son Confesseur* ou f-sui.? i-v,i
raison la peniience ôr lei avis rsu-ni-
nables qui lui font donnes. Le m-
condefr, quand il n'a pas eu un ter
me propos de s'amander a l'avenu- :
en quoi manquent, x. ceux qui se
contentent de dire de bouche , qu'ils
ne retourneront plus a leurs pechez ,
& cependant ils ont encore dan, le
cœur un desir secret d;y retourner
ceux qui n'ont pai une bonne volon
té de quiter ou suir les occasions
prochaines du peché , ou de faire re
stitution du bien mal » acquU , & d.)
D 4 l'hoEt.
so De I* Confession generals.
l'honneur ôtè par médisance ou autre'
ment , ou de pardonaer, de se recor.»
cilier avec leuti ennemis, &c. \M
troisième , quand le penitent n'a pas
fait quelque Consession entiere; ce
qui arrive i. quand à escient il cele k
retient quelque peché mortel, 2,
quand faute de bien examiner sa con-
science,, il oublie de dire quelque
peché mortel,*: 2, quand il manque de
dire le nombre des pechez- mortels i 4.
quand il obmet à son escient quelque
circonstance du peché , qu'il a con»
liesse' » laquelle ètoit nécessaire à de-
clarer ; commeVil a frappé un Prêire,
& qu'il dise seulement qu'il a frappé
un homme,. & ainsi des autres. Le
quatrieme, .quand il a été consessé
par un Prêtre ignorant» lui l'étant
aussi & ayant des chose* de conse
quence à lui déduire eu Confession».
Le cinquième, quand: le Consesseus
qui l'a absous n'a voit pas la puissance
de l'absoudre , particulierement si le
Penitent a choisi tel Confesseur poui
en
Be la Confeflion generale, fil
en être;quitte à bon marché. Or no*.
tezque toutes Consessions , avec quel
qu'un' de est défFauts , (ont nulles te.
damnablet, & pour les reparer il n'y
appoint d'autre remede que la Gonsefi
fiom generale;
Ht Considerez lès avantager que'
là'. Consession generale apporte , mê
me à ceux qui n'ont point de nécessi
té de la faire; Le premier est , que
psrt la reveùe general*- qu7bn fait' de
tous ses pechez en détail & tous à la
fois, on. en reçoit une nouvelle: &:
pini grande Contrition, L>second,,
que la peine & la confusion' qu'on a'
dé redire à' un seul Cbnseifeur toutes
lès ofsenses de: la vie paslSe, remet
une partie de la peine cUùeen Purga--
toire; Le troisiémerquen'àct8 d'hn»
milité qu'un y pratique en s'accusanC-
de ses crimes, sins y è're. obligé ni'
contraint, fait que: Dieu1 en1 recoro
pense-, nous dbnnede nouvelles gra*
ces, & du r-enfort contre le peché,
te quatrieme, que^ par ce moyen
D { nôtre
g 3 De la Confejjiïen gemrale-4
vôtre Confesseur conuolt mieux l'état
de nôtre conscience, & les inclina»
lions & racines des pechez , & pac
consequent il peut donnes des renie-
«les plus propres pout la guerison de
nôtre ame. Le cinquieme, qu'oni
en retire un grand soulagement & re
pos de conscience, à cause de l'assu
rance morale qu'on a d'avoir ainsi re
medié à tous les defFauts des Couses-'
fions precedentes , s'il y en avok eu >
& qu'on reçoit de Dieu comme une
quittance generale de toutes les debtee
passées; sa forte qu'on n'a plus à
craindre d'en être recherché au Joue
du jugements du moins quant à lav
touipe,. v
Xli. Considerez les moyens de
bien faite cette Confession generale»
dont le premier,' est de bien s'exami
ner, pour connokre si en, nos Con-
sessions nous n'avons point' laissé
glisser, aucun des defauts qui la ren-
dent nulle ï & cela étant,. en faiie dess
actes de Contrition , & une fermât
Dt la Confession gentrde, $J
resolution de les reparer au plqs-târ
par une bonne Consession generaiej
& si nous trouvons que nous n'avons
jamais commis aucun de tel defauti»
nous represcneer que c'est peut êtes
que nous sommes aveugles en cela»
& que nous nous trompons.; d* pius»
que ce serok a nous d'un côté un*
grande presomption de croire que
nous n'en avons que faire i puisque
les psus parfaits la fout, & de l'autre»
un mépris de la grace que Dieu nou«
offre, si par nonchalance , ou par
crainte, ou autre respect humain nous
resusions de faire cette action si avan-»
tageuse , quand nous en avons l'in
spiration & l'occasion. Le second
est, de bien resister aux tentations du
diable , qui pour nous empecher ou
retarder cette Conteliloa generals »
a rfccaùtumé de nous douter, de la
honte, ou de la crainte, ou de l'ap
prehension des difficultez, quoi qu'il
n'y ait aucun sujet d'apprehender en
lout cela. Le iroisieme est , de peo-
D S ssx
\
$4. De la Canfejpongenerale.-
fer serieusement à ce que nous vou*
drions avoir faitR û noue étions à<
l'article de la. mort* & au. jour du.
Jugement, & le faire de» à present.
Le quatrième est„ de demander ài
Dieu ttei-instamment la grace de la;
faire & delà bien faire. Le cinquieme
est, de faire comme il faut la. retraita
spirituelle & pour ce qu'on y, trouve
toutes sortet de moyens gout s'y
biens disposer;,
^^^^^â^tflfe
IF.
MEDITATION UT-
Du bien*fait deb Création..
LA tR.EtA&AIlQN.
3„ "ft Epresentez. - votts> devant; Dieu~9
I. par un. aâe. de foi, disant :-
lion Dieu, je croy sermement que:
tous êtes ici present: comme par
tout & que. v ous me regardez fixe-
mène
tht bienfait de l'a Création, gf
ment jusques au fond de mon cœurr
&C.2. pat un acte d'humilité; Mon:
Dieu | je ne suis pas digne de paroi»
tie devant vôtre Majesté, n'ayant de
moi même que le neant, peché, &
l'ignorance , &c. 3. par un acte;
d'adoration ♦; Mon Dieu, prosterné
aux pieds de vôtre redoutable Ma»
jesté, je vous adore, vous recon-
noissant pour mon souverain Sei
gneur de qui je dépens entierement..
2v Demandez à Dieu la grace de:
bien faire vôtre Oraison; & pour
«ét. effet, priez* le qu'il fortifie vôtre
memoire, pour vous bien reslou-
venir de ce qui sera propre au sujet
que vous allez mediter i qu'il éclaire
vôtre entendement, pour penetrer
les veritez que vous y découvrirez j,
& qu'il échauste vôtre volonté pour
tirer les affections & resolutions quii
seront davantage a sa gloire , & à vô
tre, plus grand profir. Il est bon de:
dire pour ceci , le VenisanBe tyiritu!v
tepletuoriWi, &c . ou autre semblab *
$6 Du iienfait de ta Crèuthu.
Oraison vocale» a. Implorez t'aJJZ*
fiance de la sainte Fiirgei de voce*
bon Ange, de vôtre Patron & des
Saints à qui vous avez une particu
liere devotion, leur faisant à cet effet
quelque courte priere vocale. 3» Ac
compagnez vôtre demande de ces
trois actet. De defiance de voat même,
leconnoissant que vous ne pouvez
pat de vous même avoir seulement
une bonne pensée; 2 de confiance eu
Dieu, esperant que pat sa bonté il
vous exaucera, tel que vous êtes:
3. d'indifference ou de resignation a fa
sainte volonté, a l'égard du succès
de cette Oraison, protestant que vous
n'y voulez pas rechercher vôtre sa
tisfaction , mais puremeut fa gloire &
son bon plaisir.
3. Bfifrejentez- nm le fujtt de cette
Meditation , ce que vous serez , 1 ». en
vous persuadant vivement que voue
allez vous entretenir avec Dieu, du
bienfait de vôtre creation, & de la fin-
(out laquelle il vous a creé ; 2. faii»
Du bienfait de ta Création. $7
sent un acte de Foi sur cette verité,
cioyant fermement que c'est lui qui
Vous a donné l'être i & destiné à une
fin ties-noble ; 3. fous proposant la
fin particuliere, pour laquelle vous ai-
lez foire, cette Oraison, qui pourra
être , pour biea connoitre & recon
noitre reciproquement un si grand
benefice.
LE CORPS DE L'ORAISOtX*
CONSIDERATION.
1. fOnsiderez I. ce que vous êtes
par la creation. Qu'avez-vous
«te* de toute eternité, jusquesau joue
que vous fûtes conçu dans le ven
tre de vôtre mere, sinon un pur ne»
ant , qui est moins que la plus bafse âc
la plut abjette de toutes les creatures ?
2.n'étant rien, & n'important pas qua
vousfuffiesou n& sussiez pas , Dieu
vous a donné l'être, & vous a fait c*
que vous êtes par son pur amour.
il vous a doané l'êcre de creature ui«
sounabi*
S$ Du bienfait de la Création..
sonnable la- plus- noble & la plus ex»
ceiUote de toutes celles qui sont au
monde. 4. vous faisani homme , il
ne vous a point fait desectueux , soit
d?esprit, soit de corps, mais bien
composé & assorti de tous vos mem
bres : & enfin,, il vous a fait à sot
image & semblance:: à son image,,
parce que vous avez reçu de lui ifti
memoire, l'entendement , & la vo
lonté: & à fa. semblance, parce que:
vous êtes capable des plus belles Ver--
rus, qui sont comme les caracteres'
de la nature divine.
I I. Considerez- serieusement quel»
le est la fin de vôtre creation : 1. c'est'
que vous aymiez reciproquement-
Dieu vôtre Createur, de tout vôtre
cœur, de toute vôtre ame, de touies
vos pensées, & de toutes vos forei.i*
parce qu'il vous a creé, & tenez de
lui tout ce que vous éte,,. Si nous ne
sauvons, comme dit l'Apôtre, rendre
iki pareille à' nos Parens , qui ne nom ont
J«nné que (e cotfs , que ferons nom à
Dieu
Du lien sait de h Création. g£>
Dieu qui n§m à fait tout ce que noia fout--
mes ? 2. c'est afin que vous lui loyer
soumis en toute humilité & devotion»
obeïssantà ses loix & à celles de l'E
glise son Epouse, 3. afin que vous ne
cessiez de le louer & glorifier pour
tant de faveurs receuësde fa main li
berale , & sur tout pour le bien fait
inestimable de vôtre creation : car fii
en l'ancien Testament Dieu n'a pas
gratifié le peuple d'Israël du moindre-
petit bienfait ,. qu'il ne l'ait oblige*,
quant & quant, à lui en témoigner la
reconnoissance tous les ans , par une
fête solemnelle,. que doit. il attendre
de nous pour celui de la creation , ne:
nous ayant pas faits seulement à sot»
image & semblance , mais donné en
core une ame immortelle , capable
de jouir des biens éternels, qu'il nous
a preparez dans le Ciel ? Ce quia fait
dire à un gsand Saint , que l'homme'
ns respire pas si souvent, qu'il est ob-
ligé de se ressouvenir de Dieu , d'au
tant que comme il lui continue tou
jours
JO Du bien fait de U Creation.
Jour, l'être, il lui doit aussi de nou
veaux remerciemens pour l'être im
mortel qu'il lui communique conti
nuellement , 4, afin que lut ayant
rendu toutes ces reconnoissances en
cette vie; ilnous fasseenfin partici
pant du bon heur, & de la gloire é-
ternelle , qui est le. pint gran i de tous
les bitns qu'on se puisse imaginer.
III Considerez la fia des autres
creaturea corporelles, qui n'est autre
que de nous servir & ayder à arriver
a nôTe 6n; & en eisat Dieu n'a creé
les Cieux, le Soleil, la Lune, les
Etoiles, & les Elemeos à autre usage,
que pour destiuguer le jour d'avec la
nuit, & pour servir à nos necessitez,
par la benignité des influences que
ces Astres répandent sur les choses
d'ici bas. De plus, en creant tant de
sortes d'animaux de differentes espe
ces , il a destins les uns au soulage
ment de nos travaux, les autres pour
nos vetemens & pour nôtre nourri-
tare, les autres pout nos divertisse-
mens
Du bien fait àe la Creation. 91
mens & pout d'autres usages , doul
nous avons besoin tout les jours,
Enfin , il n'a eu autre dessein , nous
communiquant tous cei biens & tans
d'autres ; soit naturels j soit surna-
tuieiî, comme l'esprit , la prudence,
la santé, les forces, les sciences; les
richesses, les honneurs, &c. sinon
que tout cela serve & contribué à
nôtre salut; Je sorte que s'ils ne le
sont, nous devons avec saison sou
haiter leur contraire, faisant plutôt
choix de la maladie que de la santé,
de la mort que d'une loigue vie, de la
pauvreté que Jes richess:s,& faire plus
de cas de la vie Religieuse ou devote,
que de la seculiere ^mondaine.
A FFECTION S.
pOur exciter des auctions sur les
Considerations precedentes , il
faut faire reflexion sur vous même,
pour voir 1. si vous êtes bien con
vaincu des veritez que vous avez
meditées: Comme par exemple, au
premier point , de la grandeur du be
nefice
Du bienfait de la Creation».
nenee de vôtre vocation & de vôtre
neant au second, de l'obligation
que vous avez à répondre a un
grand bienfait:: au troisième, que
vou* ne devez vous servir des creatu»,-
res , qu'entant qu'elles vous aideront
à servir vôtre Créateur , 2. li vous
avtavécu conformement à la crean
ce que.vous aviez de ces veritez ; corn»-
me par exemple r fi vous avez été
soigneux de remercier Oieu de vôtre
creaiion, si vous l'avez aimé \-\us
que toutes choses , & bien usé de ses
creatures , & des biens du corps & de
l'esprit; comme' de l'argent , de la
nourriture, de la santé , de la science,
&c. 3- ayant trouvé que vous avez
quasi fait tout le contraire de cela,
comparez la grandeur de Oieu avec
vôtre neant, la grande liberalité avec
vôtre ingratitude, le service auquel
il vous oblige, avec vôtre infidelité
& malice, & vous vous sentirez aussi*
tôt porté à diverses affections ; mais
arrêtez vom particulierement, sur
ces
Du bien fait de la Creation. 93
4M trois qui font les plus utiles , à
icavoir , d'admiration, de consusion,
Je de contriiion,
1, D'admiration & d'ètonnemenc
suc l'excez de la bonté de Dieu suc
vous & sur vôtre grande ingratitude,
disant par exemple: ô Dieu: que
vous ères bon , & comment eûtes-
vous memoire de moi pour me créer?
& comment m'avez vous souf
fert en mon ingratitude? ô quel aveu
glement & folie en moi, d'avoir
ainsi abusé d'un si grand bien
fait ? &c.
3. De Confusion $'a1'abaissement -en
laveue de vôtre indignite, ingratU
tude , & deloyauté Grand Dieu !
j'étois assez indigne de ce benefice
par mon neant, fans y adjoûtec
mon ingratitudes malice: au lieu
de m'unis à vous par amour & sec»
vice , je me suis rendu tout rebelle;
par mes affections déreglées, me se
parant & éloignant de vous poux
mu joindre au peché & au demoa
VÔCM
94 Du iienfait ie la Creation.
▼ôtre ennemi. O que je serois hon
teux & consui, li j 'avois été ainsi
ingrat envers un Roi de la terre ! &c.
3. De Contrition , concevant un
grand regret de la mauvaise vie pas
see & un serme propos de s'aman-
der. O que j'ay grand sujet de fon
dre mon cœur de douleur , & faire
sondre me yeux en larmes, pour une
si grande ingratitude & infidelité !
ô que je les detecte d'us bon cœur;
& que c'est tout de bon que je re
nonce à toutes mes attaches, aux
vanitez, & aux plaisirs mondains,
què j'ay miserablement preferez aa
service de mon Dieu, Oui mon
Dieu , plûtôt la mort que le peché ;
sur tout, tels à tels que vousna'a-
ver. vea commettre, &c.
RESOLUTIONS.
TJOur bien sormer vos resolutions,
il faut faire trois choses. I. La
premiere est de repasser par vôtre
esprit lu principales choses qui vous
«Ai touché, & en tiiei de conse
quent
Du bien sait de U Creation, Jf
quences; Par exemple, au premise
point, de ce que Dieu vous a tait de
tien , & de ce que toui étei , voui
devez conclure : Donc je dois l'en
remercier toute ma vie , & m'humi-
lier , mon origine étant le néants
Au second point: Je n'ai été fait que
pour Dieu : donc je dois faire que
toutes mes pensées , paroles & actions
tendent à lui, & non au monde, &c.
Au troisième point: Dieu ne veut
pas que je me serve des choses de ce
inonde , sinon en tant qu'elle me ser
vent pour le servir : Donc je lui dois
obeït en cela ; en forte que si les hon
neurs , la santé , les richesses, &c. ma
detournent de son service , je m'en
dois priver volontiers • & embrasser
pour cela de bon cœur le mépris ,
la maladie , & la pauvreté. Cet trois
consequences étant ainsi tirées, il faut
dire : Voilà donc ce que je veux fai
te , & à quoi je suis resolu i 4c.
La seconde chose est de prendre des
moyens propres pour executer ces
96 Du bien fait Je la Creation.
resolution, generales , marquant des
pratiques particulieres pour cela: Pas"
exemple, pour la premiere resolutions
vous proposer de dire à genoux tous
les matins : Mon Dieu , je voue te»
mercie de ce que vous m'avez creé ,
&c. Je veux me faire quitte de ces
vaines complaisances en mes actions,
de ces paroles de jactance, & ne ma
pas facher quand on me rnépriiera,&c.
pour la seconde : Pour bien m'unir à
Dieu , je veux éviter le peché mortel
plus quel'Ensel , & de n'en commet»
tre, jamais de veniel de propos deli
beré , frequenter les Sacremens , faire
une bonne Consession generale, &c.
Enfin , aspirer à une vie vrayemene
Chrétienne, 4c. Pour la troisieme:
Les moyens dont je me (eivirai pout
bien user des choses du monde;
comme de la santé, de l'argent, de
la science , &c. seront I, de bien
purifier mon intention en me servant
,de cos choses, disait que c'est poui
^mom 3c la gloire de Dieu, a. quand
la
Dis bien fait de la Creation» 97
la pensés me viendra de preferer l'ar
gent , l'honneur , &c. au service de
Dieu, dire: J'aime mieux de perdre,
que tu me perdes. 3. Me mettre dans
la pratique de la mortification , refu
sant à ma sensualité ce qui n'est pat
necessaire. 4. Demander souvent cette
grace, &c.
La troisième chose est d'ôter les
empêchemens à l'execution de ces
resolutions. Par exemple: Qu'ei-
ce qui empêche que je n'aspire à la vie
devote, à faire tous let jours l'Orai
son mentale , une bonne Conselsion
generale , &c. Ce sera tantôt la hon
te du monde, & la crainte d'être mo
qué, tantôt l'attache à quelque per
sonne, ou à quelque bien temporel,
tantôt les mauvaises compagnies, tan
tôt les tentations , &c. Or il faut
chercher des moyens pour rompre ou
surmonter tout cela : autrement vos
resolutions seront inutiles. Par ex
emple , si c'est ia honte du monde Se
la crainte d'être moqué , il faut op-
fi poses
$8 Du liesfait de la Création.
poser ces paroles de nôtre Seigneurs
Qui aura honte de moi dtvant les hum-
mes , j'aurai aujfî honte de lui auprès dt
mon Pere, Et voilà un moyen poui
ôcer cet empêchement. Il en faudra
laite ainsi des autres.
LA CONCLUSION.
f . D Enterriez Dieu du bon facette de
vôtie Oraison, & ensemble
âes autres bienfaits reconnus en la
même Oraison : comme de sa bonté
à vous donner un être si excellent,
êe sa misericorde & patience envers
vôtre ingratitude. O mon Createur!
combien vous suis» je redevable poui
m'a voir ainsi tire' de rien , & fait pal
vôtre misericorde ce que je suis , &
«le na'avoir souffert eu mon ingratitu
de: Je vous en remercie très - hum
blement , comme aussi de tous lea
bons sentimens que vous m'avez don
nez en cette Oraison ; que toutes les
creatures vous en remercient poux
moi , &c.
s. Ofrtz lui vôtre emu & toute»
lu
Du bienfait de la Création., 99
les bonnes pensees , affections & re
solutions qu'il vous a inspirées. O
mon bon Dieu 1 je vous offre l'être
que vous m'avez donné , avec tout
mon coeur & tout ce que je suis. Je
vous le dedie & confrere entierement:
je vous offre aussi toutes les bonnet
resolutions qu'il vous a plû m'inspi-
rer , afin de me les conserver pour
mieux vous servir , &c.
3. Priez- le qu'il vous dorme la
grace de bien executer vos resolu»
tions. Je vous supplie , mon Dieu ,
d'avoir agreables mes souhaits & met
vœux , & de donner votre sainte be
nediction a mon ame, à celle fia
qu'elle les puisse accomplir par le me
rite du precieux Sang de vôtre Fils ré
pandu en la Croix. Je vous en con
jure par la promesss que vous nous
avez faite, disant; Demandez ,& il
vota sera donné. Vous sçavez que je
ne puis rien faire fans vôtre grace;
Donnez-la moi donc, Seigneur, pas
las merites de vôtre Sainte Mene, &
100 Du bien fait de la Creatwni
de toute la Cour celeste, O Saints
Vierge , mon ban Ange , mon boa
Patron, & vous Saints NN. secourez
moi à present par vos intercessions,
je vout en supplie , &c.
Faites le Bouquet Jpiritueh
pT pour cela faites premierement
un petit examen soi vôtre Orai
son ; pour voir si vous y avez bien
ou mal procedé , remerciant Dieu d«
l'un , & demandant pardon de l'autre;
& puis choisissez quelqu'une des affe
ctions & resolutions que vous avez
eues , & qui vous ont le plus touché.
Par exemple, si ce passage de David
vous «stoit venu en l'esprit, & vous
avoit touché;vous pourrez le prendre
pour le repeter plusieurs fois le jour ,
disant : Quest ce que je pourras rendre
n mou Dieu , pour tant de bien qu'il m'a
fait ? Ce fera de recevoir de bon coeur
le calice de salut, c'est à dire, toutes
les croix & mortifications qui m'a tri- .
veronc.
UBDU
Bu bien fait de laConserv. 191
MEDITATION V.
Bu bien - sait de la Conservation.
PREPARATION.
1, \J[ Ettez vous en la presence de
AV1 Dieu, &c.
2. Demandez> lui la grace de bien
faire vôtre Oraison, &c,
3. Representez » vous le sujet de
cette Meditation, &c
CO « PS DRL'OR A iSON.
CONSIDERATIONS»
I* /""Onliderez que Dieu voue
ayant donné l'être, il ne
cesse de vous le conserver: ce qui
n'est pas un moindre bien- fait que de
vous l'avoir donné une sois ; car il
se vous a fait qu'une fois le premier,
mais il ne cesse de vous continuer le
second, d'autant que vous conser-
▼ant dans l'être qu'il ne vous a donne
qu'une fois, il le produit tous les
jours en quelque façon de nouveau ^
£ 3 %ui
*0» Du bien fait
•jui n'est pas un moindre effet de Com
pouvoir & de son amour, que l'œu
vre de la creation. C'est pourquoi ,
fi vous lui êtes beaucoup obligé
pour vous avoir tiré du neant en un
instant, vous l'êtes eocoie davanta
ge de ce qu'il ne cesse de vous con»
server chaque moment l & pouvez
compter autant de parties de ce bien
fait en vous que vous comptez &
compterez jamais d'instans en tous
les jours de vôtre vie ', d'autant que
vous n'eussiez pû subsister en au
cun d'iceux de vous même, si Die»
eût tant soit peu detourné les yeux
èe dessus, vous.
II. ^Considerez que Dieu a creé
tous les autres biens du monde poui
servir à vôtre conservation & en
tretien; il n'y a pas jusques aux
.Anges même qui assistent toujours
devant fa face, qu'il n'employe à
cette fin : car, comme dit S, Paul:
Us font tous Jervi/eurs & ministres de
JàitH , debuta four le Jtwice de ceua
qui
Be la Coiijervatio*. ïoJ
f»i sont dejiinez à l'heritage du JaluK
1. en faut dire autant de toutes le*
au\res creatures corporelles , qui sont
deftinses de Dieu pour conserver &
nuintenifl l'homme en son être;-
C'eà ce que fair le Ciel avec les pla»
nettes, l'air avec les oiseaux , lames
& les rivieres avec les poissons, la teiteî
»vec les animaux, les fruits, le, steurs r
& tant d'agreable* odeur,. Ce qui*
feisoit dire avec admiration au Pro*
phete Roy * Seigneur , qu'eji ce ùo-nP
que l'homme, que vous ayez souvenant
te de lui, ou le fils de l'homme pouf
l'honorer ainsi de vôtre vifite'i- Vous>
l'avez couronné de gloire d'honneur,,
4g l'avez établi Jur tous les ouvrage*
de vos mains ; vous lui avez soumis
ajsujeti toutes choses , les troupeaux d?
boeufs , df de moutons y en outre'
avez adjoûté à [on domaine tous les
Animaux de h campagne.*
1 1 1. Considerez que non sei»?è*-
ment cous les biens qui font au mon»
«lei, mais encore tous les maux don*
IC4 Du bienfait
Dieu nous a preservez & garanti»
(ont autant de faveurs & de biep>
faits pour nous. Combien voy«ni
nous de personnes affligées & travail
lées , les unes de la pierre , lei i li
tres de la goutte i celle ci de la Upre,
celle» là du haut mal, & d'une infi
nité d'autres maladies, dont par la
misericorde de Dieu nous nous trou
vons exempts ? Tout ce bas monde ,
n'est autre chose qu'un abime de
calamitez & de miseres: à peine trou»
verez.vous une iamille. qui en soit
exempte. Ce n'est donc pas une pe
tite obligation que vous avez à Dieu,
$'il vous en a preservé : car pour»
quoi ces choses n'auront elles pas
lieu en vous , puisque tous les maux
du monde étans sondez, ou fur le
peché, ouiur la naiure, vous avez l'un
h l'autre en vous,qui vous y pourroit
engager ? Qui a donc empêché que
le deluge & le torrent de toutes iet
œifeies n'ait abordé sur vous, & ne
jous ait engsouti a sinon la grace &
la
de la Consvrvathn. iof
la main toute- puissante de Dieu?
AFFECTIONS.
UAites reflexion sur vôtre vie
* passée & sut l'état present vous
excitant»
i. A admiration & étonnement
de la bonté de Dieu, de vôtre in*
3. A consusion & abaissement pouc
vôtre infidelité & malice envers
Dieu, &c»
3. A la detestation de vos pechez &
propos d'amendement à l'avenirl, &c,
*~rUez les de ce qui vous a le plus
 touché, & faites qu'elles con
tiennent ces trois points.
1. De vous corriger de tel ou tel»
vice. Far exemple, d'ingratitude »
de paresse, &c. & de pratiques les
vertus contraires , &c.
3. De prendre tel» & tels moiens
pour observer ces resolutions , Par
exemple la Consession generale, l'O-
lailou mentale, la frequenie Coua-
n mon, de, £ f
gratitude , &c.
RESOLUTIONS,
100 Da bienfait
~ 3. D'ôter tels & tels empêcha-
mens à vos desseins : comme l'oc*
caûon prochaine , la crainte d'être
snocqué, ou chose semblable
CONCLUSION»
I. D Emerciez - Dieu de vôtre
A Oraison, &c.
%. Offrez lui vos bonnes pan*
fies, vos resolutions avec vôtre-
cœur, &c.
3. Demandez lui la grace de 1er
bien pratiquer pat Pintercaffion ié
fil sainte Vierge, &c.
Faites le petit Examen %
Et puis
& ht/que* fëhiivei , comme fmm*
être celui-ci.
3E benirai le Seigneur, en tout
tems, pource qu'il me conserve
4 tout moment, comme par un»
(Continuelle creation : ou autres à
Jéti».devotioa.
dt la Redeinpthn, ies
MEDITATION VI.
Du bien.fait de la Redemption»
LA PREPARATION
à l'ordinaire.
A A Ttention à la presence de
Dieu.
S» Invocation du secours divin.
J, La representation du sujet.
COR.BS DE L'ORAISON.
C0NSIDERAT1 ONS.
S, f^Onsiderer i. qui est celui qui
vous à racheté. C'est le Pilt
de Dieu vôtre Createur & Confer,
vateur, qui s'est abaissé jufques à
prendre la nature humaine, & se
faire homme pour vous , afin d'o
perer vôtre redemption le plus par
faitement qu'il étoit possible, &. voa»
retirer de la damnation que vous
aviez meritée par le peché. 2. Con
sidere? 'a grandeur de l'amour que
Dieu vou» a témoigné en cela , & à-
£ 6 tou»
Io8 Vu bien fait
tous les hommes. Sans doute il n'y
en a point de plus grand; Aucun
homme ne pauvoit satisfaire pour
ses pechez à moins qu'un Dieu ne
se fit homme. C'est ce qu'il a fait,
passant jusques à cet etccez de charité,
que de vouloir mourir lui-même,
plûtôt que l'homme vient à se per-
dre I comme si quelque grand Roi
venoit s'offrir soi- même ou son prp^
pre Fils à la mort pour un miserable
esclave , qui ne pouvoit par aucun
genre de mort, reparer l'injure & le
tort d'une personne qu'il auioit
offensee»
II. Considerez i- que Dieu n'a pk
employer un moien plus parfait que
celui dont il s'est servi pour voui ra
cheter: car il pouvoit faire cela par
un seul acte de sa volonte , par le
moindre signe ou parole, avant qu'il
se sit homme; & après i'êi re incarné,
il pouvoit encore par une courte
priere, par un petit soupir, par la
moindre goutte de sang qu'il ï*psn-
du
it h Hcdtmption. 109
dit en la Circoncision, sauver tout
le genre humain ; & neanmoins
par un excez d'amour et de charité
qu'il vous a porté , il a voulu vous
racheter par l'eiTusion de son Sang,
& pac la mort la plus cruelle à U
plus honteuse qu'on puisse imaginer»
3. Jugez combien horrible a éte cet
te mort, puisque la seule pensée
qu'il eut en la priere au jardin, des
tourmens qu'il devoit souffrir, lui
tira une sueur de sang de toutes les
parties de son corp-. Representez-
vous ensuite comme il sut dechiré
à grands coups de (oùas, comme û»
face sut meurtrie de tant desobflieti,
& couverte de tant de crachats , qu'on
l'eût pris pour un veritable lepreux.
Imaginez » vous voir ses pieds & ses
maint percez de gros clous , son chef
tout transpercé de poignantes épinés,
& en cet etat atcaché à U Croix , la*
quelle il sut contraint de porter lur ses
épaules sacrées, toutes couvertes cm
playes 1 (bus je poids de laquelle il
£ 7 tooiha
It* Bu bitn fais
tomba plusieurs fois. 3. Pesez «ora-
bien toute cette Passion sut rempli»'
d'opprobres & d'Ignominie: être là»
chement trahi par son propre Disci-
pie , lié & garotte* & dans un habit
à<t risée , trainé comme un fol par
toutes les rues de Jerusalem , adoré
pai moquerie comme un Roi de far»
ce, jugé pour un criminel , jusquas»
là qu'un Barrabas grand voleur &,'
meurtrier lui sut preferé, enfin, mi»
en Croix entre deux larrons, com*
me le plus insigne, & chargé en ce»
état de tous les opprobres & affront
imaginables.
III. Consideres de combien de
maux vous avez été delivré par cette
redemption: 1. vont avez -été ra-
cheté des pcchez, dont l'enormité
est si grande qu'ils n'ont pu ètr* ex»
piez , que par le Sang-du Fils de Dieu;.
S. de la tyrannie & esclavage de Sa
tan , auquel le peché vous avoit as
sujetti pour jamais; 3. Du seu eter-
pel preparé peur le Demon & les
Àngea
it h tficmpion. rit
Anges rebelles. 4. Considerez les
grands biens qui vous sont arrives
par ce rachat ♦ I» D'enfant du Dia
ne, vous avez été fait enfant de
Dieu t %. D'heritier de là damnation
eternelle , vous êtes devenu heritier
du Paradis : 3. Vous avez été fait par
ticipant de la grace & de la bienveil
lance de Dieu, & du tresor inestima
ble de tous ses dons spirituels : 4. Re
tombant par malheur dans vos pre
miers pechez , vous avez reçu le pou
voir de recouvrer une autre fois la
grace par le moyen de la penitence X
f» Etant en grace , vous pouvez l'ac-
eroitre, Se meriter la vie éternelle :
S. Dans le très- saint Sacrement de
l'Autel , vous avez moyen de rece.
voir la source de toute grace , & par
fe saint Sacrifice de la. Messe, offrir à
Dieu le Pere , son propre Fils , pour
remercier fa divine bonté, de tant
bienfaits reçus de lui.
HZ D/i hieufait de fa(t
AFFECTIONS.
1. 1"VAdmiration.
2. D* Conclusion.
3, De Contrition.
RESOLUTIONS.
I. T^\E quitter tel & tel vice, & de
pratiquer telle ou telle vertu.
2. De prendre pour cela tels & tels
moyens,
3. D'ôter telles & telles choses qui
en empêchent l'execution»
CONCLUSION.
I.
Du pecbé en general. 113
De lenormité àu pecbé, à raison de U
PREPARATION.
I. jD Epresentez » vous devant Dieu à
l'ordinaire, y ajoûtant cette
circonstance que vous êtes devant fa
Maj efts , comme un criminel devant
son Juge, &c.
% Fuites l'invocation accoutumée ,
demandant particulierement la grace
de bien connoltre l'enotoiité du pé
ché.
3. Representez » vous le sujet , sça-
voir le peché, le regardant comme,
la chose la plus detectable & épouvan
table qui soit & puisse être , afin de
mieux vous exciter à le suir & à la
craindre, CON-
III. ,
MEDITATION VIT.
grande haine que Dieu lui gotte^
I £4 Dufeehé en generai*
CONSIUfcRa HO NS.
I. f ^Onsideiez i. que le pechrf,
selon S. Augustin , est une
parole, ou une action, ou de sir cou-
ere la Loi de Dieu, c'est à dire, une
transgression de ses iaiats Gomman»
demens en ces rrois manieres , ou en'
quelqu'une d'icelles. Et quoi que
cette definition ne fiflè poin men
tion de L'obmiffiou ; on doit sçavoii
neanmoins qu'elle y est comprise,,
puisque l'obraiilton n'est point pe
ché, si quelque pensée ou acte de la
volonté n'en est la cause, & ne l»
iende criminelle. 2- Pesez quel grand
mal c'est que le peché , & avec quel
soin on le doit éviter: & pour cet
effet, representez vous les veritez
suivantes, i. Que Dieu Ta en hor
reur & en abomination pas demi»
toutes choses ♦ car il detffte l'impie &
son itppietéi dit le Sage en la Sap*
chap. 14. 2. Il a fallu que pour
l'expier, le Fils de Pieu ait versé ton*
sou sang. 3, H plaît «trèmemenfc
an-
Du peché en gener*i. ifs
au Diable qui est Tauiheur, & celai
qui U commet dit S. Jean. chap. I. efi
du parti du Diable. Car /.'est lui qui lui
a donné naiffiiiice , & qui a peché le pre
mier dès le commencement du monde,
4. Enfin , ii n'y a tieu d« plus dom
mageable à l'homme.
IL Considerez que nous pouvons
connoitre la grande haine que Die«
porte au peché , par les horriblerpti-
ses , dont il l'a châtié : premiere-
ment dans les Anges, & après dans
les hommes i Dans les A ages , les
quels bien qu'annoblis & enrichis
en leur creation de tous les avan»
tsages de nature & de grace; qui les
rendoient agreables aux yeux de fa
divine Majesté, il les a precipitez du
plus haut du Ciel , poui une seule
pensée de superbe, au plus profond
des Ensers : où ils sont en un état
fi miserable, que n'étant capables
d'aucun bien, ils le font de toutes
fortes de maux : car ils font dans us
perpetuel regret de se voir decheus
1 1 fi Du peché engenerat.
de la felicite natuielle , en laquelle
ils ont été crées , & de la surnatu
relle didivine, qu'ils pouvoient ac
querir à li bon prix : dans un eter
nel desespoir de se pouvoir jamais,
convertir: dans une rage & sureur
continuelle contre Dieu, insuppor
table! à eux mêmes, & dans une
haine & envie irreconciliable contra
nous étans toujours aux aguets pour
nous perdre, & tromper les hommes
les plus vertueux, & les plus grands.
Saints. Enfin, ils portent par tout
leur, ensers, & les flammes eternelles,
dans lesquelles ils Brûleront fans ces
se, & ne seiont jamais, consommez»
III. Considerez dans les hommes
la vangeance que Dieu a pris du
peché :& n dans Adain le premier
& le chef de tous les hommes,
qu'il avoit formé de fa main, èt»»
bli maitre de tout le monde, & an-
nobli dans ce dessein , de tous les
avantages de la nature & de la grace,
avec promesse de le rendre à jamais.
bien
Duftchi en general. 117
bien heureux, pour l'accomplisse-
ment de laquelle il lui avoit donné
d'abord le Paradis terrestre pour de»
meure; lieu le plus agreable & le
plus de icieux qui fût au reste du
monde : toutefois , pour avoir con
tre fa dtffense mangé du fruit de
l'arbre qu'il avoit planté au milieu
du Paradis, après l'avoir en un in
stant depouillé de tous les ornemens
de la grace, il l'en a honteusement
chaste avec sa semme, & du plus
haut point de la felicité, l'a reduit
à l'extremité de toutes les misères , à
travailler Ôt gagner son pain à la
sueur de son vj&ge, & ce qui doa-
ne plus d'étonnemeat , a enveloppé
& compris avec lui dans le même
châtiment , tonte fa race & fa pos
terité, c'est à dire, tom les hommes
qui sont, qui ont été, & qui seront
jamais jusqu'à la fin du monde. Ce
qui est tellement vrai, que toutes
les miseres du siecle present & sutur,
comme sont le peché originel , &
tous
1 1 g Dupeché en general.
tous les autres qui fe sont jamais
commis , la pauvreté , les maladies,
la famine, la guerre, & même la
damnation eternelle, n'ont pris leur
origine que du seul peché d'Adam*
fi. Considered les rigoureux châti-
lnens qu'il a exercez par après , de
tems en tems sur les hommes ,
pour d'autres pechez. Dans la Loi
de nature, & du tems d« Nos, il
a detruit le monde par le deluge , &
a fait pleuvoir le seu & le soulphre
sur les villes de Sodoine & Gomor-
ïhe. Ou tems de la Loi écrite, cha»
cun sçait comme il a traité le mur
mure de Dathan & d'Abiron , la de-
sodtxssance de Saiil, & l'adultere de
David. Et en la nouvelle, le men-
songe d'Ananie & de Saphira; &
comme il punit encore tous les jours
ceux qui partent de cette vie , cou
pables d'un seul peché mortel ; c'est
à sçavoir, parle supplice des flam-
jpss eternelles de l'Enfer.
Ame-
0»peehi tti gtmrdl. 1 19
AFP ACTIONS.
I, De consufitn. O mon Diea
^ue je suis consus, de me voii si mi
serable, si sale, & si ingrat a raison
de mes pechez. Comment oserai. je
comparoitre devanc voi yeux, ea
un etat si detestable? j'ai itifi malia
& si denature, qu'au lieu de vous
reconnoitre pout tant de biens que
vous m'avez fait , je m'en suis setvi
pout vous ostcnser, &c.
3. D'admiration, O bonte infinie.'
comment avez- vous daigne laifler si
long-iems vivre un tel ingrat &fi
criminel, fans l'abimer dans les
Ensers. Et quel aveuglement d'avoie
ainsi vecu , sijachant combien vous
haifie le psche, & que vous a'avei
pas patdonne aux Anges une seult
pen see d'orgueii & d'ambirion pout
laquelle ils biaient dans lc sen
,eltesnel , &c.
3. Ce contrition. Ha! qua j'ai dc
csgret d'avoir tantcommis de crimes
«osttr« vdtte divine Majaste, ja
utt'ea
1 20 Du peché en general.
m'en repens, non tant pour la crainte
de l'Enser, que pour la considera
tion de l'amour que je porte à vôtre
bonté infinie entant qu'elle seule en
est off;nstfe! O que je n'ai garde de
m'y laisler emporter comme j'ai fait;
ma resolution est de plûtôt mourir
que de commettre un seul peché
mortel, & de faire mon poilïbls
d'eviter les veniels, le tout moisn»
nant vôtre grace, laquelle je vous
demanrle prosterné à voi pieds, com
me un enfant prodigue. Ayez donc
pitié de moi, mon Dieu, A faites-
moi misericorde pour tout le pat
se, &c,
CONCLUSION.
Ii O Emercicz Dieu à l'ordinaire, &
particulierement de ce qu'il
Vous a souffert jufques à cette heure,
fans vous damner pour vos pechez,
& vous a donné la resolution &
l'occasion de vous en relever par la
penitence.
3, faites lui FOffrande accoùtu>
mée »
Du ftehé en general, m
mée, & principalement de vôtre
cœur plein de repentance de de bons
desirs de quitter pour jamais le pé
ché par une vraye penitence , & pas
une bonne vie»
3. Demandez lui la grace d'exe
cuter tous ces bons desseins avec
une parfaite Contrition, Consession,
& Satisfaction invoquant à cet effet
toute la Cour celeste, &c.
MEDITATION- Vllt.
De Venormiti du peché , entant que
notre Seigneur est mort
pur fejsacer.
I, £"Onsiderez 1. que l'enormit*
de nos Pechez a été si grande,
qu'elle a obligé le Fils de Dieu à
décendre du Ciel en terre , & prendra
chair humaine pour les expier en
souffrant la mort, & il le falloit ainsi,
d'autant que la malice du peché
mortel étant infinie, oppolée.comme
elle est , à l'infinie bonté de Dieu, elle
*e pouvoit être effacée que par une
12* Du pecbé tu general»
satisfaction infinie: si bien qu'il étoie
nectssdire, ou que la peine sut in
finie, de laquelle une creature fi aie
ne peut être capable ; ou que la
durée fût infinie, comme celle des
damnez dans les Enseri , ou substi-
tuer une personne de dignité infinie,
qui par quelque action de merite in
fini pût entierement satisfaire à
Dieu, comme a fait N, Seigneuc
JESUS » CHRIST , qui par un excel
d'amour a entrepris l'oeuvre de nôtre
Redemption. 2. Considera qu'il
s'ensuit delà, que comme lepech«ui
se prepare une place dans les Ensers
par ses pechez , en la maniere que le
larron se prepare un supplice par ses
vols &biigandages ; ainsi un chacun
de nous par ses crimes , a donné oc
casion au Fils de Dieu de prendre
chaii humaine, & lui a imposé
comme une neceflué de mourir,
J^I. Pour mieux connoitre l'enor-
tiùté de nos pechez, dont nôtre Sei-
gusitf s'est chargé, considerez qu'il
Duptckê tugeneral. iaj
n'a pat seulement mené une vie
plains de douleurs & de miseres, malt
encore il a souffect la mort la plue
cruelle & la plus ignominieuse qu'on
se puisse imaginer, afin de satis
faire d'une maniere infinie à la gran
deur de l'offense; non content d'éga
ler la satisfaction à l'injure, s à quoi
pouvoit suffire une goutte de sosi
sang , une de ses larmes , une eleva
tion d'esprit, un acte de charité,)
mais voulant de plus satisfaire dans
Coute la rigueur de la justice»
III. Considerez que bien que
nôtre Seigneur JESUS-CHEUST ait
souffert de si grands tourmens pout
les pechez de tous les hommes , cela
n'excuse & ne 'diminue tien de la
vertu de sa Passion : car le Soleil ne
luit pas moins pour vous, en éclai
rant le reste des creatures, que s'il ne
luisoit que pour vous seul , & vous
n'êtes pas moins coupable de la
mort d'un homme, lui donnant
tout seul la coup de la mort, qua
1 24 "Dit pêcbé engeneral,
fi vous aviés avec vous dix person
nes complices de ce crime: Ainsi
tous n'êtes pas moins coupable de
la mort du Fils de Dieu , pat un seul
' peché mortel que vous avez com
mis, & pour lequel il est Vrai de
-dire ,qu'il a souffert la mort , que si
irous le joigniez à ceux de tous les
hommes, À vous tirez les mêmes
avantages de la Passion qu'il a fous.
forte pour les pechez de tout le mon.
,de, que s'il «toit mort pour vous
seul.
MEDITATION IX,
De -Tenormitè du peché à raison it
fis effets,
J, fX)nsiderez que nôtre ame sor-
mee à l'image & semblance de
Pieu , perseverant dans fa grace It
dans son amitié, lui est si agreable à
-raison des dons spiritiels qui l'eoa-
belliflent , qu'il prend plaisir d'ha
biter en elle. Au contraire , venant
à tomber dans le peche mortel , «lie
devient
Btu pechê engenerals 1 2ç
«revient si horrible & épouvantable,
q.ue le pecheur même auroit horreur
de la regarderai! lui étoit permis delà,
voir: car outre qu'elle est privée de»
faveurs^ s Dieu , elle tst assiegée de
plusieurs maux. Quant aux. faveurs
de son Createur , t. elle perd ses
bonnes grices & fa bien- veillancer
S. elle ne jouit plus de la familiarité
du Si Esprit, 3. elle n'a plus de paît
aux merites dela Passion du Fils de?
Dieu , 4. le Fere eternel ne l'affistls
plus de fa providence paternelle,, f.
elle est depouillée des vertus insusés
& des don» du saint Esprit, & elle
n'a plus de gage du Paradis, 7; elle
est separée de la Communion del'E-
glife, S. elle n'a plus de paix ni der
repos en fa conscience i 9- & ensim
é'tant fans aucuns merites , elle; ne.'
peut arrivee en. cet état à l» Beati
tude.
II!, Considerez' les- maux qul sui»»
▼ent le consentement au peché £ i'«
ill attire sur nous la haine& la co,-
S 3, kufefi
126 sethé tu genetttl.
1ere de Dieu, 2. il (aie que nôtre
ame devient plus sale & insectée
qu'aucune ordure qu'on puisse ima-
finer, 3. il la rend coupabU de la
amnation eternelle, 4. n l'ifsice
du Livre de vie, f. H la retire dt la
conduite de son Ange Gardien , €.
il l'assujettit au demon , 7. il lui dou
as les remords de conscience , 8. il
l'expose à de plus grands peches, 9 il
l'oblige à les pleurer , à les consesses
avec honte , & à travailler à la peni
tence par des satisfactions laborieuse?,
10. il change l'homme en bête, se
lon ces paroles du Prophete : L'htm-
we ne connaissant pas la dignité de fa m-
lurt , a été changé en celle des brutes»
Conllderea de plus, que la Foi ne
bous permettant pas de douter de ces
veritea, nous nous laissons nean
moins aller très- facilement au peché
mortel , dont le seul nom nous de-
vroi t donner autant d'horreur que le
bruit d'un coup de tonnerre ou la
y«ù« de l'fiaset ouvert pour nous en
gloutit.
Du pechéengeneral, ils ^
gloutir. O aveuglement ! inCeafibi-
hts des homme»!
lit, Considerez i. que Dieu eft
encore offensif par le peché veniel
bien que ce ne soit pat jusqu'à- ce
point que pour cela il nour ôte la
grace. C'est pourquoi ceux qui fone
pioseffion de pieté le doivent fuit a
raison des effets qui raccompagnent»
car i. pour l'expier il faut souffrit
quelque peine en cette vie, ou après
la mort dani le Purgatoire : 2. il ter
nit le lustre & la beauté de l'ame : 0,
il refroidit la serveur de la charite,
comme l'eau diminue l'ardeur de la
fLmrae; 4. il affoiblit nôtre ame
coaime un fardeau fait le voyageur ;
J» il retarde l'entrée du Ciel : 6 il di
minue la gloire diminuant le merite
de nos actions: 7, il dispose au peché
mortel : 8- H sert d'obstacle à la grace;
9. il read nos prieres moins serventes,
& ainsi empêche le progrès dans la
devotion & la persection de nôtre
amour, enveri Dieu : 10, enfin il dàj
F 4 plait
128 " Dustcbé en gêneras.
fiait à sa Majesté & aux Anges J par»
tant nous ne devons jamais commet»
treun peché veniel, quand il pouf»
soit servit à la conversion de tout 1*
monde. 2. Considerez ce qu'en ont
dit les SS. Peres» S. Augustin assure
qu'il n'y a point de peché si petit »
qu'il ne devienne grand , quand on
neglige de s'en corriger ; Et S» Jerô
me nous avertit que duns les moin
dres peches » Une faut pas considerer
feue legereté, mais la majtsté & la
grandeur de celui auquel ils déplai
sent t Et S» Gregoire ajoûte, que le
peché veniel est. quelquesois plue
dangereux que le mortel, parce que
Fenormicé de celui- ci le fait connoi-
tre, au lieu que la legereté de celui-
là , le soit échapper à nos yeux : ainsi
il arrive bien souvent qu'un vaisseau
qui aura evité une grande tempête»
coulera à fond à cause de plusieurs
goures d'eau qui y seront entrees»
ftuu qu*on a'en soitapperfju,
IV-
De là Mort-
L&y preparation;.
ï^ll/t Ette& vout en la presence de Die»'.
à l'ordinaire, parles actes ils:
ftiy d'humilité, & d'adoration , &
vous representer qu'il vous regarde:
du Ciel, prêt à. vous dire, il taut
mourir bien- tôt.
2, Priez. le qu'il vous inspire , &
vous salle la grace de tirer quelque
prosit de la Consideration de larnorc,,
A n'oubliez parles trois actes de dé
fiance de vous-même , de confiance
en Dieu, Se. d'indifférence à l'égard!
du succès de vôtre Oraison : Comme:
aussi d'invoquer la Sainte Vierge , vô*
tre boni Ange, vôtre Patron, & les«
Saints.. S f. z* Re"
1 JO Des quatre fins
3. Representez - vous le sujet,
vous imaginant que vous êtes dani
vôtre lit malade sur le point de mou
rir, abandonné des Medecins, sa
cietge beni à vôtre chevet , & sus
vôtre poitrine l'image du Crucifix,
It tout prêt à rendre Came.
LB CORPS DE CORAISON,
CONSIDERATIONS,
i. {""Onsi direz 1. que la mort eft
certaine & inévitable ; car
Comme dit l'Apôtre : ctfi un arreli
donné de Dieu, que tous les hommes
mourront une fou : Et joignez à cette
consideration, que le tems, l'heure,
le lieu , & la maniere en laquelle elle*
arrivera , sont tres incertains. Elle
a coutume de nous talonner de plus
près, lorsque nous y pensons le
Moins». C'est ce que dit S. Paul;
Le jour du Seigneur viendra de nuit
tomme un larron, éf quand on dira eu
Jfii même , Bai» &seureté, ceseta alors
qu'en se trouvera surprù de la Mort*
% Cooiidcrezdans ojuelle disposition
fit
iermtres de l'homme, 1)1
se trouve celui qui a mis toute fe
Consolation dam l'esperance d'un»
longue vie : Q^els sont ses sentimsn»
quand on lui apporte la nouvellei
que les Medecins def-sperent de i*
vie. C'est alors qu'il se represente
vivement devant tes yeux , qu'il Vi
être banni pour jamais dece monde,
qu'incontinent il va être attaché &
separé de la compagnie de ses
proches , de ses amis , A. de ses pia*
cheres connoissinces : que bien ■ tôt
pour lui , il n'y aura plus de faveur
chea les Princes ; qu'il Faut dire adieu
à Cous ses honneurs & drgnitez : aux
Palais & belles maisons , & à toutes
ses richesses, possessions, & herita
ges i & ce qui est encore plus sen 11-
ble , c'est que son ame va être ai ra
diés par violence de son corpt, qu'el
le a voit tant aimé durant sa vie, qui
est une peine qui ne se peut expri
mer, personne n'en ayant l'expé
rience que celui qui a passe par là , &
est mort Hue soir.
* * II, Cou-
I$2 Des quatrefor
IL Considerez i. dans quelles aa»
goifle* cette personne se trouvera m
tort qu'elle considerera l'incertitude
i& son saluer,, voyant le nombre de
se* pechez., dont: plusieurs alors lui
reviendront en memoire, desquels
elle ne s'étoit jamais souvenue, St
que ceux qu'autrefois, elle avoit crâk
bien légers 4 lui paioltront tres- griefs.
& enormes* Ce sera pour lors qu'el
le doutera. , fi elle est en la grace ou,
en la disgrace de Dieu , & qu'elle ne
fçaura. au. vrai ,, fi elle a une parfaite;
contrition de ses pechez ; en un mot „
cite fit trouvera tellement étonnée»
qu'elle ne sgaura de quel côté se tout-
Ber» a» Considerez que si elle re-
garde en haut, elle verra Oieu qui
parottra irrité & armé de vengeance
contr'elle,, si au contraire, elle jet
te le* yeux en bas, elle versa un sé
pulcre puant: preparé pour son mise
rable corpa: & pour son ame, dont
die- » eu si peu de soin , elle verrai
h&lLuleu ouverti pour l'engloutir t
dernieret ie Homme. 13$
5 elle vient à rentrer dans foi merci
elle trouvera une multitude innom
brable de pechez , dont les remords;
la condamnent déjà à des fupplice*
eternel* t li elle jette les y aux à l'en-
touc d'elle , elle verra les demons en
troupe , qui feront voit le livre , où
§U crimes Ion t écrits, & ont déjà la
gueule beante fur cette proye. Pour
lors elle voudroit bien, miferable
qu'elle «fl , pouvoir fuir de foi. même
6 des autres , mais elle ne le pourra ;.
& il ne lui fera pas permis.
III. Confiderez 1. le dernier com
bat qu'il feut rendre contre la vie,
L'agonie & les angoifies de la mort,
tors qu'on allume le cierge beni, &
qu'on crie à l'oreille du malade , qu'il
fe recommande à Dieu, du moins
dans le fond de fon cœur , s'il ne le
peut plus de bouche. C'eft en ce mo
ment que les Saints mêmes font plus
agitez, & faiiis d'une tres grands
crainte , comme Saint Hilarion , qui
di£ûit alors £ Courage , fors mon amem
134 Des quatrefini
que crains» tu? # quoi .' tu as rendta
jervice à Dieul'efpace de Jeptante ans m
& après cela tu a* encore crainte de cette
vie? g, Contiderez comme pour lois
il devient tout pale , que les extremi
tes des pieds & des maias deviennent
froides , que les yeux t'abattent , qu'
une fuëux froide couvre tout fors
corps , que le pouls s'aifoiblie , qu'il
lalle « & a grande difficulté de reti
rer , que la poitrine s'etrelCt , & ne
fait plus que palpiter, & que tout à
coup une oppreflion mortelle le faille,
& la pointe de la mort le preiTe, de
contraint l'ame de deloger de fort
Corps. 3. Confidere2 que l'ame aya»i
abandonné le corps qui etoit aupara
vant fi bien traite & accommodé , il
devient tout à coup fi laid , fi hi
deux, fi horrible, & fi épouvanta
ble , que chacun à horreur de le voit
& de le toucher, & que fes plus
chers amis n'ont plus d'autre foin
que de le faire mettre entre trois ou
4uauc aii . dans une biere mve.- ' " -
dernieret dt fbommel i jfr
topé de quelque méchant drap a 8(
d'une vieille chemise, & le faire met
tra dans la terre pour y iervù de pâ
ture aux vers.
I. AOmttea vôtre stupidité, d'a-
vois vecu comme si vous
eussiez été immortel, & la patience
de Dieu , en ce qu'il ne vous a pas
sait mourir pendant que vous viviea
si mal , &c.
2, Considerez vous en la veue de>
vôtre solie, de voie mourir tant de
personnes subitement & sans prepa.
ration, fans songer à vous » même »
&c.
3.Detestez vôtre negligence à vous*
disposer à une bonne mort , faisant
une serme propos de vous en aman-
der, regrettant le tems mal employé*»
& demandant pardon à Dieu de vô
tre mauvaise vie , &c.
RESOLUT I ON &
AFFECTIONS»
l faire maintenant ce que
Iout voudriez avoir fait è
#3S, Deiquatrejtnï
Ifheure de la meut. P» s exemple ,quit
ter tel & tel vice , & pratiquee telle
& telle vertu, &c,
2.. De prendre )e moyens de bien;
mourir , qui: sont de bien, vivre, cha
cun selon fa condition , & perseverer
jusquss à la mort dans la pratique de.
la, frequente Communion, de la:
mortification., & des oeuvres de mi-
(encorde, &c.
3. D'ôter ce qui peut empêcher
l'exécution de ces resolutions; com-
me seroit l'esperance de vivre long;
tems, & d'attendre à faire penitence:
à l'heure de la mort, &c. Pour ôtec
cet empêchement , le moyen seroit:
de penser souvent à ce que dit saint:
Augustin , qu'à grand peine meurt biem
celui qui a mal vécut; & que k pe
nitence qui se sait à la mort est ordi
nairement trompeuse & nulle, &c.
CONCLUSION.
I, J^Ewerciiz Dieu des bons fin-
timens qu'il vous a donnez
«a l'Oraison , particulièrement de ce
Jktnierti it Homme. 137
qu'il n apu permis que vous ioyez
mort en mal viirant, maii vous a
donné le loi (le & le desir de bien
vivre, afin de bien mourir , &c,
2. Offrez, lui vos. resolutions , 5c
tout ce que vous avez, vous don
nant & vous abandonnant à lui fan»
reservei en sorte qu'aucune chose
de la terrene vous empêche de-vous
preparer dés à present à faire, une
bonne mort.
5. Demandez- lui la graw d'im
primer biin avant dans vôtre esprit
toutes let verités que vous avez con
siderées, & suc tout vos resolutions^
en sorts, que vous puissiez ordonnes
des maintenant de vôire vie , com
me vous voudriez avoir fait à l'heure
de vôtre mort » &c. implorant à est
efset le secours de la sainte Vierge &
de toute (a Cour celeste , &c
LE BOUCLUEX SPIRITUEL.
rT"Enez.»vous sur vos gardes , parce
que vous ne sçavez pas le jour»
kl l'heure de vôtrs mort*
MIDI*
138 Dt quatre flit*
MEDITATIONXL
Du jugement particulier.
PREPARATION,
L D Epresentez . vous devant Dieu
avec les actes ordinaires , y
adjoûtant que vous ci oyez serme
ment qu'il y a un jugement parti
culier pour vous, comme pour tout
les autres hommes,
2. triez.- le , à ce que cette Orai
son vous serve à bien dresses voa
comptes, & qu'il n'y ait rien à
tedire, &c.
3. Imaginez » vous un Maltre Si
Seigneur, que demande compte à son
serviteur de dix mille ecus de rente
annuelle, dont il a eu soin depute
longtems ; il lui en fait rendre un
compte si exact, qu'il veut même
sçavoir i quoi le moindre denier a
été employé. C'est ainsi que Dieu se
comporte enrets les hommes.
CON-
dernieres de fhomme, i jf>
CONSIDERATIONS.
I, fX)nsideccz I. que l'ame au sonii
de cette vie , prend son.chemin
en une region inconnue, pour être
presentée au jugement particulier de
Dieu , qui n'est pas moins à appre*
hender que l'universel, qui se sera à
ia Ên du monde; attendu, que com
me idit S. Augustin, tel que se trou
vera l'homme au dernier jour desa vit,
tel il sera jugé à la fin du monde. 3,
Considerez que quatre sortes de per-
sonnes doivent intervenir en ce juge*
ment; i. celui qui doit être jugé,
qui portera décrite en fa conscience
l'histoire de toute sa vie passée: 2.
N. Seigneur Jesus-Christ, qui en
doit être le juge & le témoin , avec
un visage severe > ne promettant que
peines & supplices à Tame malheu
reuse. 3. les Saints , qui n'auront
que de l'horreur & de l'indignation
pour elle; 4. les diables qui exa
gereront ses pechez, & amoindriront
ses bonnes eeuvies, j. Representez.
vous
140 Des quatrefin*
tous quelles seront alors les angois
ses d'une pauvre ame, reconnois-
sant par le témoignage de sa propre
conscience , que toutes les accusa-
lions donc on la charger» seront
veritables..
II. Considerer l'examen qui fera
aussi fait pont lors de toutes ses pen»
sees,, paroles & actions; où il y a
tcois choses particulierement à crain
dre 1 1» la multitude des choses dont:
il faudra rendre compte : car // Jers
plus dttuitndé à celui qui auraslus re*
au, comme dit S. Luc: 2. l'en»
quête tres- exacte que sera l« Jugs d»
chaque chose, & le châtiment ri
goureux qui s'en ensuivra : car il'ne
demandera pas compte seulement de
toutes les- actions , jusques à la plu*
petite » mais encore de la moindre
parole oiseuse , & des pensées les
plus secrettesr 3. l'estime tres- exacte
que le juge sera de toutes choses t
Mes pensees , dit le Seigneur , ne font
$as Jtmblabies au* vôtres , ni mes voytt
tomme
dernieres ie Fhowm. 141
Gemme les vôtra. Celui qui est eu»
vieux de la netteté , ne peut pas mê
me souffcir la moindre otdute sut set
habits , ainsi Jesus- Christ, qui est la
pureté par essence , ne peut suppor»
ter la moindre petite souillure ea
nôtre ame, Nous tenons bien sou
vent pour petits certains peches
«[ue Dieu punit tres rigoureusement;
voire même il tient pour pechez les
actions que nous ne croyons pas
l'être , comme celle d'Oza le Levite,
qui porta la main pour soûtenii
l'Arche qui alloit tomber. C'est po«t
<ela que Oavid s'ecrie ; Qui est celui
qui connoit les sechez
Considerez u que toutes
choses étant bien pesées , & exami
nées, il sera procedé à la prononcia
tion de l'Arrêt , qui fera fort à crain
dre pour quantité de raisons: 1. poui
la constance & sermeté du Juge, qui
ne pourra être fléchi ni empêché
pat prieres, ni par larmes, ni pat
aucuns intercession ni excuse, d«
portes.
142 Desquatrejint
sorter un )ust« arrêt contra 1st col-
pables : 2. pour l'importance dot
choses dont il fera question poui
lors , parce qu'il ne s'agira pas d'uni
somme d'argent, d'une maison, d'un
heritage, tuaii d'un bon» heur ou
malheur eternel : 3. à cause que l'ar
rêt, que le Juge aura prononcé une
sois, sera immuable, & ne sexevo-
quera jamais; car Dieu étant le sou»
▼wain Juge, qui ne se peut trompes
en son Jugement, il n'y peut avoir
d'appel de lui à un autre. Consideres
quel tremblement saisira Tame ,
quand le Juge levant sa main, &
attestant ses yeux sur elle, pronon
cera l'Arrêt irrevocable de fa dam
nation eternelle en ces termes ; Alltx
maudits au feu eternel, Quoi ! ne
Voir jamais la face tant aymable de
Dieu , ne recevoir jamais aucun bien
si aucun faveur de vous, 6 bon Dieu'
quel desespoir, quels pleurs , & quel
les plaintes pour lors ? 4, Pensez au
COBtniie quelle joye saisira l'ame
itmtrss àeThommt, 141
juste, •mandant ces agreables paro
les : Venez les benits de mon Fere,
fojsedez lt Eoiaiittte qui vous eft preparé
des ie commencement du monde.
Les AjfeBions & Resolutions seront à
tordinaire & conformes au sujets
CONCLUSION.
I. 13 Endez grace à Dieu, qui vous
a donné moyen de vous pre
parer pour ce jour- là , & le tems d«
faire penitence.
a. Presentez lui vôtre cœur poui
y bien travailler, &c.
3» Suppliez le qu'il vous fasse It
grace de vous en bien acquiter , &c,
MEDITATION XII,
De L'Enfer.
PREPARA TION.
L T)Rgfentez-vous devant Dieu, &
le regardez comme un Juge,
qui a sujet de vous condamner oa
Enser.
& Dtmandt* lui la grace qo'e»
Ctttf
144 tots quatrefins
cette Oraison, vou» puissiez bien
comprendra la grandeur des peines
que souffrent les damnez , afin que
cela vous serve pour éviter le peché,
'& par consequent l'enfer.
3. Imaginez-vous que l'Enser est un
lieu soûterrain, fort obscur, d'une
profondeur & étenduë extraordinaire ,
a guise d'un puits tres- large & pro
sond, plein de poix , de soulphre, de
flammes , & de sumée , de scrpens &
de viperes ; où on n'entend que
soupirs, gemisTemens, & maledic
tions de ceux qui y servent de bour
reaux, & de ceux qui y sont cruel
lement tourmentez , avec plaintes
& grincemens de dents continuels ;
& faites un acte de Foi sur ces ve-
titez, &c.
CONSIDERATIONS.
S, r^Onsiderez 1. que dans ce lien
de miseres , il se rencontre
Crois sortes de peines, la peine du
sens, celle du dam , & le ver dela
conscience. Qiiant à /* seine d*
feus,
ttrwitrttit Phmme, 14?
fim, fçaches qu'il n'y a point de
membra ni da feni qui ni (oit afflU
gi & tournante d'un fupplice pat*
ticnlier, felon la grandeur des criait
auquel* ils ont contribué ; l'esrl im
pudique a pour châtiment l'horribla
rifion dat diables ; les oreilles y fout
battues de la confufioa dat cris la
mentables , qui rercntuTent de toutes
parts; las narines y reftentent usa
puanteur infupportablei le gout y
ai travaillé d'une faim & d'une foif
enragée , la toucher experimenta la
rigueur du chaud & du froid tout à la
fois ; la memoire eft affligea du fou*
Venir da plaifirs paflèz ; & l'entende
ment n'a pour objet que la penféa
des biens perdus, & des maux qui
leur font refervex pour une éternité,
S. Ajoute* à tout cela las autres pei
nai, dont chacunfera puai en parti
culier. Là , le fuperbe aura la Gea
nt, l'avaricieux , l'impudique, la
Sourmand, &c. auront auffi ch»cu»
\ leur, Sa quoi paroltfa grand*
©il quatrefini
ment la sagesse & la justice de Dieis.â
châtia at très» exactement les exces
id'uniChacun , selon qu'il l'a merité,;
conformément à ce qui est rapporté
dans l'Apocalypse, .contre cette de
bauchée Babylone , qui est la figure
,de l'ame damnée. %Voici l'Arrest qui
test donné contr'elle : Qu'on la châtie
âu double de sis forfaits , & qu'on lui
donne autant de tourment & d'angoisses
qu'elle s'est glorifiée # QMUtr.it dans les
delices.
iïI.Considerez I. que la peine du dm
sst .plus grande incomparablement
que la precedente; & consiste à être
jpriyé poui jamais de la vi lion de Dieu
- ,& de ?a;:;reab:e compagnie des bien-
jfoeuraux.; & quoi qu'elle soit com
mune à tous ceux qui feron' damnez,
neanmoins elle sera plus sensible à
tous l«s Chrétieni, & particulierement
aux Prêtres & aux Religieux , qui ont
tu beaucoup plus d'avantages & d'oc-
xssiont de jouir de ce bonheur.
CoojQdetez auisi la troisième peine*
âtrnierti âe Pbowm, 147
,'ffa▼oir est le ver de la conscience , tea
quel rongera perpetuellement l'ame*
,& ne sera pa,. lui mène consumé,
'mais lut reprochera fans cesse les fau-
: tes qu'elle a commises. Àh quels
regrets naitront du souvenir qu'ott
;aura de tant de bons raouvemsns de
inspirations qu'on a reçu de Dieu 9
jpous ne pas commettre un tel ou tel
'mal , Se pour se porter au bien qu'oa
>a.ura rejette! Que pourra -son dire*
quand on consi lerera que pour les
,avoir méprises , on sera contraint dis
souffrir des ardeurs eternelles & ia«
supportables?
1 1 1. Consideres -1. <ïï la notaire
incommodité, pour courte qu'elle
- "soit, comme si vous vous brûles
tant soit peu le doigt à one cnindeU
le , vous est maintenant insupporta
ble," que ferez vous dans le seu des
Ensers, qui est très ardent, & «
comparaison duquel le nôtre, potifi
igrand qu'il soit , n'est qu'un seu ea
jeintuie? (^ue faire, ou que dire
14? HiS^ttâtreJlm
au milita de cette mer de tourment
& desupplices, tell que personne n'est
capable de let concevoir ? Que dire ,
oyant que cela est pour toute une
éternité ? O eternité ! ô eternité !
Qui est celui qui n'est porté à quitter
fa mauvaise trie, oyant feulement
prononcer ce nom : ou celui-là n'a
point de fois ou l'ii en a, il a*a
point de coeur. % Consideres les
horribles blasphemes , que les amas
malheureuses vomiront à toute eter
nité contre Dieu comme leur enne»
mi, contre N. Seigneur Jesus- Christ,
comme un injuste Juge , & contra
las Saints , comme trop interessez au
parti de Dieu , & tout cela i raison
iaa peines effroyables , qu'ils sont
contraints de souffrir pour un jamais.
Deplus, imagines, vous , que voua
oyez les execrations que vomissent
les enfans contre leurs peres, & las
peres contre leurs enfans , les écoliers
contre leurs maitres , & les maitre*
contre les écoliers, da ce qu'ils se
àtrnimt it l'homme, 149
sont reciproquement procure1 1* data-
nation , les uni par leur désobéissan-
ce, & les autres pat leur trop gran
de indulgence ; les écoliers auffi con
tre leurs compagnons , de ce qu'ils se
sont séduits & perdus les uns les au*.
1res par leurs mauvais discours & ac
tions scandaleuses ; A tout ceci se
p*sscra avec un fi horrible bruit Se
une telle consusion , que si on en
tendent quelque chose de semblab'a
fur la tetre, le poil nous drelièroit
d'horreur à la tète, & nous secherions)
comme un tronc de bois, à raison
del'effroy qui nous siisiroir.
Us Afe3ions & les solutions k
Ttrdiaaire & conformes ausujet.
CONCLUSION.
1. D Imcrûex - Dieu de la craint*
qu'il vous a fait concevort
de l'enfer, & de ce qu'il M vous y
a pas precipité , en suite du premier
peché mottel qua von avez coat*
mis, àc
o 3 s. cgtai
f ço four la utraitefpiritaeSe».
S. CJfrez - lui vos refolutions i.
qui doivent être de p'ûrôt fourlcis
les peines d'Enfer , que le peché.
3. Demami$z- luth grace de biem
txecuter cet refolutions , & qu'à cet:
eiftt vous ayez toujours les peines:
éternelles de l'Enfer , fi bien gra»
véss dans !!efpri t , qu'il ne tous ar~
rive jamais deroffexifer,.&c;.
BOUQUET SPIRITUEL..
TT\Efcendons en Enfer tous vivanss
(pat la penfée) de peur d'y dé
cendre après la mort en corps & toi
aune , pour toujours..
méditation: xiiil
De l'abus des graces..
S; pEnfez un peu , pourquoi vous
devez prendre garde de ne ja-
paais abwfei des graces de Dieu. Cefk
u parce
TottrlaretfaittsfiritueSel
It parcs que û un dou, pour petit
qb-il soit, quand iî eft fait par un Roi/
mérite d'êire conservé av«c bean*
coup de soin ; vous devez faire in*
comparablement plus d'estime àc
celui qui vous vient de la part & ùtv
de la main de Dieu, qui est'leRoSi
dés Rois.- 2. ta moindre grace de"
Dieu a. coûté beaucoup: à, cône Sei»-
gneur Jesus Christ, puis qu'il a viuS
jusques a la derniere gouie de son*
sang, & a employé tous les travaux
de (a vie & de fa mort pour nous la
meriter; 31 Dieu' nous fera- exactes
ment rendre compte de toutes ses
graces ; car comme dit sagement saine*
Gregoire; Tant fias onarefu de lui
tant plus aujji' fera grand' le* compte?
qu'on, en doit- rendra
4». Cet homme quicacKa en terres
lé talent qu'il a voie reçu, sût puni'
avec severite; & qu'estcequ'éntersesr
le talent, sinon abuser d'une? gîSKJse
crue Dieu nous presente ??
f. Le pauvre qui pat un iê.î%i^
I fa ttur la rttTeitiftirltuth,
mépris jetteroit dan, un bourbiet
l'aumône que vou» lui auriez donnée,
feroit indigne d'en jamais plus reco
rd's de vôrre part : & si vous abuses
d'une seule grace de Dieu, vous faites
encore pis, & tVes beaucoup plut
indigne n',n recevoir à l'avenir de
fa m- in.
é. La Theologie enseigne que
Dieu d! stiibrë ses graces avec mesure,
& qu'il y en a une qui fait le comble,
«prés laquelle il n'en donne plus:
ce qui étant ainsi, craignez avec rai»
son que la premiere grace dont vous
abuserez, ne soit la derniere de celles
que Dieu s'elt resolu de vous donnes;
7. Enfin, abuser d'une grace c'est
con trictei Dieu ; car fi c'est uu grand
creve- coeur à un bon pere, de voit
disliper ses biens, quoi que de petite
valeur, par un méchant enfant ; quel
sujet de déplaisir au vrai Dieu, de
voir set graces qta' sont les veritables
ttut la retraitespirituelle, I f3
II. Considerez qui sonc les infor-
tunez qui abusent dei graces da Dieu,
I. Ceux qui cliassent & rejettent les
saintes pensées & bons mouvemens
de leur cœur, & qui étouffent les
remords de leur conscience, poue
être en repos d'esprit, & continuee
à leur aise à prendre leurs plaisirs Se
leur satisfaction. 2. Ceux qui s'éva
nouissent en leurs vaines pensées , &
s'enflent d'orgueil pour les dons
qu'ils ont reçu du Ciel , comme fi
tout cela ne venoit pas de Dieu, 3.
Ceux, qui ne tirent point prosit ni
de la lecture des bons Livres, ni des
Predications ou Exhortations, ni
des bons exemples à actions de ver
tu des gens de bien , & n'en devien
nent pas meilleurs pour tout cela.
4. Ceux qui se contentent de faire
de bonnes resolutions , fans se met
tre beaucoup en peine de les ac
complir, f. Ceux qui par leur faute
sont banqueroute à la Religion ou
Congregation , à laquelle ils avoienc
Of «ta
l?4 TiurL retraitespirituete.
été appeliez de Dieu par une extrap
ordinaire faveur. 6. Enfin, ceux qui
different de jour en jour à faire peni
tence, & à se mettre au même état
•uquel ils voudraient être trouve*
à l'heure de la mort, O grand Dieu!'
que le nombre de ceux qui abusent
de vos dons & de vos graces eft
grand ! Le monde est. tout rempli
d'enfans prodigues, & peut- être suis-
je de ce malheureux nombre , & j*
n'y pense pas.
I i I» Considerez & pratiquez les,
moiens efficaces , pour neplusabu*
1er des graces de Dieu., Et i. de
mandez lui. tres, humblement par
don de l'abus que vous en avez fait:
par le passe ,. & le priez souvent de-
vous donner le secours necessaire
pour en faire un meilleur, usage à
l'avenir.
% Remerciez fa divine bonté:
maintenant & chaque jour à l'exa
men du soir, de toutes, les graces;
*eç,u« d'elle en toute, vôtre vie, &
particulier
Tour la retraite spirituelle. 1 f f
particulierement ce jour' là. 3, So/ee
Bdelle à recevoir & conserver en
vôtre cœur let saintes pensées, &
prompt à obeïr à tous les bons mou-
vemens du S. Esprit. 4. Frequentez
la Consession & ta sainte Euchari
stie *, avee: un: profond respect & uns
grande; devotion , It russeau ne se
peut mieux conserver que par la
source, &, les graces ne se conser
vent &. ne' s'augmentent jamais
mieux que par les Sacrernens.
5. Offrez souvent à Dieu toutes
les puissances. & toutes les perfections
de vôtre ame, pixiteflant que vous
ne voulez jamais les employer qae
pour fa gloire,
6. Representez*^ vous que vous
•ntendez incessamment bruire à vos
oreilles l'avettissEment que l'Apôtre
donnoit aux Corinthien», quand il
leur disoit: Mes freres pretm garde
Àe ne jamais abuser de la grace de Dieui
7. Croyez qu'un- des plus rigou»
ceux tourmens des damnez, est la
G 6 meaaoir*
i f6 Pour la retraite sfiritueiït.
memoire de l's.bui & du méprit
qu'ils ont fait des gracei de Dieu
O mon bon jESUS / faites par vôtre
misericorde, que je meure plûtôt
que d'abuser jamais d'une leu'le des
graces que tous m'avez meritées.
MEDITATIONXIV.
Dt la vie qui se pajse en tiedeur»
f# I> Epresentea. vous que la tiedeur,
est un état bien plus à crain
dre qu'on ne pense, parce que Dieu
témoigne souhaiter que nous soyons
plûtôt du nombre des graads pé
cheurs , & qui font même en peché
mortel , quo non pas d'être tieder*
C'eit dinsi qu'il le dit en l'Apocalyp
se : 4 la mienne volonté que tu fujjè
froid ou ihmd ; mau farce que tu es
tiède , fjr ni froid ni chaud, je corn,
wenceray à te vomir de ma bouche.
Surquoi il faut considerer. i. Que
le* 5>S. Docteurs entendent par le
frtid celui qui n'a pas été servent, &
tour la retraitiJj>iritue!tei i f7
qui commet Couvent des pechez mot*
tels : par le chaud au contraire , la
serrent & fidèle à Dieu ; & par le tiè
de , celui qui n'est ni méchant ai
bon, c'est à dire, qui n'est pas
en peche mo-tel, mais chargé de
beaucoup de veniels volontaires, 2,
Que Dieu vomit le tiede de jà bouche ,
quand il le rejette par la privation de
ses graces ; & il se sert de cette façon
de parler pour montrer que comme
l'eau tiede, qu'on a avalise fait telle,
ment bondir le cour, qu'on est coa-
traint de la vomir bientôt; ainsi l'a
me tiede est si odieuse â Dieu , qu'il
ne la peut long tenu souffrir dans
son cœur par la continuation de ses
graces : Etcomme on ne reprend plus
ce qu'on a vomi, ainsi quand une
sois le tiede a été abandonne de Dieu,
il n'y a presque plus d'esperance
qu'il puisse rentrer en sa grace. 3.
Qu'il dit : Je commencerai à te vomir ;
pour signifiai que Dieu ne rejette pas
le tiede tout k coup , mai* qu'il com-
9 Z
ifg- tour la retraite fiirituetèi
mence à retirer peu à peu ses graces
«a sorte qu'à la fin , il se laisse tom
ber dam le peché mortel, & ne lui
donne plus des graces efficaces pour
s'en relever, ordinairement parlant..
4, Que le vomissement se sait avec
violence & àcontre cœur t pour nom
montres que c'est, à regret , & comme
par contrainte que Dieu reprouve à
la fin les tledes. C'est ce qu'il té'
moigne par ces paroles d'Haye : Helot,
faut.il que je me vange , éi tire fatis-
faBion de mes ennemi* 'i
II. Considerez pourquoi Dieu sou
haite plutôt qu'on soit froid & grand
pecheur , que tiede & lâche à son ser-
vice, puisque le peché mortel lui est
bien plus odieux que le veniel? Les
fiunts Oocteurs repondent, que c'est
I. Parce que 'homme froid a plus de
disposition: à se convertir & perse
ctionner- que le tiede ; & que Dieu
ne desire pas simplement comme
froid, mais seulement à raison qu'il
X a plus d'eiperanctt & de facilité à le
portes
Bmur là tttnitispirituiBè. I f&
porter à son devoir que l'autre ; & de'
tait , comme dit S. Gregoire , le froid
se voyant en peché motte' & digne
de l'Enser , craint de mourir en cet
état, & ainsi il arecouistôt ou tard
à la penitence, au lieu que le tiede se
croyant en la grace de Dieu & comme
assuré de son salut , ne se met point
en peine de tendre à la persection ,
ainsi croupit dans les pechez veniels*
lesquels à la En le precipitent dans
le mortel, & puis dans l'endurcisse
ment. 2. Celui qui est froid , est en-
Demi de Dieu , & le tiede l'ami : or
Dieu est plus fâché d'être offense par
son ami , que par son ennemi ; pas
Consequent il le châtie à la fin plus
que les autres. C'est- ce qu'il veut
dire par son Prophete Royal David i
&i mon ennemi m' iUt maudit, je seajjk-
À U verité Jouffert , mais toi qui wan-
gcois à ma table des mets delicieux *
tomme mun favori , je ne te puû jouffi ir-
four ton infidelité, Ët de fait , il est:
fUt. ca. suite contre de tels ingrats».
î 60 ( Four la retraite JpiritueSe,
Que la mort vienne sur iux , qu'ils
descendent en Bnfir tous vivant, 3.
Celui qui est en peché morrel, «A
comme un esclave qui a les sen aux
pieds & aux mains , en sorte qu'il ne
peut travailler pour son Maitre : &
le tiede qui «A en grace , est comme
le serviteur sain & libre, qui peut
faire tout ce que son Maitre desirei
& ne le fait pas ■eanmoins par lâ
cheté: dequoi/am doute le Maitre
se doit sentir, bien plus offens; , &
doit , être plus irrité par la paresse de
celui-ci , que par le non faire de l'au
tre, 4. Le riede qui est en grace , est
comme celui à qui le Maitre avoit
donné un talent pour le faire valoir,
mais il l'a enterré par lâchete: & le
froid est comme celui qui ayant reçû
un talent, & commence à le faire
profiter, l'a perdu par le naufrage:
Or le Maitre aura plûtôt pitié de
ce dernier que de l'autre & de fait,
N. Seigneur condamne les paresseux
* être jette pieds & mains liez dans
les
tmU rttfâitesthitutth If*
let tenebree exterieures, & lui ôte>
son talent pour le donner à un autre,
III. Coniidereï la seconde rai
son pour laquelle la tiédeur «A
on état très - dangmux & ttès-
mauvait. C'est que le tiede à qua
si toc* lei defauti pour lesquela
Dieu donne & malediâion : ctl
I. Le tiede ^équité de ses devoin
•overt Dieu fort negligemment :
or il est dit Muttdit «s mm qui /«*
Pauvre it Dieu negligemmtnU a. Le
tiede meprise let moyens de t'avan-
cer en 1s persection » par exemplele*
petites pratiques de vertu & let petite
detract : or il est dit ; Mil-heur à tel
qui méprises \ ntjtrs.ce fas tes qui
Jtrai fMTtUltmtBt miprifi ? Et com
ment Dieu le méprise- fil quel
malheur lui arrive t'il ? C'est que
Dieu retire set glaces de loi, le lait
tant peu à peu tomber* comme il i
été dit, dans le peché mortel : Celui
qui méprise les petites choses, dèckeirê
Ètm ègm; dit i'Iccleûafti^ue 3. U»
tiède
16%. Four la retraite spiritueiïè*.
tiède dans une Communaute Regu-
ILere est à scandale àja compagnie, &
est cause qu'a son exemple let autres,,
principalement les nouveaux, ne
gligent leur devoir ;.& ainsi peu k
peu la regulants & la pieté periilent>
oc nôtre Seigneur dit : Malheur à
c°lui par qui le Jçandale arrive 4. Le
ttede- abute des graces de Dieu , ce
qui fait que Dieu l'abandonne en.
retirant fis mêmes graces : or mal-
«i/n- dit il, à- eux quand je me jtrai*
retiré d'eux,, Et quel anal- heur ï C'est:
que le tiede tombera- dans l'endur
cissement qui conduit a Timpeni»-
tence finale : Le cœur endurci se trou
vera bit», mal en jon dernier jour , die
TËcclesiasti^ue.. Or il est a noter,
que quand l'Ecriture rapporte qua
Dieu dit tvalbeur- ou maudit Joit à
quelqu'un, c'est une menace qui vaut
mutant que s'if disoit \:Mtz\ maudits
vous qui êtes condamné au fçu éternel,.
O tiedeur ? que tu es detestable s.
Snisque-Di«u t'abhoiie.si fort , & t«-
naudiic
Tour la retraite spirituelle., jg^
maudit en tant de f çoei : je t~. de»
teste aussi & te maudits de tour mon
cœur, Se veux tout de boa en, bras»
fer la serveur.
MEDITATION XvL
Du $eché venieU.
Ii. ï) Ernarejuiez; un peu pour quell «2
raison , vous devez avoir en
horreur le peché veniel. 11 deplait à
Dieu qui est infiniment aimable, &
que vous devez aymer par dessus
tout. 2. Il dispose au peché mortel,,
& par consequent à la damnation
eternel)?. 3. Vous êtes plus oblige,
disent les Theologiens , d'avoir ea
horreur un seul de vos pechez ve
niels, que tout les pechez mortels*
de tous les autres hommes. 4. Vous-
faites plus de mal en commettant:
un peché véniel > que vous ne serez:
dé bien & n'en pourrez faire en toute.'
votre vie, quoi qu'elle durât ceotc
millions d'armées ; parce que tout ce.
bien.seroit fini, & le peché venieli
16*4 t»»r /s ntrtiteffmtnttr^
eft on mal infini. 5, Dit* punit d*o*>
diaaire les plut petits pacha dans
cette rit pas maladin l affligions,
defclations , abandonnement , dt
anima par des rechûtes en d'autres
pechez; & dans l'autre vie pas la
flammes tres cuifantss du Purgatoire.
é% Il feroit plus a louhaiter,diient
les DoAaurs , que tout le monde fui
aneanti , & que les hommes à. les
Anges patinant, que de commutera
un feul peché veniel ; perceqne ton»
les pins grands maux des creatures
font moins considerables, que la
moindre mal du Createur. 7. enfin,
afefl une grande ingratitude envera
nôtre Seigneur JESUS.CHKiST, dé
l'oifsnfer iouvent comme nous taî»
ions pas le peche veniel. Ah mon
Dieu ! lors que nous aymons una
Ïerfonue, nous nous gardons bien
a faire la moindre action qui lui dé-
plaife, & nous ne voudrions paa
■onsabflenir de ce qui tous ai in
jurieux , 4 tous peut offsnier; San»
douta
t**rUntt*iti sfkltMete I6f
louct, c'afl mal raceonoitee vof
bienfaits.
ILCoaiidcici «,u'a pcint passes row
oo stul jout seai commettra plu»
sisuri puthaz veniels , on pat malice,
ou pat surprist,on pat fragility. I. pal
penstai, tantôt (Xtiaragaattf, tantot
d'avtision du prochain , tautot pu
eJeGis deteglet, & auttes serablables,
ejuand yous negligtx da let rejettcr.
%. Pat paroles : cat votii an ditef
el'oiseusei , da vaines,de haucainet,
eJ'uu pau trop libtes, da ma grswitu*
fas , ■ pent- etre da mensouge,i«i, |.
font legerement mauvaises, dans Is)
boite & dans la manger, au Icter &
cm eouchar , 4 dans I'Eglise mama
pat beaucoup d'inimodesties , it*
gatds curieux, & posturti indeceo tei J
ou faisent las boanes ceuvrss ave*
tropde precipitation, ou avectrop
4a langueur, ou b an hon du terns
A du Kau qu'elles fa dcTroiaol
fun, 4. scsio, par ebouillon, mao*
I fuaal
'ïfftf Tour la retraiteftmtuifcl
quant par nonchalance , d'obuc à
quelque bonne inspiration ou à quel-
qu'autre devoir. It est vray , .mon
Dieu , que je suis coupable de tous
ces defauts ; & le pis est, que je n'en
ay pas le ressentiment & regret que
j'en devrois avoir , 'Comme si vous
s'en étiez point orfensé, O mon
ami / jusques à quand avalerons*
nous l'iniquité comme l'eau ? c'est
trop; c'est pourquoi maintenant ;e
proteste de mieux travailler que ije
n'ay fait à éviter le peché véniel.
HLConsideiez & prenez des salutai
res remedes contre toutes sortes de
pechez veniels. Le l.est de consideree
que les pechez veniels font souvent
plus dangereux que les mortels, parce
qu'on a moins de soin de les evitee
ou de les effacer par la penitence. 3,
que celui qui sera grande attention
à fuir les pechez veniels, ne tombera
pas facilement dans letmortels. 3»
-vous ressouvenir que vous en ren
dre* à Dieu un tres rigoureux comp
as ',' " «•
s
£our'foirttvàHe'ffirltuiïïe. ?ïfi7
tte au moment de vôcre mort. a>
.faire un serme propos tous les ma-
,tins de voulo't plutôt mourir, que
d'en commettre un seul â vôtre es
cient durant ia .journée. {. suir les
occasions, les actions* & les con
versations oiseuses , qui pourroient
vous y faire tomber, 6, vous excites
à contrition au même instant que
vous reconnoitrez en avoir commis
demander a Dieu la grace de ne la
.point otf nfer. g. Faire l'examen ge
neral de conscience tous les soirs , &
vous imposer des penitences propor
tionnées aux peche2 veniels que
vous aurez commit. 9. vous repre
senter les exemples de saint Ansel
me, de sainte Catherine deGsnnes,
& de beaucoup d'autres qui eudeat
mieux aimé aller en enfer, que de
faire un seul petit peché. 10. faire les
frequens actM de vertus contraires aux
pechrz veniels, auxquels vous êtes
jflus çOCliO; AI* cafa, VOUsrenoa*
weas
tfS TtnrU rttraitefllritueU.
ferais le plus souventque tous poures
durant la journée, que vous êtes eu
presence de Dieu, à. dt vôtre boa
Ange Qardien.
â**âi*itl**jââ»
VI.
MEDITA 11ON XVL
Du scandelt.
I, EXaminet vous un peu que tous
*^ devez craindre le peché de
scandale, i. Parce que nôtre Seigneui
Jesui-Chrifl, nous assure lui» même,
qu'il vaudrait mieux être jette au
fonda de la met avec une meule de
moulin, attachée au col, que de
causer du scandale» a. Celui qui le
mit* eA coupable de tous les peches
qui se commettent en suite du mau
vais example qu'il donne a son pro*
chain: Atout ainsi que la gloire des
Sainte s'augmentera de jour en jout
jufques au Jugement pour recompen»
de rhoBscur qu'ils «uroot procure)
PourU retraite sfiritueSe. 1 69
à Dieu , à proportion du bien qu'it«
auront cause par leur bons exemples ;
de mène la peina des damnez croit a
jusquesà la fia du monde, à propor
tion du mal qu'ils auront causé pac
les scandales & mauvais exemples
qu'ils auront donnez au prochain s
lors qu'ils vivoient sur la terre» 3.
Le scandale est un peché diabolique
& de LucHer ; qui fut cause par son
scandale , que la troisième partie des
Anges fut precipitée au fonds ds
l'Enser: c'est être suppôt de Satan ,
de scandalizer son prochain , & lui
donner occasion de se damner, 4,
Comme un pastiseré est capable d'in
secter tous ceux de fa maison , & uns
brebis galeuse de communiques soa
mal à tout le troupeau : de même il
se faut qu'une seule personne scanda
leuse pour ruiner Se pour perdre tou
te une compagnie, toute une vills
& tout un pais. C'est pourquoi il
me faut pas s'étonner, si les scanda
leux sont maudits de nôtre Seignei»
H en
1 yo Pour la retraite sfirituete.
en cette sorte; Malheur , dit-il, mal'
heur à celui far qui le scandale arrive,
O mon Seigneur ! ne permettez pas
que )e tombe en cetie maleaiction,
II. Considerez que le scandale
comme l'enseigne S. Thomas, est
une parole ou action mauvaise, qui
de foi est capable -de sme otfenser
Dieu, & qui donne sujst& occasion
Je peché au prochain: & partant
tous ceux-là sont coupables du pe»
ché de scanda le, I. Qui commandent
ou conseillent de faire quelque mau
vaise action: 2 ceux qui louent &
approuvent une mauvaise action,
quand elle est faite; 3. «eux qui pro
ierent <ie saies paroles, ou disent des
chansons des» honnêtes en presence
d'autrui \ 4, ceux <jui parlent avec
mépris & au desavantage de leur pro
chain; 5. ceux <|ui sont des irreve
rences dans les Eglises ; 6. ceux qui
hantent les cabareti , & autres mau-
eauetiens iani neauue avec des pee-
i sont de longs
*sonne»
tourU rttraitt spirit ueUe. i 71
sonnes de l'autra scxe , p irticuliera-
ment si c'oct da -.nine., &. rneme da
jour en ua lieu ou on ne puisse etre
veu da tout le monde : 8 les Femnaas
ou n II es qui portent las b "as ou le seia
decouvercs : 9 caux qui prewniant
avoir reiju qualqua injure du pro-
chain, .lui soot froida rains , aa lui
parlent point, ni ne la seliimt a la
rencontre, & ne lui rendene las de
voirs de ia charite chretienne : 10.
eofiu , coux la sont scanddsux qui
trail igressen t ouvertement , & davaat
lei aucras qualqua Comtmadarnent
da Uieu ou de fEglise, ou qual qua
Roglement da (out Congregation , ou
C ionn-,nce de leur Superieur. £■
staminez vout sur tout cala , ft rout
recounoissint coupabla du pacha* d«
scand.de , gs.nilTiz, plaurez , dem in
dex pardon a Diou , & voui propo
ses tortement da raieux faira.
111. Pranez d«i moyans effleace*
poura'etra ja nais a fcandale a vôtra
j>rochaia, j. Fuys? toujours
H a com.
171 Poly la retraite spirituelle,
compagnie des scandaleux & ne soifs-
ftez jamais que Dieu foie offenlé en
vôtre presence, 2. Imaginez vous
que vous êtes en ce monde, comme
sur un theatre toujours exposé à la
veuë, non seulement des Anges &
des .hommes, comma.parle l'Apôtre,
mais aussi de Dieu, qui remarque
tous vos de'portemens & entend tou
tes vos patoies , dont il vous sera
rendre compte dens sort peu de
teins. 3. Parlez peu , & vous tenez
toûjours occupé, à quelque bonne
chose, 4. Soyez modestes,, '<& iregleiz
il bien tous les mouvemens de ^vôtre
corps & toutes vos paroles que cha
cun en soit edifié, Souvenez- vous
que N. Seigneur Jesus • Christ vous
commande de reluire comme ua
Soleil en ce monde par l'exemple de
vos bounes actions, afin que ie
prochain prenne de là sujet de benic
Dieu. 6- Enfin , tenez pour certain
que tous ceux que vous aurez scan
dalisez, s'éleveront contre vous au
joui
Pour la retraitespirituelle, 173 '
jour du jugement, crieront vangean-
ce, & demanderont au souverain
Juge de vous punir severement*
pour le grand tort que vous leur au
rez fait, les ayant provoquez tt in
duits à pecher par vos scandales. O
que pour lors vous voudriez bien
avoir fait le contraire , & donné boa
exemple à un chacun : mais helas!
il ne sera plus tems.
MEDITATION XVUi.
* tous ceux qui tombent dans
l'endurcissement de cœir 1. Us por
tent une grande marque"de repsoba-
tion dés cette vie , & soot delaissez
& méprisez de Dieu, qui fait reu«ntii
l'effet de la menace que nôtre Sei
gneur JÉSUS- CHRIST faisok aux
Juif,, leur disant: Jé m'en vay , &
vous me chercherez, t mais vous ne me:
retrouverez pas.*. Un mal est grandi
Du. cœur endury.
"ez au malheureux état de
H. 3) qiUctii
174 VotirlujtetrâitestiritueUe.
quand il est sans, remede. Or l'eadur-
affament rie cœur est cal t car ceux
qui y tombent ne t'en, relevant j«-
■Mtf» 4». Les. endurcis de cœur sont
les suppôts du diable* qui t'en sert
pour sure son metier , d**utant qu'ils
sont tout leur, potfîbte pour rendre le
monde, vicieux comme eux; its fa
mocqueut de ce que les Pre. icateurx
disent, ils tournent en raillerie, les
«vertiâèmens qu'on leur donne, ils
A crient tes Saints tant qVil peu»
vent: N est- ce pas là faire l'office du.
malin esprit ? O l'indignite / 4^
Tout leur tourne » leur dtsevantagei
la prosperité, lei biens & les hon*
sei:» ne servent qu'à les faire eoa»-
domoes plus rigoureusement, & les
affii&ions St miseres de cette vie leut
sont un commencement des peines
d'Ênser,. %. Tout ceux que t'fccri-
tare nous assure avoir été endurcis
comme Pharaon, Judas, les Juifs &
leur, semblables, elle noui les assure
auffi avoir été damnez: ce qui est
tres
four la retraitespiritueUe, 17s
tres conforme au dire de l'Ecclesiai
ff que , qui nous enseigne que tous
les endurci» de cœur seiont une fu
lleste à malheureuse 6n» C'est pour
quoi nous pouvons dire de tous ce*
miserables , ce que nôtre Seigneur
difbit du trai re judas ; qu'il eût
mieux vallu n'avoir jamais été, qu<
efct tomber eu un G grand mal,
II, Considerez que Pendurciiïer-
ment de cœur est un état auquel
l'ilumaiî tombe peu a peu pat le
peche , & duquel il ne se releve
jamaisi ne se souciant plus de (en
(a lut. Cet état vous est figure pat
l'exemple de Judas , qui ne put ja
mais, etre ramena au bien par Notre
seigneur, ni par le lavement de ser
pieds, ni pat les pieui, qu'il veifa
dessus, ni par la Communion de son
Corps, ni par le baiser qu'il lut
permit de lui faire» ni p^r l'aveuis.
s* ruent Je sa trahison. O état mille
fois deploiabe ! èiaC auquel le pe-
C&ctu ne voit plus , ni ses pechez,
H 4 ni
IfG- tour h retraite JpiritueUe..
ai lei graces qu'il a reçues de Dieu;
n'entend plut les inspirations, Us
exhortations ni les charitables car*
tections,, il se rit & se mocque d,s
tout, il ne goûte plus les Sacrements
la Consession lui est à charge, &la
Communion insipide , il ne flaire;
plus & ne court plus après les odeurs
agreable des bons exemples : enfin,
il, ne sent plus son mal, ne cherche,
point de remede, & ne se soucie pic S;
de son salut. Quelle plus grande mi-
fe re que celle. la ? Cependant per*
sonne n'y pense , de neanmoins,
plusieurs sont quasi, sur le bord du,
. precipice, & toe» prèsi de tomber
dedans ; & i> ceux qui se sont re»
Ifcchex dans leurs premieres pratiques,
de. devotion , &; ne s'en acquitent
pluSi qu'à demi ,,ou les ont entiere-
H5entïa.bandonnées, a, ceux qui après,
stvctir offense Die»;, ne sentent point
de remords, de conscience mais
avallent l'iniquite comme l'eau, fans
se mettre en peine de s'amander. 3,
Ceux
Fburia retraitespirituelle. I?7'
Ceux qui méprisent les salutaires
avertissemeni qu'on leuc donne, &
ne veulent ni être repris ni corrigez
de leurs, deffauts. 4, ceux qui ont
aversion' d'ouir la parole de Dieu 8c
de frequenter les Sacremens. f. en
fin, ceux qui maintenant lisent ou
écoutent ceci , & ne se veulent ré
soudre a mener une meilleure vie.
Tous ceux* là ne sont pat fort éloig
nez de l'end urcissï ment. C'est pour
quoi qu*un chacun t'examine sui
•es seurts s'il en est coupable,
«fu'il mette- incontinent la main »
l'œuvre piJur s'en corriger.
IlL Considerez ce- que vous devez
iaire, pour ne pas tomber dans le
malheureux état de. l'endurcissement
de cœur. Voici trois souverains re-
medes pour cela. Le 1. est, d'avoie
autant d'horreur pour les petits pe
chez que pour les grands , & de les
fuir avec autant de foirt; car corr-
sne celui qui fait peu d état des pe
tites fautes, tombe facilement -as
H s le*
178 Four hi retraitespirituel
les plus grandes , de même celui qui
se garde soigneusement des plus pe
tits pechez veniels, jamais n'en
commettra des mortels. Le 2. est,
de se relever incontinent après être*
tombé, ne point croupir dans le
peché, mais s'exciter promptement
9 Contrition , & se purifier dèsaufli»
tôt dans la piscine salutaire de la
Confcffion. Le 3. est de prendre en
bonne part qu'on nous avertisse de
dos manquemens , & recevoir la cor»
lection charitable qui nous sera fai
te par qui que ce soit de nos pro
chain,.
MEDITATION XFUl
De sEternité.
I, "pAites reflexion a l'importance
qu'il y a de penser souvent &
sérieusement à l'eteriiite ; car 1. cette
lain te pensee donne un dégoût de
tous les honneurs, plaisirs, & biens
du monde a suivant la belle sentence
T$ttr lâ retraite spiritueBe ifs
is S. Gregoire, qui dit que. par té"
tonfideration des biens eternels on vient
à mépriser les temporels. La pensée d»
l'eternité nous fait supporter avec
patience toutes les peines de este*
miserable vie, & nous fait dire à
Dieu avec saint Augustin : Seigneur*
brûuz, coupez, & affligez moi tant
quil vous flaira in ce monde, pourvett
qu'il vous plaise me garantir des souf»
francts eternelles. j. Cette penlée est
un excellent remede contre toutes
sortes de pechez: car qui est celui,
s'il n'est tout à fait privé de raison,
qui ose ofsenser Dieu s'il considere
que par son peché , ii perd les plai
sirs inconcevables de l'éternité bien-
heureuse, & s'engage au toui mens
rigoureux de la malheureuse eternité».
4. La même pensée nous fait ai-
toirer, aimer, & craindre tout en»
semble , la grandeur de la misericor
de & delà justice de Dieu; de la
misericorde , qui pour des petits sec»
vices de cette vie donne une recont»
I SO Pourla retwittstfritutlli*
gease ,, qui n'aura point de fin i St.
de la justice, qui punit une seuls
mechante action , ou parole ou pen.
fée, d'un supplice eternel». O (ainte
pensée de l'eternité ! jettez de si pro
fondes, racines dans mon cœur , que.
jamais rien ne spit capable de vous
op arracher».
II. Considerez que l'eternité est UEi
cercle,, dont le centre est le toûjours,
& la, circonference le jamais. C'est:
( dit saint; Thprnas } une duiée toù»
jours presonte, ou, bien, la mesure
de toute durée,' c'est une mer qui;
n'a ni fond ni rive, un labyrinths
aout rempli de. chsm.nv , mais où on.
ne. trouve jamais de sortie. Pensez,
mille ans,, mills millions d'ans, &
imaginez, vous , fi vous voulez,au
tant de millions d'années que con
tient de moment tout le terne qui;
s'est, écoulé depuis la creation du
monde,. &, qui s'écoulera, jusque s
à la fin, & dites que tout cela n'est
sjen.en comparaison de l'eternité
en*
tUbmrh retrait!spirituelle. I 8 1:
«O un mot , la mesure de l'eternité
c'est le toûjours: aussi long » tem*.
que le toujours durera , aussi long-
tems durera l'eternité; aussi long-
teins que Dieu sera Dieu, aussi
long , tems les justes seront bien
heureux en Paradis, Se les mâchant
feront aussi longtems suppliciez &
brûlez dans l'obscute.;& triste prison
de. l'Enser, à jamais, toûj purs, in
cessamment & sani fin ;, & cela pour,
avoir vouju. jouir d'un plaisir d'uBi
moment, Q) eternité £ que tu ei peu.
souvent en la pensee des hommes!
MI,. Cpnsiderezi &,. pwtiquez les
moyens, salutaires pour profiter de:
U pensée : de l'eternité.,L Faites sou
vent des actes de soi sur cette verité,
que vous ferez , ou hieuheureux, ou
malheureux, pour une eternité. 2#.
Quand l'horloge sonne , souvenez-
vous que cette eternité s'approche,
que le tems qui se passe ne doit ja
mais retourner ; que les heures bien-
ojii mal employees, doivent être ou
Hi 7/ recom.
lit four kttlTeittffhritueSëi
recompensées , ou punies eternelle-
ment; Se que le dernier moment de
vôtre vie sera celui qui doit terrai»
ner une affaire de si grande impor
tance, 3, Remerciez Dieu de vous
avoir preserve de la malheureuse
eternité que vous avez meritée pas
/%os énorme pechez, & que voua
auriez déja commencé , s'il ne vous
eût regardé d'un œil de pitié & de
misericorde. 4, Humiliez vous
amoureusement en la presence de
Dieu, pensant qu'il vous a crée, poua
jouir à jamais de lui dans la bien*
heureuse eternite. '5. Propesez de
souffrir courageusement & de tres
bon cœur tous les maux du monde,
plutôt que d éprouver les peines des
damnez pendant l'effroyable eternité,
6, Privez vous librement chaque
jour de quelques plaisirs, quoi
qu'innocens & licites , dans l 'espe
rance que dans peu de tems vous
jouirez des d,; lices de la bienheureu
se eternité. 7. Ayez en horreur le
peché,
i
tQHr ta retrsite sfirituete, 1 1)
peche plus que la mort , & suyez-sa
les occasions plus que les serpens 9
puisque c'est lai seul qui vous peut
perdre fans ressource pour une eterni
té. S» Enfin , dites souvent avec ua
grand personnage de nos jours, que
c'est être fol , ou n'avoir point de foi,
de n'être point touché & ne point
profiter de la salutaire pensée de l'e-
teinité»
VIL
MEDITATIONXIX.
Dt la Contrition.
1. pEnsez serieusement aux motifs
qui doiveut exciter a une gran
de contrition, pour tous les peches
que vous avez commis* I Elle est
absolument neceil -ire a tous ceux qui
ont ofsense Dieu mortellement; cal
jamai, iis n'obtiendront la remission
de leurs pechez , s'ils n'en conçoi
vent
I gif. tourla retraitespirituelle;
vent une fi ncere & veritable douleur^
rsu que le Fill de Dieu , qui est la,
Verité même , nous affeute que si nous
ne faisons penitence ^ nous periront tousi:
& que d'ailleurs il est. très - certain:,
comme nous l'enseigne le ftint Con
cile de Trente,, que trois choses sont
tout à fait necessaires pour faire une
bonne penience> sçavoir la ConrrU
t on de cœur, .la Consession de bou--
che, & la Satisfaction d'œuvre,. 2-
La Contrition, est si utile & profita
ble qu'encore qu'un homme eût:
commis lui seul tous les pechez quii
se sont f*its depuis le commence»-
meut du monde jusques à present,,
tout cela lui seroit infailliblement re
mit, ,'il faisoit un acte de vrsye
Contrition,. Ce qui a fait dite à S*.
Thomas , qu'apres les vertus Theo
logales il n'y en a point, dont l'exer
cice soit si avantageux pour nôtre fal
lut, comme celui de la Contrition..
G si nous pensions bien à cette belle
yerité! j. Le mal que lepech* mot-.
tour la retraité spirituelle^ \%$
tel nous apporte . ;i ù notable, qu'il'
ne fs peut exprimes : car ce n'est pas.
la perte d'un procès , d'une maison ,
d'une somme d'argent, d'un ami ou
d'un parent que la mort nous ravit :
mais, nous faisons perte, des bonnes
graces de Dieu , & ta. les perdant:
nous rendons pour une eternité nô
tre «me malheureuse,, qui est d'une
valeur inestimable, puis qu'elle a coû
té le sang & la vie d'un Dieu , & après-
une telle perte vous demeurerez in
sensible, & vous ne gemirez pas?
0. étrange aveuglement ! Q folie des
hommes! s'écrie le grand Saint Au
gustin: Voui pleurez la mort d'un sert
oi4 d'une mere , d'un enfant s d'un ami,
ou d'un frere : fa que pleurez vous si
non queie corps du dejfisnt a été Jepari:
de Jon ame ( car la mort n'est autre
chose que la separation de l'ame & du
corps ) és vous ne pleurez pat après a*
voir commis le peché mortel, qui don» f
nant la mort à vôtre ame , fait urn bien
pjmiunejle separation, puis qu'il separe
voire
1g6 tour It retraite spiritueïïel
votre ante de Disu , fm Redempteur &
p/i grand bienfaàiar. Ah.! que vouas
avez bien pi us. de. raison, de fondre ere
1 raies. , pour une affaire de cette im
portance que pour tout autre!
II. Conliderez ce que c'est qua
Contrition , & qu'elles sont sei dif-
s feue ; ces , & ses marques, i» L»
Contrition % dit le Saint Concile de
Trente, e(i un deniai (ir d'avoir of
sensé Oieu accompagné d'un serme
propos de ne jamais plus l'offenser à
l'avenir» C-stce Condition est de
deux forces. La premiere est un*
douicur d'avoir offensé Qieu , des
crauit» d'être p ive du Paradis, &
d'encourir tes peines d'tinser ; & c'est
C8- qu'on appelle; Attrition r ou Con
trition imparfa:tei qui suffit nean-
moins pour- effacer nos- pechez Jt
bous iemettre en la grace de Dieu,,
lor* qu'elle est jointe avec la Confes
sion, La seconde & la plus excel
lente est une douleur d'avoir oisentf
lïieu pour l'amour de lui , parc*
tour la retraite spirituete. i %f
qu'il est infiniment bon, innnf-
ment aimab ie, à que la peché lut
deplait, sans avoir egard ni. aux chà-
timens, ni à la recompense, ni au
Paradis, ni à l'Enies, ù. s'appe la
Con ti mon parfaite , qui a- la vertu da
remettie &. d'effacer tou* les pechez,,
meme hon la Consession , pourvet*
qu'on ait la volonté de se coi.fefler
quand on le pourra. z. Voyez si
vous avez le» marques d'un veritable
Penitent , & d'un cœur cou&ric & hu
milie, dont la i. tlt fi vous suyez
non seulement le peche ,. mais en
core Les occasions du. pechf,.. La 2»
sivouiavez uns paifite Lûmiisioa
à vôtre Conflue e» cho.es mèm*
les plus dure, & ies plu* difficiles, 3,,
si vous avez unegiande difpositioa
à vouloir plûtôt perdre tous les
biens, & souffrir tous les m us da
monde, que de commeitre un -seul
peche. G ma chere unie f fi nous
ne tommes pas dans ces saintes dis-
polition* , mettons nous y dér
main.-
I&S? Pour la retraite fftritutïsi,
læaintenant , assistez de la grace dte
Dieu, & disons courageusement avec
1?Apôtre , que nous méprisons vo
lontiers cous les honneurs, les plai
sir, , & les biens de la cesse, & que
nous n'en faisons non plus d'état que'
de la fiente Su de l'ordure, afin de
pouvoir gagner les bonnes graces de:
nôtre Seigneur JEbUS . CHRIST, &.
ne haïr rien que la pech?..
ILE». Considerez les moyens pro
pres pour vous exciter a Contrition*
I.. Pesez l'exce Ience & le grand
nombre des bien fait» que vous avez
reçu de la bonte de. Dieu, tant ge
neraux que particuliers du corps &
de l'a me-, de sature, dè sortune, &
de grace, & faisant s; flexion sur la.
multitude & inorrruté de vo* crimes,
dites la larme à l'œil:. Malheureux
que je sui»! sonece la les payemens
de tant de bienfaits ? Qu'às-tu fait,
men ame, ingrate & deloyale? non
seulement tu t'es oubliés de toa
graad bienfacteur, mais tu lui as
rende:
ifëotir la retraite spirituelle. >I$J
«endu le mal pout le bien, & pat tel
pechez tu as crucifié JESUS- Chtift
une seconde fois, z- Je«e2 souvent
les yeux de l'esprit suc un saint Pier
re | sur la Magdelaine, & autres S4
Penitens qui ont pleuré amerement,
& fait des trente années de peniten
ce pour de moindres pochez que les
vôtres. 3. Pensez souvent à la Mort
& Passion de nôtre Seigneur. Le
Docteur Thaulere assure , que si on
y pense serieusement , on sera aussi
tôt excité à Contrition. 4. Faites
des actes de regret le plus souvent
que vous pourrez , disant de cœui
& de bouche : Mon Oieu , je suis
plus maris de vous avoir offensé,
que de tout autre mal qui me puisse
arriver , pour l'amour que je vous
porte: & parce que le peché vous
deplait: je me propose, moyenant
vôtre grace, de mourir plûtôt qua
4* vous oifenser»
■$0 Pour la retraitespiritueSt.
MEDITATION XX.
De l'enfant prodigue. En S. Lut
-chapitre 15.
ï. t^Elui.ci aytnt éxigè par import*-
nitè la portion iies biem que lut
pouvaient appartenir , t'en alla en un
fays éloignés & ta dijipa toute dam
its debauches. Considerez que le proAi-
gue, c'ist le pecheur ou celui qui
quitte sa vocation i lequel demande
la fart de sou bien , tor* qu'il desire
la liberté , de vivre à sa mode , &
user de (é< droits ; Se. elle est appellee
fart & portion , pource que toute l1
liberte , & la volupté de ce monde
est fore petite , si elle est comparée
aux bieot eterneli de la grace & de
la gioire. 2. il s'en va en un fayt
éloigné, d'autant que l'homme qui
est attaché aux choses de la terre,
A yit selon set desirs , ne peut être
iong.tema fana pecher mortelle-
aacttt;& ainsi il se separe de Dieu,
four la retraite spiritueïïe, jot
& s'éloigne de la maiflm de son
Pete, & quelquesois il evite fa vo
cation , & eu vient jufques i», qu'il
De peut oiiir ceux qui patient -des
choses de pieté.. 3. il dijjife fa paît
portion , c'est a dire, il est dépouil
le de la gr»ce de Dieu , des vertus,
& des dons spirituels, Sx. même quel-
quefois des biens temporels l en sot
te que bien souvent il n*a pas de-
quoi diner ni s'hdbilkr, & pous
comble de misere il s'abandonne &
s'habitue a des pechez infames , qui
corrompent &. détruisent soacoips
& son ame. C'est moi, qui suis <m
Prodigue : ô que j'ai de confusion
d'avoir ainsi abusé de la bonté d'un
A bon Pere, tant & tant de fois,
par ma mauvaise vie! qui pourroit
souffrir une telle ingratitude; sinon
tous , mon Dieu ?
IL Une grande famine étant surve
nue, il fut contraint de se faire ptr»
citer ; @ la faim le pressant , H defiroit
romjlirfi* ventre M la tnangeaitte dit
{mreeau».
192 four la retraite spirituèSei
pourceaux, personne me iui en don-
liait; és étant rentré ensoit-même , il
dit ; siray à mon pere, lut disant Mon
pere: j'ai pecbè devant Dith & devant
vous. Considerez i. que le pecheus
est presse d'une faim extreme ; lors qu'il
est separé de Dieu son Peie, qui seul
peut rassasier son ame, & mettre sa
conscience en repos. 7/ paijl tes pour
ceaux >k te repaist de leur mangeail-
le, quand il va après ses desirs dére
glez, & ne songe qu'à assouvie sei
sensualitez; quand il obeit à ses pas
sions, méprise toute sorte de corn,
mandemens , ne veut se soumettre
à personne, n'aspirant à autre chose
qu'aux honneurs , richesses & vo-
luptez, fans se souveair en façot
quelconque de l'Oraison, de la Con-
seiiion : ni d'aucune bonne œuvre';
& après qu'il a essayé d'assouvir en
toute maniere son ambition, son
avarice, sa brutalité & toutes set
pallions , il trouve que rien de toul
cela ne le peut rassasier , & demeure
autant
Jtor la retraite spirituelle,. 193
Mitant & plui affamé & alteré que
devant; Voilà justement le misera
ble état où j'ai long- tenu croupi,
mais à present il en faut sortir; Mon
Pere & mon Dieu ! je ne merite pas
d'être appelle vôtre fils, par mes
énormes pechez ; mais recevez moi
pour un de vos pauvres serviteurs ,
par vôtre misericorde. 9. Confideres
que comme le pecheur qui croupie
dans ses pechez,d'homme qu'il étoir,
se rend un pourceau & une bète im
monde; qu'auffi lors qu'il pense se
rieusement à se corriger & amander,
il rentre en soi-même, & se reui
derechef homme , quand avec le se
cours de la grace divine il ouvre
premierement- les yeux , & recon-
noit fa misere & abjection, puis il
a regret & se repent des déreglement
& debordemens de fa vie passée : k.
ayant conçu une glande assurance
de la clemence paternelle de son Dieu,
il se leve & embrasse à bon escient la
penitence, & se pI0geraant a«
T .
194 Four la retraiteJpiritueSe.
pieds du Prêtre, il lui confefl* Cet
pechez. C'a on ame , imitons ce
prodigue en fa penitence : & chan
geons de vie d'une bonne fois.
111. Son ftrt le voyant de loin corn»
me il revenait , accentut au devant de
luit l* baifa & cormanda qu'on lui
rendit Ja premiere robbe, un anneau,
des fouliers , <J* qu'on preparât un ban
quet pour Je relouir avec lui. Conli.
derez i, en ce pere de l'enfant pro
digue la grande bonté de Dieu nCAM
vrai Pere, lequel fe tourne inconti
nent vers le pecheur qui fe conver
tit , encore qu'il foit éloigne. c'eâ à
dire , quoi qu'il n'aye pas encore uns
entiere contrition de Cet pechez. Il
lui va au devant, quand il le pic vient
de nouvelles graces: il le baife tjf
ïembrajje, quand il lui fait voie des
lignes de fon amour : il lui rend U
premiere robbe, quand il le remet ta
état de grace & d'innocence: Fan-
neaut quand le faint Efprit époufe
fon ame; il lui donne des fouliers,
fuand
tour la rctrùtestiritittte. Iff
quand il l'orne des vertus ; /'/ /*/' fait
festin , quand il le recrée & lui fail
sentis les consolations spirituelles ♦
il invite set amis &fa famille a cefestin,
pour mieux lui témoigner ia joys
qu'il a de son retour , quand il con
vie les Anges & tous les Saints da
Ciel à se réjouir avec lui , sur la
penitence que le pauvre pechîur fait.
Ha mon ame/ toutes ces faveur, que
Dieu fait & celui qui se convertit ,
n'auront- elles pas le pouvoir de ts
porter a une parfaite conversion ? O
qu'un brin de ce contentement soi-
xituel , vaut bien mieux que tous les
plaisirs que les vices semblent don»
ner. a. Considered que le prodigue,
I, ne quitta son pere qu'une soit,
8. ne reçut misericorde qu'une sois.
3. ne bougea d'aupres de lai , & P»
toujours honoré & servi depuis fou
retour: & moi miserable )**y aban
donné Dieu plus de mille sois ; &
après avoir été pardonné autant de
sois, je l'ai encore quitté pour paitra
I 4 enceie
I9ff Pour h retraite spirituelle.
encore les pourceaux de met pallions;
& neanmoins il me tend encore les
bras pour me recevoir à pitié. O
Bonte infinie ! ô ingrat & traitre que
je suis ! Resolvons nous donc de faire
une bonne penitence, & ne plus
recidiver.
MEDITATION XXI.
De la bonne resolution.
I. {^Onfiderw pourquoi vous de-
vez prendre une serme resolu
tion de ne jamais plus ofsenser Dieu.
I. C'est une condition tellement
necessaire à la bonne penitence ; que
si quelqu'un se confcssoit fans ce bon
propos , il commettroit un sacrilege,
veu qu'il manqueroit de Contrition,
fans laquelle il ne peut y avoir de
bonne penitence : car comme nous
enseigne le saint Consile de Trente,
la Contrition a deux faces également
necessaires, dont Tune regarde le pas
sé & l'autre l'avenir , n'étant pas
moins necessaire , pour faire une
bonne
Tour la retraiti spirituefo, 197
bonne penit nce, de detestsr les pe»
chsz qu'on pourroit eoram.-ttre, que
ceux qu'on a deja commis. Partant,
ce seroit se moquer de Dieu d'aller à
la Consession sans ce bon propos
d'autant qu'on seroit semblant de
lui demander pardon des fautes qu'on
a commises ; & cependant oc r*<
tiendroit en son cœur une secretes
volonté de l'offenser encore. 2. Le.
bon propos est un antidote souverain
contre toutes sortes de pechez , &
qui bous rend impeccables comme
les Anges ; veu que Jamais nous n'of
fenserons Dieu malgré nous, n*y
ayant point de peefté qui ne soie
volontaire, suivant la memorable
sentence de saint Augustin. Or est.il
que tandis que uous auront un ser*
ne propos de ne jamais offenses
Dieu , jamais nous n'aurons la vo
lonté de l'offenser : car nous aurons»
une volonté toute contraire, & p,,s
consequent nous ne commettront
jamais aucun peché 3, Les rechsi*»
* 3 f?»
198 star h retraitefthituete.
tes d.ns le peché ne procedent que
du defaut du bon propos de ne ja
mais plus cflenser Dieu, De là vient
que les Chrétiens font auiii vicieux
ap;és Pâques comme devanr, & les
personnes même Ecclesiastiques &
Religieuses , font bien souvent aussi
supeibet, aussi coleres , aussi envi
euses, aussi médisantes, &c. après
cent & «Jeux cens Consessions, com
me auparavant. O homme ! qui que
vous soyez, n'est- il pas vrai que
vous seriez beaucoup d'estime d'une
drogue qui auroit la veitu de vous
preserver de toutes les maladies do
corps ? Hé quoi ? ne devez- vous
pas cherir & priser mille fois davan
tage le bon propos, qui a la vettu
de vous garantir de celles de l'ame.
II. Considerez que le bon propos
est une serme volonté de ne jamais
plus offenser Dieu moyennant sa
grace : ce n'est pas une volonté com
me celle du paresseux, qui veut &
-«veut pas, ni un deùr inefficace,
comme
torn U retrait»Jpirituetet t99
tomme sont toutes lei belies resolu
tions qu'on prend ordinairement ,
& que jamais on ne met en pratiqua;
Car il n'y a si méchant qui n'ait queU
qiss volonté de bien faire. On dit
même que l'Enser est plein de boas
desirs, c'est à dire, de bonnes reso
lutions que les damnez avoient prises
en ce monde, fans i'è:re beaucoup
souciez de les executer , s'ètant eu
cela re*dus semblables à des soldais
eo peinture, qui ont toujours la hal
lebarde en main , fans jamais pour*
tant ni tuer ni blesser Mais le boa
propos dont nous parlons en ce lieu ,
est toute autre chose; car c'est an»
forte volonté q ii nous ob'ige à mettre:
la main à l'œuvre ; en ce que I.
Il nous fiit detester non une partie,
mais generalement tous nos pechez,
Bon pour un tems , mai* pour toù
jours. 2. Il nous éloigne de toutes
les occasions prochaines de pecher.
3. Il nous porte à saiisfaire à Dieu
par des austeiitez & autrei bonne*
I 4 GBUVJCei.
200 four la retraitespirituelle.
œuvres. 4, Enfin , il nous contraint
doucement à nous reconcilier ds
cœur & d'affection avec nôtre pro-
chain , Se à lui reparer tous les toi ts
que nous lui avons pû causer, soit
en sa reputation , soit en ses biens.
Examinez maintenant , si tous les
bons propos que vous avez tait pal
le passé, ont été tels. Ah mon Dieu/
qui j'ai grand sujet de craindre que
non, & qu'ainsi mes contritions &
mes Conseillons n'ayent riea valu;
II I» Considerez les moyens pro
pres pour rendre efficaces vos bons
propos, dont le premier est de pre
voir tout ce qui pourrait «'opposee
à vos saintes resolutions , & vous
premunir à l'encontre. Le second
est d'avoir un grand courage , & uns
Irrme confiance en Dieu , disant avec
l'Apôtre ; Quiejl.ce quim pourra se
parer de l'amour de Jesoi » Christ , if
me faire perdre les bonnes graces de
DieuJ Le troisieme jest , de vous
mefier beaucoup de vous même , ds
peui
Four ta retraite spiritueSe, îOF
peur qu'il ne vous arrive comme à
Saint Pierre , qui difoit avec trop peu
d'humilité à nôtre Seigneur j ES Us-
Christ, que Jamais il ne se separe-
roit de lui, dût - il mourir à sa sui
te, ,& bientôt après s'oubliant de ces
belles protestations r il l'abandonna
& le tenu par trois fois. Le qua
trieme r e.(r de former souvent des
actes de bon propos en general & en
particulier, de ne jamais plus of
senser Dieu, comme* le matin, le
soir, au fori de ThorFoge , dans la
tentation & affliction , disant de cœur
& de boucher Mort Dieu,, je me
propose de ne jamah- p us vous of
senser, d'eviter tel & tel: peché , &
telle & telle occasion de pecher ; &
poussant vers le Ciel ces belles paro-
hi de David , qui meriteroient d'èwe
gravées en lettres d'or dans tous les
Confrfllonnaux : Grand Dieu , je vane
freteste- & vous- jure de garder fidelle-
r ment vôtre Loi , & He mourir pltVôt
«pie de vous offenser . J'ai besoi»
I 5 pour.
tot lour la retraite JpiritueBtî
pour cet effet de vôtre grace . Seig-
aeur, donnez • 1« moi s'il vous plait.
VIII.
MEDITATION XXIL
De la Satisfaction^
I. TMaginez. voue que pout avoir
l'entiere remission de nos pe
chez , nous sauver , ia Contrition &
la Confession ne suffisent pas : iJ £iut
de plus la Satisfaction, c'est à dire»
faire ou souffrir quelque chose peni
ble, particulierement celle que le
Consesseur nous a donnee i afin de
sati; faire à Dieu, pour la peine tem
porelle qui nous reste à payer, après
qu'il oous a remis l'eternelle avec la
coulpe; cela se verifie premierement
pat l'Ecriture » particulierement dans
les Prophetes, là où. lors que Dieu-
dit aux pecheurs t ConvtrtiJJez vota A
mi iie teut vèm-CKnrt, il ajoûte ur»
dinaùa»
Four la retraitespirituels. 20y
dinairenent, avec ieûue, & autre»!
œuvres penales, lit dans l'évangi
le , Saint Jean Baptists ne se contente
pas de dira ; Fuites penitence , mai*
encore des fruits dignes de penitence ,
ce que des Saint, entendent des ce 1-
vres satisfactoires. 2. Par l'usage qui
ma a été de tout tems , chacun iç.it
quelles penitences ont fait Adam k
Eve, David, Nabucho lonosor, les
Ninivitet, saint Pierre, la Magdalai-
ne ; & tant d'autres , à tous lesquels
Di;u avoit pardonné leurs pechez.
5. Parle sentiment que l'Eglise en a
toujours eu, ce qui paroit particulier
rement dans les Canons penitesltiaux,
& par la pratique qu'elle en a conser
vée en tous les siecle* , oui écoit tel
le , que pour un seul peché mortel le»
Conseissurs ordonnoient des rudes
penitences , même publiques , quand
le peché étoit public, pour sept an*
& plus, & les Penitens les accep»
toient & les accomplifToienr, même
avant qu'ils euflTent reçuTabsolunon,
I 6 laquelle
804- tour la retraite fihitutlle.
laquelle on ne leur donnoit ordinal-
ïement qu'au Jeudi Saint, Et quoi
que la dureté & la tiedeus des Chië-
tiens ayent obligé l'Eglise de se relâ
chee en cela; elle n'entend pas poue
celft abolie cette sainte pratique, au
contraite elte authorise les Conser*
lêur» , qui sa usent quelque fois avec
discretion.
IL Considere» qu'il y atrofi for»
tes de satisfactions * ausquelies nos
pechez nous obligent, même après
qu'ils nous ont «ce renais. La i. c'est
celle que nous devons faire à nôtre
prochain, quand nous lui avons fait
tort ou en la personne, ou en ses
bien, , ou en sa réputation . Et on l»
met ici la premiere,parce qu'il est im-
poHîb'e de satisfaire à Dieu pour nos
peche», si elle n'est faite auparavant
à nôtre prochain, quand cela se
peut : de sorte que celui qui ne vou
drait pas faire cette satisfaction Se
restitution, quand il passeroit sa vie
>l taire des tudes penitences & de
large*
Four ta retraité spirituelle. aûÇ
iarges aumônes, & qu'il soustriroifc
même le mariyre , (croit infaillible»
ment damné pour jamais. La 2. c'est
celle, qui fait proprement partie dit
Sacrement de Penitence, qui c'est au»
tee que la Penitence» que le Contes-
seue enjoint dans la Conseiiion , 5c
que le penitent est oblige d^ccepter
&. d'accompfir.quand elle est pollib'e
& raisonnable tea force que si en se
consestant, il n'avoic point d'iuten»
tion de l'accomplir, sa. conselsiott
sèroit nulle <5c (aailege: & quoique
pour l'ordinaire £ il ne sbit pas obli
gé a faùre avant l'Abfbiution > & que
là Consession ne soit pas invalide „
pour avoir manqué à la faire en iott
tenu » il ne laiile pas de commet-
tie un nouveau peché, qui: est sou
vent mortel, du moins quand la pe
nitence est donnée pour remede ou
preservatif contre la recheute» La 3-
c'est celle que nous nous imposons
& faisons nous-mêmes; à laquelle
quoique nous ne soyons pas (i ri-
1 7 gpur«use-
tiQ6 Tour la retraite JpiritaeBe.
gouriuscmsnc obligez qu'aux d«ux
piecedentes , il importe neanmoins
extrêmement que nous en f.. liions
iouvent & durant toute nôtre vie,
non seulement pour les raisins fo
ci i tes, mais encore pour ce que par
le moyen de ces peines vo'ontaires,
premierement celles du Purgatoire
diminuent à mesure que nous souf
frons celles de cette vie., 2. Dieu
appaise son ire contre nous , en ne
nous envoyant pas tant d'affiict.on»
en ce monde, qu'il seroit fans cela,
3. Nous ne retombons pas si faci
lement dans le peché: l'un des prin
cipaux effets de cette satisfaction
étant de ruiner les habitudes des vi
ces, par les actes des vertus con
traires.
111,' Considerez ce qu'il faut faire
pout nous acquiter de ces trois soc.
tes de fatisf.ction. I» Pour ce qui
est de (a feconde , il n'y a q.u'a se
soumettre entierement au Jugement
4u Coiifcslèut, accompfuTmt exac
tement
fout la retraitespirituelle. 207
ifltntnt & pouâueilemenc tout et
qu'il nous a ordonné, %'oâàdut mê
me comme un Zachée, a rendre plu»
qu'on n'en a piis ; & le priant in»
stamment ( comme fie celui qui
mourût aux pieds de faine Vincent
de Perriere ) de nous imposer une
penitence plus grande ; considerait
que celles qu'il enjoin à consess?,
sont bien plus sari f ctoire, que les
volontaires , & qu'un seul de nos
pechez en merite plus que nous n'en
sçaurions faire en toute nôtre vie
Pour ce qui est de la 3, lotte de sa
tisfaction , l'Ecriture & i'£g!isc nous
enseignent, qu'on s'en peut acqui-
ter par trois moyens ; sç/voir pas
POraisottf à laquelle on reduit toutes
sortes d'exercices de devotion : Pal
le Jeune , auquel se rapportent toutes
les mortifications & austeritez cor
porelles ; tt par PAumône, qui com
prend toutes les œuvres de miseri
corde, tant spirituelles que corpo
relles, 3. Qu'on peut pareillement
satisfaire
SO? Pour la retraitespirituelle.
satisfaire eu soud'c-nt volontiers &
pour Dieu les asti.ction. spirituelles
& corporelle*, comme: maladie, pau
vreie , perte de biens & d'honneur,
& semblables. Mais notez qu'en toi»»
tes ces- sorte* d'actions CSc de sous-
fiances volontaires , pour etre sacis-
s.ctoires, elles se doivent faire en eut
de grace ; & cela èranr elles devien
nent outre cela meritoires du Para-
s dis. 4. Sî vous sentez trop de repu
gnance à faire toute* ces sortes de
fcitisf,«ctionsr considerez t„ l- grande
solie que c'est d'ayme1- mieux lbu£
fiir beaucoup ers Purgatoire qu'un
peu en cette, vie 2. Les rude» peni
tences, que plusieurs meilleurs que
vous ont faites ; les uni fan, y être
obligez, comme la Magdeleine, qui
passa trente an» dans une caverne
fort austererrreot ; 'es autres par ordre
de leurs Consesseurs r courne Hen
ry II. Roi d'Angleterre, qui souf
frit volontiers que les Prêtres lut
donnassent la discipline sor les epau
le» nues, à publiquement-
tour la retraitespirituelle. 209
MEDITATION XXIII.
De l'imitation de nôire Siigneur
JES US- CHIUàT.
I, "pAites une serieuse reflexion aux
raison, qui nous obligent à
imiter JEî>US*CHRIVT, I, Ai le vaut
ainsi : Je vom ay donné l'exemple , aji»
que vous fatfiez comme s»y fait. 3,
Nous nous «pelions Chiliens , à
cause que nous sommes ses dilciplet
& ses enfans. Cest pourquoi , com
me dit fort bien fant Augustin ; Ce-
lui ne merite pat le nom de Chrétien ,
qui n'imite pas JESU^CHRlsT, 3.
t-'.ii la marque des predestines, cas
comme dit 1 .nue Paul : Ceux que Dieu
a èlâs pour U Paradis , il veut qu'ils
soient conformes à Jo/i Fils, 4, îous
les Saints l'ont imité, comme on
peut voir clairement dans l'hntoir*
dt leur vie; Saint Paul die lui-même
qu'il l'a imité; & àaint Ignace Mar
tyr disait au milieu des tourmeus ;
C4
SIO four la retraite spirituete,
Ceji maintenant que le commence <ff>
tre disciple de J ESUS. CHR^T. N oui
▼oyons que tout ceux qui vivent
bien, sont dans cette pratique, &
qu'il ni * que es médian, qui ne se
souciant point de cette imitatioH,
aymans mieux imiter le Diible. f,
Ei. tin, ce nous ett un grand non-
neur & bonheur de suivre JESUS-
CHRbT, & en le suivant être traité*
comme lui, avec assurance de regner
avec lui dans le Ciel pendant l'ettr-
pité: comme au contraire, c'est une
extrême ingratitude, solie, & mi-
sere a ceux qui negigsnt de l'imiter
& le sume.
IIi Considerez, en quoi nous de
vons imiter JESUs-CHRIST, à sa
voir en faisant des actions sembla
bles à celles qu'il a praiiquées , en
tant qu'homme , pendant les trente
trois années qu'il a conversé avec
nous sur la terre. C'est aux Ecclesia
stiques à l'imiter particulierement aux
Vertus qu'il a pratiquées, & dans les
fondions
tour la retraitespirituelle, tit
fonctions qu'il a exercees depuis
trente ans jusques à trente trois, sçl-
▼oir en instruisant & prêchant , en
administrant les Sacremcns, en disant
la Messe, & «n faisant d'autres sem
blables actions pour le salut du pro
chain , & dans l'esprit qu'il les fai-
soit : mais les Laïques, de toutes per-
sonnes de tout sexe le peuvent imi
ter, en ce qu'il a fait depuis fa nais
sance jusques, à l'âge de trente ans,
particulierement en ces cinq vertus
principales : i. en son humilité de
cœur: Apprenez de moi, dit il, que
je fui Jeux & humble de citur : ce sera
si vous croyez être digne de mépris,
& si vous êtes bien sise que le mon
de aye la même opinion de vous,
3. En sa patience, qui parût en fa vie,
& en fa Paifcon, ainsi souffrez de
bon cœur les afflictions & les ca
lomnies. 3. Ensa charité, qui a été si
grande, que ne se contentant pas de
faire du bien à tout le monde, en
guerissant les malades & en ressusei.
tanc
2 J 2 tour la retraite spriitteUel
tant les morts, il a donné fa vie poui
nous. 4» En fin obeysjuace, l'Evan
gile disant de lui qu'il etoit soumis à
Jèi parent , # même à Cesar à Pi
late , & qu'il a été ebeyssant jusques à
la morts lui à qui toute creature doit
obsyr; du moins le devez vous imi
ter en obeyâautà vos Superieurs, f»
en Jon Oraison, en laquelle il paffoit
les nuits entieres : or c'est au moins
Ce que vous devriez faire une sois le
jour , outre les prieres vocales ordi
naires, & vous mettre en la presence
de Di toutes les fois que l'horlo
ge sonne , qui est une autre soi»
d'Oraison,
III Considerez les moyens d'i
miter nôtre Seigneur: qui sont t.
faire comcne ceux qui apprennent à
écrire , qui regardent l'exemple que
le Maitre a fait, & puis se mettent
peu à peu à écrire pour imiter l'ori
ginal ; ainsi il faut considerer les
actions de nôtre Seigneur l'une après
l'autre, & puis vous mettre à les pra-
tiquer i
four la retraite spirituelle. a l g
tiquer, tantôt l'humilité, tantôt la
patience , &c 2 à chaque action qui
se presente à faire, entrer en consu
sion de ce qu'on est mieux traité
que lui. Par exemple en s'allant
coucher, dire en soi- même : Je m'en
vai reposer en un lit mollet , & mon
Sauveur n'a eu qu'une crèche : en
s'habillant , mon Sauveur a été nud
en Croix, & moi je suis bien vêtu!
& ainsi des autres. 3. Considerer
vivement ce que vous seriez si vôtre
Roi , bon , sage , riche , & puissant
vous fa i soit l'honneur de vous ap
pelles pour le suivre à la guerre con»
tre (on ennemi & le vôtre , & qu'il
vous promit de grandes recompenses
après la victoire : Sans doute que
vous le suivriez gayement : Et pouc
quoi non Jesus Christ le Roi desRois?
&c. 4, Lui demander la grace de le
bien imiter , le priant de vous faire
Connoitre en quoi, & la maniera en
laquelle il veut que vous l'imitiez
tjwa vôtso condition i k puis prati
814 Sur la fajjion
•net ce qu'il vous eu sera connoltre,
soit parses inspirations , soit pat ta
pac vos Consesseurs , & autres per
sonnes de pieté.
MEDITATION XXIV,
De U tajjton de nôtre Seigneur en
I. fOnsidera i. les raisons qui
nous obligent à mediter sou
vent la Passion de nôtre Seigneur, r.
Il nous y exhorte lui» même par son
Prophete ; 0 vom torn , qui êtes encore
felerins fur la terre , considerez. & voyez
s'il se trouve une douleur pareille à lu
mienne. 2. Dieu se plaint par la bou
cha d'Isaye, de ce qu'on n'y pense
pas comme on devroit : Lejufle ( sça-
Yoirjesuj- Christ ) perit, (jf personne
m'yfait attention» g 11 en revient de
grandi biens à ceux qui la meditent
souvent» // n'y a rien de fi Jalutau
tt , dit Saint Augustin , que de pen-
fir torn lts\9un combien U tilt de Dieu «s /
generai»
enduré
it nitre Seigneur. 91 f
enduré four nom. Et qui est shornme si
mdevot , dit S. Bernard , /s reffou-
.tenant de la Pajfion de N. Seigneur ,
M (oit touché le compon&ion ? qui est le
fitserbe qui ne s'humilie ? le cotere qui
ne t'aypaije ? le malicieux qui ne fasse
penitence ? 4.. N» Seigneur le dit mê
me autrefois à faint* Gertrude: //
ne je peut trouver fur terre un remede
plut efficace contre les pechez , comme le
pieux souvenir de ma Faflion avec une
fermefoi & une vraye penitence. Re
marquez que le souvenir de la Passion
est mis devant la foi & la penitence :
Pourquoi cela ? Si ce n'est pour mon
trer , que c'est de la Mort & Passion
de N. Seigneur , que la foi & la peni
tence tirent leur vertu & leur origine.
C'est pour cela que le Oncerner &
autres, pour avoir reflechi sur jesua-
Chsist mourant, dit*nt: frarement
telui . ci éttit Fils de Dieu ; & s'en re-
tournoient frappans leu* poitrine par
tomponclion. f. Tous ceux qui ont
tu une grande devotion i U Paffio»
" 1
21 6 Sur la VaJJion
de N. Seigneur, & Tont souvent mé
ditée , ont été de grand, Saints ; &
Jesus. Christ leur a fait des graces ex
traordinaires , comme à S. François,
à sainte Claire, à sainte Catherine de
Sienne , à sainte Brigide , & autres.
II, Considerez les diverses ma
nieres de mediter la Passion de K»
Seigneur' i, par voye de compajieai
ce qui se fait en considerant vive
ment la grandeur des douleurs de
JESUS.CHRIST tant en son esprit
qu'en son corps , & nous imaginant
que nous les ressentons , & que bous
souifrons les mêmes tourmens que
lui; ou desirant de vouloir souffris
au lieu de lui, disant; O bon Jesus,
que n'ay- je le moyen de souffrir avec
vous ! 2. par voye de cmpnBïon &
de douleur de nos pechez, les regar
dant comme la principale cause de
la mort du Fil* de Dieu, s'y exci
tant ainsi; C'est moi , c'est moi, qui
fuis le coupable : je suis celui qui ay
lait soumis mon Roi, mon Jugei
it nôtre StigHtur. ixf
a% non Bien- facteur; quel tourment
y a t'il assez atroce pour roe panic?
e) mon Dieu! que je suis marri de
tous avoir ainsi offensé , & causé
▼os douleurs & la mort ! 3. par voye
Àamtur: O grand Dieu ! que j'ay
bien sujet de vous aimer, vous qui
m'avez tant aimé , & plus que vous
même, puisque voas avez voulu
mourir pour moi , qui au contraire
ay été vôtre ennemi ! le que a'ay je
«ent cœurs, pour les employer à
répondre à un G parfait amour? 4.
par voye itaBiou ài graces : Qu'est-
ce que je pourrai rendre à mon Dieu,
.pour tant de biens qu'il m'a faits,
an souffrant & mourant pour moi,
«joi ne meri lois que l'enser ? Je serai
)a plua ingrat du monde , si je ne
laits tout mon possible pour recon»
aoître ua tel bien.fait: 5, pat voye
£eimirati$Hi en contemplant les
merveilles incomprehensibles qui se
découvrent en ce mystere ,* qu'ua
Vioa impassible & immortel ait vo«~
21 S Sur U Paffit*
lu souffrir & mourir, &c. nous ètoi»
•ant des excrèmes tourmens qu'il a
soufferts même pour ses ennemis. 0
amour ! ô patience 1 &c. Quoi ! un
Dieu t'est fait homme paisible &
moriel , pour faire qu'un homme fût
Dieu, impassible & immortel ! 0
bonté excessive ! 6. par voye de con
fusion : Ne devrois je pas rougir de
honte de voir Jesus- Christ mon Roi,
soitfrn la pauvreté & la nudité, &
je veux être bien vêtu, & que rien ne
me manque? 1l endure la faim & la
soif,& moi je veux faire bonne chere?
il souffie de grands tourmens, &j<
ne veux pas même endurer la moin
dre incommodite? &c. 7. par voye
d'imitation : Jesus - Christ a sousere
pour nous, afin qu'a ion exemple
nous souffrions pour lui : il faut que
je vous imite, mon sauveur , en vos
vsrtus , & qu'à vôtre exemple je
m'humilie en cela & en cela, Se que
je souffie les afflictions, les méprit
Stc
III. Coa.
de nôtre Seigneur. 219
III. Conlidetez comment on peut
exciter ses afsections susdites» C'est
en considerant chaque circonstance
«Les douleuts que N, Seigneut a souf
sertes dans fa Paillon, i. Qui est celui
Hui endure ? C'est Jesus Christ, le
Verbe & la Sagesse du Pere; c'est moi
Roi, mon Pere, & mon Createur.
2. Qu'ejt-ce qu'il endure ? Les cra
chats, les fouets, les épines & les
croix , &c. des douleurs extremes en
son corps & en son ami , en fa re
putation, en la privation de toute
consolation ? "tur qui endure -fil
toutes ces choies? Pour tous les
hommes, pour les mèchans même
pour ceux qui l'ont tourmenté, 4»
Pourquoi endure . fil ? Afiu que
l'homme ne soit pas obligé de fous*
far à jamais, c'est pour le delivres
de l'esclavage du diable, & lui don
ner le Royaume des Cieux. s. De
qui endure- fil '{ De (à nation propre,
& qu'il cherissoit le plus : de ceux à
qui il avoit fait plus de bien , fça>
K. % voit
j to Sur U ?âff{iu
voir des Juifs , & d'un dt set Apé»
ices. 6. Quand efl-ce qu'il endure?
Etant encore jeune, & i la flear dt
sou âge , & au terns de Pâques au*
quel it y avoit une plus grande at
ftuence de peuple en la ville de Jeru
salem. 7. En quel lieu est ce qu'il
en Jurer' Au milieu de la terre, & t
la veui de tout le monde , & en un
lieu destiné aux supplices, g. Eu
quelle maniere soufre- fil toutes cet
peines ? Il n'y a que lui qui le sçache
& qui le puisse exprimer : nean
moins on peut dire que ç'a été avec
une parfaite & infinie charité , pa
tience, humilité, & obeysiVnce à
Qieu son Pere; & que ses douleutt
•ut été plus grandes que toute* cel
les qu'ont jamais soiuferl les Mar
tyrs.
MBDh
dt nitre Seigneur. 821
E2 ç&içlb a^fX* cfc,Ofc> cfecfccfe
IX.
MEDITATION XX F.
Du lavement des fieds»
En S. Jeao.ch. 13,
JESUS- CHRIST avan$ Vinjktutkn
du tres faint Sacrement dt l'Autel,
met bas ses vêtement , se ceint d'un
linge , & met de l'eau dans un baffh
pour laver Us pieds à ses Disciples,,
Cou si Jerez t. qui est celui qui fait
un office si bas , & le plus sei vile de
ton* , comme de taver des pied* si,
files & tous fangeux: ce n'est autr*
MM JESUS CHRIST, qui est le Fil»,
de Dieu, envoyé d« Dieu ici bas ers
terre % un' Dieu qui procede d'ua
Dieu , & <jui a creé ^Univers. 2. , U«C
achevé de soupper , /cachant
eju il ètoit parti de (on' Pere , $f qu'il
j'y f» ^Étitf/'/ retourner, se leve de tables
\
«22 Sur la saffian
quel soin il entreprend est effet ,
Comme un tres cheris serviteur, &
tant aiiist - nce de personne ; il quite
le foupper, & se leve de table, quoi
qu'il soit meiTeaflt de toucher des
mêmes mains les viandes, & les pieds
tous crafleux/ de ses pauvres Disci
ples : il met bas son manteau, afin
d'être plus libre, il prend un tablier,
il pri« le Mairre de la maison de lui
donner un badin, & lui même piend
la peine d'apporter de l'eau , afin de
u'obraettre rien.de tout le services
ce qu'il fait pour bous apprendre que
bous devons par humilité bous ac-
Quiier auili parfaitement des plus bas
offices, auxquels nous serons em
ployez, que des plus honorables.
11. Il vient donc à Simon Pierre ,
(fui faisant quelque difficulté , lui dit :
Hé quoi , Seigneur , me voulez- veut
lavir les sied} ? je ne le fermettrai ja-
mais. Mais JESUS/*/ diti Si je ne
vtus lis tavei vous n'aurez jamais Je
*«rt avec mou, A quoi tietre repsndin
Je nôtre Seigneur. 223
Si cela tfi , Seigneur , non seulement
les pieds , mais encore les mains & la
tue Considerez s. combien les Dis.
ciplet surent surprit , quand ils vi
reni à leurs pieds teur Seigneur &
leur Dieu, au nom duquel tout le
monde se prosterne à fléchit les ge
noux, il est ctoyable que le voyant
abbatu, & se traînant tantôt aux
pieds des uns ,. & tantôt aux pics*
des autres , lavant les ordures de cei-
lui-ci & essuyant les autres, & let
baisant avec une affection extraor
dinaire, ils surent si étonnez qu'ils
ne pouvaient dire mot que par leurs
larmes. 2. Fenscz que probablement
il commença le lavement par judas,
afin que pas l'exemple d'une li pro
fonde humilité, il le portat à faire
penitence, & nous apprit quant &
quant comment bous devons nous.
Comporter envers nos ennemi,, imi
tant en cela les Medecins; lesquels
ayant plusieurs malades à traiter T
commencent par let incommodez.
S24 8*r fe P^w*
Je par celui qui en a plus de besom.
O chose etonnante, de voir un Dis*
de Majesté abaissé au dessous des pitds
de son capital ennemi, lequel en
core aprè* celà a le cœur si endurci
& si obstiné, qu'il ne jette pas une
petite larme. 3. Remarquez que
Saint Pierre, qui, comme le plus
humble tenoit le dernier rang de
tous , ne pouvant souffrir cet abais-
sement de son Maitre, non par aver
sion qu'il eût du Fils de. Dieu , mais
porté d'un grand respect se leve, &
s'écrie: O Seigneur ! vous qui êtes
Createur du Ciel & de la terre , à
que j'ai avoué & reconnu pour Fils
de Dieu , que vous veniez me laver
les pieds , i moi que tous avez tiré
* de la pêche , & qui ne suis qu'un mi
serable pecheur , & un pauvre escla
ve l non , je ne le permettrai jamais.
1l paroit que ce fût par respect qu'il
parla de la sorte : car il s'offiit pour
être lavé par tout le corps , dès qu'il
iùt averti qu'il oifenserott Dieu s'il
fc*«be.jUioiu Jii,
ie nbtre Seignettr. %i%
III. JESU* ayant achevé de leirr
laver Us pieas , leur Jit ; ii moi , qui
fuis vôtre Seigneur /$ vôtre Maitre , en
Juu venu là, que de vous laver les pteJtp
jugez s'il n'est pas raisonnable que vom
vom les laviez aujji mutuellement les
uns aux autres : ie vous ai voulu donner
l'exemple , afin que vom jaffiiz comme
vom m'avez veu faire. Confierez
3. que nôtre Seigneur voulur lavet
les pieds à ses Apôtres, Don seule-
ment afin d'en ôter les ordures , puis
que ce n'est pas la saleté ni des
pieds , ni des mains , qui fouille l'a
me; mais pour nous apprendre i.
comment nous devons approcher de
la sainte Eucharistie, à sçivoir, pu
les larmes & les eaux iie la penitence ,
c'est ainsi que l'expliaue S. Cypriea
& par une exacte recherche de nôire
conscience, c'est a dire, après une
revue de nous même , depuis la tète
jufques aux pieds; i, asin de nou#
donner un exempte d'humilité , dan s
le plus bas office des serviteurs \
K. f servait*
226 Sur la Faflion
fervan tes ; & que nous n'euflïons pas
honte de servir à d«i personnes mê
mes de plus basse condition que nous;
3* afin que nous n'eufllons point de
peine à nous pardonner les uns aux
autres, les petites picques qui peu
vent quel.jus fois arriver même entre
les personnes de plus grande pieté».
Has mon ame , si nou» pension*
souvent àcet exemple d'humilité de
N. Seigneur, nous n'aurions garde
de suir ou dedaigner les petits ser»
vices bas , auxquels la charité ou
l'obciiîance nous appelle,
MEDITATION XXVh
DefOraison & agonie de H. Seigneur.
En, S. Matth. chap. 26. & S.
Luc chip i2.
3EMJS pria par trois fou f & dit:
Mon tere, si cejlckoje quijoityosi.
Jibtt , faites passer ce Calice loin de moi »
tieu nmoins que vôtre volonte jejaJJ'e ,
non pas la wicnne* Coniaueriz i#
que
Se nôtre Seigneur. VSf
que nôtre Seigneur reitera la même
priere avec abondance de larmes »
comme parle P'Apôrre, & avec une
«lameur #uiflànter & un redouble
ment de voix t Mon Perer mon- Pere t
afin de nous apprendre, que c'est:
dans les plus grandes affl ctions qu'il
feut prier avec plus de serveur, &
plus longtemsr & toujours avec
cetteconclition , fi c'ist le bon plaisir
de Dieu. £ Considerez la grande re
signation de J«su »Christ en une cho
se -si difficile r car quoi qu U eûr une'
tièi grande frayeur des touimens,,
& de la mort qui lui étoit preparée .:
neanmoins pour les souffrir, il vou
lut suivre la- volonté de son Pere p!û-
tôt que la sieane , & s'y esttellemeiit:
soumis , qu'il a desisé recevoir de
lui l'ordre & le commandement d»
toutes ses souffrances , afin de pou
voir mourir même par obéïls^nce,,
nous montrant par ià le foin que nous
devons avoir, de nous conformer em
toutes choses à la volonté de Dieu»
HZ Sur la Tajsion
O quel bonheur à une personne qui
fait tout parcbéïssance.
1 1, pétant levé par deux soii Je
P Oraison-, & voyant que ses Disciples
donnaient, ils'adrejja à Pierre, & lui
Ait : Quoi 1 vous ri'avez pas eu le cou
rage de veiller feulement une heure avec
moi : veillez & priez , afin que vous
n'entriez point m tentation. Consi
derez i. dans quelles angoisses se
trouve Jesus- Christ: il l'adresse à son
Pere , & le prie , & il ne dit mot : il
cherche quelque consolation & sou
lagement de ses Disciples , & il, dor
ment, & même le premier d*entr eux,
qui s'étoit vanté un pea auparavant,
que quand bien tous les autres se
scandalhwroient , & l'abandonne-
ioient, il ne le quitteroit pas. He-
la, J quel aft ce jardin de Gethsima-
nipour le Fils de Dieu; On trouva
des delices dans les autrei mais eu ce
lui-ci, il n'y a que tristesse & qu'es.
fioi. O que les fruits de ce jardin
sont ameri ! z. Considerez que N.
Seigneui
At nbtre Stigneur, 229
Seigneur interrompt (on Oraison,
pour voir ce qui se passe entre set
Disciples: pour vous apprendre, si
vous êtes Supérieur , ou si vous a-
vez chargé des autres , de n'être pat
tellement attentif à vôtre salut, que
vous negligiez celui des autres; &
trouvant qu'ils ne font pas en leuc
devoir , de les reprendre avec dou
ceur & suavité , excusant leur infir
mité , & les supportant comme saie
ici N. Seigneur, disant, que l'esprit
à la verité estprompt , mais que la chair
estfragile.& infirme,
111, Etant tombé en agonit , fa prie
re fut fi» longue , ijf unefutur de sang
découla deson corps fur la terre ; fi bien
qu'un Ange vint du Ciel pour le confor*
ter. Considerez 1. h cause de cetts
sueur sanglante, sçwoir le desir qu'il
avoit de souffrir pour nôtre Clut ,
qui étoit si g ran \ & si exceifif , qus-
son propre Sang s'étant reiiré au
cœur, pour la grande crainte que
J H.SUS avoit de la mort vint à boûiU
K 7 lonner,
2JO Sur la PaJJton
sonner r & cherchant à sortir avec
violence, prit son coun par let po
tes & les veines» & penetrant ses ha»
bits, decoula sur la terre en fi gran
de ah mi dance , qu'il en demeura, tout
affaibli, jufcjuei à ne se pouvoir
relever; ce qui fit que l'Archange
Gabriel aecourût pronrptement pour
le relever» z» Considerez ici la face
de nôtre Sauveur , toute saie & dcft-
gurée de poussiere & de sang. Voyez
comme ses cheveux font tous melez
& coliez de sang caillé-, & comme
en cet état lJAichange prend soin de
l'essuyer & le soulager J en sotte qu'il
se puisse tenir debout. O beigneur l
que cette serveur de vôtre Oraison
condamne bien m) langueur & ma
tepidité, qui n'a y pas seulement une
petite larme à vous donner dan*, mes
prieres,. 3. Considerez que nôtre
Seigneur sut consolé par l'Ange,
ap.es avoir persevere en son Orai
son , & en la resignation à la vo
lante de Ion Peie, non obstant se*
an^piiie»
ie nitre Seigneur. 237
amgoissei & sa sueur de sang; c'est
pour vous apprendre à ne point vou*
rebuter, ni perdre courage quand it
▼ou» arrive quelquefois de l'ennui f
des peines interieures, & tentation»
dans vos Oraisons , & autres exerci»
ces de pieté; vous assurant que le se
cours du Ciel rte vous manquera pas,,
fi vous tenez boa avec confiance en
Dieu. /
MEDITA TION XXVIL
De la flagellation de notre Seigneur
En saint Luc, chap. 23.
& S» Jean, ch. 19.
t» T)Uate protestant pour la troisième
fois , qu'il ne trouvoit rien qui
fut digne de mort en notre Siigneur,
les Jwfs d'ailleurs criant huutemtnt
qui! fut crucifie l enfin i il le prit & le
livra au» joldatt pour être flagellé;
Considerez s. que jusjues icy le di-
vin épi ux de vôcre , me a été sort
mal* traité en toutes façons, bafoué,
a*-
%%% S«r U PaJIira
craché, frappé, & mille autres i«-
dignitez qu'il a souffertes pour vous
épouser, A pour vous unir à luis
mais maintenant ou est venu au sang
& aux playes, afin que celui qui
vous avoit fait part de ses honneurs,
donné la liberté & tous les autres
biens & avantages du corps , vous
fit encore present de son precieux
Sang, pour voir si en contr'echange
tous lui seriez aussi quelque libé
ralité de vôtre côté. 2. Considerez
que Pilate livra N. Seigneur Jesus-
/ Christ aux Gardes qui assemblerent
toute la bande, c'est à dire, six cens
soixante six soldats. Remarquez , s'il
vous plait , leur effronterie fans pa
reille, & d'ailleurs la patience, I*
honte, & la consusion du Fils de
Dieu. Us le dépouillent, le mettent
tout à nud devant toute cette mul
titude de personnes, puis ils atta
chent son sacré Corps à une colomne,
1er bras elevez en haut 5 cet inno
cent Agneau demeurant ainsi debout
Je nôtre Seigneur. t$|
au milieu de tes loops , personne nt
parle pour lui, personne n'en a piiié;
depuis que le monde est monde , il
ne s'est poin veu un semblable speo
t .de, que les épaules d'un Dieu fus-
seut sujettes aux fouets & aux es-
COurgées.
IL Considerez combien rude &
sanglante fîit cette flagellation. Il
«toit deisendu par l'ancienne Lot ,
de donner plus de quarante coups à
ceux qu'on flageUoit, pour cette
feule raison , que si on venoit a en
donner davantage, on ne rit mourir
le criminel dans le supplice: mais
tes soldats Payens n'ètoient pas ob
ligez à cette Loi, ny auili touches
d'aucune compaction : si bien qu'ils
en donnerent jusques à cinq mille
quatre cens coups à N. Seigneur,
comme quelques saints ont sçû pat
revelation : ce qui ne semble pas
trop éloigné de la raison , parce que
le dtîLin de Pilate fût de le faire fis. -
geller , en sorte , que la rage & la
kieui
«34 I" ïajpt*
fureur des Juifs fû aucunement fs-
tiif.i'e, voyant son coip, fi mise
rablement traite & dechiré de tou-
t«t p rr' ; joint aussi que la fl gel-
la nem precedoit la crucifiement à
la mort, pour ôier toute occasioa
d'iinpuiete& de sensualite à ceux qui
jetteroient les yeux sur la nudité de
celui qu'on crucifioit. C'tû pour
cela qu'on le defiguroit de la sorte.
Conlîderez pareillement des yeux
interieurs de vôtre aine, avec quelle
violence ces bai bares déchirent le
sacré Corp» de Jesus . Christ, tan;ôi
de verges à tantôt d'escourgées ,
puis de cordes pleines de nœuds.
Voyez comme le sang decoule de
toutes parcs sur la terre. Prêtes
l'oreille à toute cette multitude de
coups, & aux mocqueries & aux
railleries de ces infames bourreaux.
Voyez aussi en quelque recoin de la
salle la tres safcite Vierge , qui niel
lant Ces larmes avec le sang de son
Fil«, compte tous les coups qu'oa
decharge
Je nitre Seigneur. 1 5 f
décharge sur lui, O qui pour: oit
comprendre les douleurs de la Mera
& du Filt f S. ns cloute il n'aurait
garde de retomber dan; le peché.
III. Considerez que quand on
détacha nôtre Ssigueur de la co-
iomne, il êtoit fi abbatu & debilité
par l'excès de cette flagellation , qu'il
tomba par terre comme une ravise,
& comme un tronc de bois sans se
pouvoir soutenir sur ses pieds. Vo
yez avec compaction comme il se
traine dans son sang sur le pavé,
cherchant ses habits pour se couvrir.
Imaginez vous qu'étant un pea re
venu à lui, il vous addresse ces pa
roles ; O'er! pour vous ô mon fils,
que j'ai souffert ce tourment, &
ties' volontiers ; coosiderez que vous
correspondez tres mal à mon amour,
quand vous témoignez tant d'im
patience aux petits coups de fouets,
Si aux legeres afflictions que je vous
envoye, & ne cesssz de renouvelles
sua flagellation tous les jours pat
vos
13<S Suri* Taflit*
▼os pechee & par vos impersectio*».
Ha! mon doux JESUS, j'avoue mt
duce avec gunde confusion & re»
pen canes, & avec une sorte resolu-,
tion de m'amander, & souffrir d'un
bon cœur , & pour l'amour de vous
toutes let peines qui m'arriveront;
faites m'en la grace, s'il vous plait,
par le merite du sang que vous avei
répandu pour moi*
X.
MEDITATION XXVUL
Du couronnement if'épines de nôtre
Seigneur. En S. Muthieû c. 27.
& S. Jean chip. 19.
I. J" Es soldats du President ayant
^ depoule I£> US. CHRIST dt
sei habits , le revêtirent d'un manteau
d écar/ate; & ayantfait une couronne
d'épines , la lui mirent Jur la tete.
Concilierez j, que ce ne fût pas fans
it nitre Wigneat. %%f
ft* renouvellement de honte & tit
confusion pour le Fils de Dieu,
qu'on mit son corps virginal à nud;
ny fans de nouvelles douleurs, qu'on
rafraichit toutes ses playes qui é-
toient déja collées à ses habits,
quand on lui donna le manteau de
pourpre pour se mocquer de lui,
comme d'un homme qui avoit af-
sect* l'Empire k la dignité Royale.
3. Considerez que ces barbares lui
«■foncent dans la tête avec leurs
halebirdes, une couronne toute he
rissee d'épines , qui pour l'ordinaire,
«n ce pays -là sont quasi de la Ion-
gueur du petit doigt,Vous lui voyex
sortir du front & des tempes les
pointes des épines avec tant de vio
lence, que cela fait fremir seulement
d'y penser, O quelle douleur de
quelle cruauté ! depuis que le monda
est monde, on n'a pas oui parlee
«Vu* tel supplice; & c'est uae men-
veille que Satan en ait pu inventes
pa ti extraordinaire.
U, Uf
138 Sur la saisis*
IL lU lui mirent un roseau en matu9
flecbifiant le genouil , se moquaient de
lui , disant : Dieu vous garde , le i\oy
des Juifs. Et crachant i fin visage,
lui frappoient U tête de son roseau»
Considerez que ces barbares satellites
ne donaoienc aucun rslàche au San-
▼eur du monde : ils renouvellent an
cette occasion toutes les injures k
les mocqueries qu'il avoit d.ja souf
sertes en la maison de Caïphe , &
les augmentent par de nouvelles qu'ils
inventent * toute cette canaille met
tant un genouil en terre , & se mo-
^uant , lui dit, par raillerie: Est ce
toi le plus vil de tous les hommes ,
miserable gueux, qui veux passer pouc
Roy ; d'où t'est venue cette réverie ?
niais tel Roi , tel Sceptre : tu es un
Roi de paille & de neant : voilà
donc l« sceptre & l'ornement qui
convient à ta Majesté. Disant ces
paroles , il lui déchargent leurs can
nes & bâtons sur la tète, & font en
ionces plus avant les épines qui f
étoient.
de notre îelgutur. aj*
è*toient*. Pac là, apprenons le peu
d'cftime , que nous devons faire de
tout l'eclat & de toutes les grandeurs
du monde; & au contraire, com
bien nous devons chercher le mépris
& la confufion.
III. Pilatc fortuit dehors dit au»
Juifs 1 Voilà l'homme que je vous amel-
ne \ pour moi je ne trouve aucune saufe
de nuit en lui. Alors JESUS parut
portant une couronne d'épines , & un
manteau de pourpre, mais les Juifs
l'ayant vem , crioierit de plus en ptm :
Crucifiez - le. Gonliderez l. ce fpe-
ftacle avec compaflion. Le tres-
doux & tres • debonnaire JESUS fort
de la faite ; ayant fa robbe entrou
verte , portant pour diadème une
couronne d'épines , les mains gar-
rottécj , tenant un rofeau de la droi
te en guife de feeptre , la face toute
plombée de coups, couverte defang
' & de crachats. Pilate croyant amol
lir le cœur des Juifs par ce cruel fpe-
âade , leur dit: Voilà l'homme, voi.
f4.0 Sur la tastan
là celui que vous accusez de Vein
qualifié filsde Dieu: voilà ce mite-
table K.01 , lequel à peine peut»t'oa
prendre pour un homme maintenant,
2. Considerez ici l'horrible aveugle
ment de Pilate. Il protests derechef
l'innocence de nôtre Seigneui ; nean
moins il le traite si indignement,
qu'à peine reconnoit-on en lui l'ap
parence d'un horarae : certes on ne
traiteroit pas un chien de la sorte»
f. Considerez, si au Jugement de
Pilate même, notre Seigneur est in-
socent , pourquoi il a souffert tou
tes ces choses ; & pensez que c'est vô
tre superbe qui lui » causé toutes ces
moqueries ; vôtre avarice, fa nudi. '
té; vôtre yvrogoerie & bonne chew,
l'eifusionde son precieux Sang; vô
tre sensualité & immodestie, ces
épines piquantes ; vôtre colere l'a
couvert de cet plajes sanglantes ;
vôtre envie a fait toutes ces meur*
tcissures; enfin , vôtre paresse l'a
gurotté de ses Hens. Au seste, fi
Pilate
Je nitri Seigneur. «4s
/ , fitats n'a pu coucher de companion
'Cm: - - ,. le coeur de tous cet Phariiiens , pic
' la veils de cet obi se lamentable . du
1 moins que tous les tourmens de JE-
|( SUS» CHRIST gagnent quelque cho-
|( se fur le vôtre, puisque c'est pour l'a-
0, mour de vous qu'il souffre ces épines,
J qu'if verse son sang , & qu'il vous (ait
present de toutes ses douleurs , poui
en faire un remede efficace à toutes
vos offenses,
MEDITATION XXIX.
Du portement Je Croix de nôtre Seig.
neur, Ea S. Jean chap. 19,
& S .Luc. 23.
menerent four être crucifié ; &
ilsortit portantfa Croix au lieudu Cal-
vaire. Considerez 1. la cruauté in
ouïe des Juifs , donnant a porter au
Fils de Dieu le pesant fardeau de la
Croix , comme s'il, vouloieat l'acca
bler en chemin, étant déja d'ailleurs
Coat épuisé de forces.à affaibli «n tot«
*4* Sur la Taffloti
ses membres, par la violence iet
tonrmens qu'ils lui avoient fait sous-
frir, A » t'on jamais oui parler,
qu'on ait fait porter son gibet au plas
scelerat, & au plus infame larron]
tant s'en faut, qu'au contraire on ca
che aux plus criminels les instrumens
de leurs supplices4 II' n'y a que Je.
sus- Christ à qui on lei aye fait porter
ignominieusement s ce qui se trouve
sans exemple. 2, Considerez. la,
3l imagines vous le voir de vos pro
pres yeux, marchant tout accablé
fous ce pesant fardeau , les yeux tout
languissans , la face toute couverte
«Iesaog& de crachats , d'un pas tout
tremblant , & tombant plusieurs soit
la face contre terre, toutes les cheu-
tes lui faisans de nouvelles playe»
aux épaules, &rengrsgeans de nou
veau celles qu'il avoit rece Lies en fa
flagellation. Ha mon am-e! Pou
vons. nous contempler un fi piteux
spectacle, sans compassion , fane
larmes , & fans consusion , particu
liere.
Je nôtre Seigneur. %\%
îierement si nous considerons, qua
le fardeau de la Croix tiroir fa pesan
teur de nos pechez ?
— II. Dam le chemin ils contraignirent
- An appellè , Simon le Sirenéen , de porter
fa Croix, Considerez i. qu'il ne luf-
Êt pas que nôtre Seigneur porte fa
Croix, ni que nous la regardions,
«les yeux de la Foi & de la considera-
tion; mais qu'en outre, il est necef*
faire que nous la portions , non la
materielle, mais la spirituelle, souf
frant les injures , les calomnies, &
les autres afflictions du corps & de
l'amel & sur tout, mortifiant nos
passions, & châtiant nôtre chair pas
des jeûnes , disciplines, & autres au»
steritez , conformement à ce qu'il die
lui même : Si quelqu'un veut venir
après moi , qu'il renonce à foi - même «
qu'ilportefa Croix tous les jours , & me
suive, 2. Considerez que ce ne sue
pas de son bon gré , mais par con
trainte, que ce Simon preta les épau
les pour porter la Croix de nô:ra
L % Seigneur;
t44 Surin ?*$o*
Seigneur; pour nous apprendre qtie
si nous voulons porter la Croix ; il
faut s? contraindre & faire violence à
la nature & à la chair, qui est toû»
jours rebelle a l'tsprit. g. Considc-
m l'aveuglement & la folie des Chré
tiens pour la plûpart, lesquels étant
assurez par la foi qu'ils ne peuvent
entrer au Ciel , fan, avoir porté leur
Croix sur la terre: & que leurs pe-
chez & l'exemple de nôtre Seigneur
& des Saints les y obligent , la suyent;
les (upsibes la ten ans à deshonneur,
k les sensuels en abhorrant la peine.
C'est pourquoi saint Paulavoit raisot
de pleurer, de ce qu'il y avoit tant
d'ennemis de la Croix de JESUS-
CHRIST, qui, n'avoient d'autre
Dieu que leur rentre , ni d'autre hon
neur que ce qui tournoit à leur con
fusion.. voyez si vous n'êtes par
de ce nombre.
III. Jesm se tournant vert quelques
«mmis qui fleureientt leur dit : Ne
fleure*
de vitre Seigneur, 24s
fleurez paiJur moi, mais plutôt fur vont
é'fur vos enfans , fi cela se fait au boit
.mtrd , jugez it qu'onfera aufee. Con
siderez 1. que nôtre Seigneur n'a pa*
Voulu qu'on ait pleuré sur lui, maii
fur le peuple , témoignant par là qu'il
«toit bien plut à propos de pleurer
pour let pechez , quietoient la cau
se de sa mort, laquelle devoit être*
l'occasion d'une plus grande damna
tion à plusieurs- 2. Considerez si le
bois verd , c'est à dire , celui qui est
venu au monde fans aucun pechi ,
n'en est point ford fans peine & fan»
châtiment; comment pourrons» nous,
nous autres qui sommes nez de vivons
dans lt peché, pretendre à la vie
eternelle, fans croix & fans afflic
tion! 3. Pensez quel sujet de tririsrfV
& de douleur la Sainte Vierge reçut
voyant son cher Pris-, l'unique con
solation de fa vie, si miserablemrsaf:
abmdonné , marcher au supplice en»
tre deux larron, , & traite si ichu-
mainement parmi les huées d'one
t$6 Sur la fajsion
populace acharnée suc lui. O quel
glaive de douleur pour une mere t &
une mere qui est assurée du merite &
de la Sainteté de son Fils/
MEDITATION XXX,
Du Crucifiement Je nètre Seigneur.
£n S Luc , chap. 23.
I«. p Tant àirivetau.lieu qui est appeU
*J le je. Calvaire h ils le. crucifie'
tent. Considérez 1, combien il fût.
penible à nôtre. Seigaeur demonter,
cette montasos, &. quelle violence
il a fallu qu'il se soit faite pour cela
son corps étant trei- delicat & deja,
tout épuisé, de forces.. Et cela, pour
ne manquer à procurer vôire salut,
& s'orfrir en holocauste à Dieu son.
Pere pour vo» pechez , en odeur de:
suavité, sur la montagne qui avoisi-
»oit de plu! prei le Ciel. 2. Conlù
derez le. genre, de. mort qui. sut tréi«
cruel. Premierement on, le dépouil-
la de tous sei habits avec violences
4e«juoi toutes ses playei fans doute
de nôtre Seigneur. 247
Gs renouvelerent, 4 ie très - doux &
ties - debonnaire Sauveur de nos a-
mis , resta par ce moyen tout sang-
lam: cela fait , on l'abbat par terra
Cur la Croix, & on lui enfonce a
grands coups de marteau les clous
tous «mouliez dans ses pieds & dans
ses mains» O Dieu , quelle douleur!
car les mains sont pleines de nerfs 4
de veines. Ce lui sut un surcroit ie
douleur , quand pour gagner les trous
de la Croix, qui êtoient percez pins
loin qu'il ne falloit , on sut contraint
de lui bander les pieds Je les bras avec
des violence) étranges». Ajoutez â
cela L'élevation de la Croix, & la
secouié qu'on donna au File de Dieu»
en la posant dans ta foils où elle fut
plantée l & enfin lelong. tems qu'il
y demeura attaché avant que de ren--
dre l'esprit, qui sut trois heures tou
tes entieres».
1 1. Considerez l'ignominie que:
nôtre Seigneur souffiit, par ce genre
de mou. Il n'y en avoit pas alow
L 4 de.
Î4& Sur h Paffît»
it plus honteux ny de plui infame!
il souffre sur une montigne &. ûr
un gibet fart ehevé, afin qu'il fût
exposé à la rfée de tout le mt»de;
en un lieu destiné au supplice public,
afin qu'il parlât pour un mechant:
au milieu de deux larrons, csmme
le p'us scelorai ; en plein mui, afin
que tout le monde i'y trouvât : ea
la Fête de Pâque, auquel term tot-
te la Nation abordoit de toutes parts
à Jerusalem; en la ville capitals de
toute la Judée, en laquelle il n'y
•voit que fix jours qu'il étoit entré
«h triomphe, afin que ce lui fût une
plut grande consusion ; & parmi cet
te infamie il est chargé d'opprobres
& d'injures par toutes sortes de pe>
sonnes! en un mot, il n'y a point
d'ifl'ronta ni de peiues, par lesquel
les , nôtre Seigneur n'aie passé.
III. Conlideriz qu'il a choisi ce
genre de mort ; i. parce qu'il n'y ea
avoit point de plus cruelle, de plus
longue, de plus iguomiuieuse, r.y
it nitre Sefgnettfi Us
tfe plui p,opre pour vous raercsrfe
silut que ce>!». li : 2 a6n que nviuv
ranc élevé fur la Croix, cam ne une
hostie, il se renJïc Mediateur entre
son Pere clest* 5c le gerire frurnairJ,
reconciliant par ce moyen ht terre
avec te Cre! ; j. afin de vous cher
cher de plut loin des yeux; & que
voir, «ysnt rencontré, it roui rw»
fût entre ses bras, il vous cachat
dans ses playet ; & vous portant;
gravé dans ses mains, H vous eût
toujours devant les yeux; & que
ba il ut la tête, il vous donnât ie
baiser de paix; ra .is orincipa'eœetit,
afin qu'il vous detachât d ,iF;ctioa
de toutes les choses de te ferre, &
vous élevât à celles du Ciel. Ah!
mon Sauveur s comment pui« ;e voue
voir si cruellement tourmenté, &
par le pur amour crue vous rne por
tez , & que je demeure inseolîrr!e ,'dt
qui pis *st, que je vous donne sujet
d'augmenter vo» douleurs, par mes
eûmes? Ha seigneur, qu'une goutte
h % de
8f© fmr la rttraittsfmtottfa
it sang qui coule de vos fkcrisa
player, isjallisse dans mon cceui
four l'amollu , & pour le fend is dc
regret de mes fauces, & qui j« choi-
siiie deforraai* plutôt la mort que le
peche,
* T 4 * « X *. V X X ™ * X
XL
MEDITATION XXXU
De I* fuitt des occasions At*.
2, f^Onsidertz combien il irapor-
te de suyr let occasion, dt
peche r. I. Celui qui sera soigneux
d'evittr les occasions, fa prelervera
de beaacoup de pechiz, que
tres-probab!etnenc il commetiroit:
car comme le Soleil fe cachanc,
(a lumeie se derobe a aoi yeux,&
I(- seu venaptas'eteindie, la chsleut
se tUfipc; & rarii&nr !a fontamc, Is
auiiieau se taric aiiffi: dt metae ea
& puleivant ds* c«iafiou*,on f: p:sj
Ftur fa retrait,JpMfutfy, 9ft
férva pareillement du peché, si«-
▼ant la maxime dei Philosophes,,
qui porte qu'au même tcras qu'on
retranche la cause, on retranche l'ef
fet, 2. 11 n'est rien de plus aisé ni de
plus honnorable dans le combat
qoe nous avons à faire contre les
vices, que de prendre la suite, vau
que celui qui fçut le mieux suyr,
sijait le mieux vaincre 3, Celui qui
y'expefe dont le danger , y perira , dit
l'Ecclesiastique, car comme il est «m»
possible , au témoignage même dut '
saint Esprit de toucher de la poix
fans s'engraisser les mains, ny se tenii
auprès du feu fans reilsntir fa cha
leur: de même, H est impossible d«
éemeuter volontairement dans les
occasions du peché fansy tombes*
Oa dit en commun proveibe, qua
l'occasion fait le larron , & «la n'est
que trop veritable r ainsi l'occasion!
fait l'yvrogne, le medisant, l'irn»
psdiqne , & les autres vicieux Se
e est l» source & l'origine de toute*
L 6 fonce*
I
15 S Four ta retraite JpiritueSe.
fortes de m»ux. Ah ! plûc à Dieu que
nous n'iiffioas jamais apcis cette
Tenté" par nôire propre experiences
Helas mon Dieu, combien de soi?
▼ous «y je malheureusement offensé,
pour m'êire engage dan, l'occasion.
II. Considerez qu'il y a graad
nombre d occasion! de pecher, &
que le diabia tend par tout des filets
A des piege, ; pour nous perdre;
mais que les plus dangereuses loi t
cele, qu'on appelle prochaines, qui
sollicitent tellement au peché, que
lor, que nous noui y rencontrons
iious tombons de deux ou trois foi»
l'une. Telles sont à l'egard de la plu.
part de ceux qui ,'y engagent, i. It
frequente conversation avec les per
sonnes d'un autre sexe, lor, qu'il
n'y a point de necessité. 3. la ta ver
se & les f.-siins 3. le, bals & la co
medie , 4. la lecture des livres here
tiques, impudiques, d» magie, Jr.
•utres femblab'es. f. i'jmmort fic,-
tioo dans le boue & dans le aungir,
qui
ftur U retraitespiritucSe. |f|
•fui est la Coures des pensées Cale-,
diet mouyemaru charnels & des ira*
purecez. 6 la faineantise & l'oisive-
te , qui comme l'assure te S. Esprit „
est la maitressa qui enseigne toute*
fortes de vices 7. enfri, c'est un*
occasion d'otfsncer Dieu à un Re
ligieux , ou à un homme de com
munauté, de sortir hors de la Mat-
son sans necessité 4 fans permission,
& c'est un mauvais signe s'il est triste
& marri , que quelqu'un s'en appec-
çoi vs & soit témoin de ses deporte-
mens.Craignez tout cela ; vonsn'êtet
pas , ny plus (âge que Salomon , * y
plus saint que David, njr p'us soit
que Samson , qui tous ont griève
ment offensé Dieu pour s'être expo
sez dans l'occasion. Fuyez done le
serpent, toutes les occasions 4u pe
ché, & craignez les beaucoup p u»
que la mort,
III. Considérez les moyens d'é
viter toutes les occasions de pechez^
|, 4 voit une devot on toute p**îi»
h 7 liai*
4 fmr la retraiit ftirhuttiel
«uliere à votre boa Ange Gardien i
©beir fidéllement à ses inspirations
& le prier tous les jours de vôtre Tie
soir & matin, & dans les tentations;
de vous secourir & empêcher d'y suc*
comber. % Gravez profondement en
vôtre memoire se commandement
qu* JESUS-CHRIST vous donne»
d'arracher vôtre œil, de coupper
vôtre pied & vôtre main , s'il* vous
scandalisent, c'est à dire de vous é>
loigner des creaturet que vous aimes
d'un amour dereglé, & auxquelles
vous avez trou, d'.tiache. 3, Conli-
derea que c'est tenter Dieu, que de
s'exposer temerairement dans l'oc-
casion du peché , & pretendre nean
moins de ne le point commettre i
car c'est vouloir que Dieu selft un
miracle fans necefsicé, 4 Se repre-
fisnter souvent le», grinds dommages
qu'on a fouÆcrts , pour s'être exposé
«Lus les occasion, de pecher, se fai
sant ainsi plus s<ge par fa propre ex-
s/etieuçe. jf Ecfi„f tenir pour certiia
four la retraitefiirltutJte» Ifs
«ju'il 7 va du salut de vôtre am*»
Helas / il vaut bien mieux , comme
dit le Sauveur du monde , aller es
Paradis avec un es il , qu'avec tout les
deux eu Enser; c'est à dire, qu'il
Taut bien mieux, en éVitant les oc
casions du peche, nous pziver do
quelques vains plaisirs, & par ce
moyen nous rendre dignes d'un
gloire eternelle, que non pas noua
exposant dans les occasion: d'offer/CCI
Dieu, recevoir quelque petit con»
tentement en ce monde, & noua
rendre par ce «Doyen , coupables des
tourmens de l'Enfer en l'a u tie,
MEDITA 77 O N XXXIL
De la nchàte du peebé,
S. ^Onsiderez les motifs qni vomi
doi/enr retenir & eropêch v9
de ne jamais plus r-rornber dam le
peché. t. Les pechez de rechuta
£bnr b ucoup plus énormes que les
jg.2sin.ie* as chûtes 9 paies que can*
gf£ Tour sa utrtHtfiiri/aett.
plus Doui allons en avant, caotpftt*
nous avons ou devront avoir de coq»
noissànce du peché; et tant plus os
a de connoiflance quand on le raie,
tant plus il est grand. 2. A cause qui
toute heure & a tout moment DOS
obligations envers la bonté de Die»
se multiplient : S d'autant plus qu'on
a d'obligation à la personne offen
sée, tant plus ftusli l'otfanse est cri
minelle ; de sorte qu'un acte de gour
mandise, de colere , de superbe, ou
autre semblable» dans lequel un
homme tombe aujourd'hui , oft
beaucoup plus grand que celui dam
lequel il éroit tombé hier. }. Dien
punit avec bien plut de severité tes
pechez de rechute, que les pre
mieres chûtes , te comportant en
cela comme les Joges de la texte 9
qui se contentent de punir du baa-
niisement on du carcm, le larron
qui a pech? pour la premiere for;
mais s'il y reiourne pour la seconde,
il* ne le condamnent à rien moins
qu'aux
four h retraite Iftrituetê, 3 ff
qu'aux galeres perpetuelles, ou ft
ètri peaciu, 4. Il est tres- difficile de
se relever, quand on est retombé
dans le peché, & tres- mal aisé d'en
obtenir le pardon 1. Parce que le
diab'e a plut de pouvoir sur nous
qu'il n'en avoit jamais eu, & fait de
plus grands efforts pour nous rote*
Bit dans son esclavage, qu'il n'avoit
fait par le passé. 2. parce que Dieu
•st plus irrité & plus indigné contre
nous, & nous denie bien souvent
par un acte de justice la grace dont
nous- nous sommes rendus indignai
par l'abus de fa misericorde. Ce qui
a donné sujet à saint Augustin, de
dire un mot épouvantable; Oit*
qui a promis de pardonner à tous ceu*
qui feront penitence , n'a pas promis à
tous ta grate de faire la bonne pent*
fence.
II, Examinez les causes qui pe ti
rent vous faire retomber dans le pe
ché. Il y a trois causes de la rechu
te dans les maladies du corps , & se
sont
*Ç & tour la retraite sfnituefe.
sont les mêmes qui font retomber
dans les maladies de l'âme, i. Oo
Mtoiube malade quand on pense ê'ie
parfaitement guery, & on ne l'est
pas;.& on retourne au peché quand
en pense ét?e en la grace de Dieu,
& on est encore dans l'état du peché
mortel, faute d'avoir fait une Con
session accompagnee d'une veritab't.
douleur, ou de qoelqu'autte dispo
sition neccssairs. 1. On retombe dans
la maladie, lors que commençant
de se mieux porter, on ne se con»
serve pas allez , on prend trop tût
l'air, ou on mange des viandes qui
ue sont pas propres. on rechoit autfi
dans le peché, quand tout aulfitôt
après la penitence , & avant que de
s'ë'rebien habitué & enraciné dans
la vertu , on s'expose dans les dan
gers & dans les occasions d'offenser
Dieu. 3. Enfin , on retombe ai Ai»
de quand on manque de se servir des
remede., preservatif,, ou que le Me*
deciu avoit ordonnez, de même oa
rechois
Tour la retraite spirituelle*
rechoit dans le p?ché , fau e d'execu»
fer ce que le Conseiseur avoit ordon».
né ou conseillé , & de prendre les re»
medes preservatifs qu'on jugeoit ne-
cessaires : ce qui arrive doutant plut
frequemment,, qu'il est certain qu'on,
obeit moins volontiers aa Medecin,
spirituel qu'au corporel , comme s'il
falloit. avoir plus de foin de son
corps que de for. a me. O stupidité !
6 aveuglement des hommes !
III. Considerez & servez - vous,
des remedes convenables pour éviter
la rechute au pechés i Faites uns
bonne Consession generale, pour
reparer tous les deffauts qui pour
raient être survenus dans les particu
lieres, si tant est que vous ne l'ayez
deja faite. 2. Avoir une haine ir
reconciliable, non seulement avec
le peché ; mais encore avec lei occa
sions du peché., les suïant plus que
la mort même. 3. Avoir un Diie-
cteur & Consesseur pieux, prudent,
&. capable & lui obeît exactemenc
ee.
I60 Four la retraitesfirltueSei
«n tout comme à Dieu même, 4. Se
defier beaucoup de soi -miras, &
ne s'appuyer suc ses propres forces,
tenant pour certain qu'on retombe.
roit dans le peché, fans le secours
de la grace de Dieu. 5. Recevoir
souvent le tres-samt Sacrement de
l'Autel, avec une grande preparation
& devotion. 6. Travailler a son si»
lut' avec d'autant plus de craift'.e ,
eju'il en plus certain que nous -pot»
tons le thresor de la grace de Dieu-,
dans des vaiffeanx de terre très- sujeti
à se casser: & putsnt, selon l'avis de
l'Apôtre; Qi*e celui qui est itbout , ft
tienneJurses gardes , de peur Je tomber,
7. Paire souvent, sur tout le roatit
& le soir, des actes de bon propos
de ne jamais offenser Dieu : ce sont
comme autant de liens plus forts pour
nous retenir h. pour nous preserver
de la rechute. 8- Penser souvent è
■os fins dernieres, & fur tout à It
mort : Souvenez - vom de vos fins àtr-
mierts ( du l'Ecc.esiastique ; <$r vom
Ht
i
P«rr la retraitefiiritueBe, tf ï
Me secherez jamais. 9. Demandez sou
vent à Dieu & à toute heure, *'H
tous est possible, qu'il; permette
plûtôt que nous soyons possedez de
tous les diables, que de nous laisses
tomber dans le peché mortel. 10.
Enfin, faites souvent des actes de
mépris de tout ce' qui est au monde,
& dites souvent dw cœur & de bou
che. Fi , fi de tout cela. Hela, •
comme dit la sagesse eternelle : que
servira à l'homme d'avoir peffedé tout
les biens de ce mande , s'il est fi mtlktu.
rtux que de perdre fou ante peur une
eternité?
MEDITATION XXXIII.
De la perseverance.
I, {^onsiderez les raisons qui tous
obligent de perseverer durait
toute vôtre vie en la grace de Dieu,
& dans l'exercice des bonnes oeu
vres. 1. Nôtre Seigneur ne promet
le Paradis qu'a ceux qui persevere-
toot à bien faire jusque, à la morts
Qtlm
'fl52 Tour la retraite spirituelle^
'Celui qui perseverera jujques à la jift,
sera sauvér & S. Paul ; Celui là ne
sera point ceuronné , qui n'aura pas
£itimcment combattu, c'est à dira,
perseveré. Où vous remarquerez que
le Fils de Dieu ne dit pas, que ce
lui qui perseverera en fa crainte & en
son amour durant tin, deux ou trois
ans, ou jusqiaes à l'âge de cinquan
te ou soixante ans seulement ita en
Paradis ; mais celui-la qui perseve
rera jusques à la fin»
2. La recompense que nôtre Sei
gneur promet à Celui qui persevere
ra jusques à la fin , est plus grande
que toutes celles de la terre. Il ne
lui promet pas seulement de le faire
riche, noble, & puissant dans le
monde , & de lui donner une parfai
te santé» mais bien dele rendre heu
reux pour toujours dans le Paradis,
O Bonté de Dieu! Si les Courtisant
perseverent dans le service de leurs
Princes, animez par la seule esperan
ce d'en recevoir quelque recompensé
tempo»
Tour h retraite spiritutile. 2S3
temporelle, qui bien souvent i'en va
ensumée, n'avons nous pas plus d*
sujet d'être animez à perseverer au
service de Dieu, pat une esperancs
certaine de recevoir infailliblement
une recompense eternelle? 3»11 ne sert
de rien d'avoir bien commencé , si
on ne persevere jusques à la fin, Qne
seit au malheureux Judas d'avoir
bien vécu au commencement d« son
Apostolat? Helas! il eût mieux val-
lu pour lui qu'il n'eut jamais été ,
que d'avoir manqué de perseverer à
bien faire jusques à la mort. 4.
Vous aurez un eternel regret d'avoir
manqué de perseverance; mais un
regret qui sera tout à fait inutile. O
que les damnez soat marris d'avoic
discontinué à fairs le bien qu'ils
avoient une fois commencé ! Mais il
n'est plus tem* J c'est un mal fans
xemede. O que je n'ay garde de
ne precipiter dans un si grand mal
heur ! J'aime mieux, ô mon Dieu/
perseverer en vôtre amour tout l«
té4 *r retraitest'trïtuete.
long de ma vie qui est très courtsi
A peut. être beaucoup plut que je ne
m'imagine,
II, Considerez qu'il y a deux for»
tes de perleverance , la fausse & la
▼raye. Les personnes qui ont la
fausse , font i. ceux qui perseverent
à bien faire durant la prosperité seule
ment, & abandonnent le service de
Dieu durant l'adversité. 2. Cent
qui veritablement perseverent dans la
suite de plusieurs peches mortels ,
mais non de tous , âc en commettent
facilement des veniels de propos dé
liberé, 3; Ceux qui pratiqueat l1
vertu pendant qu'ils-sont hors de tou
te occasion d'ofsenser Dieu ; mais
lors qu'il s'en presente quelqu'une}
ils font lâches & paresseux i la suir ,
& y succombent malheureusement.
4. Ceux qui s'abstiennent de faire le
mal 1 lors qu'ils n'ont plus les sor
ces & les moyens de le faire , & n'es
perdent jamais tout a fait l'afTcâioa
* la volonté. La vwye & la bon
tour U retraitespiritueSei 2/6%
M perseverance se trouve seulement
tn ceux qui perseverent également
en la santé & en la maladie, «n la
pauvreté & ea l'abondance ; en Ta-
versité & en la prosperité, en la ten-
tation & en la tranquillité, en l'occa-
fioa & hors du danger , & qui enfin
évitent non seulement quelques pe-
chez mortels, mais tous generale
ment , & non pour quelque teins ;
mais pour toujours : Que si par in
firmité & fragilité, ils en commet
tent de veniels, ou s'échappent à
quelque mortel , ils s'en relevent pal
k penitence dès le même jour.
III. Considerez les moyens dont
tous devez vous servir, pour perse
verer en la grace & amour de Dieu
jusques à la mort. i. Demander à
Dieu tous les joues avec humilité
«eue perseverance , qui est un de ses
principaux bienfaiti, 2. Faire une
bonne protestation tous les matins ■
vôtre lever, & touslas soirs à vôtre
coucher , de vouloir plûtôt soujFriï
266 Four h retraitesptritueVtl
mort que de commettre un seul pechè
mortel, ou veniel de propoi deliberé.
3. Ne jamais quitter l'état où Dieu
vous a appelle G vous êtes Religieux
ou de quelque Congregation approu.
vée , nonobstant toutes les tentations
qui vous pressent de l'abandonner
sous des faux pretextes. 4. Frequen
ter la Consession avec un grand re
gret de vos pechez, & le tres - saint
sacrement avec beaucoup de respect
Se d'humilité, f. Avoir une parti»
culiere devotion à la sainte Vierge,
& ne passer aucun jour sans lui rendre
quelque sorte de service, 6. Evitet
soigneusement les occasions qui peu*
vent vous porter au peehé. 7. Avoir
une grande confiance en Dieu, qui
ne manque jamais de donner les gra
ces nécessaires pour bien vivre à ceux
qui en ont la volonté, g. Enfin ,
vous' rememorer souvent que la mort
s'approche : & si elle vous surprend
en état de peché mortel , vous seres
privé pour jamais de voir la face de
Dieu,
Be quelques vertus &£. 257
Dieu, à. precipité dan, l'Enser pour
y bruler avec les demons & les dam
nez autant que Dieu sera Dieu, à ja
mais, A à toute eternité. O fune
ste eternité/
MEDITATION XXXIV.
De la Mortification,
j. S^Onlïderez les raisons qui vous
^ obligent de travailler serieu
sement à la mortification, i. Cette
vertu est necessaire a un Chrétien
pour se sauver : Celui qui ne hait jon
awe , fis qui ne forte fa Croix , c'est à
dire qui ne se mortifie point, ne peut
être mon disciple , dit la verité même.
Et ailleurs , il n'est pas digne de moi.
fit derechef en S, Luc : Si quelqu'un
veut venir après moi qu'ilrenonce à soi-
même, é> Porte s" croix turn les jours,
c'est à dire, qu'il se mortifie conti
nuellement, pource que nôtre natu
re est si corrompue & dspravée par le
peché , qu'elle nous incite conti
nuellement à faire le mal, si conti-
M % nuelle.
268 De quelque vertml
auellement nous ne tâchons ds lai
resister par la mortification. 2. Un
homme immortifié est agité ea ton.
ta* rencontrai iu mouvement & dei
flots de ses paillons , au contraire,
le mortifié jouit ordinairement d'uni
tranquillité d'esprit , & d'une paix
qui ne se peut exprimer. 3. Vom a.
vanctrez à la per/eâion à proportion qui
vom veui mortifierez , dit saint Jerô
me ; parce que toutes nos fautes ti
rent leur origine de l'im mortifica
tion. 4. La vie des Saints a eté une
continuelle mortification., Ils s'é
crient avec le Prophete : Nom nom
mortifions torn les jours , & avec l'A
pôtre , nous allons portant toujours i
PenUtut de nom la mortification de JE
SUS- CHIUST, 5. Considerez, si
vous êtes membres de quelque Reli
gion ou Communauté. i.Quevoui
vivez dans une maison de penitence,
1 instituée pour reformer les moeurs,
par la moyen de la mortification,
"V Que tandis que vous serez desti
tué
necessaires à un Chrétien. 2^9
tué* de la mortification, vous serez
privé du don d'Oraison, j. Qu'un
seul ouvrier bien mortifié gagnera
plus d'ames à Dieu , que plusieurs
autres qui n'auront point cette vertu,
comme (Experience le fait assez voir.
II. Considerez I. que la vertu de
la mortification consiste, en ce que
la chair soit continuellement soumi
se à Tefprit , la passion à la raison ,
& la raison à Dieu. Elle t'exerce à
l'égard des sens de l'imagination ,
des Passions, de l'entendement , Se
de la volonté. Si nous ne morti
fions ces cinq choses, en leur retran
chant )a fatisf ction non necessaire
qu'elles demandent, nouspouvon»
dire que nous n'avons pas cette ver*
ru : car nous ne devons pas non*
servit de nos sens interieurs & exte
rieurs, de nos passion* , & des facul-
tez de nôtre ame , sinon quand l»
necessite & h raison le requierent,,
ft. Considerez ce que vous devez in»
serer de ce que detius , sçavoirr w,ï»
M 3 eau»
&70 De quelques vertu""
tous ceux qui paroissent mortifiez n*
le sont pas t St {. ceux qui macereat
leurs corps pas jeûnes, haires , disci
plines , veilles , &c. A avec tout ce-
la font encore superbes & coleres ,
lie se soucians pas de maîtrissec leurs
pallions, a» Ceux qui s'éiudient à
la mortification interieure qui rsgar.
de l'efpiit,, & méprisent l'exterieure
qui est celle du corps, la croyant
comme inutile. 3. Ceux qui renon
cent bien à leur propre volonté»
mais font attachez à leur propre ju
gement. 4. Ceux qui mortifient leut
jugement & leur volonté, & permet
tent à lew imagination d'aller ça &
lai fans qu'il, failent aucun efsort
pour lui resilier. 5. Enfin , ceux
qui mortifient la chair & l'esprit
ptndant la serveur, & cessent au terns
de secheresse. Bon Dieu! qu'il y en
a peu qui dans ce siecle corrompu
pratiquent la vraye mortification !
Çc n bien y en a t'il qui parler t de
«eus vertu comme des Anges, & sont
toute*.
necessaires à un Chrétiens VJ\
toutefois fans mortification , vivaos
comme de bêtes ? O deplorable a-
veuglementdei hommes !
III. Considerez & pratiquez r*
les remedez generaux propres pour
acquerir la mortification , qui font
I. Vaquer tous les jour» un peu de
tems i l'Oraison, particulierement
à la mentale, pour obtenir de Dieu
une si grande vertu; l'Oraison & la
mortification etant deux, sseurs , qui
ne peuvent être l'une fans l'autre»
%. Tacher d'avoir un humble senti
ment de soi-même, & se reputer
digne de mepris, & de peine en la
veué de son neant , & de ses pechez:-
car si on est bien persuadé de cette
verité , on n'aura garde de cherches
ses plaisirs ;, on pensera plutôt à se
punircomme un criminel; 3. Tou
tes les fois que nôtre nature nous por
tera à prendre nos satisfactions hors,
la necessité , se dire à soi. même s
Si je prend ce petit plaisir, je celle
à'étie Disciple de J ESUS • CHAfcï*,
M 4,. jfaga
VJ1 He quelques vertat
Tfêii en bête: je suit né pour un*
Hn plus haute , non , je n'en sera
sien.
fl4 Considerez les remedes parti-
eulien propres pour acquerir cette
vertu, i, La mortification des sens
s'acquiert par la garde des yeux , par
la retraite , par le silence, par le tra
vail continuel, par les jeûnes , cili
ces, & autres macerations. 2. Celle
des passions, sçavoir de la haine,
de l'amour, de la colere, &c. s'ac
quiert en évitant la precipitation,
en agissant avec tranquillité d'esprit ,
& exerçant tous les jours des actei
contraires à nos passions, & ce en
changeant seulement d'objet. Pas
exemple , si la passion de colere vous
émeut contre quelqu'un , la tournes
contre le peché; si l'amour d'un»
creature vous veut dominer, faites
qu'elle prenne pour objet le Crea*
reur , ainsi que sit la Magdelaine en
fa conversion ; & ainsi des autres,
5. Pour mortifier l'entendement on
doit
nyejaires i un Chrétien» TJ%
rfoitreponsserses mauvaises penlees,
fuir la dispute & l'opiniâtreté, se
défier de son propre jugement & le
soumettre volontiers à celui des au
tres. 4. La mortification de la vo
lonté s'acquiert en la conformant en
taut & par tout à celle de Dieu,
obéissant aux Superieurs & aux pro
chains , en tout ce qui n'est pas ma.
Eisestem^nt peché. %, Enfin, celte
de l'imagination, qui Ui la porte or
dinaire par laquelle les ennemis gag
nent la forteresse de l\rae, se prati
que sermant soigneusement l'entré*
aux ob]ee> sales & mauvais, & l'ouï»
vrant seulement aux saintes pensées.
Si tous vous mortifiez ainsi , mou
rant avec Jfcsus- Christ , vous ressus
citerez avec lui pour ne plus j-amai*
mourir»
K f MEDI-
274 tour âespetites retraites.
MEDITATIONS
Pour les Retraites particulie-
res, que les perlbnnes spi
rituelles tone outte les An-
nuelles*
MEDITATION!,.
Du Devoir envers Die».
^orisidertz au premier point lei
taisons & motifi qui vous doi
vent obliger à vous comporter en-
Vers Dicu comme il faut, & à lui
tendre ce que vous lui devea : teli
que font. t, frn excellence A infi
ll e honte ; 2- les bienfait, que vou*
ari? itçus de lui tant generaux
ou- par ici lier,; 3. que c'est vôtre
Viai & urique M.itreJ 4. qu'il vout
fit^me «-ti baiii etexnels pour ua
peu,
Jet perfitweîJpmtKtllfa, ®7?f
peu de service que vous lui pouvez
tendra « &c»
Au fécond point , considerez ce
qve vous- lui devez t à sçavoir. i-
une haute estime, laquelle doit s'e-
tendre à tout ce qui lui appartient i
%. un gtand amour f 3. une; ponc
tuelle obeiflànee à tous ses comman-
demens ♦ 4., une entiere resignation
à fa sainte volonté en toutes le»
choses qui arrivent S bien faire en»
tr'autret choses les actions qui le
regardent plus directement , comme
ion t l'Oraison, la sainte Mene, le*
Offices divins, la Consession,, lai
» Communion l les examens* &t.
Au troisième' point faites trois*
choses., t. Recherchez & pesez les
fautes que vous avez commises con*
tre ces devoir* :: 2- en: ta veuë de»
ingratitudes St lâchetez, excitez vou*
aux ,fE ction» d*a Jm^rltion,, de
consusion & de contrition 3, pre
nez des moyeni propres pour voues
fioniger ae ce* fautes, & vous mieux;
H £ , com-
27$ Tour les petites retraites
comporter envers Dieu que vour
n'avez fair.
MEDITATION II
D« devoir envers le prochain.
AU premier point , considerez les
*^ raisons que vous avez de rendre
à vôtre piochain ce que vous lui
devez, i. est que la charite, qui est
la plus excellente des vertus , regar
de le prochain aufli bien que Dieu„
Le 2. que «ôtre Seigneur se tient
autant ( bîigé du service que nous
tendon, à uôtie prochain, comme
s'il êtoit tait à sou même: Je vous
dis en verité, que ce que fous avez,
jaii au moindre de me» frerti , vous
we VavtZ J-<it La 3. que vous lerea
puni, ju^e, ou recompe: se selon
qt e voui vous seiea bien ou mal
comporté envers vôtre pioch. in ♦
Veinz les biin aynez de mon ter*
( dit J-sus Ch ist ; fojedez U Ry*u.
tue qui vou; ifi prepare ie ummetim
<&m.t/it àh monde;., cur fui eu j,tm %
CS
ies personnesfpiritueflet. 277
vous m avez donne à mangir , (jfe.
Allez, maudits, au feu eternel, qui
ell trefaré au diable , & à ses Angis ,
tfar fai f« /d/w , ^ vous ne m avez
fat donné à manger , @c.
Au second po'nt, considerez ce
<ju* vous devez à vôtre prochain j
à sijavoir 1. bonne est. «a, 2. respect,.
3. amour, 4 grand defir de sua
avancement, 5. obtissnce, si ce
soat vos Superieur, ; & condescen
dance, si ce font vos égaux, 6- fup,
port, 7. servies X assistance aux oc*
osions, $. bon exemple.
Au troisisme point vous v errer
Ii en quoi vous avez minqué en
tout cela, a, les moyens de vous
en corriger, & de mieux vous ac»
quicer de vôtre devoir envers le
prochain ; 3, en la veuë des faucet
ej:ie vous reconnoi'rcz a« ,ir com-
mises vous exalterez en vous let
»S ft'ons rl'eionne nent , de consu»
£on, & de conir tion.
H 7 MEDh
37$? ?ottr h* petites retraites
MEDITATION 11L
Du devoir envert mus- même.
U premier point, considerez ce
que vous devez à vous-même,,
particu'ierement a raison de vôtre
condirioa. C'est i. de vout aimer
comme i fcut,& non trop 2, De pro
curer sur toutes choses votre salut &
vôtie perfection. 3. D'assujettir pout
ceterlet vôtre pa: tie inferieure à la su
perieure par ia mortification de tou
tes vos pallions, & specialement de
la predominante, par le reg'ement
de tout vos sens interieurs & e.\ s.
tieurs , & enfin , par le renoncement
i vos propret satisfactions & voloa-
tez, qui vous empêchent de vous
unir à Dieu , & d'observer toutes
les regles & bonnes maximes de
Vôtre état,.
Au second point, confirmerez le*
toorifs que vous avez de vous bien
acquirer de tous ces devoir,, lfc
Qua La charité tien ordonnée com*
âes personnes spirituelles. 2*J9,
wence par Joi même. 2. Que noué
n'avons rien de si precieux que nô
tre ame, comme l'assure la sagesse
eternelle * Que profite Chomme de g*"
gne, tout le monde , fil vient à per-
dre son awe 2
Au troisième point r I. prevo
yez ce qui vous pourroit empêchât
la pratique des resolutions prise, en
cecte retraite, % prenez les moyen»
propres pour ôter ces empêche»
ms^s. 3. en cas de rechsute im
posez vous quelque pensience, &
fii.issez par un colloque avec vôtra
ame èc avec Dieu, pour vous ex
citer à la perseverance*
METHODE D'UNE
retraite de trois purs.
POUR LE PREMIER JOUR;
J/\E l'abus des grâces, 1 fo»
De la vie tirde. \k,6.
Dit isfgjtmetti de vie. 2$ '#
POUR;
f%o Pour let ri traitesspiritut lier»
POUR LE SECOND.
Du peché veniel. 163»
Du scandale, l6i»
Di la mortification. 267.
POUR LE TROISIE'ME.
Dt rEternité. . 178»
Dt Fimitation de Jesus- Christ. 209»
De la perseverance. 2,6 1.
On pourra lire l'Imitation d»
Jesus Chnst pir Thomas à Ksmpi,r
la Guide des pecheurs, du Pert
Lou y s de Grenada, de la traduction
d« Simon Marrin, le Memorial de
la vie Ch ètienne, du mène: le»
ce ivres de sainte Teresc: le Combat
Spiritue:: l'Avant coureur de l'Eter
nite : les Meditations de faint Bona»
venture, les Maximsl Chretienne!
de P. Crasset, ou autre Livre coa»
sorme aux besoins d'un chacun.
A V,IS.
Ceux qui pour aniique sujet parti
culier desireront prendre d'autres Me'
initions , your leur retraite d'un oit
trau jours t u'auront au à cbo,Jlr d us
le*
Avù $ inflruBions &e. 2g i
les precedentes celles qui leur jemble*
rvttt les plus propres, ou du moins quel'
qu'une qui regarde leur principal be
soin , quand même ce ne feroit que pour
la lire , au lieu d.autre ItBurt.
&&&&&&&&!*- ifr lATÏ xVi .•/ J JJ + KÛi. \J?Ï oT. •/> JJi ,jj i yS,è\£) %SJi vP>W»
REGLEMENT DE VIE,
O O
Peints importans auxquels toutes
fortes de per/onne* doivent tâ
cher de i'ajufier pour bien re-
gler leur vie,
1. TL faut f* lever tous les purs de
bon matin à heure certaine ,
qu'il Lut regler & determiner fui
rait fon état & difpolïtion, & n'y
point manquer.
2 Quand on s'éveille donner fa
premiere penfée à Dieu , & f« lever
diligemment , mais modeAement : &
en s habillant faire quelque priere
vocale ou mentais,
ISZ Avis & inftruSlhnr
3. Quand on est habillé, prendre
l'eau benite, faire ses prieres à ge
noux devant quelque Image, com.
mençant par les actes de contrition,
d'adoration , d'action de graces,
d'oifrande, & de demande.
.4 Faire du moini une quart d'heu
re d'Oraison mentaie tous les jours»
s. Ouir la fiinte Mille tous les
jours; & si on peut à certains heure
reglée.
6. Reg'er autant qu'il sera possi
ble, l'heure de ses emplois, étudei,
& autres actions de la journee, &
mêmes celles du repos.
7. Lire chaque jour dani l'aprê-
dinée quelque Livre spirituel , com
me l'introduction à la vie devote»
les Oeuvres spirituelles de Grenade,
L'Imitation de Jesus» Christ par Tho-
mai à Kern pis, les Vies de Sainti»
les Remedes contre le peché & tenta
tions & autres semblables.
8. Oreille Ion intention au com
mencement de chaque action prin
cipale»
pour les exercices spirituels. 283
CÎpaie, & à la fia remercier Dieu
du bon succez, & dem nder pardon
des d.rffauti commis; & si l'action
est longue, faire de terns en terni
quelque retour à l'intention pre
miere i ou quelqu'Qraison jacula
toire.
2» Faire aussi souvent attention
le long du jour a la presence da
Dieu , comme lors que l'horloge
sonne, & sur tout quand on se
renconire en quelque occasion de
pe.her,.
10. Faire l'examen particulier
deux Foii le jour avant le repas,
sur un vice particulier auquel on est
plus enclin , ou sur une vertu dont
•n a plus de besoin.
11. Les Fêtes & Dimanche*- as-
sister à la Meise paroilsi<ie le plus
souvent qu'on peut ; comme aussi
aux Sermons & Catechismes.
12. Choisir un bon Conf;sseurg.
& ne le point changer fins necellïté,
& lui communiquer son interieur
hor*
2^4 Avû fa inflru&iiM
hors de la Consession de tems six
term , selon le besoin qu'on en a.
lj.be consesser & communier tous
les huit oa quinze jours, ou tous las
mois, selon l'avis de son Directeur»
14. Faire l'acte de Contrition
toutes les fois qu'on aura remarqué
en soi quelque faute , avec resolu
tion de s'en consesser à la premiere
occasion.
if. Quand on est tourmenté dt
quelque tentation ou affliction, re
courir à Dieu de à la Vierge pat
quelque courte priere, comme îei»
gneur accourez à «ton aydei &c. oa
bien Mere de Jesus, secourez Us mi-
Jerables, &c. ou autres semblables.
16. Estant au lit malade , se pre
munir au plutôt des Sacremens, de
se resigner entierement à la volonté
de Dieu,
17. Avoir une devotion particu
liere au S, Sacrement de l'Autel i Se
en faire quelque acte tous les Jeudis.
l8, Avoir encore une devotion
singuliers
pur tes exercicesspirituels, fgf
singuliers à la sainte Vierge, a&
Jolcph, à son bon Ange Gardien a
& à son Patron, & Uur rendre Cous
les jours quelque petit honneur &
service, & s'enrôler pour cet effet
«s quelqu'une de leurs Confreries.
19. Se prescrire que ques remedes
preservatifs, particulierement poui
les vices auxquels on est plus enclin;
comme de donner un fou aux pau
vres; on dire un Ave Maria, ou
choses semblables, toutes les fois
qu'on y tombera .
ao. pratiquer tous les jours quel
ques mortifications exterieures ou
interieures, particulierement de la
yeuë, du goût, & de la langue;
tant pour se premunir contre la vice,
que pour se faciliter l'exercice dea
vertus,
21. Fuir soigneusement l'occasion
du peché , principalement celle qui
aous a déja fait tomber,
22. Faire chaque semaine quel
ques œuvres de charité envers la
prochain.
285 Avisés instruiïions
prochain , comme de secourir les
pauvres, visiter les malades ou pri
sonniers, instruire les ignorans es
choses de leur salut , &r.
23. Le soir avant se coucher;
faire l'examen general de sa coi sci
ence , qui contient cinq points : en
suite quelques prieres vocales, par
ticulierement les Litanies de la sain
te Vierge; l'/ingele Dii , & le De
profundis.
24. Si on doit mediter, lire im
mediatement après les prieres du
soir, le sujet de la Meditation du
lendemain : après cela se tenir re-
coliigé, & ainsi se coucher.
2<f. Se mettant dant le lit, pren
dre de Peau benite, faire le signe de
la Croix, &. dire quelque courte
priere, comme In marins tuas , &c.
ou bien: Mon Dieu, donnez moi
la grace de bien mourir.
26, La nuit si on s'eveille, faire
quelque courte élevation de cœur à
Dieu , ou quelque priere vocale.
»7t T°us
f9ur les exercices spirituels. 287
37. Tous les an, faite la retraite
spirituelle, du moins une Conses
sion generals dépuis l'année piece-
dente; Si pour ,'y mieux preparer,
se retirer que'que terni en son par
ticulier , relire ses resolutions pouc
l'examiner, & remedier aux mau-
quemens commi,,
2g. Si on est chef de famille,
prendre resolution de la bien in
struire, ou faire instruire , de la
faire prier Dieu soir & matin, de sa
confssiér & communier souvent , de
ne point jurer ni faire débauche,
d'empêcher qu'on travaille les Di»
manches & les Fêtes, d'avoir Coin
qu'on assiste devotement à la Mes
se, du moins en cet mêmes jours,
& qu'on entende les Prônes, & Ca
techismes de la Parroisse , ou la
lecture publique de quelque bon
Livre à la maison; comme le Peda
gogue Chrétien , ou la Vie des
Saints, ou le Journal des Saints; ou
«utres specifiez ci » dessus,
3?t ÏM
tti AvU èt instrument
2?. Les serviteurs seront des r«-
solùtions particulieres, en ce qui
regarde le service envers leurs Mai.
tres; les ecoliers envers leurs Regens
& études: les justiciers, Gentils
hommes, & autres, fur ce qui les
regarde ; dequoi ils s'instruiront avec
leui Directeur ou Consesseur.
30. Relire son reglement de vi«
tous les deux ou trois mois, s'e-
xaminant fui icelui & xenouvellant
ses resolutions,
31. Outre ce que dessus, «m doit
y ajoûter l'abregé des principales
resolutions qu'on a faites en la re
traite i & en suite les principaux
motifs qui nous ont incité a les
faire,
Ce*x qui suiwont et reglement %
attirerent sur tu» la paix & la mi
sericorde de Dieu, Que je vous sou
haite À tout.
four hi exercicesSpirituels, tt9
iNsrRucrioNs
Importantes pour ceux qui veu
lent faire les Exercices fyiri-
tuth ,. ou les conseiller aux
autres.
Avis aux premiers.
f&lui qui vaut faire les exer.
cices spirituels doit fa per»
suader que toutei sortes de person-
aei peuvent utilement fairs ces ex
ercices : les méchans pour devenis
bons , & les bons pour devenir
meilleurs , Se qu'il n'y a homme
pour spirituel , docte, parfait qu'il
soit, qui n'ait quelquefois besoin
de les faire,
2» Faire les exercices spirituels,
ou U retraite spirituelle, n'est autre
N chose,
t$0 Avu $ inflrH&ions
chofdi fii on s'éiuigatr de IVm-
barras du monde, & du trar.»» des
affaires dorucftiques , \ remet 1
l'écart en quelque iLu f^c pitte pour
quelques jours, sfin d'y tiaiterayec
Ditu, avec k>n ame, & avec un
Dire&ut (piiiftiei; des moyens di
«former la vie , & fe mettre «o
l'etat auquel on defhe eue trouve
à fhture de ia mort.
3. On fc.it 'es exercices pour de»
▼tnir un bon à partait Chrétien,
chacun felon fa condition! un Prè-
tte les fait l;our être boD Piètre:
un Gentil homme , un bon Gentil
homme? un M^nhaod, un boa
Marchand : un Ecolier , un bon Eco»
lier: un Serviteur, un boa Servi.
feur , &c.
4. Il y en a qui les font quelque
fois peur retrancher d'eux quelque
vice qui les gourmande, ou pour
acquerir une vertu dont ils ont
principalement befoin: Les autres,
pour.
*
pour les txercicetspirituelu f$ i
pour se diiposer < recevoir îe-seiats
Ordres , oui cslelmr l*ur irai-ai^rs
Mess: : Les auire«, pouc co nmvncer
à boa escient une vie nouv.-lle; Lu
autre,, pour apprenrlrt ici moyeas
de se bien ac4uicer ds leur ch,rgt
& vocation , ou pout se preparer à
bisn mourir, princip.*lerasnt qumJ
ils ont qus^ue long 4 dangereux
voy g! à faire ; ou pour de sembla
bles nos.
5. Il v en a qui las sonti pt>ut
apprenk, quel état de vie Diàu
veut qu'ils embraiseat pour faire leui
salut, c'est à dire; s'ils doivent pre
tendre au Mariagî , ou à queiqua
charge imporiante, ou à la Prètri-
se, ou s'ils doivent accepter quel
que Benefice ou charge d a aies ou
entrer en quelque Religion ou Con-
gregation : & tous esux-ci com nu»
niquent leur dessein dés le premier
jour à celui qui est leur D.rect.'ur.
afin qu'il les aide à bien choisir.
On restive neanmoins après la Coi-
N 3 felHoA
1$2 Avu & instrutliMÎ
session k Communion, à l'exami
ner plus particulierement sus cet
choses , & à se déterminer un état
de vie.
6. On est d'ordinaire en retraits
huit jours, & quelquesois dix, se
lon la devotion & disposition d'un
chacun : mais cela est laissé à la pru
dence & au jugement du Directeur;
car il y en a plusieurs a qui cin<|
ou six jours au plus suffisent.
7. On communique une ou deux
sois le jour avec un Directeur , au
quel on rapporte & chaque visits
les pensées qu'on a eues en la Me
ditation i & on lui fait voir auifi
ce qu'on a écrit..
8. Si on se trouve mal disposé,
ou si on relient quelque tentation
violente, ou autre peine interieure,
on en donne aussi -tôt avis au Di
recteur , afin d'y remedier : & si mê
me ou est scrupuleux , on le lui die
des le commencement de la retraits.
9. La premiere journée s'emplo
ie
peur les exercices spirituels, £53 1
ys principalement à se preparai à
bien faire let exercices ; & pour cet
effeie on lit & relit les presens aviir
ensemble l'ordre de l'emploi de la
journée , & en suite les adresses fit
instructions pour l'Oraison rneetate;
& pour plus utilement lire tout cela»
I. 1l est bon de faire auparavant
une petite priere à genoux, pour
demander à Dieu la grace de lire
avec fiuit, disant le Vtni janUt Spi-
ritus. &c. ou autre semblable pri
ere, Z, si en lisant on trouve quel
ques difHcultez ou doutes, oa lea
marque sur un papier à part, pour
s'en faire éclaircir à la premiere vi
site du Directeur, 3. on se resout de)
bien observer tous tes avis qui font
marquez. 4. après avoir achevé de?
lire, on se met à genoux pour de
mander à Dieu ta grace de bien
observer ce qu'on a led,
10. Les meditations , prieres 9
lectures, & autres exercices de de»
Totion qu'on fric les trois ou qoaisgt
£1 3 pceasuca»
S94 ^và & inflruShm
premieres jours , visent particulieres
ment à bien connoine (es pechtx
& leur enormité, à en concevoir
une grande regentance, & ? s*ea
parget pat ure bonne Confssioa
ge icra'e, & fur tout à pren ^ e une
ser ne rvsoiution de ne plus retour»
osr aux pechei-
I Pou'i l'ordinaire on com
mence à se préparer à se Conseslioa
gears'* d**i le second jour des ex-
e£tke*:)e troisieme jcui, ou an
p!ut t*id ie cju^tneme on se con-
sosse, & le lendemain on commua
nie, ou, si l'on est Prêtre, ou ce
lebre 'a Imite M- lia.
12 O 6stil.'t:,ye Te* autres jours
aVi iX'.rcrfes à prs.iJte des moyens
poi r peise \r;rcr en h grace de Dieu»
& : oui s'avancer en U vertu, il cet
tri d*n* toute* le* Meditation»
ej,i'on hit apr?* se Communion, fur
la Vit & Passion de côtie Seigneur,
otWse prop' Je.-d'imiter ses vertus»
(arùcuiibtcui(.Qt celles qui notsi
font
four les exercices fpiriiaiîs. %9 f
sent les p'ui sorrables & nec-iUirer
comma l'humilitéi la patience, !»
oooeeur, l*,chan'H ,& sembi . blcfc
13. Et d'auDnc (]ii'on ne psut pat
bien pcquerir le* vertus , peDuadC
cjue le, causes des pe h-a .ds aisu.cac
encoe en nouî, oa tuv.' ilie parti
culiere.n^nt à oret r-5 ci-ife«, qut
sont !., m.uvuiss habité*:. &. ira»
cUnations , lut p~ liions dsir giv.r r
les OCC fi ,ns piuchai'je ,. or qui o. S.
accoutume àe ,:oui l» r* yeihti.
14. Et pour tiiis tes caalV*, ,,a
cheichs d«» ,uoy«. * piolet-! pouf
ce sujit , jfin (k (s,vit i,arù»
CulierertiîOt apre* !i ,*, raù». O ea»
tr'au' es 'Hoy ni qu'on y rmjloye».
le principal ett un teg, «. uienr ris vit?
selon sss besoini \ devoir' , <Kii
Conlîlt-; pour l'or linui? en un abré
gé des princip e* rclLrution, q .\ir*
a fûies dans ses Me tita''on» , & eck
un ordre de l'emploi dff 'a journée,»
qu'on sa propose da gafier à 1*4-
Temr. C» regitfrusuc ie fait or ii-
N 4. aaue»
i$€ Avù & insiruBions
îiaiiement aux deux derniers jouet
des exercices.
if. On essaye même dans ta re
traite à faire toutes les actions Ai la
journée, tant les indifferentes que
les bonnes ; avec le plus de per
fection qu'on peut , & en la maniere
qu'on les veut faire hors les exerci
ces , particulierement les petites
devotions qu'on fait ordinairement
au lever, au coucher, à la Mells,
& aux autres de la journee,
16. Pour plusieurs raisons im
portantes, on se garde bien de fairs
aucune penitence extraordinaire, ou
même aucun vœu ; fans en aroit
parlé auparavant au Diiecteur.
i7« Les Prêtres s'etudient à bien
celebrer la sainte Messe, & pour cet
- eriet ( s'il cri besoin ) ils en exer
cent les ceremonies avant que de
la dire.
Avertissement.
Bien que la reiraite soit un puis»
âant moyen fout amender les vici
euxi
pur lès exenices stirïtuel't. Os^T
eux , & perfectionner les vertueux £
neanmoins il s'en peut trouver qui
n'en profitent nullement,, ou: fort
peu :, Ôi loin.
!.. Ceux qui l'entreprennent pas.
une pure consideration hum' me, 3c.
la continuent fans corriger & puri» '
fier leur mauvaise intention,.
2.. Ceux, qui en la vauë des dis»
ficuliez qu'ils s'imaginent trouves
en ce* exercices, se découragent &
defient d'en profiter, & ne pensant
qu'4 bien tôt sortir ou à se divertie
de quelque façon que ce soit, au
lieu de s'evertuer contre cette tain>
tation pour la surmonter.
3. Ceux qui ne se soucient point
d'observer l'ordre de l'emploi de la
journée , & font quasi tout par
maniere d'acquit, si la curiosité. on
le goût sensible ne les y attire».
4. Ceux qui attribuent plus à
leur industrie & raisonnement, qu'à
la grace du S. Esprit; & deserent
gius à leur jugement,. qu'à celui de
N 5; ceux
%' % /.vii & in7?i vciicns
cecx 4U1 oLt vuiauuo pour le*
di :ger.
f.. Ceux qui sont couverts &
cachez a leur Directeur, craignant
de lui faiie councitie leur interieur
tel qu'il est.
6". Ceux qui ayant bien com
mencé & continue quelques jours
comme ii faut ; s'tunuyent & le
relà-.hent, (e contcntan, d'avoir f it
leur Confession generate, & De !«.
soucians pas de chercher les mo-
ycnt d'éviter la recheute, ce vou-
lans pai n;ême faire un règlement
de vi" par ecrit, ou le font pat
maniere d'acquit, & fans dessein de
l'executer.
7. Ei fin, ceux qui après la re
traire negliger; t de lire de teds en
terns IVcrit de leurs reso usions
principales , & ne le ioucunt point
de les piaiiquer.
fmr les exercices fiirîfnth.
'^♦•H^^*^^*^*"**^^"
INSTRUCTIONS
particulières, pour ceux qui
commencent ta retraite J}iri-
tueiie.
four ÏQriiftn,
X. TL ne faut point avoir rl'*a*rt
fujet que celui qui ,.ft marqué
par la Dir«ôe,:r, & on ne regard*
pas même ceux qui oit èts mar
quez pour la journée; finon chacun
à fon heure.
2. Qjand on lit les piinti de fs
Jfl?ditatios i. On lit pofemeot i
attentivement 2. on tâcha de 'es
bitfn impriner fiant fa memoire.
3. on prend garde au fruit qu'oa
en pourra tirer en la faitant.
3. i>i en fiifant la Meditations
00 oublie let points qu'on a teûf
on peut reprendre '« Livre .& >e,
relirai & même. fi cela ne f -rru,
gOQ Avh &infiru8ionï
laiiier le Livre ouvert devant soi»
& relire seulement un point , & pui*
mediter dessus ; cela fait , relire 1*
second , & meditee de même * & ain
si du tioisieme.
4» Les sujets de Meditation qu1-
on donne d'ordinaire ne contien-
nent la plfipart que des considera»
tions, afin qu'un chacun puiile det
soi-même produire des affections
& faire des resolutions sur le modela
de celles qui sont tout au long.
5, Il faut aulG. y adjoûter toû,-
jouis la preparation ordinaire & en-
semble la conclusion, en la munie-
re qu'elles sont marquées dans la pre-
miere Meditation de la retraite, 3c.
en celle du bienfait de la creation %
& autres semblables»
6. On employe •rdinairement,
une h«ure en l'oraison, &. non plu*
ni moins, fi on peut, si le Direc
teur ne trouve bon d'en useic autre-
menu
Ç« En raeditast. on sot tient à gen
doux:
pur les exercices spirituels^ 3o t
boux : si pourtant quelqu'un se trou*
ve trop incommodé , & croit devant:
Dieu que cette posture l'empêche de
mediter utilement , il peut se tenir
debout une partie du tems , particu
lierement peudantles considerations
mais , autant qu'on peut, on se doit
tenir à genoux pendant la prepara
tion & la conclusion.
8, Si on trouve que la clarté du
jour ou de la chandelle cause des
distractions, & qu'on possede bien
le lujet de l'oraison sans qu'il soit:
besoin du Livre , on peut sermer les,
fenêtres , ou éteindre la chandelle.
<£. Trouvant dequoi profiter en
un point , on ne doit passer k Pau-,
tre, qu'on n'aye achevé d'en tires
le fruit, ainsi que font les abeilles „
qui ne quittent point la flsur, quV
•lies n'ayent pris tout le miel qn'eL
les y trouvent»
10, La meditant on doit fur tout:
finie & rejettes les subtilitez, curio-.
UteZj vaine* complaisances, respects
N 7 humains
gOt Avis &injtru&itns
hu mains, & ii p , ri'c satisfaction
& thercher ieusment la volont<* d*
Di u , le salut d« sou ame, & 1. p.o-
pre parfection.
11. Pour I'ordinafr*, on ne dev-
ri c pas employer plus de trms aus
Coasiddatisios , <jion n'cn tmp o-
ye aux atflction* & resolutions.
12. Si les ri.ct o"i i ous vicn»
nent d'ePes memei peud^u les con
siderations , & menu au tommeo>
Csaient de l'Or«-ison, 11 lei faut ro»
cevoir, sins (t soucier de Toidze
m r ;u« ; ll ne fa ui pus pourtan', »'jr
Mater (i ior, a rooms <|u'on us
i'y Ante atcre de l>ieu.
13. Si truu^aut sec & sterile eit
l'oraison , on ne se doit pa dacou-
rager, ny quit er, ains s'evertuei 9c
sVxciter, tai.i 6c par (iis Oraisom
jacuatoirt*. ou octet inieneurs de
Vertu, fur toutde coutrition, d'hu-
niue, <ie resignation a la voionte
de Dieu, de confi <nce , d'aiii'iur d«
£>uu, d'adoratioa, & cam6r par
pour les exercicesfphitf/ett. gc?
quelque pucce Vocale prononces'
posement & devotement , cancot ea
taisant quelque acte exterieur de de.
voiion, comme rrappii u poiiiine.
croiser Us bu , b.. : r la terre, era-
brader le Crucifix, Ac. li cm est
qu'on soit seul en sa chambte.
14. Av»nt que d'écrire les resolu
tion. , on fait un petit examen sur
la même Oraison, afin de voir ce
f^ui tit m. 1; leur à écriie, de à com
poter le Bouquet spirituel
15. Cet examen con liste à faire
une cous te rev»ue sur nôtre Orai
son , pour sçavoir si nou,y avent
precede, c'tstadire, avec deue in
tention , attention & fijelité, & cela
«eut, en remercier Di-u , & se re
soudre d'en faire un bon usage : &
li le contraire est arrive, on t'excite
au regret, ou se resoud de n'y plut -
tomber, & oa t'impo.e quelque
penitence.
16. écrivant set resolution! , on
met oidiaau.ea.ent eu pituuier lieu
lu A
j©4- «ftf & instructions'
les piincipaux motifs qui nous ont;
l» plus touché ^ & en suite les re
solutions particulieres , tout cela:
en peu de mots,.
tour la, letlurt.
1. Il ne faut point lire d'autre*:
Livres que ceux que le Directeur ai
donnez , ni prendre d'autres cha
piires que ceux qu'il a marqusz,
2. Ii ire posément, attentivement-
ci devotement , non par curiosité,,
yaine fatiifaction, divertissement, &c,,
3. Ne poiat passer outre qu'on*
■'ait ess yé d'entendre ce qu'on aurai
ltû, & ce que l'A utheur prouve pat:
son raison aement,
4 S'interroger par foi> ; Crois- tm
cela? as tu ces senti nens ? as tui
Vecu conformement 9 cela?
f. Après avoir acheve la lecture,,
jç faire reflexion pour mieux s'i im
primer, ce qui nous y a le pluti
touche & le plus profi'é.
6, Si en lisant on se sent queU
«jutfoM, touché de quelque saint*
pur Us exercicesffirituels. gof
penfée , qui nous oblige à préndre
une bonne reiolutions on la pourra
écrire brièvement avec celles de la
^Meditation,
MODELE
POUR BIEN EMPLOYER
LA JOU&NE'E.
Qui ejl un ordr e qu on garde en
de certamts Communautes^
pendant les exercices j^irituels»
I, LE lever a quatre heures , s'ha-
*"* bilier cuisinaient; & pui*
lire les points de la Meditation.
2. A tjuatie heures & demie jus
ques à cinq &' demie, faire la Me
ditation.
3. A l'ifluë de cette Meditation
& des autres fuivantes , écrire cour-
temenc Ces refolutions, enfomb;e les
taifons & motifs qu'on a eu defailli
telles refolutions.
3 oS AvU& injlruB'ttnf
4, Puis reciier i-urue, Tierce
Sexfe, & None; à savoir, ceux
qui son obligez an Breviaire: ou le*
Litanies de JESUS, ou »-ucre p:iere
vociie pour ceux qui o'y sont paa
ob gez.
f.K,i fois, faire 'a li-ctura dr-Gren,a»
de , ou d« Tnoma^ à KiTipii,ou autre
Livre q'Je U Di sct,.ur ;,ura marqué»
"6. A s-p h ine> f ouïr la iûtfie,
ou ceUb.-er, uun s'en ietouruer à
la chuaibce, à Uire lecture comme
devant.
y. A hoit h-urei trois quarts»
lire let points de la féconde Medi
tation , & prevoir le f.uit qu'où en
pourra tirer.
fc. A oiuf heures, faire la Medi-
lation jus^ues à dix.
9. A dix heures , ecrire ses teso»
luti >n, , & comme après la pre
miere Meditation.
to. A dix heurqi & demie, faire
l'examen pariiculier, & en fuite
«liee diner.
II. Après
fout les tXereketstiritueh. %cj
l i. Aprei avoir 'iwe-, a 1er à
l'F^lise, ù on le peut eonirrod*.
ment , pour y adorer 'e S. o„ca«
ment, puil s'en retôuir.et as' cham
bre, & i'y entetenil à paie soi dou
cement, s<r:S le biï)i!-l l'clp.it, (oit
en se Pr nstïoant , soit autrement,
durant »Lime he.r* ou envirwa; ta
syiie neau.norm |j'oo ne se (aille
p^s disir.neaux pensées du n onde;
Pu.» f'ite U lecture spiritual « corn-
m* ditvaof*
14 ri une heurs après midi, re-
cittr V^re» & Compile du jourt
p.-ur teox 4«.,i lont , blig,2 au B.e-
vi*irc, ou celles de N. Dame, ou
autte prière vocale, pour les autres
qui n3j font p*i ob'ig»i.
13. A une heure trois quarts, re
lise le sujet ue la Meditaiion cura-
meil clt du cy.dtvant.
14. A deux hemes, faire la Me-
ditii on jii(t,i.t$ a trois.
\ ^ i^. Ds «ris s. quatre, écrire se*
refo'Uiiuns, o faiie la ketue spui*
tuelis comme devant.
3o8 Avh ejr hstrxShm
16. A quatre heures, reciter pour
le lendemain , Matines & Laudes;
à sçavotr, ceux qui sont obligez au
Breviaire, ou ie petit Office de la
Vierge, ou autre, ou le Capelet,
pour ceux qui n'y font pas obligez;
puis lire fa Meditation, & en pre
voir le fruit.
17. A cinq heures Jusques à six
faire la Meditation , puis écrire Ces
resolution! , & en suite faire lecture
comme devant.
18. A six heures & demie, faire
l'examen particulier , puis aller
soupper,
19. Après le soupper aller à l'E
glise, comme apres le oner, pour
y adorer le saint Sacrement , & en
suite retourner, à sa chunbre, &s'y
entretenir à part soi, comme il est
dit de l'upies-dinée,
20 A huit heures un quart, faire
son examen general de conscience;
& en suite ses prieres ordinaires ,
particulierement les Litanies de I»
Vierge,
four let exercicesffhitueh. 309
Vierge , & incontinent après lire là
Meditation pout le lendemain matin.
ai. A huit heures trois quarts,
se retirer pour se coucher, en sort*
qu'on soit au lit, & ia chandelle t
éteinte à neuf heures, l'entretenant
doucement sur le sujet de la Me
ditation qu'on vient de lire.
Prenez garde,
1. Qu'aux jours de jeûne oa
recule tous les exercices de l'aprèe»
dinée , une demie heure plus tard
que l'ordinaire, à cause qu'on na
dine qu'a onze heures & demie, Se
que la eolation ne se fait qu'à sept
heures.
2. Qu'il importe grandement de?
faire toutes ces choses , même let
plus petites , precisement à l'heun
qu'elles font marquées, & d'obei!
au son de ia cloche comme à la
voix de nôtre Seigneur.
3. Que les heures destiné,i pout
la Meditation & pour l'Office Divin
d'obligation 1 ne se doivent emplo
3 : o Avu & instruRitut
jtt que pntr ct;<: mais quant à
ce'*ei qui font marques, pour la
lecture i,iinrusl k , on en peut em
ployai u:.c partie i diie (eu Cha
pelet vou au'rt pieie vocale, ou à
examiner fa conscience , ou à i'eri-
fjeit-uu s liuït s m pour tâcher df
reconnoitre lei passions dére^'é'i fle
inclinaiions mauvaises , & ensem
ble a cfieicher le* moyens de lst
vaincre A Mgr, ou à tawe son re
glement de vie, fi on eu" sir la fia
de la retraite; ou à penser à thoiùi
un état d? vie , si l'on ne l'a deja
choisi, & si c\st apres la ConfdGoa
& Communion.
4, Qi'e pour éviter les occasions
d'èie distrait, on ne va point à
l'Lg'ise, sinon pour oûyr ou dira
la Uinte Mess; , ou faire sa Con
fession, ou visiter le saint Sacre
ment ( si ce n'est aux deux derniers
jours de la Retraite, pour alsister à
l'Office Divin, aux heures que !•
pU6$eu( auu marquées
four h ! rxei cicer spirituels. 3 f r
f. Qu'aux Dimanthït & Fêtai
on g s'lera le mène ordre, excepri
qua si quelqu'un de telî jour* tchoit,
âpre? qu'on a fait la Confession, ou
pourra assister à ia giand'Melïi, Se
lux Vespres , ajoutant à ccU sel
Medications, suivant Pavu du Di-
tecteur. Si .neanmoins avant la Coa-
ftssion il échoit quelque sere so-
lemnele, ou fera bien u'sssilier à ia
Messe & a Vcspres.
6» Que ceux qui ne pourront
observer quel-liiïs unes d« choses
cy»de(sus marqutes, le proposeront
au Directeur, qui les ch'Dgira ou
modererass'il le juge à propos : es
qui se doit entendre de ceux qui
font leur retraite hors les Maisons
de Religion ou Congregation , dans
lesquelles chacun se doit confor
mer, autant qu'il lui est possible} à
l'otdre qui y est prescrit.
3Ï2 Fratiqntu
PRATIQUES
FON D AM ENTAL ES
DE
VORAISONMENTALE.
Tirées dt divers Ptres spirituels.
TJNe pratique bien facile de mediter,'
tstds prendre un livre devot com
me seroit l'imitation de Jesus- Christ,
ou les Evangiles, & après avoir fait
une Oraison preparatoire, lire posé-
otent quelques lignes , & puis fermee
le Livre, «'arrêter quelque tens sur ce
qu'on a leû pour en comprendre la
▼erité , & s'y afsectionner , & ensuite
demander à Dieu la grace de le met
tre en pratique. C'est le chemin qu'a
tenu sainte Terese, pour monter à
ces hautes contemplations auxquelles
elle est arrivee.
Uat seconde Pratique tres. facile,
sera
Je POraisett Mentait'. 315
sera de aout prosterner devant Oieu,'
en la Compagnie «c JESUS dans le
Jardin des Olives , pour lai dire & lui
redire mille & raille fois avec un ve
il table sentiment dans le fo«d de nô
tre cœur : Mon Dieu vôtre volonté
soit laite , & non pas la mienne.
La troisième Pratique, dont ua
chacun est capable, est de prendre
nôtre chapelet, & après avoir dit
sur un grain de ce chapelet , ua
later ou un Ave, avec l'intention
d'obtenir par cette priere , la grace
de produire un bon Acte d'Amour de
Dieu, nous tâcherons de produire
dans nôtre cœur un vrai Acte d'A
mour de Dieu. Nous garderons la
même Pratique sur les autres grains,
jusques à ce que nous ayons ainsi par
couru tout le Chapelet. Une autre
fois au lieu de l'Acte d'Amour,
nous tâcherons de produire quelque
autre acte , comme de Foi , d'Espe-
tance , de contrition , & de Resigaa-
ftioa à la volonté de Dieu , &c.
P U
3 14 fratiquet
La quatrieme fsços consiste dans
ara entretien de nôtre ame avec Dieu,
composé de cinq Actes les plus effica
ces pour nous readre agréables à
Dieu; dont le premier sera un Acte
de Foi , par lequel nous croirons que
Jesus- Christ à souffert la mort poui
nous sauver. Le second sera un Acte
«l'Esperance, par lequel nous efpere-
ioqs sermement que le Pere Eternel
en. consideration des merites de la
mort «le son Fils , noua pardonnera
nos pechez, & nous donnera son Pa-
sradis. Le 3. sera un Acte d'amoui
par lequel nous tâcherons d'aimee
JE^US par dessus toutes choses, en
▼eue de la bonté infinie qu'il a té
moigné en souffrant la mort poua
iious. Le 4. sera un Acte de Contri
tion par lequel nous detesterons tous
nos pechez par de/lus tous les maux
imaginables, purement & simple
ment , parce qu'il, offencent un Dieu,
dantia bonté infinie l'a porté a vou»
ioir mourir pour nous. Et ensuite
de sOraison Mentale. % r f
•ont sormerons dam nôtre cœur ua
sensible regret de les avoir eommis,
& un propos de ne les plus commet
tre, excité par le même motif. L*
cinquieme sera un Acte de Demande*
par lequel nous demanderons instam
ment la grace de ne le plus offenser ,
& de l'aimer toujours. 1l sera boa
de repeter plusieurs fois un chacun de
ces Actes, jusques à ce que Tame en
soit toute penetrée.
La cinquieme maniere c'est I*Exa
men de Conscience, que l'on doit
faire le soir sur les pechez que l'on a
commis pendan t le jour. Cette Pra
tique est composée de cinq Points g
donc le premier est de remercier Die*
de tous les bienfaits. Le second eft
de lui demander ses lumieres, pouc
connoitre tous les pechez dont nous
l'avons offsncé pendant le jour, & la
grace de nous en repentir & corriger.
Le croisiéme est de rechercher soig
neusement tous les pechez que non
.•urons commis, en pensées, paroles,
|T«» Trafiques
& œuvres , avec tous las pechez d\>b-
roilTion dnas Uiquels nous stron com-
" bez pendant la journée, La quatrieme
est de «'accuser devant Dieu de tons
ses pechez , de les detester , de con»
cevoir uo veritable regret de les avoir
«ommis , & en demander pardon à
Dieu du plus profond de nôtre cœur*
Le cinquième est de proposer serme
ment de nous amandu, & se con-
sesser au plûtôt.
Methode pour chaque heure»
ï, 'CNtendant le son de l'heure Se
l'horologe souvenez - vous de
celle qui ne se lie point aux montres,
ni aux quadrans , je veux dire de
l'heure de la mort , & employez cet
te heure comme vous voudriez l'a
voir employée à l'heure de la mort.
3. Ep»ii* vôtre intention , offres
s Dieu ce que vous devez faire cette
heure, en joignant vôtre intention
& action à celle de H. Seigneur, de
".^. Pame, &desajat Joseph.
de tOraison Mentate. 3 Pf
3. Chique heure, faites un Acts
da parfaite Contrition, a tin que veut
ne portiez pas pins d'une heure un
peché sur vôtre cœur pour petit qu'il
soit, & souvenez- voui qu'amant de
soii que vous faites cet Acte, vôtre
Epoux le S. Esprit dit ; Tu es toute
belle , és Hn*y a foint de laideur en toi.
Ce qui loi plait tellenunt qu'à i'heuie
que vous abbaiflez vôfe cœor pour
lui demander pardon par un vray Ac
te de Contrition , il a b ba sse le Ciel
de ù grandeur pour dous donner ua
baiser de paix, vous toi chant, non»,
à fleur de pèau , mai? s'enfonçantfuf-
ques au cenrre de vôtre araev
Ce qu'ilfaut faire toujours
"pRernieremenui voire fautcoujotir»
maintenir en «rat rie grace , Se
n'en dechoir jamais, quelque tenta-
tion qui vous attaque ; pour ce ser—
veZ' vous de ces remede% ï. Defiez-
vous grandement cfil vos forces, 3c
tenez pour certain que fi Dieu n«
vous affermit par fa grace* un peiàt
p £ SaaSàa
3 ï t Ttattquet
soi Aie de tentation vous renversent
pat terre, & se jouera de vous comme
le vent de la pouiliere. 2. Ay«z une
graude confiance en Dieu fondee sac
u bonté | & sur les merites de soa
lili, sur les prieres dela sainte Vier
ge, de S. Joseph, & autres Saints £
Ie pour ce dites souvent avec David t
On a beau m'épouvanter , pour moi
j'aurai toujours esperance en Dieu»
& encherirai sur toute la louange
qu'on lui pourroit rendre. 3» De
mandez souvent à Dieu cette con si»
fiance en sa grace. Mon Dieu reti-
iez de moice qu'il vous plaira , hon
neur, santéi vie, & en un mot tout J
mais vôtre Saint Esprit , vôtre grace,,
ne touchez pas là , s'il vous plais*
4. Soyez devot à saint Michel , qui
non seulement s'est toujours main»
tenu fidelement en la grace , mais c«;
qui est davantage , il a confirmé les,
autres Esprits bienheureux, resistant
à la premiere & plus forte tentation,
qjuiau jamais été. f. Evitez les 00»
Je fOraifin Mentait, % T9
casioHs du peché mortel, notant-
ment du côté que vous sentez le plus
soible eu vous , & croyez moi que
d'ordinaire , c'est du côte de la pure
té quii stii delicate qu'un regard l'en»
venima, un souffle la fletrit, un seufi
attouchement l'empeste , une seul»
pensée formée avec deliberation paff
consentement la ravit à vôtre coeur 9
& quanta la grace".
Secondement , s'il arrivoit par
ma'heur que vous fiifiez le faux-pas
du peché mortel; Je vous conjure'
par tout es qu'il y a de' plus au-
guste au Ciel & en la terre , relevez»
vous incontinent par Contrition p
ou même par Confèllïon : & sou
venez vous du dire de saint Jerôme*
Celuyt dit.il, ue merite pas de porter
h nom de Chrétien r qui oji bie» vim-
vre en l'état auquel- il tHofiroiiï fast
mourir.
Troisiemement,; entretenez! toû<»
Jours vôtre esprit en paix ; que sftfi
»el«ve quelque trouble au rD
3 «a Tuttqtttt
appaisez-le au plutôt, de peer As
us contrister le S- Esprit, Auteur
de paix & de joy- , qui daigne faire
fa rtsiderce che?-vous: pour ce>
même motif ne tr*ubirz jamais per-
sonne sans sujet , de peur que le
saint Esprit ne vous fasse ce repro
che. Je vous serai ^iaroitre que ja
fuis vôtre nv-irre, & pourquoi, «Se
comment.'' en vous châtiant à boa.
escient, à cause que vous avez cou-
triste mal à propos )• cœur de Pame
juste, que moi-même qui fuis son
Dieu n'ay jamais osé, tant foil
peu coritrst« hot* de raison.
Qustriem«ment, inainrenez-vous
toujours en amitié & charité avec
tout le monde , aimaut perpetuel-
lenient toute forte de prochains,
grands & petits, amis Je ennemis,
& afin que cet amour dure fans fin
& saus interruption, fondez le suc
des motifs immuables, aimant un
chacun pour l'amour de Dieu, pu-
ssment & Ûmplfeuient , c'est à dire,
•kliraat
etePOraifan Mentafc.
dfefir nt le vrai bien de gtace & »f«
gloire à chique perfonne, pîtee que
fon ame, pour mechante qu'elle ayt
été r peut être une Sainte* & sialï
vôtre amour ne manq.ueia jamais de
jufte exercice;
En dernier lieu*, ne tairiez paffeff
aocune occafion de vertu pour peti
te, qu'elle foit. i. Parce qu'en ce
faifant, vous prive2 l'Eglffe idili-
Cante de renfort , la Soctfhnte de
ïefrigere , la Triomphante de gloire^
a. Voui prives vôtre ame d'un tre»
for, qui pourrait vous fournir une
beatitude eternelle. 3. Vous prive*
Dieu d'une gloire que vous lui ren
driez toujours dans'ls Citl, perte
%ue vous ne reparerez jamais,
Laiiè [oit l'Etemel,
© $ coït-
$22, Coriânits
CONDUITE
POUR.
L'ORAISON MENTALE
appellee communement
la Meditation,
D; pVU'est-ce que TOtaisoa Men*
^C. tale ?
R,. C'est un exercice de pieté, dan»
. lequel nom rendons no* res
pects à Dieu, nout mediions
ses verittz, & nous tâchons doe
gagner sur nous, par le sccourr
de fa grace, de les pratiquer.
JX Combien l'Oraison, a -elle dé
parties ?f
R. Elle en a trois. La Preparation»
le corps d'Oraifou fc & la Con-
dusion».
pur P'Oraiforr M'entalh-
P RE P A R ATIO Nl
O Qx 'est ce que h Preparation?
R;. C« sont diverses choses qu'iM
faut faire devant l'Orakbn, &
qui nous disposent pour l'Oiai-
son..
D. Combien: y a » il de sottes de:
Preparation ?.'
R. Il y en a de' deux sortes; une'
éloignée, & une prochaine.
D: En quoy consiste la preparation'
éloignée ?
R. Elle consiste en trois choses l;
Prevoir des le soir le sujet d'O.-
raison : Garder un grand silen
ce depuis ce tern? jusques am
lendemain de l'Oraison;
aller avec amour & joye si-tôtr
que l'heure de la faire ett ar
rivée.
Di En quoy consiste la preparation!
prochaine ?
R. Elle consiste aussi en trois choses*:
Se mettre en la presence de;
Dieu; S'humilier devant Dieu»
,324 Conduite
Invoquer le secouri de Dieu;
D„ Comment se faut, il mettre ea
la presence de Dieu?
&- Par un acte de Foi de son im
mensité, se representant que?
Dieu est par tout, qui nous
voit, qui nous entend, qui pe-
netre nos plui secrete* pensées
Faire actuellement reflexion à
% cette verité, & en produire vts
7 acte de Foi , c'est ce que Pom
appelle se mettre en la presen
ce de Dieu»
D. Comment faut. il s'humilier de»
vent Dieu?
R, En nous reconno.îssant indigne»
de paroitre en se presence, sur
to*t a cause de nos pechez, Se
en suite ea faire un acte '
coat.rii ion,
Di Comment faut il invoquer le se
couri de Dieu ?
R, Par quelque courte mais serven
te Priere^ lui demandant la gra
ce de bien faite nôtre Onifon.
ÇORP4 '
pour FOraison Mentale. g3{
CORPS D'ORAISON
D. Qu'est-ce que le corps d'Orai»
son?
R, Ce sont les choses que l'on fait
actuellement dans l'Oraison, &
qui composent l'Orahon,
D. Dequoy est composé le corps
d'Oraison.
R. Oe cinq choses principales, que
Ton appelle devoirs , conside
rations , affection,, demandes
resolutions.
D. Qu'est ce que les devoiri f
R. Ce sont divers actes de religion*
que nous produisons pour ho
norer Dieu, & lui tendra no»
respects.
D. Queli sont ces devoirs ?
R. Les plus ordinaires sont, l'ado
ration, l'admiration, le lou
ange , le remerciement , l'a
mour , &c.
D, De quelle manierefaut.il rendre
ces devoirs a Dieu ?
R. Ou le peut faire en deux ma»
O 7 nieiesi
92ff Conduite
nieres , independamment dun
su jet d'Oraison , ou dependem-
ment : Independemment du
sujet, se representant en general
lei excellences & les grandeurs
de Dieu, ses perfections infi
nies, fa sainteté, sa sagesse,
sa bonté, sa toute puiilauce,
sa justice, &c, & en suite,l'àdo»
1er, l'admirer, le louer, &c. de-
pendemment du sujet , tirant
ces devoirs de ce que la Foi
nous apprend de* sentimen, de
Dieu tur ce même sujet, de ce
qu'il en a dit, ou qu'il en a'
fait, & là dessus, l'adores, l'ad»
mirer, le louer, àct
D, Quelle est la seconde chose qu'il
f ut faire dans le corps d O—
raison ?
R. Ce font les considerations.
D. Qn'est ce que la conside*ation ?
R. C'est une operation de l'enten-
dement qui s'applique à con
solers quelque verité ; par ex»
emplei,
four V Oraison Mentale. 3 37-
emple, celle qui nous sett de
sujet d'Oraison.
D» Que faut il considerer dans un
sujet d'Oraison?
Ri Deux choses principales! pre»
mierement,. le sujet en lui me
me , son importance, & le»
taisons que nous avons d'y
prendre part,, de l'embrasser on
de l'éviter , selon la qua*itï du
sujet : secondement, nos dise
positions à l'egard de ce même,-
sujet nos senti men* , nôtre,
conduite, &c. ce qui s'appelle,
(aire reflexion sur soi,.
D:„ Quelle, est la troisieme chose
qu'il faut faire dans le corps.
d'Oraison..
B. Ce sont les affections;
D. Qu'est, ce que les affections ?!
Ce sont divers actes de la vo
lonté, que nous produisons par
rapport a ce que nous avons.
Ci-mu du sujet de la Medita
tion , & de nos dispositions &
km é^aid,.
328 ConSutto
D. Que'les font c;s affe&tons F
Les plus ordinaires font, Ta*
mour, la hayne, le regret , 1*
coofulion, ledefir, ûc.
D, Quelle efi la quatrième chefs
qu'il faut faire dans le corps
d'Oraifoo ?
H, C'elt la demande.
D. Que faut il demander à Oies
dans l'Oraifon ?
H. 11 lui faut demander le parfait
accompliâement de fa volonté
fur nous , tous nos befoir.< ,
mais particulierement ce que
nous venons de mediter.
JD. Pouvons- nous aulli prier pour
l'Eglife*
H, Oui» il n'y faut pas manquer,
pour nos parens , pour nos
amis , pour les perfonnes que
nous avons en charge, &c.
D, Quelle eft la derniere chofe qu'il
faut faire dans le corps d'O-
riifon ?
K, Ce font les refolutions.
pour rOraison Mentale. 3 29
D. Qu'est ce que les resolution ?
1. Ce sont quelques pratiques de
vertu tirees du sujet de nôtre
Oraison , lesquelles nous nous
proposons d'observer moyen-
Bant U grace de Dieu,
CONCLUSION,
D. QjJe saut- il faire à la fin de
l'Oraison ?
IL, Trois choses: Remercier Dieu;
lui demander pardon; lui offrit
nos resolutions} nôtre personne,
nôtre journee , nôtre vie, nôtre
mort , tout ce qui nous regard*
pour le tems Se pour l'éternité".
Nous recommander à la saints
Vierge, k nôtie Ange Gardien,
à nos saints Patrons. Faire la
bouquet spirituel.
TABLl
33» ox o xm
*. tt-fttt* '^'ft-fr^-tt"
TABLE
DES PRINCIPALES
MATIERES*
INSTRUCTION S
Pour bien faire l'Oraison Mentale.
QUe la Meditatitn est importante &
*iste. I#
Methode de sOraison Mentale, 8»
Explicaiion de la Methode precedente
de sOrai/on Mentale 9,.
Invocation du secouri divin, pour
demander à Dieu la grâce de
bien faire F Oraison. II.
JSe la Meditation, eu le Corps de
P Oraison. 13.
De taction de graceîi 22,
Avertijjement aux actes de vertu;. 2 g.
Jtvm
salle 35s
Avis important touchant les dijjuut»
tez , qu'un £,e«i 'trouver en l 0-
raison,. 29+
Keucéïl de qutlquet affections % ou alies
des frinçtyalet vertui, 34»
DES MEDITATIONS
£ AE TIC V LLER.ES.
ï, Meditation r De la Retraite Spiri
tuelle pour servir de disposition
à la bi'.n faire. ^9»
II De sOriàso* Mentale, 7ai
III. De la, ConfiJJion generale» 78»
IL
IV. Du Bienfait de la Creation. g£
V. Du bienfait de, la Conserva-
tion. IO r„
VI» Du Bienfait de la Redemption 107*
Vit De Venormité iu peclié , à ratm
son de la grande haine que Die*
lui lorie, 1 1 g«
53 % table.
VIII. De Venortnite du peché entant
que nôtre Seigneur eji mort pour
l'effacer. I II.
IX. De Cenormité du péché à ratio*
de fes effets. 124.
IV.
X. De la Mort, F2*
XT. Du Jugement particulier» 13&
XII» De L'Enfer. 14.3.
V.
XHI. De L'abus des gracet. T50,
XIV. Delà fie qui Je pajfe en TU»
deur. a 5 6.
XV. D« venieU \k$»
VL
XVI. 2)* Scandale. 16%,
XVII. D« C««r endurci. 173-,
XVIU. De l'Eternité. 17J.
VIL
XIX. De Ai Contrition. 183,
XX, De l'Eufaut prodigue, 19a*
XXL
Tahtt. 3*?
"XXI, Dt la bonne Essolution.
VIII.
XXII. Dt la Satisfaction. 2©Zi
XXIII. De rImitation dt Nbtre
Seigneur. 2094
XXIV. De la Passion it Nbtrt 3«-
gneur tn general. 214.
IX.
"XXV. Du Lavement Jet piedt. lix2
XXVI. De I'Oraison & agonie de
nbtre Stigneur. 226»
XXVII. De U Flagellation dt nôtre
Seigneur. 1\U
X.
XXVIII. Du couronnement d'tyintt
de nbtre Seigneur.
XXIX. Du portement dt croi* de
nbtre Seigneur. 24 r.'
XX K. Du Crucijiement dt nbtre
icigntur, 245.
XI,
134 Table.
XI.
XXXI. De la fuite des occasions da
peché. 2fo.
XXXII. De la rechute Au peché.ztf.
XXXIII. De ta Ferjevtrance. 26l.
XAXXV. De la Mortification . 267.
MEDITATIONS
Pour les Retraites particulieres , que
les Personnes Spirituelles ion
outre les annuelles.
I. Meditation. Du Devoir envers
Dieu, 274.
H, Du Devoir invers le trochain.276.
111. Du Devoir envers nous- mimt.Yi%i
Methode d'une retraite de trois
Jours, 379.
Règlement de Vie. 28 s.
lnfirutliins importantes four ceux
qui veulent faire les Exercices
Spirituels', ou les coujeiller au»
autres, 2.9.
tqflruèliont particulieres , pour ceu*
qui
Téhkl 33?
qui (emmencent la retraite SfU
rituelle. 299
Modtle pour bien employer la jour
née. 30Ç
trafiques fondamentale* de lOraifon
Mentait» 3 1 2.
Methode jour chaque heure. 3 1 6»
Conduite pour l'OraiJon Mentale
appellée communement la Medita-
Ho*. iz%.
FIN.
*
..
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